Le passé prend racine dans l’avenir.

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Mars 2050
Le regard fixé sur mon portable je relisais le dernier message que Chloé m’avait envoyé la veille. Je ne me souvenais même plus pourquoi je lui avais écrit. Ah oui ! Pour prendre des nouvelles. Étais-je devenue folle ? Je commençais à le croire ! Il n’y avait pas si longtemps que ça je m’étais jurée d’éliminer toutes les personnes qui pourraient me faire arrêter, en dehors des fantômes bien sûr. Chloé était l’une d’elle et pourtant… J’étais sincère quand j’avais pris de ses nouvelles hier. Plus que je ne l’avais été concernant la disparition de John ! Il n’avait toujours pas donné signe de vie et cela n’était pas rassurant dans mon cas. Je ne savais pas s’il m’en voulait au point de me tuer ou s’il voudrait juste des explications…

Une goutte d’eau tomba sur mon téléphone… Je m’enroulais dans une serviette de bain et saisissais le sèche-cheveux. Je finissais de me préparer assez rapidement une fois ma longue chevelure brune séchée. J’enfilais un jean slim brut, un haut marinière et une paire de bottes à talons noires. Le maquillage était, quant à lui, des plus légers ! Je me fardais déjà bien assez pour mes spectacles… aussi rares qu’ils étaient devenus.
Ni une, nie deux, je récupérais mes affaires, enfilais ma veste et je filais en direction du traiteur où j’avais pris soin de commander un plat que je savais que la jolie blonde apprécierait. Je l’avais déjà vu manger ça au Seven Keys une fois ou deux alors qu’elle attendait John. Je m’arrêtais également pour prendre deux bouteilles d’alcool. Une de Rhum et une de Vodka ! C’était la moindre des choses selon moi et puis cela nous ferait une petite soirée sympa entres filles. Du moins j’espérais que cela serais le cas…
Pourtant, je ne pouvais m’empêcher d’être anxieuse au fur et à mesure que la distance entre Chloé et moi diminuait. Devant la porte je prenais même une grande inspiration et repensait à la trahison de Raulne, à la mienne, à la disparition de John et la mort de McHall… Putain ! J’ouvrais la bouteille de Rhum pour en boire deux bonnes gorgées. Puis, déterminée, je frappais.

Lorsque la porte s’ouvrit j’affichais un sourire qui n’était pas feint. Voir Chloé me faisait un bien fou en cet instant. Pourquoi ? Je n’en savais rien ! Peut-être parce que les souvenirs de notre dernière rencontre dans cette boutique de lingerie me revenaient à l’esprit. Comme à mon habitude, ce qui déplaisait à John, je déposais un bref baiser sur la joue de la blonde avant d’entrer. J’indiquais le sac du traiteur ainsi que les deux bouteilles tout en prenant la parole. Cependant je ne lui disais pas ce que j’avais ramené à manger… j’avais plus important à savoir.

- Comment ça va ? C’est toujours le bordel ?

Le ton était le même que lors de nos autres conversation, du moins je faisais en sorte qu’il le soit. J’espérais que Chloé ne verrait aucune différence. En attendant sa réponse mon regard se posa sur la bouteille entamée…

- Oups ! Tu m’excuseras mais j’ai eu une petite soif en chemin, déclarais-je en indiquant le Rhum.

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J’ai failli oublier le rendez-vous avec Riley. Pour tout dire à 19h30 j’étais encore au journal à plancher sur le dossier que j’ai à faire avec Nolan. Putain ! J’ai sauté dans ma voiture pour retourner chez moi en quatrième vitesse, ranger mon appartement, prendre une douche et m’habiller. Les Mad’s fox… Putain c’est la merde. Je me coiffe en enfilant un pull en laine noir avec des motifs blancs et un jeans. Passant par la même occasion l’une des pièces de lingerie que j’ai acheté avec Riley. Bon, au besoin je commanderais, parce que là… mon frigo est aussi rempli qu’une toundra lors d’une tempête de neige. Ça faisait peur. Il faut dire que mes heures de vies étaient plus au bureau en ce moment… Je réduis mes temps de sommeils au strict minimum, six heures, et je bosse dès huit heures du matin jusqu’à dix-neuf heures. En carburant au carambar et au café. Pire régime du monde : ne le tentez pas chez vous les enfants.

