[Livre I - Terminé] I do not want to disturb you, I just want to be with you ...

2 Février 2050

Ce jour là, l’étudiante s’était levée de sorte à être à la fac avant huit heures pour une présentation en amphithéâtre assez attrayante. Une fois sa douche prise, la brune s’habilla d’un jegging bleu, d’un débardeur noir, d’un sweat à capuche et elle termina sa tenue avec une paire de bottes à talons fins. Se mettant en route pour aller jusqu’à la faculté, les écouteurs dans les oreilles, ses pensées vagabondaient jusqu’à un certain beau brun. Cela faisait quelques jours qu’elle ne l’avait pas vu et étrangement, le manque se faisait sentir. Kate avait encore du mal avec ces sentiments naissant à l’égard du garçon. Depuis six ans, seule sa mère comptait à ses yeux. Et voilà que du jour au lendemain, Henry s’était installé au coeur de ses pensées. Il faut dire que leur première soirée à deux avait été particulière mais aussi mémorable, et le lendemain matin encore plus. Rien qu’à cette pensée, la jeune femme eut un semblant de frisson. L’impact qu’il avait sur elle était surprenant et surtout inexplicable. Arrivée à la fac, elle prit le chemin de l’amphithéâtre et se trouva une place dans un coin au fond, comme à son habitude. Le cours du jour portait sur l’impact de la police scientifique sur les enquêtes et les possibles témoignages à faire devant le tribunal.

Une fois le cours terminé, elle en profita par la suite pour travailler un peu à la bibliothèque. Kate avait des livres à rendre pour respecter le délai de prêt. Elle optimisa cette visite en s’installant dans le fond du bâtiment, à proximité des rayons l’intéressant. Depuis la visite à l’EPD des locaux de la police technique scientifique, la brune s’était un peu plus orientée dans ses révisions et son apprentissage. La visite des spécialistes de la balistique l’avait franchement inspirée. Etant donné que cela était un des domaines où elle s’était le moins renseignée, il lui restait un paquet d’ouvrages à découvrir. Après en avoir survolé plus d’un, la brune opta pour deux livres qui semblaient assez complets et détaillés et fit enregistrer son emprunt avant de sortir de la bibliothèque, sa besace sur l’épaule.

L’heure était venue de rentrer. Il était près de trois heures et demie de l’après-midi. Elle prenait son service le soir à dix-neuf heures. Sur le chemin, l’étudiante s’acheta un sandwich tout ce qu’il y a de plus banal, du jambon et du beurre dans une demie-baguette. Alors qu’elle marchait déjà depuis un certain temps, elle se rendit compte qu’elle n’était pas bien loin du loft de l’écrivain. Il lui avait bien dit qu’elle serait toujours la bienvenue, aussi tenta-t-elle sa chance pour aller le retrouver et passer lui dire bonjour avant d’aller au travail. Après tout, la brune avait encore du temps devant elle. Arrivée au bout de la rue où le beau brun résidait, elle l’aperçut de loin. Seulement le garçon était trop loin pour qu’elle l’interpelle, tout le monde se serait retourné sur son passage. De toute évidence, Henry était de sortie et il se déplaça à l’opposé de la jeune femme. Entamant de le suivre dans l’espoir de le rattraper, c’était sans compter sur le fait que Monsieur se déplaçait avec les pieds à plat contrairement à elle. Même si la barmaid était à l’aise avec les talons, elle ne piquerait pas un sprint sans une bonne raison. A force de le suivre, elle le vit entrer dans le cimetière du coin. Kate fit le lien assez rapidement. Se stoppant net, elle se demanda si elle devait le suivre ou bien l’attendre à la sortie ou encore s’en aller comme si elle n’était jamais venue. Ôtant ses écouteurs, elle les rangea dans sa poche.

Le choix n’était pas évident. Elle ne voulait pas étouffer l’écrivain ni lui faire croire que cela la dérangeait. Sarah avait existé, il l’avait aimé. Il était hors de question pour l’étudiante de chercher à supprimer cela d’une quelconque façon. Après plusieurs minutes d’hésitation, Kate s’avança doucement dans le cimetière. Le survolant du regard, elle finit par trouver le beau brun, assis contre une tombe, certainement celle de son ex-fiancée. Il devait probablement venir régulièrement ici et avoir ses habitudes. S’avançant progressivement, la brune s’arrêta lorsqu’elle entendit la voix du garçon, prise au dépourvu. Il était en train de s’adresser à sa défunte fiancée. Elle le savait que c’était une mauvaise idée. La jeune femme n’aurait jamais dû le suivre jusqu’ici. Tournant les talons, elle s’apprêtait à s’effacer du tableau en quelques secondes à peine lorsqu’elle entendit sa voix, sa douce voix, dire son prénom alors qu’elle lui tournait déjà le dos. La barmaid se retourna doucement, regardant à moitié le sol un peu honteuse, pour faire face à celui qui faisait s’emballer son coeur à chaque fois qu’ils se voyaient.

Salut Henry ...

Dernière édition par Kate Ward le Dim 16 Sep - 22:44, édité 1 fois

Le cimetière. Une habitude pour moi. Chaque jour, comme une espèce de rituel qui pourrait sembler un peu pervers. Je m'y rends pour parler avec Sarah, aussi glauque et étrange que cela puisse paraître. J'ai parfois l'impression qu'elle m'écoute, je m'attends presque à avoir une réponse de sa part. Je ne crois pas vraiment en la vie après la mort, à un paradis ou même un enfer, lui parler me fait juste beaucoup de bien et si quelqu'un parvenir à faire parler sa pierre tombale, il saurait absolument tout sur moi. Ma façon de rouler pour des criminels, ce que j'ai vu de criminalité, ma première rencontre avec Kate, l'évolution de ma relation avec elle, mon roman, la suite de mon roman. On pourrait tout savoir de moi si on parvenait à faire parler cette pierre. Par chance les pierres ne parlent pas et, encore bien plus pratiques, elles ne répondent pas. Enfin celle-là ne l'a encore jamais fait mais si, un jour, elle devait le faire, je crois que je prendrai rapidement peur. Quoi qu'il en soit, réponse ou non, crainte qu'on fasse parler une pierre ou pas, je venais tous les jours et aujourd'hui ne dérogeait pas à la règle. Je me rendais, comme d'habitude, sur la tombe de mon ex-fiancée. Il y aurait sans doute de quoi discuter un peu de Kate. Je demanderai quelques conseils qu'elle ne pourra pas me donner évidemment. Ce n'est pas grave, ça m'aide à réfléchir, ça me permet de réfléchir à voix haute, une excellente chose pour le cerveau, quoi que le mien fonctionne sans doute de façon beaucoup trop compliqué pour pouvoir fonctionner mieux. Pour ça il faudrait déjà qu'il parvienne à fonctionner quand il est question de Kate ce qui est, hélas, loin d'être le cas. Avec elle je suis simplement … moi-même je crois. Je ne réfléchis plus vraiment, je ne pense pas, j'agis à l'instant, comme j'en ai envie et cela me fait sourire d'autant plus que c'est facile d'être avec elle ; Comme ça l'était avec Sarah. Je réfléchis à tout cela sur le chemin, avant de m'asseoir et de m'adosser contre la tranche de la pierre tombale.

