Peut-être aurait-il mieux valu qu'elle me fasse jouir entre ses lèvres finalement plutôt que de chercher à me contenter dans une position qui allait nous plaire un minimum à tous les deux. Parce que mon esprit, même s'il était embrumé par le plaisir que je venais de ressentir, était encore noirci par des pensées que je laissais venir en moi, que je laissais m'envahir sans m'en défendre comme je le devrai. Au lieu de penser logiquement, d'imaginer plusieurs scénarios possibles et de choisir le plus logique, je prenais le plus noir, souvent le premier qui me venait comme si j'étais incapable de voir les choses autrement. Je ne vois pas plus loin que ce que mes pensées obscurcies veulent bien me faire voir. Alors dans le cas présent, tandis que ma petite amie avait adopté une position que j'aurai adoré en temps normal, que j'avais adoré cette fois aussi, après coup je me dis que ce n'était pas une bonne position. Parce qu'elle n'avait pas jouis elle aussi, que j'avais été le seul à atteindre l'orgasme et je m'en voulais de ça, ce sentiment de mal faire, de tout mal faire me prenait à nouveau et m'entrainait avec lui dans un tourbillon désagréable. Tant bien que mal je tente de lutter contre les émotions négatives qui m'envahissent, d'abord en fermant les yeux, comme si ce geste allait me protéger de pensées, puis en l'enlaçant et en la serrant contre moi avec vigueur. J'ai besoin de sa chaleur, de sa proximité, elle est mon rempart contre la noirceur même si elle était également un vecteur de noirceur bien malgré elle. Kate ne gaffait pas comme elle aimait croire qu'elle le faisait, c'est moi qui voyait du noir partout. Du noir avec des nuances de noir ici et là pour les agrémenter. Un jour je me réveillerai et un beau soleil aura remplacé les nuages sombres de mon âme, ce jour-là tout ira mieux, tout semblera simple, ce jour-là Kate retrouvera son vrai petit ami, celui qui l'aime avec un grand sourire que rien n'entame. Pour l'heure malheureusement c'est avec l'ombre de ce jeune homme qu'elle doit composer, une version sombre et défaitiste de son petit ami, une version triste qui ne voit pas la vie en rose. Une version qui l'étouffe à vouloir la garder contre lui, serrant ses bras avec une vigueur stupide. Ma petite amie me le signale, avec un rien d'humour qui me fait relâcher silencieusement ma prise. Qui me fait relâcher toute prise.

Mes bras posés sur le canapé sans plus la toucher, les yeux clos et l'expression du visage vide de toute émotion. Kate bouge un peu à côté de moi et immédiatement mon cerveau s'enflamme de pensées à son départ immédiat, me faisant prendre conscience que je le mériterai parce que je ne suis pas digne d'elle en temps normal quand je suis heureux et souriant alors que je le suis moins encore maintenant. Comment pourrai-je être à la hauteur d'une jeune femme comme elle en temps normal ? J'avais réussi à accepter cela avec ses mots doux mais en cette sombre période de doutes, ce n'était plus le cas, je n'y croyais plus, elle partira forcément à un moment donné, il ne peut pas en être autrement. Pourtant Kate n'a bougé que pour se placer un peu mieux, pour se saisir de mon visage entre ses mains. Un bref instant mes yeux s'ouvrent sur un regard plein de doutes et je croise un petit sourire auquel je ne crois pas, mes paupières se referment.

« Ce n'est rien, ne t'en fais pas, tout va bien. »

L'intonation de ma voix disait pourtant clairement le contraire. Inspirant profondément je tâche de faire disparaître tout ça, pas vraiment de le faire disparaître mais de le cacher, honteusement. Comme quand on soulève un tapis pour y mettre un peu de poussière. Ce n'est pas une chose façon de faire, m'ouvrir serait mieux, serait plus logique mais c'était mon choix, c'était ma décision, même si j'en avais honte. Kate avait des examens à passer, elle avait une vie d'héroïne à entretenir, des dangers à écarter, des risques à courir, elle avait déjà bien assez de choses comme cela contre elle pour ne pas y rajouter encore un petit ami à tendance dépressive ces derniers jours. Elle avait besoin de l'autre version de moi, celle qui était souriante et optimiste, elle avait besoin de ce petit ami qui la surprenait de dîners, la massait même si cela déparait bien trop souvent, qui la faisait sourire et rougir sans arrêt par ses bêtises et son trop plein de vitalité. Moi … ce que je ressentais … Ce n'était pas important. Kate avait besoin de l'autre, de celui qui vient l'embrasser très amoureusement avant de lui sourire et de frotter sa joue toute douce du rasage matinal contre la sienne.