J’ai à peine le temps de finir de nettoyer l’appartement que j’entends quelqu’un à ma porte. Je fonce ouvrir et fais un grand sourire à Riley. Ouf ! Que je suis contente de la voir. Je la serre contre moi dès qu’elle rentre et observe… le sac et les bouteilles. Bonne soirée en perspective. À sa question je grimace un peu, à moitié amusée à moitié me demandant si ça ne se lit pas déjà sur mon visage. Je hausse les épaules.

« T’as pas idées. J’ai failli oublier notre rendez-vous je suis sortie du journal y a pas une heure. Et toi ? Comment tu vas ? »

Je l’invite à s’asseoir sur le canapé avant d’aller chercher des verres et des bouteilles d’eau au cas où. En fouillant un peu, et en me prenant une pluie de boites en plastiques sur la tête, je redécouvre un paquet de chips non entamé toujours bon. Et visiblement : récent. Ah… lui je l’avais zappé. Pas grave. Je le pose sur la table avant de m’installer près de Riley et de regarder les bouteilles avant de rire.

« Boh ! Y a aucun problème ! Y a quand même de quoi passer une excellente soirée je pense. »

J’observe Riley avec attention avant de reprendre la parole.

« Allez, vide ton sac, ça te fera le plus grand bien. »

Je sais qu’elle s’inquiète pour John, même si c’est un sociopathe… Je le suis aussi inquiète pour lui. Mais mes journée de malades m’empêche de penser à quoi que ce soit.

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Mars 2050
Au grand étonnement des employés du Seven Keys j’avais pris ma soirée et ce en prévenant à la dernière minute, soit ce matin. Je savais qu’il n’y aurait aucun problème mais je n’avais pu m’empêcher de leur répéter mes consignes habituelles jusqu’à ce que je quitte les lieux. Pourtant je n’ignorais pas qu’ils savaient ce qu’ils avaient à faire ! Le personnel du Seven Keys se gérait très bien tout seul et j’en avais eu de très nombreuses fois la preuve lorsque l’ancienne patronne et moi devions nous absenter. Mais c’était comme ça ! Ce pub était en quelque sorte devenu mon bébé. Pourtant c’était là-bas que j’étais le plus en danger puisque mes ennemis iraient sûrement me chercher à cet endroit en premier lieu. Raulne par exemple ! J’étais persuadée qu’il n’hésiterait pas à se pointer directement au Seven Keys s’il parvenait à s’évader. Car pour la libération il allait sûrement pouvoir attendre un bon moment selon moi et c’était bien fait. Et pis il avait l’avantage d’être à l’abri de la vengeance des Valkyries non ?
Bref, j’oubliais toutes ces pensées car la porte de l’appartement s’ouvrait. Chloé égale à elle-même me fit un accueil chaleureux. Je n’avais jamais été aussi démonstrative mais venant d’elle cela ne me gênait pas trop. Elle était comme ça ! J’observais son appartement que je découvrais pour la première fois et je dus reconnaître qu’il n’avait rien à voir avec le mien dans lequel je ne passais pourtant que très peu de temps. La jolie blondinette serait-elle maniaque ? Peut-être ! Ou alors elle faisait comme moi et passait peu de temps ici. A l’exception près qu’elle rangeait mieux que moi.

Je reportais ensuite mon attention sur la jeune femme en riant légèrement. Visiblement elle avait pas mal de boulot ! Mais… que faisait-elle déjà ? Je me souvenais le petit cadeau que je lui avais offert pour Noël. Elle écrivait ! Quoi ? Je ne m’en souvenais pas et en même temps je ne me souvenais pas lui avoir posé la question.