« Coucou. C'est moi. Encore. Tu dois avoir l'habitude à force. Je dirai bien de deviner de qui je vais te parler mais je crois que tu dois le savoir. »

Elle avait dû entendre parler de Kate pendant les quatre derniers mois sans aucune évolution. Elle avait bien du rire. Sarah ne connaissait pas la pudeur et encore moins la timidité, elle n'aurait pas hésité aussi longtemps que moi. En revanche, moi j'étais plus timide, plus réservé, je me demandais encore où Kate et moi en serions si elle n'était pas plus brave que moi. Un silence s'est installé, les gens n'aiment pas les cimetières, ils les fuient, ils se rendent souvent rapidement sur les tombes, ont quelques mots, repartent. Je peux y passer des heures. Du regard j'observe la tombe soigneusement entretenue, j'en prends un soin tout particulier, il n'y a jamais une mauvaise herbe. Pas la moindre saleté.

« Tu sais … Parfois je me demande si c'est une bonne idée. Je sais que ça fait très peu de temps, que je me suis énormément attaché sans même la connaître mais … J'ai vraiment l'impression que ça peut marcher … En fait j'aimerai vraiment que ça marche. Mais j'aimerai … je ne sais pas … Un petit signe de ta part. Quelque chose qui me permette de savoir si tu es … d'accord. »

Bien sûr il n'y a que le vent pour me répondre, lui et les pas d'une personne sur le gravier du cimetière. Des pas qui s'approchent et très subitement font demi-tour. Ma demande est toujours en suspens quand je regarde la personne qui va partir. Mon cerveau met quelques secondes à réaliser de qui il s'agit. Je me relève soudainement.

« Kate ! »

La brune semblait gênée, sans doute parce qu'elle avait compris pourquoi j'étais là. Je lui souris, tâchant de la rassurer par ce simple petit geste, sans savoir si ça fonctionne ou pas. Je m'approche d'elle, repensant à ma question et ne pouvant m'empêcher de penser que Sarah avait un drôle de sens de l'humour. Qu'elle avait un don pour choisir sa façon de me faire comprendre les choses. Je ne crois pas en Dieu, au Paradis ou l'Enfer mais je crois que les choses n'arrivent jamais par hasard. Tendrement je dépose mes lèvres sur les siennes dans un baiser très chaste, me souvenant que je me trouve actuellement dans un cimetière et non dans mon salon.

« Salut. Je ne m'attendais pas à te voir ici. »

Je la regarde dans les yeux, ces beaux yeux couleur de jade qui me font craquer.

« Je viens tous les jours pour … euh … discuter. Quoi que souvent ça tourne plutôt au monologue. »

Je finis par sourire, un peu idiot, me demande si maintenant n'était pas un très bon moment pour me taire définitivement avant de m'enfoncer encore plus et de passer pour un fou furieux devant elle.

2 Février 2050

Elle l’avait entendu parler de loin sans réellement comprendre ses paroles. Il devait être en train de lui parler, à Sarah. La brune était curieuse de connaître tout ce qu’il pouvait bien lui raconter. Mais elle ne poserait jamais la question, tellement cette curiosité était mal placée, elle le savait. Se retournant doucement pour déguerpir des lieux, l’écrivain l’interpella. Pour être discrète, la barmaid pourrait repasser. C’était peut être stupide, mais sa douce voix en train de prononcer son sourire lui donnait envie de sourire et faisait accélérer les battements de son coeur. Redressant un petit peu la tête, elle aperçut le sourire d’une grande douceur du beau brun. Cependant, la jeune femme demeurait gênée. Elle avait la sensation de s’imposer, de ne pas avoir à être ici. Alors qu’il s’approchait d’elle petit à petit, il finit par la rejoindre déposant un baiser très tendre sur les lèvres de l’étudiante. Henry lui avoua être surpris par sa présence. Étonnamment, ils étaient deux à être surpris de cette situation. Nerveuse, elle se mordit la lèvre inférieure, comme à son habitude, se demandant ce qu’elle pouvait donner comme explications au jeune homme. Son regard semble la transpercer. Qu’avait-elle fait pour mériter pareille chance ? Tous ses gestes n’étaient que douceur.

Je suis désolée je ne voulais pas te déranger ...

Depuis qu’ils se cotoyaient tous les deux, la franchise semblait avoir fait acte de présence à tout moment. Même si elle n’en avait aucune preuve, la brune restait persuadée que l’écrivain jouait franc jeu avec elle. Après quelques secondes d’hésitation, secondes bien plus longues pour la personne qui attend que pour celle qui réfléchit, elle reprit la parole.

Je rentrais de la fac et … J’ai eu envie de passer te voir … Je t’ai vu venir ici donc j’ai hésité mais ...