« Tout va très bien aller en t'ayant à mes côtés. J'avais juste besoin de savoir que tu étais là, c'est tout. »

Il y avait de l'assurance dans ma voix, il y avait de l'enthousiasme, il y avait de la bonne humeur et un sourire sur mes lèvres. Je me redresse un peu, à la force de mes abdos pour venir l'embrasser une nouvelle fois, l'entrainant sur moi pour pouvoir l'enlacer amoureusement. La peine et les doutes étaient toujours là mais ils se cachaient derrière un jeu d'acteur bienheureux.

« Tu sais, si la police scientifique fait un calendrier sexy et que tu es dedans je veux bien un exemplaire … Mais je veux aussi qu'il n'y ait qu'un seul exemplaire … Et rien que toi dedans. Je le mettrai dans mon bureau et … On devrait étudier ça, non ? Ca pourrait te lancer dans une carrière de mannequin. »

Je dis cela tout en déplaçant "innocemment" une main de son dos à ses fesses.

Henry la fuyait clairement. Les yeux fermés, ses mains loin d’elle, la jeune femme ne savait pas du tout ce qui pouvait se passer dans la tête de son petit ami. Son coeur ne cessait de s’affoler en imaginant le pire. Le mouvement qu’elle avait fait pour mieux se placer et ainsi pouvoir regarder le beau brun dans les yeux lui fit les ouvrir. Cela ne dura qu’un bref instant, à croire que ce qu’il avait vu ne lui avait pas plu … Il chercha à la rassurer mais ses mots étaient bien la seule chose qui allait dans le sens de leur signification, tout chez le garçon lui faisait comprendre le contraire. Sa façon d’être, d’agir, le ton de sa voix, tous les signes qu’il lui envoyait indiquait à la brune que ça n’allait pas du tout. Qu’avait-elle pu faire pour le mettre dans un état pareil ? Repensait-il simplement à la veille pour replonger ainsi dans les ténèbres ? Elle avait forcément fait un faux pas, quelque chose qui l’avait replongé dans les méandres de sa souffrance. Kate s’en voulait terriblement. Le voir dans cet état là lui faisait particulièrement mal, encore plus du fait de sa responsabilité là dedans. De toute évidence, il ne comptait pas lui faciliter la tâche, fuyant les problèmes en avouant à voix haute que tout allait parfaitement bien alors que ce n’était absolument pas le cas. Son jeu d’acteur était bon, trop bon. Le jeune homme était passé de terne, triste, défait à enthousiaste, pétillant presque avec le sourire aux lèvres. Il vint l’embrasser et l’entraîna au plus proche de lui pour faire durer cette échange. Seulement la jeune femme n’en profitait pas du tout se demandant plutôt à quoi il pouvait jouer. Ce n’était pas lui, ce n’était pas la réalité. Pourquoi lui cacher ainsi son mal être ? L’étudiante était décontenancée et cela fut encore plus le cas lorsqu’il lui parla de calendrier sexy pour lui tout seul où elle apparaîtrait pour démarrer une carrière de mannequin. A quel moment une idée aussi stupide qui aurait pu la faire rire avait sa place dans une situation pareille ? D’un côté, la belle avait envie de s’éloigner pour respirer et réfléchir tranquillement. De l’autre, s’éloigner de lui serait un véritable déchirement pour elle et probablement pour lui. Elle n’avait pas le droit de faire une nouvelle erreur. L’une des mains du garçon se déplaça sur ses fesses comme si la situation était devenue très légère mais il n’en était rien. Elle se laissa tomber sur le côté, restant à moitié sur le beau brun, enfouissant son visage dans son cou avant de murmurer :

A quoi tu joues Henry ?