- J’aurais dû manger pour deux et boire tout ça ! Heureusement que tu t’en aie souvenu, déclarais-je. Mais comment ça se fait que ce soit autant le bordel ? Je n’y connais pas grand-chose dans le monde de l’édition mais je pensais que c’était assez tranquille, avouais-je. Je marquais une pause. Sinon moi ça va, je m’octroie une soirée. Le Seven Keys peut bien tourner sans moi…

J’ôtais ensuite ma veste que je déposais soigneusement et je m’installais dans le canapé indiquée par la blonde. « C’est sympa chez toi ! » J’observais les lieux de ma place mais très vite Chloé revenait avec des verres, de l’eau et des chips. Mon regard se reporta ensuite sur le sac du traiteur alors que Chloé était persuadée que nous allions passer une bonne soirée. En même temps je ne voyais pas pourquoi il en aurait été autrement.

- Je le pense aussi. J’espère que tu aimeras ce que j’ai ramené. Sinon on improvisera. Tu permets que je fasse le service ? Tu bois quoi ? Rhum ou Vodka ?

Mais je ne faisais rien et observais la blonde lorsqu’elle s’adressa à moi. Vider mon sac ? Ce n’était pas la meilleure idée qui soit ! Je me contentais de hausser les épaules.

- Je sais pas ! Le fait de parler de l’absence de nouvelles de John et de la disparition de McHall ne va pas changer la donne. A moins que tu aie justement eu des nouvelles de Monsieur-je-joue-aux-abonnés-absents ?

C’était peut-être le cas ! John était peut-être de retour. Après ce que j’avais fait il était évident que je ne serais pas la première personne qu’il préviendrait mais Chloé oui.

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J’observe avec attention l’appartement. Ça ne me ressemble pas vraiment, mais ça va pour l’instant. Je ris à sa remarque et l’observe d’un coup d’œil approbateur à sa silhouette. Elle n’a pas besoin de beaucoup pour être horriblement désirable. Chloé ! Je me secoue un peu et je reste surprise en passant une main dans mes cheveux, RIP la coiffure. J’ai donc oublié d’informer Riley de mon « changement d’emplois » Oups.

« Tant mieux que le Seven Key’s tourne tout seul. Désolé je pensais te l’avoir dit que je suis devenue correctrice au continentale globe un peu après l’attaque du casino. Donc… C’est la merde là-bas un peu. J’ai quarante articles à corriger dans l’heure… C’est… compliqué. »

Je hausse les épaules pour me concentrer sur la recherche de quelque chose de mangeable. Chips parfait. Je souris à Riley qui complimente mon intérieur. Je hausse les épaules, amusée par la situation. Je hausse beaucoup trop les épaules en ce moment. J’ouvre les chips avant de rire et en glisser une entre mes lèvres pour me laisser tomber ensuite contre mon amie.

« Boh… C’est relativement vide. Mais comme j’y passe presque que pour dormir c’est bien comme c’est mais merci ! Je suis sûre que oui ! De toute manière ça fait deux jours que je me nourris de carambar au caramel et de café. Je ne vais pas faire ma difficile sur ce que tu as pris. Je suis sûre que c’est délicieux. Vas-y ! Fais-toi plaisir. Mmh… Vodka s’il te plaît ! »

Je me laisse aller un peu dans le canapé en fermant à moitié les yeux en savourant les fragrances de l’alcool. La soirée promet d’être très agréable. J’attrape mon portable à sa remarque et fais défiler une longue liste de SMS sans réponse avant de secouer la tête.

« Nan. Que dalle. Peut-être qu’on a dit une connerie et qu’il boude… Ça lui ait arrivé quand je suis revenue d’Alsace. Je devais passer la soirée chez lui, je suis partie au milieu de la nuit il avait à moitié péter un câble. »

Je grimace à se souvenir avant de me redresser pour prendre un verre et trinquer avec Riley.

« Tchin ! Allez, ce soir on oublie les soucis et on déconne un peu!»