Mais quoi ? Avouer l’avoir suivi pendant une bonne dizaine de minutes avant de voir qu’il entrait dans le cimetière ne faisait pas un peu pot de colle. A vrai dire, ça pourrait même s’assimiler à du harcèlement techniquement. Allait-il penser qu’elle était stupide ou trop méfiante ou encore … Trop d’idées se bousculent dans la tête de Kate, toutes plus écoeurantes les unes que les autres. Alors que c’était elle qui était comme en faute, prise sur le fait, le garçon semblait se confondre en excuses et en explications. Sa dernière remarque fit échapper un petit rire à la brune. Evidemment, Sarah ne pouvait pas lui répondre. Sa présence ici n’avait rien de surprenant, l’étudiante n’avait personne à pleurer de la sorte à l’heure actuelle cependant, pouvait-elle être certaine de ne pas agir ainsi s’il devait arriver quelque chose à sa mère … ou à Henry ? Il est clair qu’aujourd’hui sa disparition lui ferait mal. Etait-ce une erreur que de s’attacher aux gens ? Il y avait tant à perdre après tout. Mais il y avait aussi tant à obtenir … Revenant au moment présent, elle répondit au jeune homme :

J’aurais été assez surprise qu’elle te réponde je t’avoue.

La barmaid commençait tout juste à comprendre pourquoi elle était rentrée dans ce cimetière. Elle voulait en savoir plus, connaître celle qui avait fait le bonheur de l’écrivain jusqu’à ce qu’ils soient arrachés l’un à l’autre. La brune voulait en savoir plus sur celle qui avait subitement disparu de la Terre, pour son plus grand bonheur à elle malheureusement …

Si tu viens tous les jours, tu dois l’ennuyer en te répétant tout le temps non ?

Un petit sourire au coin des lèvres, Kate joua de son humour ne sachant pas franchement comment aborder la chose ni l’attitude qu’elle devait avoir ou plus précisément, l’attitude qu’il voudrait qu’elle ait. Haïr ou jalouser Sarah était clairement exclu. Mais le beau brun avait-il besoin d’intimité, de temps ou encore d’espace pour garder ses petits moments dédiés à son ex-fiancée ? Elle ne voulait aucunement être imposante, la brune souhaitait surtout éviter les faux pas. Il allait falloir qu’elle mesure chacun de ses mots, chacune de ses paroles, et surtout qu’elle ne s’immisce pas dans les affaires qui ne la concernaient pas. Mais pourquoi diable était-elle entrée dans ce cimetière ? Sa curiosité était bien trop invasive. Elle ne souhaitait pas lui mentir sur quoi que ce soit, excepté peut-être leur situation actuelle à sa mère et elle. D’un autre côté, il allait falloir que tôt ou tard elle lui en parle. Sans obligation, elle voulait juste faire preuve de confiance. Revenant à l’instant présent, elle observait Henry, espérant qu’il ne se sente ni traqué ni épié ni étouffé ni rien d’autres de négatif ...

Dernière édition par Kate Ward le Dim 16 Sep - 22:43, édité 1 fois

Seul avec Sarah, du moins c'est ce que je pensais jusqu'à l'arrivée impromptue de ma petite amie. Ma petite amie ? L'était-elle ? Nous n'en avions jamais parlé vraiment mais oui, je crois que c'est ça. Je ne vois pas comment je pourrai la qualifier autrement parce que clairement, nous ne sommes pas de simples amis, nous sommes quelque chose de différent, de plus évolué, quelque chose de beaucoup plus intime. Alors j'imagine que oui, c'était ma petite amie. Ses mots provoquent un petit sourire gêné, elle ne voulait pas me déranger, elle l'avait fait bien sûr mais je n'oserai jamais le lui dire. Pas question de lui dire un truc aussi stupide. Je me contente donc de ce petit sourire gêné avant de parvenir à adopter un vrai sourire après quelque secondes et d'un ton, peut-être un peu plus moralisateur que je ne l'aurai vraiment souhaité, je lui réponds.

« Je te l'ai déjà dit, tu ne me déranges pas. Tu ne me déranges jamais. Au contraire même, je suis toujours content de te voir. »

C'était peut-être un peu stupide de dire cela mais je voulais être honnête avec elle et puis j'avais demandé un signe à Sarah et voilà que Kate arrivait. Cela peut sembler stupide mais j'avais déjà pris l'habitude d'imaginer que Kate soit un ange à la façon dont elle avait changé ma vie, dont elle m'avait rendue meilleur alors que ça soit l'émissaire, même sans le savoir, ne me surprenait pas vraiment. Tout du moins pas autant que ça aurait pu le faire. Je devais sans doute être un peu fou de penser et réfléchir ainsi. J'écoute ses explications, elle m'avait suivie ? Whaou. Kate m'avait suivie ici. Alors là je suis surpris. Sauf si elle pensait que j'étais allée voir une autre ? Pourrait-elle croire ça de moi ?

« Tu as bien fait de venir. Enfin je veux dire … Tu ne me déranges pas, peut-être qu'il est temps que je revienne un peu plus dans le monde des vivants. »

Ces dernières années je n'avais pas eu beaucoup de contacts, hormis les contacts professionnels. Personnellement en revanche j'avais été solitaire, préférant la présence de cette tombe et de ma défunte fiancée à tous les vivants. Si Kate m'avait permis de reprendre contact avec la réalité et la vie, c'est que je parvenais enfin à aller de l'avant grâce à elle. Il y avait une forme de culpabilité en moi, comme si je faisais quelque chose que je ne devrai pas faire et pourtant je suis persuadé que Sarah serait heureuse de savoir que je reprends un peu le fil de ma vie et que je construis à nouveau quelque chose. La remarque de Kate provoque un petit sourire, effectivement, il y aurait de quoi s'affoler si elle me répondait.

« Je serai le premier à m'inquiéter si elle me répondait mais … il y a beaucoup de façon de répondre à une question et toutes n'ont pas besoin de mots. »

Si on veut bien y croire et accepter qu'il existe des forces plus fortes que nous dans ce monde. Je ne crois pas en Dieu, je ne crois pas en une divinité, je ne crois pas en la Force, pas même en la Divine Providence mais il y a des forces qui nous dépassent, plus fortes que les humains. J'avais demandé un signe pour savoir si je pouvais m'aventurer sur ce chemin si tentant avec Kate et elle était là, quelques instants plus tard, dans le cimetière parce qu'elle voulait me voir. Bien sûr ça pouvait n'être que le hasard, une simple coïncidence prodigieusement timée mais je ne voulais pas croire à ça.

« L'ennuyer en me répétant tout le temps ? Tu veux dire que je passe mon temps à radoter ? »

J'étais très sérieux en demandant cela mais avant que la barmaid ne se fasse trop de mauvais sang en imaginant avoir dit une bêtise je lui souris, taquin.