Elle était crispée. La brune sentait les larmes monter c’est pourquoi elle s’était placée ainsi, pour avoir le temps de les dissimuler, de surmonter ses propres émotions. Le voir agir ainsi lui faisait mal. Kate pensait déjà avoir été inefficace la veille mais il était en train de lui prouver. Le jeune homme lui montrait à quel point il avait confiance en elle à travers ses actes. Et clairement là, si elle n’était peut être pas encore dans les négatifs, le curseur de la confiance en elle qu’avait son petit ami était à zéro.

Dis moi ce que j’ai fait de mal s’il te plait. Je suis capable de l’encaisser alors dis le moi.

Ce que l’étudiante avait du mal à accepter, à supporter, c’était de le voir dans cet état sans comprendre. Hier, tout était allé bien mieux une fois qu’il avait commencé à se livrer, qu’il lui avait permis de comprendre la situation et d’imaginer les émotions qui devaient le submerger, pouvoir les justifier. Là, la belle ne comprenait strictement rien à la situation, ayant qu’une envie c’était de s’effondrer. Seulement c’était l’écrivain qui avait besoin d’être consolé et elle devait rester forte jusqu’à ce qu’il lui parle, jusqu’à ce qu’il lui explique par ses mots ce qu’elle avait fait de mal et pourquoi il réagissait ainsi. Elle était tellement accro, dépendante de lui que son mal se propageait à elle pour la ronger.

Je veux te revoir sourire mais pas comme ça … Je veux que tu le fasses quand tu seras prêt, peu importe le temps que cela prendra. Je veux tout faire pour te rendre le sourire mais tu dois me faire confiance et t’ouvrir à moi sinon je n’ai aucune chance Henry ...

Sa voix commença à trembler sur la fin. Se concentrant sur sa respiration, Kate fit en sorte que cela ne se reproduise plus. Il avait été son roc quand plus rien n’allait et qu’elle avait perdu sa mère. Elle se devait de l’être à son tour pour lui. Sa joie et sa bonne humeur ne reviendraient pas de si tôt, les récents événements étaient bien trop marquants pour qu’il puisse les surmonter d’un claquement de doigts. Ne pas pouvoir haïr Hollander le rongeait, ne pas pouvoir revoir Sarah était une torture sans fin et parmi cela, la jeune femme était là, faisant erreur sur erreur afin de l’enfoncer encore un peu plus au lieu de l’aider.

Je ne voulais pas que Kate souffre de mes erreurs, de ma noirceur. Seulement depuis ces deux derniers jours et l'abattement qui me tombait dessus, je ne faisais que l'emmener avec moi vers une bassesse qu'elle ne devrait pas subir, qui ne devrait pas lui tomber dessus. Je devais reprendre le dessus, je devais au moins faire semblant pour ma petite amie. Une fois que je commençais à me forcer et faire semblant je verrai forcément les choses plus clairement, la noirceur s'écarterait et s'éloignerait dans ma tête et cela chasserait les nuages les uns après les autres. Seulement je le fais trop brutalement pour que ça soit discret et ça n'échappe pas à ma petite amie qui est loin de se laisser duper par mon changement soudain d'attitude. Elle s'échappe à ma main sur ses fesses, se laisse glisser un peu à côté de moi mais toujours à moitié sur mon corps. Elle me pose une question qui tue immédiatement tout doute que j'aurai pu avoir sur le fait que mon petit manège ait pris avec elle. Ce n'es pas le cas. D'ailleurs sa question n'appelle absolument pas à une réponse, c'est une affirmation, je joue à un petit jeu avec elle. Elle doit même savoir ce qu'il est et je préfère le silence que de lui répondre, tout simplement parce que répondre serait plus insultant encore que de lui dire la vérité. De lui dire que j'avais espéré qu'elle accepte simplement que je puisse me sentir mieux, que mon silence voulait dire que j'avais récupéré, que mon étreinte voulait dire que je l'aime. Kate n'est pas une idiote, elle est mon idiote oui c'est vrai mais pas une idiote.