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Mars 2050
Le stress diminuait alors que je m’installais confortablement. Après tout, je ne risquais rien ici ! Enfin, c’était le cas tant que John ne débarquait pas à l’improviste mais cela ne me semblait pas très envisageable. Bien sûr rien ne me prouvait que je ne me trompais pas mais je me fiais à mon instinct. Ce dernier se mit d’ailleurs en alerte en apprenant le changement de métier de Chloé.
*P’tain de merde !* Malgré cette pensée j’affichais un sourire ravi afin de ne pas paraître étrange. Mais cela ne changeait rien au fait que je me sentais soudainement en danger. La blonde était correctrice dans un journal et pas un de quartier que personne ne lisait ! Et puis ce genre job ce n’était pas le tremplin pour devenir journaliste ? Si c’était bien le cas comme je le pensais j’étais dans la merde. Côtoyer une journaliste… ok ! Côtoyer une future journaliste n’était pas une bonne idée. Il était de notoriété publique que les reporters étaient de véritables fouineurs et Chloé savait pas mal de choses sur moi mais aussi sur les Mads Foxes.
Malgré tout, l’excellente actrice que j’étais reprit la parole en souriant.

- Les employés sont supers au Pub… mais ne parlons pas d’eux ! C’est vrai qu’on ne s’est pas beaucoup vu ces derniers temps. Correctrice au Continentale Globe tu dis ? C’est super cool ça, déclarais-je. C’est la place qui précède celle de journaliste non ? Je marquais une pause. Curieuse comme tu es je te vois bien à la recherche du scoop parfait ! Et je suis certaine que cette ville n’en manque pas. Je me taisais quelques secondes. En tout cas je comprends mieux pourquoi tu me disais que c’était le bordel… avec tout ce qui se passe en ce moment ! dis-je pensive. Mais au moins tu es la première à être au courant de ce qu’il se passe dans le coin.

Je regardais ensuite la jolie blonde en me demandant si elle représentait un danger pour moi. L’envie de lui poser des questions sur ce qu’elle savait était forte mais cela représentait trop de risques. L’interroger sur les événements qui s’étaient déroulés avant et après l’arrestation de Raulne pourrait amener la curieuse à se poser des questions et je n’avais pas du tout envie que cela soit le cas.
Je me comportais donc normalement et la complimentais sur son appartement. J’eus un sourire lorsqu’elle déclara qu’il était un peu vide. C’était vrai mais je détestais les endroits surchargés de bibelots, photos et autres conneries.

- Carambar au caramel et café ! répétais-je. Je ne connaissais pas ce genre de régime alimentaire. Tu me diras en ce moment je suis très café, café et encore café… sans oublier quelques cocktails lorsque je bosse derrière le bar, précisais-je amusée. Je récupérais la bouteille de Vodka et servais la blonde avant de me verser du Rhum. Autant continuer sur ma lancée !

Je récupérais quelques chips que je grignotais en écoutant Chloé me dire qu’elle n’avait aucune nouvelle de John après qu’elle ait vérifié son téléphone. Étrange ! Il ne s’était tout de même pas envolé. Je notais ou du moins renotais à quelque point ce type était susceptible, grincheux et parfois pire.
En voyant l’air qu’affichait la miss je me contentais de hocher la tête.

- Ouais… Je vois ! Faudrait sérieusement qu’il travaille sa susceptibilité.

Puis je trinquais avec Chloé et décidais de lancer un sujet banal pour passer une soirée sympa. Ça me changerait un peu !

- Tchin ! dis-je avant de boire une gorgée. Alors comme ça tu t’es fait une virée en Alsace ? La classe… Tu y as été toute seule ? Tu as de la famille là-bas il me semble !

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« Ouais enfin… journaliste j’ai encore au moins quatre ans d’expériences en tant que Correctrice pour pouvoir prétendre à ce poste tu sais ! J’ai le temps ! Ahahah ! Curieuse oui, mais après il faut que cela plaise, les pressions du journalisme tout ça… Je me dis que tu vois correctrice… C’est pas si mal, je satisfais ma curiosité en lisant en avant première les articles des autres. »

Je protège mes arrières avec un ton joyeux. J’aimerais vraiment éviter de finir avec un trou dans la tête. Il paraît que pour la santé et pour vivre c’est mieux de ne pas en avoir. Je ne parlerais en rien de ce que je peux connaître et savoir du journal. Malgré tout l’affection que j’ai pour mon amie… J’ai toujours un doute sur elle. Comment peut-il en être autrement ? Je préfère boire avec elle que de la voir en prison. Je ris doucement.