« Tu n'aurais pas totalement tort en fait. C'est souvent plus facile de parler quand on sait que quelqu'un sera obligé d'écouter sans t'interrompre. Ces dernières années je n'ai pas eu grand monde à qui parler non plus. »

Je regarde la belle brune face à moi, j'avais elle maintenant. Cette jeune femme apparue de façon si inattendue dans ma vie et qui m'avait permis de me remettre sur le droit chemin. De repartir de l'avant et reprendre ma vie en main. Je souris à Kate.

« Tu me donnes une petite minute ? »

Je m'absente une petite minute, retournant vers la tombe le temps de quelques paroles, juste une petite phrase.

« Tu choisis bizarrement tes anges, tu sais ? Merci. »

Je me relève, retournant au près de Kate dont je prends la main avec douceur, nous éloignant en marchant doucement vers la sortie du cimetière. Je lui offre un sourire joueur au moment de demander :

« Alors comme ça tu me suis dans la rue ? J'ignorais ce côté groupie de ta personnalité. »

2 Février 2050

Henry semblait vouloir rassurer la jeune femme. Ses mots étaient remplis de douceur et de gentillesse. Mais il avait ce petit sourire gêné qui semblait vouloir dire beaucoup à lui tout seul. La brune avait réllement l’impression qu’elle n’aurait pas du se trouver à cet endroit. Elle n’aurait pas du venir dans ce cimetière, elle n’aurait même pas du venir le voir … Que lui arrivait-il pour succomber autant à son instinct sans prendre le temps de réfléchir ? L’étudiante s’était rendue compte qu’elle n’agissait ainsi qu’avec lui, que lorsqu’il s’agissait de l’écrivain.Le rendez-vous, accepter de se rendre chez lui, la nuit et le lendemain matin, rien de tout cela ne ressemblait à Kate. Sa voix était un tantinet accusatrice malgré la caresse de ses mots, lui en voulait-il pour se qu’elle avait fait ou pour ce qu’elle pensait ? Le beau brun avait ce don pour se glisser dans sa tête soit pour savoir à quoi elle songeait soit pour envahir ses pensées lorsqu’il n’était pas là. Comme aujourd’hui où sa tête lui ordonnait de rentrer chez elle réviser tandis que son corps préférait marcher en direction du loft du chauffeur pour le voir. Mais même si elle avait envie de tout ça, le doute persistait grandement dans son esprit. Avait-elle le droit à tout ça ? Le méritait-elle ? Qu’avait-elle à lui apporter excepté son lourd passé et ses mensonges ? Etait-ce possible de profiter de la vie en menant une double vie ? Elle n’avait jamais eu à se poser toutes ces questions. Après tout, elle s’était jurée de ne plus avoir d’hommes dans sa vie après ses années de prostitutions. La jeune femme ne pensait rencontrer que des goujats, des hommes sans intérêts sauf si l’on aimait les emmerdes. Mais tout ça, c’était sans compter sur le fait que sa route allait croiser celle de ce garçon. Les mots qu’il lui adressa par la suite lui firent un peu mal. Il hésitait, elle sentait que ses doutes étaient en train de se confirmer mais surtout, elle avait ce sentiment amer de l’avoir blessé d’une façon ou d’une autre.

Tu sais je ne te reprocherais jamais de venir la voir ...

Comment lui faire comprendre qu’il pouvait bien faire ce qu’il voulait, même si ça devait la blesser, elle l’accepterait. Après tout, si un jour il apprenait la vérité sur elle et sur sa mère, comment Henry réagirait-il ? La remarque de la brune détendit l’atmosphère durant quelques secondes mais cela ne dura pas. La barmaid savait qu’elle ne devait pas se comparer à elle, à Sarah, que cela ne changerait rien. Pour autant, entre les secrets qu’elle cachait au chauffeur et le fait qu’il n’aurait jamais du être célibataire lors de leur rencontre, peut-être même ne l’aurait-elle jamais rencontré, Kate restait persuadée qu’en prime elle n’arriverait même pas à la cheville de sa défunte fiancée. A vrai dire, elle ne comprenait toujours pas pourquoi l’écrivain s’était accroché ainsi. Elle l’avait inspiré pour son bouquin, mais ça n’était pas intentionnel, elle n’avait jamais rien fait dans ce sens. Curieuse de la dernière remarque du garçon, elle se demanda s’il avait eu l’impression d’avoir un contact avec Sarah. Peut-être le fait de venir au cimetière régulièrement lui donnait ce sentiment. Sur le qui-vive, l’étudiante se méfia de la réponse d’Henry. Evidemment, elle n’avait pas voulu le braquer avec sa répartie qui était plus une sorte de défense qu’une façon de fonctionner avec lui. Kate adorait rigoler et taquiner les gens qu’elle connaissait. Avec l’écrivain, c’était sa porte de secours. La pression redescendit un petit peu lorsque l’air sérieux du beau brun tomba pour laisser place à un beau sourire. La taquinait-il pour rigoler ou parce qu’il était aussi mal à l’aise qu’elle ? Toutes les remarques du garçon généraient un tas de questions dans la tête de la jeune femme. Seulement ils étaient dans un cimetière où reposait le corps de sa fiancée. La barmaid décida de garder sa langue dans sa poche pour le moment. Comment pouvait-elle lui demander des réponses sachant qu’elle ne le laissait pas poser ses questions ? Son sourire fit rater un battement de coeur à la brune. Comment faisait-il ? Comment allait-elle faire ? Elle lui adressa un signe de tête et s’éloigna de quelques pas ne voulant pas s’imposer. Son absence fut de courte durée et déjà l’écrivain revint la voir, lui prenant la main par la même occasion générant un léger frisson chez Kate. Leurs pas les menèrent rapidement à la sortie du cimetière. Henry s’arrêta alors et lui souria d’un air un peu provocateur avant de faire une remarque à laquelle la brune ne s’attendait réellement pas. Impossible de rater sur son visage cet air perdu et désemparé qui montrait bien sa détresse.

Je … Je ...

Déstabilisée, elle ne savait pas vraiment comment justifier son acte. Après tout, comment aurait-elle réagit si les rôles avaient été inversé ? Le rouge commença à monter à ses joues, instinctivement elle fit un pas en arrière.

