L'Europe Occidentale ne s'en est finalement pas si mal tirée. La guerre et la transition écologique se sont chargées de remplacer les vieux paysages industriels et l'éloignement des combats a limité les bombardements. Les grandes villes se sont transformées et les gens ont reconverti leur agriculture industrielle en nouvelles exploitations biologiques de dernière génération. Finalement, l'Europe de l'Ouest est redevenue le cœur historique et culturel –presque pittoresque- de l'Union.

La région qui a le plus souffert du conflit mondial, car encore relativement proche des russes et de leurs bases. Les ex-pays de l'est ont payé le prix fort et les efforts de reconstruction se traduisent en milliards d'euros chaque année, mais avec autant d'argent... Tout est possible. Des zones encore fortement boisées et fertiles servent à aviver l'espoir de combler le souvenir d'une terre soumise aux combats, aux bombardements, aux contaminations biologiques et chimiques. La vie est plus forte que la guerre, et l'Union en profite pour y tester ses nouvelles technologies d'éco-agriculture et de décontamination des sols et des eaux.

La Scandinavie était restée relativement à l'abri des troubles très européens des trois derniers siècles. Il a suffi que les russes s'intéressent à ces territoires pour le pétrole offshore, et le conflit s'est aussi joué sur ces sommets et forêts enneigés, où l'on se tuait dans des températures extrêmement négatives. La fameuse opération "Götterdämmerung" vit aussi l'explosion d'un engin nucléaire en plein milieu des montagnes norvégiennes. Les russes se virent accusés, et l'affaire fut rapidement close; un périmètre de sécurité y est toujours patrouillé par l'armée, tandis que les capitales bordant la Baltique ont retrouvé leurs couleurs, comme si de rien n'était.

C'est là que l'Europe a sans doute le plus souffert, plus encore qu'à l'est. Les troubles climatiques, les épidémies de grippe estivale et d'autres catastrophes ont provoqué un vrai drame historique. L'Union s'est retrouvée dépassée par les épidémies sous ces plus chaudes latitudes, où les virus toujours plus résistants parvinrent à frapper les populations en hiver comme en été, sans parler des réfugiés venus d'Afrique et d'Asie, qui débarquaient en masse et propageaient à leur tour d'autres souches de contamination. Ces pays ont beaucoup perdu de leur population, mais n'ont pas été touchés par la guerre. Ils ont donc été transformés en friches écologiques, en lieux de vacances et de villégiature, où les musées et centres historiques des vieilles civilisations occidentales sont ouverts à tous... Mais étroitement surveillés.