« Je ne te le conseille pas : idéal pour booster ton cerveau en sucre… Mais niveau de la santé tu perds du poids facilement ! »

Ou alors c’était moi qui en perds dans tous les cas. C’est possible aussi. Je pris le verre de Vodka entre mes doigts. J’avais intérêt à y aller mollo : demain j’avais rendez-vous à huit heures ! Et je ne peux que hocher la tête lorsqu’elle parle de John. Et je repense à Nolan et à nos discussions la veille. Enfin : on oublie ça ! Je bois une gorgée et hoche la tête

« Ouais ! Une semaine ! Ouais, j’ai toute ma famille là-bas, et une sacrée partie de tous mes amis l’enfance. D’habitude j’y vais toute seule, parfois avec mon meilleur ami, mais là j’ai proposé à une amie de venir, elle n’y avait jamais mis les pieds. Je l’ai dit à ma mamé… j’ai dû prendre dix kilos en une semaine. Elle nous a sorti tous les plats du terroir ! J’ai cru que j’allais exploser ! Mais dans le même temps, ça lui fait tellement plaisir… Puis bon ! C’est pas comme-ci on était resté juste à se dorer la pilule dans le sauna ! On est allés faire des randonnées, du ski et un peu de shopping ! Mais je suis quand même revenu avec des boites de repas ! Que j’ai congelé. Mais n’empêche, ça me fait toujours du bien de revenir en Alsace. C’est vraiment… mon chez moi quoi… Y a des jours de merde où j’envisage de tout plaquer juste pour rentrer chez moi, tu vois ? »

C’est toujours une émotion… particulière quand je reviens. Je pose mon verre pour ouvrir un tiroir et fouiller avant d’en tirer une photo, très vieille photo, de moi en sortie avec des copains du lycée dans la montagne. Je lui donne et lui montre ma tête, je dois avoir seize ans, j’ai les cheveux longs, un bonnet avec un pompon et mon écharpe à pompons. La vue derrière nous est magnifique.

« Ça, ça remonte il y a un peu plus de neuf ans maintenant. La semaine avec pas mal des gens que tu vois là, on était au lycée à Strasbourg, ordre des parents, donc eux étaient interne et moi je vivais chez ma mère, et le weekend on revenait et on allait faire les cons dans la montagne. Et là… vu ce qu’on trimballe on allait se mettre une murge. Et derrière, c’est la vue qu’on avait, et qu’on a toujours, mais c’est pas le plus beau coin. »

Les bonnes années. Je la laisse regarder la photo en finissant mon verre et en grignotant quelques chips.

Le passé prend racine dans l’avenir.

Mars 2050
Curieuse, j’écoutais Chloé me dire que le chemin pour devenir journaliste était long… Peut-être mais n’empêche ! Ce qui me rassura quelque peu c’est lorsqu’elle déclara qu’elle ne savait pas si cette voie lui conviendrait. Il est vrai que le métier de journaliste n’était pas de tout repos. Cependant je voyais plus Chloé comme quelqu’un de vraiment curieux et j’avais du mal à croire que la correction lui suffirait toujours.
Elle aimait transmettre ses idées et il n’y avait qu’en écrivant elle-même des articles qu’elle pourrait le faire. Je haussais donc les épaules ! Elle verrait bien et pour l’instant sa vision des choses me plaisait.

- Question de pression c’est sûr que ce métier n’est pas en reste. Trouver le bon scoop, rédiger et boucler les articles dans les temps ! Ça doit être éreintant, reconnus-je. N’empêche que je te voyais plus comme une personne voulant transmettre les informations, la vérité et tout… Pis je suis sûre que tu surmonterais parfaitement la pression. T’es quelqu’un de fort.

