Des fermes à perte de vue. Hors de question de conserver l'ancien mode de production industriel, toutefois. On ne plante plus que des plantes locales, historiquement adaptées au climat, et les ressources en eau sont rigoureusement contrôlées, tout comme la richesse des sols. Ainsi, on cultive plutôt les légumes, dans le secteur, et quelques céréales aussi. L'élevage lui, se fait de manière traditionnelle, sans machines automatiques et sans farines médicamenteuses ou animales. La chaîne de production est propre de bout en bout; les centaines d'usines de transformation sont rigoureusement contrôlées, et les nouvelles techniques de conservation doivent permettre d'éviter les dérives du XXème siècle.

La plupart des zones rurales sont parsemées d'immenses parcs éoliens, le temps étant souvent un peu trop couvert pour que le photovoltaïque y soit rentable à cette échelle. Du même coup, les agriculteurs du coin produisent de la betterave sucrière et élèvent du bétail sous ces turbines, espaces autrement impropres à d'autres types de cultures. On dit que les contrebandiers font passer beaucoup de marchandises, notamment de la drogue, dans de petits véhicules lancés depuis les côtes jusqu'à Europolis, pour éviter la surveillance des quais et du port.

Qui dit transformation industrielle dit aussi vieilles structures abandonnées. Les gains de productivité dans l'industrie furent tels qu'on délocalisa plutôt l'essentiel des capacités de production à proximité du port, et certaines vieilles manufactures, aux outils et pratiques polluantes ou dépassées, furent tout bonnement abandonnées. C'est forcément devenu le lieu de tous les trafics, des règlements de compte à la OK Corral, et des raves-parties de jeunes de la capitale, qui peuvent s'abriter dans ces hectares sans crainte d'être découverts.

Europolis n'a pas fait disparaître toutes les communautés qui étaient installées et construites depuis parfois des siècles; petits villes portuaires ou industrielles, toutes pareilles, toutes différentes... On trouve en tout cas des gens qui travaillent à Europolis, même aussi loin, qui veulent profiter des opportunités qu'offre la capitale mais sans y vivre, et sans y connaître la violence de son rythme de vie. Parfois, malgré tout, la "vraie" vie rattrape ces ruraux; jeunes défoncés aux drogues de synthèse, runs de voitures trafiquées ou encore, recel de biens volés dans la métropole... Les flics des comtés alentours ne manquent pas de travail.

Les forêts sont nombreuses; on a beaucoup planté d'arbres sur les territoires dégradés revalorisés et sur les espaces repris à l'agriculture. La majorité des arbres ne sont pas très anciens encore, bien que beaucoup aient été transplantés depuis des forêts contaminées, à l'est. Quoiqu'il en soit, ces pépinières géantes ne jouent pas encore leur rôle de poumons d'Europolis. En revanche, elles font le bonheur de la pègre qui sait très bien comment enrichir cette bonne terre, noire et fertile, qui permet de faire pousser toute cette végétation.

La base aérienne 123 est désaffectée depuis la fin de la guerre. Elle reste sous surveillance des militaires, et totalement interdite au public. Ceux qui s'y risquent pourraient avoir à faire face à un bataillon de troupes d'élite peu enclines à la compassion et à la sensibilité...