Rapidement la jeune femme me demande quelque chose d'autres et c'est précisément ce que je redoutais d'entendre, c'est exactement la raison pour laquelle je ne voulais pas que nous parlions de ce qui m'arrivait. Elle se croit responsable. Mon idiote. Elle n'a rien fait de mal, c'est moi, moi et seulement moi qui me torturait pour des choses stupides, pour des choses qui n'existent pas, il n'y avait qu'un coupable et c'était moi, pas elle ou pas un autre. Même si je lui dis elle ne me croira pas parce que ma petite amie est aussi têtue qu'elle est belle.

« Tu n'as pas besoin d'être capable d'encaisser quoi que ce soit. Tu n'as rien fait de mal, ce n'est pas de ta faute mais entièrement de la mienne. Je vois des monstres là où il n'y en a pas. »

Ma réponse se fait simple et directe, espérant qu'elle accepterait de n'avoir aucune part de responsabilité dans ce qui arrivait parce que ça n'était pas de sa faute et, c'était sans doute ce qui serait le plus dur pour elle, il n'y avait rien qu'elle ne pouvait faire pour m'aider. Je détestais l'idée qui me traversait de me faire plus fin qu'elle, d'abord parce que je doutais que ça soit vraiment le cas, ensuite parce que je ne voulais pas lui mentir, enfin parce qu'elle me percerait forcément à jour tôt ou tard. Pourtant j'aime cette idée, même plus que de raison, même plus que je ne le devrai. Faire diversion avec autre chose. Ses mots sont à la fois des chocs violents et les caresses qui les apaisent, à la fois brûlant et assez frais pour apaiser dans le même temps. Je veux m'ouvrir, bien sûr que je le veux mais si je le fais elle va encore chercher ce qu'elle a mal fait alors que comme je venais de le dire, elle n'avait absolument rien fait mal. Sa voix, les tremblements que j'y entends, sont de loin ce qui est le plus douloureux et le plus désagréable. Un soupir m'échappe finalement, léger mais à sa façon de se disperser dans les cheveux de Kate je sais qu'elle l'aura au moins senti.

« J'ai totalement confiance en toi, Kate. La confiance n'est pas le soucis, ni même de m'ouvrir à toi parce que je ne peux rien te dire de mieux que hier soir. Il y a beaucoup de choses qui me rongent ces derniers temps et comme tous les orages qui éclatent ils amènent avec eux des problèmes. Le mien est de tout voir en noir alors que je ne devrai pas, comme je te l'ai dit, de voir des monstres là où il n'y a rien. »

C'était difficile à expliquer, difficile à faire comprendre également. Le problème était bien que tous ses efforts pourraient me faire penser à autre chose, je pourrai y voir quelque chose de négatif alors qu'elle ne faisait que m'aider et m'attirer vers le haut. Un exemple pourrait l'aider à comprendre.

« La position que tu as prise était délicieuse et j'ai pris beaucoup de plaisir comme je suis sûr que toi aussi tu en as pris énormément mais même avant que le plaisir ne soit totalement redescendu je n'ai pas pu m'empêcher de penser que tu n'avais pas aimé, que tu n'y avais pas pris plaisir, que c'est pour ça que tu n'as pas joui toi aussi. »

Voilà à quel niveau de débilité en est ton crétin, ô petite amie adorée … Qu'est-ce que tu en penses ? Moi j'ai horriblement peur de le savoir. Mais comme je le disais, chaque orage amène ses complications et déjà mes lèvres bougent à nouveau, la panique me gagne.

« Et maintenant je vais paniquer chaque fois qu'on fera quelque chose d'intime ensemble pour savoir si tu ne simules pas parce que je suis un crétin paniqué. Tu vas dire que jamais tu ne feras ça et mon cerveau va se dire que tu ne le dis que pour m'apaiser. »

Un soupir bruyant cette fois.