Je suis … désolée … Ca n’était … pas le … but ...

Le regard orienté vers le sol, Kate tentait désespéremment de faire fonctionner son cerveau. Pourquoi était-elle venue le voir ? Parce qu’elle en avait envie tout simplement. Mais était-ce une réponse acceptable ? La brune ne pouvait pas lui imposer ses volontés, elle n’aurait pas aimé qu’il tente de le faire avec elle. Ses envies étaient la cause du problème depuis le début en quelques sortes. Sans cela, elle ne se serait jamais rapprochée d’Henry. elle ne se serait alors pas retrouvée dans cette situation impossible. Prenant une grande inspiration, la jeune femme releva la tête est planta son regard émeraude au fond des prunelles noisettes du beau brun. Une cruelle vérité s’éleva en elle. Non, elle n’était pas prête à renoncer à tout cela. Il allait falloir que tôt ou tard, elle lui avoue tout. L’étudiante allait devoir apprendre à le connaître intégralement avant de se risquer à lui dire la vérité sur Fallon, son passé et ce qu’elle souhaitait faire par la suite qui allait forcément l’impacter aussi s’il restait à ses côtés.

Sur le chemin du retour je me posais certaines questions. J’avais envie qu’on discute un peu à vrai dire ...

Prenant son courage à deux doigts, Kate inspira un grand coup avant de se dégonfler et ajouta :

J’aimerais que tu me parles de Sarah et de vous deux lorsqu’elle était encore là.

La barmaid ne comptait pas se battre avec lui pour ça. Au vu de l’énorme jardin secret qu’elle lui dissimulait encore, elle serait bien mal placée pour lui faire la moindre remarque. Mais il allait falloir qu’ils apprennent à se connaitre un peu plus au bout d’un moment. Pour la brune, ce point là était primordial.

Dernière édition par Kate Ward le Dim 16 Sep - 22:43, édité 1 fois

« Je sais. Enfin je m'en doutais. J'espérais que ça ne te dérangerait pas du moins. »

Sarah en tout cas semblait avoir toujours son sens de l'humour. Kate dans le cimetière au moment où je me demande si c'est vraiment une bonne idée de passer du temps et entamer une relation avec elle. Si elle approuve ce rapprochement entre la barmaid et moi. Sans croire en un Dieu, je ne peux pas nier que le sens du timing de Kate était étrange. Une simple coïncidence peut-être mais je ne crois pas plus aux coïncidences qu'en Dieu. En revanche celui qui semble clairement avoir du mal avec l'humour, c'est moi. Ma tentative d'humour sur le fait qu'elle me suive semble la prendre au dépourvu et la mettre mal à l'aise. Normalement c'est moi qui bredouille sans trop savoir quoi dire pas la ravissante demoiselle en face de moi. Je ferai un effort la prochaine fois, pour maintenant je tente de la rassurer en souriant, en posant une main douce sur son épaule pour caresser sa joue quelques instants.

« Je plaisantais. Pardon, je suis nul pour les blagues, je ne recommencerai pas. Ne t'en fais pas. »

Je me sentais un peu idiot à présent, je tentais une blague et voilà que je faisais stresser Kate. C'était tout sauf mon objectif, quoi que je devais reconnaître un certain charme au pourpre de ses joues mais également à cet air gêné qu'elle a pris. Ca me donnait envie de la cajoler et la rassurer. Je suis vraiment accroc à un point stupide. Après tout, est-ce que ce moment n'est pas le plus fantastique de tous ? La lune de miel. Ce moment étrange au début d'une relation où tout semble simple. On ne se connait pas encore assez pour savoir si on va réussir à faire avec les défauts de l'autre ou pas alors tout est fantastique. On n'a juste envie de s'embrasser, s'enlacer et faire trembler le mur contre lequel repose le lit … Quoi que non en réalité … il n'y a ni moment, ni lieu idéal. Tout lieu ou moment peut être le bon pour prendre du plaisir dans cette première phase d'un couple. Pourtant je savais déjà que je voulais d'avantage, que mon attraction n'était pas juste physique. Cependant je suis surpris par les mots de Kate, témoignage de sa propre volonté de plus qu'une relation rapide qui ne durera pas.

« Bien sûr, de quoi veux-tu parler ? »

Le sujet tombe rapidement. Sarah. Moi. Sarah et moi. Soudainement je me retrouve à me demande ce qui est le mieux. Ce qui est le pire. Parler ou ne pas parler ? Lui faire toute l'histoire ou épargner certains moments ? Un sourire timide passe sur mon visage alors que je me frotte un bref instant la tempe, passant ma main dans mes cheveux pour remettre en place … Non je plaisante, mes cheveux font ce qu'ils veulent comme d'habitude.

« C'est … une longue histoire. »

Mon sourire prend un rien d'assurance alors que j'attrape sa main pour l'emmener vers un banc à l'entrée du cimetière. En chemin nous croisons un vieil homme que les années ont fait plier, le forçant à s'appuyer sur sa canne.

« Bonjour Monsieur Dumas. »

Il me salue d'un sourire, par mon prénom et souris à la brune à mes côtés avant de s'arrêter sur une tombe, quelques mètres plus loin. Celle de sa femme, décédée il y a quelques années, au début quand je venais je le jalousais et puis je l'admirais. Tous les jours, tout comme moi, il continue de venir malgré sa fatigue et sa santé. Je m'assois sur le banc, à côté de Kate.

« Sarah et moi ça remonte à loin, à l'Angleterre et notre enfance. Nous étions amis d'enfance, meilleurs amis, pratiquement inséparables. En grandissant elle est devenue belle et intelligente avec une idée précise en tête de ce qu'elle serait adulte. Je ne sais pas vraiment comment je suis entré dans cette équation comme petit ami, ça s'est fait diablement naturellement mais seulement grâce à elle. Si elle ne m'avait pas embrassé … Elle a toujours été bien plus courageuse que moi. Nous avions 17 ans et un an plus tard nous sommes venus vivre à Europolis pour ses études en thanatopraxie. Il y a trois ans elle m'a demandée en mariage parce que je n'osais pas le faire, malgré la bague que j'avais acheté. Quelques mois plus tard, un mois avant notre mariage elle a eu un accident, elle a été renversée et est décédée sur le coup. »

Je soupire en terminant, mes mains jouant nerveusement l'une avec l'autre. Je n'ai pas parlé de notre vie de couple, de nos habitudes, juste un résumé rapide qui n'allait sans doute pas suffire à la belle barmaid mais elle n'aurait qu'à demander plus si elle le voulait vraiment. Je ne voulais pas aller trop dans les détails si ce n'était pas ce qu'elle voulait.