Bien sûr je ne m’étalais pas sur le sujet puisque son choix du moment me permettait de ne pas complètement virée parano… et je n’en étais pas loin. Ce soir j’avais envie d’oublier ! D’ailleurs je ne cherchais même pas à apprendre si elle avait tenté de savoir où se trouvait John ou ce qu’il faisait. Elle n’avait pas eu de nouvelle et c’était ce que je voulais savoir.
Je rebondissais donc sur le sujet de ses vacances ! Je connaissais parfaitement la définition de ce mot mais je ne le mettais pas en pratique. Sauf si on considérait les virées que je faisais parfois il y a un an ou deux et qui duraient deux jours à peine comme des vacances. Je doutais que cela soit le cas et cela me fit esquisser un sourire alors que la blonde répondait à mes questions.
Curieuse, je jetais un coup d’œil en direction du frigo lorsqu’elle déclara qu’elle avait ramené et congelé des plats de France. Miam ! Sans savoir de quoi il s’agissait j’en avais l’eau à la bouche. Ce pays était tout de même reconnu de par le monde pour sa gastronomie !
En entendant les derniers mots de Chloé je secouais légèrement la tête de manière négative.

- Je n’aie jamais eu de chez moi tu sais… mais j’imagine parfaitement ce que tu veux dire, déclarais-je avec sincérité. Puis je me reculais et observais la jolie jeune femme de la tête aux pieds. Dix kilos ? Je ne crois pas… Sinon tu les as très bien cachés car tu es sublime ! J’espère qu’il en est de même pour ton amie ou dans le cas contraire j’espère qu’elle n’est pas mannequin, dis-je en riant. Puis je me taisais quelques secondes, le temps de grignoter des chips. En tout cas ton planning de vacances a visiblement été chouette. Rando, ski, shopping et sauna… Le top ! Faudrait que je pense à prendre des vacances un de ces jours, ajoutais-je en souriant alors que la jeune femme fouillait dans un tiroir pour en sortir quelque chose.

Je saisissais la photo que Chloé me tendait et observais la jeune fille qu’elle était. Avec un sourire je jetais un coup d’œil à la blonde dont les cheveux étaient plus courts à présent puis je reportais mon attention sur le cliché. Je détaillais ce dernier alors que Chloé me parlait de sa vie de l’époque. Elle était au lycée et avait des amis ! Ils semblaient proches, très liés… leurs sourires ne mentaient pas. Lorsqu’ils n’étaient pas en cours et que le week-end arrivait ils allaient faire les cons en montagnes avec de l’alcool et dans un décor de rêve. Tout cela semblait si cool… et si mystérieux pour moi ! Hypnotisée par la photo, mon sourire s’effaça doucement. Tout ça m’était inconnu. Saisissant mon verre je le vidais d’une traite sans grimacer. J’avais l’habitude en ce moment ! Le Rhum était devenu un allié de taille contre les réflexions trop prises de tête ou trop angoissantes.
Je rendais ensuite le cliché à la blonde avec une pointe de jalousie. J’aurais tellement aimé avoir une vie normale… aller à l’école, me faire des amis, avoir des projets, hésiter entre plusieurs métiers et j’en passe ! Mais tout ça m’avait été volé. Oui… ma vie m’avait été volée. Regardant enfin mon hôte je reprenais la parole.

- Un endroit magnifique pour se faire de superbes souvenirs, déclarais-je enfin en esquissant un sourire. Tu as de la chance ! Ton enfance m’a l’air d’avoir été pleine de bons moments même si ça n’a pas dû être toujours tout rose bien sûr. On ne vit pas dans des contes de fées. Pensive je nous servais à nouveau. Mais au moins tu as eu une enfance, ajoutais-je en buvant une gorgée. C’est gentil de partager de tes souvenirs avec moi.

Il n’y avait aucune ironie dans mes paroles même si cela aurait pu être le cas par rapport à ce que j’avais subi. Entendre la blonde partager ses souvenirs était douloureux mais me permettait de voir à quoi aurait pu ressembler ma vie si je n’avais pas été kidnappée, si j’avais réussi à réellement surmonter ça plutôt que de devenir… Une tueuse ! Voilà ce que j’étais.

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« Ahahaha ! C’est gentil ! On verra quand l’opportunité se présentera écoute ! »

Je préférerais qu’on glisse de ce sujet épineux pour un autre… plus… et moins dangereux pour nos gueules à toutes les deux. Ça pourrait être pas trop mal. Autant parler de l’Alsace et de ses merveilles, c’est bien plus agréable et plus facile pour moi. Je pense que pour Riley… elle n’est pas prête à y mettre les pieds et voir mes amis de là-bas. Trop loin je pense. Puis rien ne dit qu’elle veut visiter cette partie-là de la France. Elle est peut-être plus mer ou océan. Pour avoir fait un peu le tour de France je connais quelques coins. Après de là à dire que je suis un guide touristique… Je dépose un baiser sur sa joue à sa remarque.