« C'est débile parce que je te fais confiance, que je sais que tu ne ferais rien qui ne te donne pas du plaisir, que tu voulais simplement une position qui me ferait plaisir, qui me ferait craquer tout en prenant toi aussi du plaisir mais … Mais en ce moment je n'arrive pas à voir au-delà de toutes les craintes et de ma peur d'échouer encore, encore et encore. »

Kate se battait contre elle-même. Ses nerfs étaient mis à rude épreuve depuis la veille. Son coeur battait la chamade, subissant les montagnes russes des humeurs du beau brun qui allaient de la colère et l’apitoiement à l’amour et au désir brûlant. Ces variations étaient bouleversantes tant elles étaient rapides et imprévisibles. La jeune femme réagissait en fonction de lui, se retrouvant parfois perdue et triste et à d’autres moments enivrée et émoustillée par ses sentiments pour l’écrivain. Elle faisait tout pour garder le contrôle de ses sentiments mais elle n’avait qu’un tout petit peu la main dessus, Henry avait étendu son emprise sur elle, bien malgré lui, depuis le début de leur relation. Si elle se doutait qu’il avait compris le pouvoir qu’il avait sur elle physiquement, loin d’imaginer ce qui pouvait se tramer dans l’esprit tordu de son petit ami, la brune comprenait petit à petit qu’il n’était pas conscient de l’impact sentimental qu’il avait sur elle, semblant blessé et surpris par ses aveux la veille. Cela voulait-il dire que cela n’était pas pareil pour lui ? Peut-être que le chauffeur n’était pas affecté par ce qu’elle pouvait ressentir après tout, négativement comme positivement. Cette pensée la blessa un peu mais très vite, l’étudiante la mit de côté. Ce n’était pas le moment pour s’apitoyer sur son sort et pour essayer de comprendre comment le garçon vivait leur relation. Elle avait parfaitement compris que ça n’allait pas et son petit jeu pour essayer de faire croire que tout allait bien ne marcherait pas.

Aussi lui fit-elle comprendre en premier lieu qu’elle n’appréciait pas franchement qu’il la tourne en ridicule ainsi. Ne lui faisait-il plus confiance pour se fermer ainsi à elle ? Hier pourtant, le jeune homme lui avait parlé de sa journée, de ses problèmes, des difficultés qu’il avait rencontré et qu’il avait du mal à surmonter. Le voir dans cet état là était douloureux, désagréable, mais c’était bien moins pire que de ne pas comprendre le pourquoi. Kate se remettait très souvent en question, surtout après les nombreuses erreurs qu’elle avait déjà accumulé. Alors forcément, l’absence de réaction de son petit ami la poussa à lui demander ce qu’elle lui avait fait, se retenant d’ajouter un “encore”. Elle était capable d’assumer ses actes mais elle ne pourrait rien faire pour les réparer si elle ne savait même pas ce qu’elle avait mal fait. La brune était prête à tout mais de toute évidence, soit l’écrivain lui mentait, soit le problème ne venait pas d’elle, pas directement. Qu’entendait-il par voir des monstres partout ? Elle ne comprenait pas franchement où il voulait en venir et elle ne voyait donc clairement pas comment l’aider. C’est pourquoi elle lui avoua vouloir revoir son sourire mais pas de cette façon, pas de manière truquée. La belle voulait revoir ce sourire resplendissant qui l’apaisait au premier regard. Et pour ça, l’écrivain devait lui faire confiance et s’ouvrir, ce qui ne semblait pas être le cas en cet instant. Elle ne put empêcher sa voix de trembler sur la fin de sa remarque, les émotions s’emparant de son être tout entier.

Maintenant qu’elle avait terminé, attendant la réaction du garçon, elle put se concentrer sur sa respiration pour se calmer, ne manquant pas ce soupir qui vint souffler dans ses cheveux. C’était résigné qu’il sembla se confier, parler, s’exprimer de son point de vue. Il essayait de lui expliquer cette histoire de monstres qui revenait à tout voir en noir. Cela voulait-il dire qu’il la voyait elle aussi en noir, qu’il lui en voulait d’une quelconque façon ? Mais cela ne semblait pas être ça et le silence de la demoiselle incita Henry à poursuivre. Seulement, le fait qu’il reparle de leurs ébats l’égara encore plus dans sa quête à la compréhension. Lorsqu’il eut terminé, l’étudiante retourna sa phrase dans tous les sens pour essayer de comprendre où était le problème. La position qu’elle avait voulu essayer permettait au couple de profiter pleinement de la situation, faisant monter la mayonnaise tout doucement. Evidemment, si mener au bout un homme n’était déjà pas évident en position de lotus, cela était encore pire pour une femme et la brune ne s’était pas vraiment appliquée dans le but de son plaisir mais de celui de son amant. Alors qu’elle venait à peu près de comprendre l’idée générale du problème et la façon de penser et de broyer du noir de son petit ami, ce dernier reprit de plus bel, lui faisant comprendre par la même occasion à quel point ses pensées pouvaient aller loin. Un soupir bruyant marqua une pause avant qu’il ne lui révèle cette peur irrationnelle de l’échec.