2 Février 2050

Henry ne semblait pas offenser par sa remarque, il était plutôt compréhensif à vrai dire. En même temps, comment pouvait-on reprocher à un homme de se raccrocher à un amour passé que seul la mort avait arrêté ? Tandis que les questions concernant cette ancienne relation jaillissaient dans l’esprit de la barmaid, ce flux de pensées fut interrompu par une vérité qui perturba Kate. Elle l’avait suivi oui, était-elle jalouse ou possessive sans réellement sans rendre compte ? La jeune femme était persuadée que non mais sa façon d’agir était totalement inhabituelle. Hésitante, elle balbutia des excuses, perdant légèrement ses repères. Le beau brun lui avoua vouloir simplement la taquiner et elle avait sauté dans la bêtise à pieds joints. Le contact de sa main sur la joue de l’étudiante était réconfortant, la douceur de sa peau chaleureuse. L’étudiante se sentit stupide d’avoir réagi ainsi. Les relations à deux, elle ne savait pas ce que c’était, elle n’en avait jamais eu. Le côté physique n’avait pas vraiment était un problème, on n'oublie jamais à faire du vélo après tout. Et puis surtout, lâcher prise sous les baisers et les caresses de l’écrivain n’avait pas été compliqué. A cette pensée, ses joues prirent quelques couleurs supplémentaires. Ca n’était ni le moment ni l’endroit pour songer à ce genre de choses.

Revenant dans le temps présent, Henry acceptait de lui parler. Allait-il reculer ou regretter lorsqu’elle lui dirait que c’était de Sarah et de sa relation avec elle qu’elle souhaitait parler ? Remuer des souvenirs pouvait faire mal et la brune comprendrait parfaitement s’il ne souhaitait pas le faire. Elle aussi attendrait le bon moment pour lui dire la vérité sur sa mère et elle, si toutefois ce moment arrivait un jour. Ses premiers mots sonnèrent plus comme l’envie d’écarter le sujet. La barmaid ne comptait pas insister. Sentant sa main se saisir de la sienne, ils marchèrent en direction de la sortie du cimetière. L’écrivain salua un vieil homme qu’il semblait connaître tandis que la jeune femme se contenta d’un sourire et d’un hochement de tête. Son cerveau carburait à toute allure. Elle semblait faire bêtises sur bêtises. D’abord, elle l’avait suivi, puis elle lui posait des questions personnelles qui semblait le gêner. Le beau brun amena Kate à un banc où ils prirent place tous les deux. Alors qu’elle se demanda comment reprendre la conversation, c’est Henry qui prit la parole. L’image qu’il avait de Sarah s’approchait de la perfection. Il disait d’elle qu’elle était belle. L’étudiante le savait bien, l’ayant déjà vu en photo. Mais le garçon n’aimait pas simplement sa délicieuse vision, il aimait aussi ce qu’elle était, son intelligence, sa façon d’être. Tout ce qu’il était en train de dire sur sa défunte fiancée remuait quelque peu le couteau dans la plaie. Elle ressentait à travers la douceur de la voix de l’écrivain et le choix de ses mots tout cet amour qu’il lui avait porté et qu’il lui portait encore. La jeune femme ne ressemblait en rien au début de portrait qu’il faisait de Sarah. Savoir ce qu’elle voulait une fois adulte, sa détermination pour leur vie de couple, l’étudiante n’avait rien de tout ça. Elle ne s’était jamais imaginée vouloir partager sa vie avec quelqu’un avant Henry … Elle n’avait jamais imaginée sortir de son trou à rat avant Fallon … Toujours d’une voix douce, avec un soupçon d’innocence, elle reprit la parole.

Comment était-elle ?

Vaste question que la brunette venait de lui poser, laissant une grande liberté au chauffeur pour lui dire ce qu’il voudrait bien lui dire. Reconnaissante de ce qu’il lui avait déjà confessé, elle n’en avait cependant pas encore eu assez. Dans le fond, Kate cherchait à comprendre comment ils en étaient arrivés là. Elle voulait trouver un sens au fait qu’elle l’ait soit-disant inspirée et sauvée de sa détresse suite à la perte de sa tendre aimée. Pourquoi cela devait-il être elle ? Pourquoi s’accrochait-il à quelqu’un de si différent, de si imparfait par rapport à la douce Sarah ? Diverses pensées traversaient l’esprit de la barmaid qui n’arrivaient plus à faire le tri. La tête orientée vers le bas, le regard planté vers le sol, l’étudiante ne pouvait que se raccrocher à la voix d’Henry pour garder le fil de la discussion.

Si tu avais osé acheter la bague, c’est que tu souhaitais l’épouser non ? Alors pourquoi ne pas lui avoir demandé ?

S’il n’avait pas eu le courage de demander la main de cette femme parfaite qu’il aimait déjà depuis des années, comment avait-il fait pour inviter Kate à sortir lors de leurs échanges au bar alors qu’il ne connaissait rien d’elle ? N’était-ce pas plus facile lorsqu’un choix apparaissait comme évident ? Dans l’esprit de l’étudiante, Sarah était un choix plus qu’évident, contrairement à elle. Elle savait parfaitement l’effet que son physique avait sur la gente masculine. Cependant, elle restait néanmoins une belle coquille remplie de vide. C’était la première image qui lui venait d’elle si elle venait à se comparer à une femme de la trempe de Sarah.