« J’ai eu le temps de les perdre. Mais tu es aussi magnifique Riley. J’ai voyagé un peu en France et j’ai des amis qui se sont expatriés de l’Alsace, si t’as besoin d’idées, je pourrais te dire ! »

D’un coup j’imagine Riley en bikini sur la plage de Saint Tropez avec un verre à la main entrain de bronzer. L’idée était très drôle. Mais quelque part ça lui irait bien. Je me lève pour aller lui chercher un cliché particulier. Et elle le prend. Je me sens mal en voyant son sourire disparaître face au cliché. Merde… j’aurais pas du. Mais quelle conne ! C’est pas vrai. Des modèles comme moi on en fait plus et heureusement, voilà les bourdes monstres. Miss pieds dans le plat. C’était Ed qui m’avait surnommé comme ça à une époque. Je reprends le cliché gêné et hausse les épaules.

« Ouais, c’était bien… »

Je vais ranger la photo avant d’aller prendre Riley dans mes bras et de la serrer avec douceur. Enfin, vu comme elle est musclée c’est pas moi et mes douze kilos et demi qui va réussir à lui faire mal. Ça c’est sûr.

« Désolé Riley, j’aurais pas dû, j’ai pas réfléchi… Je suis vraiment désolée. »

J’espère qu’elle ne m’en veut pas… Et que je ne l’ai pas trop blessé, parce que là je m’en voudrais à mort ! Elle ne méritait pas ça. Je change le plus vite possible de sujet.

« T’aimerais aller où en vacance ? Et vers quel moment ? »

Histoire qu’on s’occupe un peu d’elle.

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Mars 2050
J’offrais un sourire à Chloé après qu’elle ait déposé un baiser sur ma joue. J’étais sincère avec elle même si je n’allais pas au bout de mes pensées. Il était évident que la blonde m’aurait posé des questions si je lui avais dit qu’elle ferait une excellente journaliste mais pas tout de suite ! D’ailleurs, en réfléchissant bien, est-ce que si elle le devenait plus tard elle ne serait pas un danger ? Je n’en savais rien mais je me disais que c’était possible. Après tout les journalistes n’enquêtent pas que sur des faits du moment… ils leur arrivent de fouiller dans le passé pour révéler une injustice, un méfait, un crime ! Et des crimes j’en avais commis… d’ailleurs j’avais été la première à exécuter un des agents de sécurité lors de notre dernier braquage. Assaut complètement raté qui ne l’était pas uniquement à cause de moi !
Cependant je ne me plongeais pas plus longtemps dans ce genre de pensées. Je ne voulais rien laisser paraître de mes multiples interrogations et je ne pouvais cacher cela qu’en mettant ces idées de côté, dans un coin de mon cerveau. A nouveau et sans me forcer je souriais. J’adorais les compliments ! C’était d’autant plus le cas lorsqu’il venait d’une jolie jeune femme.

- Merci, commençais-je par dire. La France… continuais-je. Je ne connais que Paris et mes souvenirs sont flous… Je n’avais que six ans lorsque j’ai visité la ville avec… enfin, ça remonte quoi ! expliquais-je. Et pour le reste du monde ce n’était pas des voyages touristiques si tu vois ce que je veux dire.