Je pense avoir compris le problème et je te remercie de m’avoir dit tout ça.

Puis Kate laissa un blanc, réfléchissant à comment elle pourrait l’aider. S’il y avait une chose qui était ressortie pour lui donner une indication, c’était que l’écrivain était incapable d’être raisonné par la parole. Il avait besoin de se prouver qu’il pouvait réussir quelque chose. Seulement la seule idée qui lui vint à l’esprit ne lui ressemblait pas franchement, même si elle adorait être satisfaite par son amant. L’examen de l’après-midi n’était pas très important, ne nécessiterait pas une grande concentration et le beau brun serait assez malin pour la réveiller à midi après qu’il les fait s’effondrer, si toutefois il acceptait ce qu’elle s'apprêtait à lui demander, rougissant déjà à cette idée des plus ridicules mais potentiellement la seule utile qu’elle ait eu.

Tu m’as déjà fait atteindre l’orgasme tout à l’heure mais je suppose que ça ne compte pas ou que ce n’est pas suffisant.

Cherchant ses mots pour lui faire comprendre le fond de sa pensée, la jeune femme redressa la tête cherchant du regard Henry alors que ses joues avaient pris une légère teinte rose.

Si cela ne suffit pas, je te demande de prendre soin de moi jusqu’à ce que je n’en puisse plus. Tu auras la preuve que tu es capable de me procurer du plaisir très facilement. Si tu as une autre idée pour te tester, je ne suis pas contre ...

Sa gêne était clairement visible face à cette demande. Si la brune adorait entendre son petit ami lui demandait de prendre soin de lui, elle ne l’avait que très rarement fait et certainement pas de manière aussi égoïste. Même si son but n’était clairement pas le plaisir, elle était tout de même mal à l’aise à l’idée de cette demande.

Je m'ouvrais à Kate sur ce qui se passait réellement dans ma tête mais je me demandais si elle pouvait vraiment comprendre ce dont je lui parlais. Quand je parlais de voir des monstres là où il n'y a rien. J'imagine que ça ne doit pas être facile à comprendre alors j'essaye d'expliquer au maximum, de lui donner des exemples mais surtout de lui faire voir jusqu'à quel point mon cerveau hyper-actif pouvait pousser son délire absurde. Je n'était pas fier de ce que je disais, je me sentais mal à chaque phrase que je formulais, à chaque mot qui m'échappait mais je ne mentais pas en lui disant que j'avais confiance en elle, totalement confiance en elle. Si ça n'était pas le cas je douterai m'ouvrir de la sorte, au risque de passer à la fois pour un fou et pour un idiot, j'espérais simplement ne pas lui faire de mal dans les mots que je choisissais et l'idée que je voulais lui transmettre. Je voulais vraiment réussir une chose aujourd'hui c'était qu'elle comprenne n'avoir absolument aucune responsabilité négative dans ce qui arrivait avec moi. La faute était entièrement mienne, j'avais laissé la noirceur de mes journées envahir mon cœur et mon être. Ma petite amie tentait de m'en guérir et elle se croyait responsable d'empirer les choses ce qui était loin d'être le cas. Elle faisait énormément de bien dans ma noirceur, apaisait beaucoup de mes doutes mais elle se sentait responsable, se jugeait responsable et ça je ne le voulais absolument pas parce que ce n'était pas le cas.