Dernière édition par Kate Ward le Dim 16 Sep - 22:43, édité 1 fois

Je ne pensais pas que Kate allait avoir envie que je parle de Sarah, cela semblait un peu étrange mais puisqu'elle posait les questions je préférais lui répondre et lui dire de quoi les choses retournaient entre Sarah et moi. Je parlais avec honnêteté, je ne lui cachais rien de la relation que nous avions et de nos échanges. Je ne voulais pas lui mentir alors je me faisais honnête, chaque mot qui quittait ma bouche ne visait pas à lui faire du mal mais bien lui dire la vérité sur le couple que nous formions Sarah et moi. J'espérais que cela n'allait pas la blesser, n'allait pas lui faire du mal. Je ne devrai peut-être pas le faire mais j'avais peur de braquer Kate si je ne lui répondais pas. Souvent, trop souvent, j'ai été menée par ma peur de mal faire, de faire une erreur ou quelque chose de stupide, j'ai souvent préféré écouter mes peurs que mes envies, mes craintes que mes désirs. Avec Kate je pouvais changer ça. J'avais pris un mauvais départ en me contentant de l'observer dans ce bar sans oser lui parler, allant jusqu'à commander un cocktail que je n'aimais pas par peur de lui adresser la parole. Sa question suivante en revanche me surprend un peu. Comment était Sarah. Voilà une question drôlement vague à laquelle je ne savais pas par où commencer. Il y avait beaucoup de choses à dire, toutes pouvaient sembler importantes et toutes pouvaient faire du mal à Kate. Cette question était dangereuse et je m'en rendais compte.

« C'est vague comme question. »

Je souris, un peu gêné de cette tentative de bottage en touche qui risque bien de ne pas fonctionner. Je réfléchis sincèrement à ce que je vais dire à ce que j'ai envie de dire quand sa question suivante arrive déjà. Si j'ai acheté la bague pour ne pas lui avoir offert ? Là elle touche un point sensible de ma personne, visiblement elle a décidé que cette journée serait celle des questions auxquelles j'allais avoir du mal à répondre. Je regarde un instant vers le ciel en réfléchissant comment répondre à cette question là également. Ou encore comment répondre à la première parce que je n'avais encore aucune idée comment attaquer le sujet de Sarah sans … Je reporte mon regard sur Kate, quelque chose me traverse la tête soudainement, la façon dont elle pose ces questions sur Sarah … Je suis un idiot. Un véritable crétin.

« Je ne lui ai pas offerte parce que je suis un peureux. J'ai peur de mal faire, j'ai peur de faire une erreur qui ne soit pas réparable. Je ne voulais pas la brusquer par une demande qu'elle attendait avec impatience parce que je craignais de perdre ce que j'avais. Je suis désolée de te l'apprendre, Kate, mais ton petit copain est un peureux qui n'ose pas toujours aller de l'avant autant qu'il le devrait. »

Je souris, un peu gêné avant de venir prendre ses mains dans les miennes. Je caresse de mes pouces le revers de ses mains, la regardant dans les yeux d'un regard tendre et amoureux. Je dépose un baiser dans ses lèvres, un bref instant chaste et timide, ce baiser devient plus intime l'espace de quelques délicieuses secondes. Quand mon visage se recule le sourire a disparu pour laisser place à un visage sérieux. Mes mains gardent toujours les siennes, toujours avec ce petit geste doux.

« Kate … Tu ne dois pas te comparer à elle. »

Mon ton est devenu très sérieux, mon regard grave, je ne voulais pas qu'elle se compare, qu'elle pense être moins bien.

« Sarah et toi êtes deux jeunes femmes très différentes l'une de l'autre mais je ne cherchais pas Sarah en toi, ce n'est pas elle que je vois quand je te regarde. Sarah ne reviendra pas, qu'importe combien je l'ai rêvé ou voulu. »

Je cherchais mes mots comme je parlais, essayant de ne pas faire de mal à Kate mais j'avais cru comprendre pourquoi ces questions sur Sarah et si c'était pour se comparer, je n'étais pas d'accord. Pas du tout.

« Tu ne t'es pas beaucoup ouverte sur ton passé mais je te l'ai dit, quoi qu'il ait pu s'y passer, ça ne fait aucune différence pour moi. Tu as eu la vie que tu as eu et elle a fait de toi la jeune femme que je vois face à moi. Une jeune femme intelligente, incroyablement forte, têtue, qui sait ce qu'elle veut et ce qu'elle ne veut surtout pas. Encore sûrement plein d'autres choses que je ne vois pas mais que j'ai hâte de découvrir. »

Mon cœur bat un peu plus vite, mes pouces sont moins réguliers sur ses mains, mes doigts serrés légèrement plus forts.

« J'ai l'impression que tu penses ne pas être assez bien pour moi et c'est sans doute de ma faute, je n'aurai pas dû te parler de Sarah. Je ferai disparaître les photos d'elle si cela te fait sentir mieux parce que je dois … je veux aller de l'avant mais seulement si c'est avec toi. »

Je souris, timidement.

« Tu n'es pas Sarah numéro deux ou Sarah le Retour. Ni une sorte de réincarnation. Tu es Kate, ma belle barmaid qui m'a inspirée un roman entier, qui m'a redonnée le goût à la vie, qui me donne envie de lui prouver combien je tiens à elle. Tu es celle avec qui j'ai envie d'être, de partager mon quotidien, de connaître son meilleur mais aussi son pire pour pouvoir l'aider, pour pouvoir l'accompagner à tout moment. »

Je me penche vers elle, nos lèvres se frôlent, un murmure m'échappe doucement avant de l'embrasser tendrement.

« Je t'aime, Kate. »

2 Février 2050

Henry cherchait ses mots. Il agissait en toute transparence mais il était également méfiant. La jeune femme ne comprit pas tout de suite qu'il ne craignait seulement de la blesser. Son esprit était concentré sur ce qu'il lui disait, tout ce qu'il lui confiait. Kate était en train de s'immiscer dans son intimité, sa vie privée, et l'écrivain lui racontait tout. Évidemment il buta sur la question concernant Sarah elle-même. Peut-être aurait-elle dû être un peu plus précise. Mais sa question suivante concernant l'achat de la bague pour ne pas aller au bout de sa demande fit place à un grand silence également. La brune était perdue, elle lui faisait prendre des risques inconsidérés sans comprendre comment ils en étaient arrivés là. Quelques secondes s'écoulent sans que ni l'un ni l'autre ne parle. Le silence était à la fois pesant et apaisant. Kate se demanda si elle était allée trop loin, elle n'imaginait pas du tout la suite. Le beau brun fit un mouvement qui attira son attention. Se redressant, elle posa son regard émeraude au fond des prunelles noisettes du garçon. Ses aveux furent troublant et surprenant. L'écrivain semblait se dénigrer quand la seule chose qu'il était possible de lui reprocher dans ses propos était de chercher à bien faire.