Car oui, j’avais visité différents pays mais je n’avais pas eu le loisir de contempler des bombes en bikini… non, les bombes je les évitais. Cela ne me dérangeait pas ! J’avais survécu à l’une des pires horreurs qui existent sur cette planète et l’école que j’avais faite m’avait préparé à la guerre. Seulement, en entendant parler Chloé de son enfance je me rendais compte que je la jalousais un peu. J’aurais aimé savoir ce que cela faisait d’avoir de vrais amis, des gens normaux avec une vie banale.
La blonde me donnait un aperçu de ce qu’aurait pu être ma vie si je n’avais pas subi les pires atrocités qu’une enfant puisse connaître. Sincère, je la remerciais donc et lui rappelais que je n’avais pas ce genre de souvenir. Je remarquais immédiatement le changement de comportement de Chloé. Je l’avais mise mal à l’aise. Son haussement d’épaules et sa réponse brève étaient les signes que je ne me trompais pas. Cependant je ne m’attendais pas à ce qu’elle m’étreigne avant de s’excuser…

- Non, non ! Y’a pas de souci Chloé… Je t’assure ! la rassurais-je. Au contraire, c’est sympa d’entendre ce genre d’anecdotes de jeunesse. Ça m’amuse ! C’est juste que moi je vais éviter de partager mes souvenirs… C’est pas jojo comme tu le sais à peu près…

Puis, tout en buvant une gorgée de Rhum je me mettais à réfléchir. Je n’avais jamais eu ce genre d’interrogation et je me contentais donc de hausser les épaules.

- A vrai dire je n’en sais absolument rien et cette réponse vaut pour les deux questions… Je pense que ça vient de l’armée ! J’ai tellement été habituée à suivre des ordres que j’ai encore du mal à prendre des initiatives parfois, expliquais-je. Mais il serait peut-être temps que ça change. Quelles villes ou même quels pays tu as visité toi ? Qui sait… tu vas peut-être me donner envie de partir en voyage !

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Je n’avais pas très envie de trop me prendre la tête ce soir. Autant se bourrer la gueule et oublier tout ça. Rien qu’un peu. C’était pas mal non ? J’avais besoin de me vider la tête. Rien qu’un tout petit peu. Prendre une soirée pour moi, me reposer et puis bon… On verra le reste plus tard. Je me rendais compte que Riley me cachait des choses… Mais je ne voulais pas la forcer à parler, ça ne servait à rien. Pourquoi la forcer à parler ? Ce n’était pas la peine, je ne voulais pas pourrir l’ambiance de la soirée. Je souris et passais un bras autour des épaules de Riley en hochant la tête. Autant ne pas trop lui rappeler trop de mauvais souvenirs… Je souris un peu. Je crois que j’allais éviter de trop raconter des informations d’enfances. Histoire de ne pas la rendre mal à l’aise. Je préférais changer de sujet.

Je sirotais mon verre d’alcool plus ou moins en silence. Pas grave je glissais à nouveau quelques chips entre mes dents pour éviter de finir complètement ivre en deux gorgées de verre. Je souris un peu, le côté soldat… forcément ça n’aidait pas à réussir à prendre des décisions… Surtout quand on est « que » soldats et pas commandant. Ça devait être difficile de retourner à sa vie de tous les jours…Je me mordis la lèvre en réfléchissant à tous les petits voyages que j’avais fait avec Edward. Je passais une main dans mes cheveux.

« J’ai fait… beaucoup de voyages avec… mon presque beau-père, quand ma mère voulait bien me laisser y aller. Mais… je ne me souviens pas toujours des noms, il m’amenait un peu partout, quand c’était pas trop dangereux… Des villes dont je me souviens… Quand j’étais à l’école je suis parti avec un ami en Italie. Puis dans toutes les destinations qui sont des rêves… La Nouvelle-Zélande est celle qui m’attire le plus. Mais je ne pense pas y aller avant un bon bout de temps. Après, je connais bien la France ! Donc… je peux te trouver des destinations sans soucis ! Surtout en Alsace. »

Je ris un peu avant de reposer mon verre. Je regardais tout ce qu’elle avait acheté à manger avant de me lever lentement.

« Je te propose qu’on mange un peu, sinon on va finir pompette voir plus dans dix minutes ! Et quand on est bourrés. Je sais pas trop ce que ça peut donner ! »

J’attrapai des assiettes pour servir tout ça proprement et faire chauffer ça au micro-onde. Histoire qu’on se remplisse un peu l’estomac. C’était mieux pour survivre. Bourrées… Qu’est-ce qu’on serait capable de faire ? J’en avais aucune idée, mais je n’étais pas sûre d’avoir envie de savoir.

Sujet: Re: Le passé prend racine dans l’avenir.

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