Je ne dis rien quand Kate dit avoir compris le problème mais c'est une petite ondée de soulagement qui s'empare de moi, au moins elle ne fuit pas en me prenant pour un cinglé à tout vouloir voir avec autant de noirceur. Je sais que si quelqu'un peut m'aider ça sera elle, ça sera forcément elle, qui d'autre en serait capable de toute façon ? Mes parents sont trop loin, Sarah n'est plus là et ma cousine est en tournée à l'autre bout du monde. Alors il n'y a que Kate mais "que Kate" c'est mieux que tout le reste du monde. Parce que cette jeune femme, ma petite amie, "que Kate" est certainement la force la plus puissante qui existe dans mon monde et dans ma vie à l'heure actuelle. Elle est capable de me remonter le moral ou me le détruire en une phrase, un pouvoir terrible qu'elle a pris sur mon cœur et tout mon être mais je n'aurai pas confiance en une autre personne pour le détenir. Ses mots me surprennent énormément, pourquoi revient-elle sur le fait de lui avoir donné du plaisir auparavant ? Allait-elle finalement me dire qu'elle avait simulé ? Non, ne pas penser à ça, elle a dit qu'elle ne simulait pas, je lui fais entièrement confiance, elle ne simule pas mais alors où veut-elle en venir ?

« Pardon, chérie mais je ne comprends pas où tu veux en venir. »

Les explications arrivent rapidement et me permettent de comprendre le rouge apparu soudainement sur ses joues. Que je prenne soin d'elle jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus ? Cette idée me semble folle, elle ressemble peu à ma petite amie et d'ailleurs sa façon de terminer me soulage un petit peu, elle n'est pas totalement emballée par l'idée, même si la rougeur de ses joues semble aussi trahir une folle envie d'être livrée à mes attentions. Je la regarde, sans trop savoir ce que je veux faire, sa proposition est tentante, ça me ferait du bien de lui procurer autant de plaisirs et de la rendre complètement folle mais d'un autre côté … Kate était comme moi, elle aimait partager dans ces moments-là, sa demande égoïste n'était faite que pour mon moral, dans mon but. Et puis en plus elle a examen cet après-midi, pas question de l'épuiser ainsi ce matin.

« Kate je … Je te promets que cette idée me plait vraiment énormément et que je le ferai un jour parce que tu viens de m'autoriser à le faire mais … Tu as un examen cet après-midi, c'est hors de question de t'épuiser ainsi. »

Elle pensait à moi, je pensais à elle. Une idée … Allez foutu cerveau hyper-actif, tu dois bien être capable d'avoir une idée, non ?

« On pourrait se … enfin … Commencer à s'entrainer. J'arriverai peut-être à te faire une pichenette. »

Mauvaise, très mauvaise idée, elle allait me battre en deux temps, trois mouvements mais franchement je préférais ça à l'épuiser de plaisir. Même si l'idée formulée par la belle brune me séduisait énormément. Ma contre-proposition risquait de ne pas trop lui plaire ou alors elle allait accepter mais ne faire que semblant pour me faire sentir bien. Quoi que ça pourrait être de même avec sa proposition à elle. Pourquoi est-ce que je ne peux tout simplement pas passer à autre chose ? Peut-être bien parce que trop de choses étaient arrivées en un temps beaucoup trop court pour bouleverser mes pensées et foutre le bronx dans ma tête. Je regarde Kate, les joues toujours en feu et c'est moi qui rougit un peu en murmurant.

« Sinon je … euh … J'ai encore envie de toi alors je me dis que … Enfin … a mi-chemin de nos idées mais … euh … Le premier à faire jouir l'autre ? »

J'ai soudainement très chaud et je vois Kate qui rougit un peu plus elle aussi.

« Pas comme la dernière fois, comme un combat mais si tu te mettais … enfin … au-dessus de moi … Je peux peut-être avoir une chance de te faire craquer la première. »