La barmaid ne put retenir une réaction de surprise, un cilement, lorsqu'il parla de lui comme étant son petit-ami. Malgré son sourire craquant, elle resta focaliser une seconde sur l'emploi de ce mot qu’elle n'avait jamais utilisé auparavant. Il est vrai que leur relation devait probablement s'apparenter à cela. Son attention fut attirée de nouveau par le jeune homme qui vint prendre ses mains dans les siennes. Un frisson parcourut son corps sous les petites caresses qu'il lui faisait. Il se pencha vers l'étudiante et s'empara de ses lèvres avec une douceur extrême. Le baiser évolua par la suite vers quelque chose de plus intime avant que le garçon ne se recule, plus sérieux que jamais. La différence d’attitude entre le baiser et l’après était flagrante et perturbante. Ses premiers mots lui montrèrent ce qu’il l’attendait. Comment faisait-il pour lire en elle ainsi ? Mais surtout, comment était-il possible qu'il pense qu'elle ne le ferait pas ? Henry avait perdu l'amour de sa vie dans un tragique accident où ni l'un ni l'autre n'avait demandé quoi que ce soit. Son regard la transperçait, elle n’arrivait pas à interpréter cette lueur au fond de ses prunelles.

La suite fut des plus troublantes. Henry se voulait encore plus rassurant, la brune le ressentait bien. Mais si aujourd’hui il était avec elle, cela restait un choix par défaut. Si sa défunte fiancée était encore de ce monde, il n’aurait jamais eu ce choix à faire, il n’en aurait jamais pris la peine ayant l’amour de sa vie avec lui. Des pensées confuses se baladaient dans l’esprit de la barmaid. L’écrivain reprit la parole pour exposer ses arguments qui n’étaient pas valables. Sa première remarque était presque blessante. Il lui avait soutenu qu’il attendrait qu’elle soit prête, pour autant il lui ressortait à chaque occasion qu’elle ne lui disait pas grand chose. En était-il conscient ? Probablement, mais ça ne voulait pas dire qu’il y avait une agressivité dans cette attitude. Enfin peut-être que … Se rendait-il compte que de connaître son passé de prostituée était déjà un miracle en soit ? Imaginait-il rien que la moitié de tout ce qu’elle aurait à lui avouer ? Accepterait-il aussi facilement que ce qu’il lui disait que sa mère adoptive, sa sauveuse, soit une tueuse à gage qui a décimé l’organisation pour laquelle elle donnait son corps ? Que dirait-il s’il apprenait qu’elle souhaitait emprunter la même voie ? La prise du beau brun sur les mains de la barmaid se resserra, la ramenant à la réalité par la même occasion. Les mots qu’il prononça avaient un goût amer. Le garçon souhaitait qu’elle se confesse mais il lui avouait lui-même avoir commis une erreur en lui parlant de Sarah. C’était comme un poignard planté dans le dos dont on pivotait le manche, douloureux et incompréhensible.

Je refuse que tu enlèves ses photos ...

Cela faisait un moment que la brune n’avait pas parlé et son ton se fit plus cassant et dur qu’elle ne l’aurait voulu. D’un autre côté, elle était presque vexée de sa proposition. Pensait-il que cela était ce qu’elle voulait, ce qu’elle attendait de lui ? Respirant un coup, la jeune femme tenta de gommer son manque de confiance en elle et sa méfiance. Il faut dire que depuis qu’elle le connaissait tout ce qui était en lien avec lui semblait n’être qu’un rêve. Cela était bien trop beau pour être vrai. Malgré sa froideur passagère, réaction impulsive à ce que le garçon avait dit, elle n’était pas là pour s’en prendre à lui après tout, bien au contraire. Tout ce qu’elle cherchait c’était à comprendre comment ils en étaient arrivés et pourquoi. Elle tenta de dissimuler sa gêne vis-à-vis des nombreux compliments et du rappel sur le fait qu’elle était comme sa muse. Cherchant ses mots, ils n’arrivèrent pas à temps pour sortir que sa bouche fut close pour un nouveau baiser. Alors que l’étudiante pensait avoir un nouveau baiser, il y eut un laps de temps, un battement de coeur raté et sa respiration qui prit une pause pendant quelques secondes avant qu’Henry ne l’embrasse. Il avait prononcé des mots dont la jeune femme apprenait tout juste le sens et l’importance. Cela faisait à peine deux semaines qu’ils se cotoyaient, qu’elle n’était plus la simple barmaid et qu’il n’était plus le client timide. Répondre à cela était impossible … Le coeur serré, Kate se rendit compte que les mots de l’écrivain avaient transpercé tout son corps et tout son être. Pour autant, elle était actuellement impossible de lui répondre la même chose. Etait-ce possible de s’accrocher à quelqu’un aussi rapidement ? Ce qu’il ressentait à l’égard de l’étudiante était-il si intense ? Elle reprit sur un ton bien plus posé et doux, se concentrant sur sa voix pour éviter tout tremblement lié à son malaise.

Je sais que je ne suis pas son double. Je ne le veux pas.

Comment lui faire comprendre sans qu’il le prenne mal que ça serait à la fois bizarre et probablement une honte pour Sarah si elle devait être remplacé par la jeune femme. Peut-être qu’elle avait abordé ce genre de sujets trop tôt. La brune se rendait compte petit à petit que la partie physique d’une relation était bien plus facile que la partie sentimentale. Se libérant une main, elle sortit son téléphone de son sac pour constater que le temps passait bien plus vite qu’il n’en avait l’air. Le reposant, elle reprit d’une voix d’être calme.

Excuse-moi je n’aurais pas dû être aussi intrusive. Vu l’heure, je vais devoir y aller désolée.

Kate fuyait, tout simplement. Elle avait besoin de temps pour assimiler tout ce qu’il venait de se passer. La brune regarda Henry d’un regard incertain et se pencha pour l’embrasser avec un soupçon d’incertitude et d’hésitation. Sa présence si apaisante habituellement était devenue presque étouffante. Cela en faisait trop pour l’étudiante.

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