La situation était plus que gênante. Kate n’avait jamais émis ce type de demande et clairement, cela n’avait jamais été dans ses intentions. Mais là, si ces mots étaient sortis de sa bouche, c’était bien pour tenter d’aider le garçon. Seulement, ce que la brune n’avait pas encore compris, c’est que ce qui était en jeu était l’égo de son petit ami. Aussi ce dernier, qui n’avait pas compris au départ, fut rapidement gêné de sa proposition. En même temps il y avait largement de quoi. Cela ne manqua pas d’accentuer le rouge déjà présent sur les joues de la jeune femme surtout à la suite des paroles du beau brun qui affirma aimer l’idée mais pour un autre jour. Ce dernier avait pensé au fait qu’elle avait un examen l’après-midi et ne voulait pas l’épuiser pour ce dernier. Si l’écrivain savait à quel point elle se contre-foutait bien de cet examen à côté de son bien-être à lui. Derrière la proposition du jeune homme la laissa sans voix. Il était hors de question qu’elle prenne le risque de le frapper par réflexe dans l’état psychologique dans lequel il était actuellement. Elle ne voulait pas l’enterrer mais l’aider à aller mieux et une réaction instinctive était vite arrivée. Le fait qu’il espère lui faire au moins une pichenette montrait le peu d’espoir qu’il plaçait en lui et cela ne manqua pas de blesser l’étudiante qui trouvait le chauffeur formidable. Henry avait tellement de qualités humaines incroyables, enviables. Oui dans ce monde pourri, il faisait parti des personnes qui étaient amenées à en baver, tout comme elle avant de tremper dans l’illégalité involontairement. C’était son histoire qui avait mené la belle à être plus résistante physiquement et mentalement. Mais ces défenses renforcées étaient totalement inefficace contre celui qui lui avait pris son coeur c’est pourquoi il était le mieux placé pour lui faire du mal.

L’idée n’emballait clairement pas la jeune femme et de toute évidence, il comprit vite le message, sans même qu’elle ne parle, rougissant à son tour en faisant une proposition indécente à son tour. Le feu de ses joues s’intensifia tandis que le beau brun proposait de se faire plaisir sous forme de concours, faisant ressortir une fois de plus le besoin de surpasser, de gagner. Elle n’avait jamais réellement eu l’impression que l’écrivain avait un égo mais il était vrai aussi que tout le monde en avait un, plus ou moins conséquent. Ce qu’il suggérait de faire était très sensuel et plaisant mais surtout, il partait avec un avantage en ayant joui peu de temps auparavant. Aussi Kate décida de ne rien dire et de simplement venir l’embrasser, partageant un baiser fougueux avec son petit ami pour approuver cette dernière proposition qui semblait la plus acceptable de toute, espérant dans le fond qu’il oublie totalement celle qu’elle avait pu faire de manière honteuse.

Je réfléchissais à une idée, un domaine dans lequel je pourrai être meilleur que Kate ou, au moins, un domaine dans lequel je pourrai avoir l'avantage, réussir à la battre. Seulement j'étais prêt à parier qu'elle était plus rapide que moi, elle était indéniablement plus forte que moi en combat, elle était sans doute plus maline également. Et même dans ce petit défi que je décide de lancer, je ne suis pas franchement sûr de moi, je le lance parce que c'est à mi-chemin de nos propositions respectives. C'était un peu facile pour moi également de proposer ça, Kate venait de prendre soin de moi, me donnant beaucoup de plaisir, m'accompagnant vers un orgasme qui m'avait fait énormément de bien … avant que je ne fasse une rechute comme le dernier des crétins. Alors finalement avec cette jouissance pas si lointaine et pas encore totalement oubliée par mon corps, je partais avec un certain avantage d'autant que nos ébats avaient dû aiguiser les sens de la belle qui n'avait pas atteint l'orgasme elle. Je ne sais pas si Kate va accepter, je ne sais pas si ce jeu coquin pourra lui donner envie mais la contenter jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus ne me faisait pas totalement envie, elle n'avait pas à s'offrir ainsi à moi parce que mon moral était au fond de mes chaussettes. Alors elle avait le choix final, nous mettre dans cette position ou pas, nous entrainer vers ce jeu pervers ou proposer une autre idée, voir accepter mon idée de combat. Je doutais être capable de lui tenir tête mais au point où j'en étais je crois que je serai heureux d'effleurer son souffle si on s'affrontait. Le silence que laisse la jeune femme fait battre mon cœur un peu plus rapidement, ne sachant pas à quoi m'attendre de sa part, la décision qu'elle prenait et je la sens bouger un petit peu, m'alarmant d'avantage en attendant d'être fixé.