Il fait frais, dehors. Froid même. Le vent n’est pas seulement ébouriffant ; il vous transperce et vous fait frissonner. On est parti de la planque à la tombée de la nuit. Pas avant d’être équipés de pied en cape, et d’avoir revêtu nos équipements. Tenues noires, empruntés aux surplus militaires. Pochettes à munitions sur les cuisses et autour de l’abdomen. Casques noirs, qu’on n’enfile pas tout de suite. Ils sont lourds, et s’il n’y a pas besoin d’explosifs sur place, les bonnets, bérets ou cagoules tout aussi noirs feront très bien le job eux aussi. Les armements ont été armés et vérifiés. Finalement, peu d’équipement spécifique en dehors de mines magnétiques de basse intensité pour les portes et baies vitrées blindées que l’on pourrait rencontrer. Normalement, il n’y aurait même pas besoin de tout ça. Cagoule sur la tête, cheveux et yeux sont déjà masqués mais je n’ai pas encore tiré le lainage sur ma bouche. Les Foxes sont là, Anders qui tient le PC et qui se prépare à soigner les pertes éventuelles, Oppenheimer, Wilson et Eulewald avec moi. McHall est déjà sur le terrain, il prend position avec une arme de précision. Je regarde mes soldats.


| Vous savez pourquoi on est là, ce soir. On va se faire du blé mais on va surtout solder notre dette auprès de nos commanditaires de cette fois. Je veux des actions nettes. On attend le feu vert de mon atout à l’intérieur. Pas de coups de feu, sauf si vous n’avez pas le choix. Anders, tu nous appuies de là-haut avec le drone. McHall nous couvrira si le coin se réchauffe trop vite. A l’intérieur, je ne veux pas de témoins. Et pas de bavures soit on s’en tire sans tuer personne, soit on n’en rate pas ; ceux que vous touchez, vous me les achevez. Eulewald, je sais que tu voulais pas faire le chauffeur, mais on va avoir besoin de vite se barrer. Il est possible qu’on ait les flics au cul quand on partira. Au besoin, on actionnera manuellement les mines magnétiques et les lâchera sur la route derrière nous. OK ? En route. |


Je tire ma cagoule, enfile mon masque de renard noir. On grimpe dans le fourgon noir, aux couleurs d’une société bidon de maintenance. Je me glisse à l’avant avec Eulewald, et ouvre un œil à l’arrière. Wilson me dévisage. Je lui fais un sourire et un geste de la main, deux doigts levés. Le V de la victoire. Ce soir on se retire une épine du cul. On avance en silence, et je cache malgré les vitres teintées le HK415 de mes genoux au niveau de mes pieds. On croise les flics, alors prudence… On finit par arriver. La tension est palpable. Notre dernière intervention dans ce casino de la mafia s’était soldée par deux blessés ; Katerine et Riley. Il fallait rester concentrés… On arrive, on se gare près de l’entrée de service. On attend le signal convenu avec notre contact. Pas un bruit. Ils attendent. Je sais qu’ils espèrent et qu’ils craignent, à ce moment là. Tous doivent se sentir comme moi. Comme ces nuits passées aux portières d’un hélico lancé au-dessus d’une ville chinoise, quelques minutes avant qu’on nous dépose sur la zone d’un massacre. Je tire mon fusil sur mes genoux. J’enclenche le chargeur et tire le levier d’armement, vérifiant qu’il y avait bien une balle dans la chambre.


| Fantômes, vous voulez vivre éternellement ? |


Murmurais-je à mon groupe, dans le véhicule. Vieille rengaine de notre colonel Gantz avant qu’il ne passe l’arme à gauche. Ca allait arriver. Je le sentais dans mes tripes. On y est les enfants.

Il me reste 8 Points de Baston avant de tourner de l’oeil
J’ai encore 4 Bonus de Marave à cramer.

 

Règle n°1 : on obéit aux chefs. Règle n°2 : on suit les ordres. Règles pourries s’il en est dans l’immédiat si on me demandait mon avis. Mais on me le demande pas. Et je suis un brave petit soldat qui ferme sa gueule et obéit donc. Pas à tous, mais en l’occurrence à Raulne ouais. Pas besoin de savoir le pourquoi du comment, on s’en cogne, c’est comme ça, c’est tout. Et puis, j’ai beau faire la gueule et me retenir de lui faire un joli geste obscène, il a raison. Pas que mon genou me fasse encore mal, mais je suis incapable de courir ou cogner sans risquer de le foutre définitivement en l’air. Et sans mettre les autres en danger par conséquent, et ça, c’est amplement suffisant pour que je me tienne tranquille.
Je hoche la tête pour faire signe que j’ai bien enregistré ce qu’il disait, même si on en a déjà discuté. Déjà la dernière fois, j’avais appris ma leçon et commencé à connaître assez bien les issues et possibilités pour se casser rapidement en échappant aux possibles poursuivants. Là, j’ai fini par connaître toutes les rues et ruelles de cette fourmilière par cœur à force de tracer tous les itinéraires possibles et imaginables. J’ai même noté quelque part dans mon cerveau, les travaux et autres merdes du moment qui pourraient nous pénaliser. Pourtant, il y a pas de raisons que ça tourne mal, pas vrai ? Je souris malgré moi, jetant un coup d’œil dans le rétro avant de me rabattre pour laisser passer les flics. Non, aucune raison. Même si j’aime bien les mines et leur effet kaboum, ça a un côté marrant et enfantin je trouve. Enfin, comme tous les explosifs en général, on en parle pas assez d’ailleurs je trouve, c’est con, parce que quand c’est bien fait, quand on trouve le bon dosage, ça peut vraiment être trop cool.

Je finis par me garer, faisant en sorte de bloquer le passage, tout en pouvant repartir rapidement sans être bloqué, tout en étant bien garé. Ouais, tout un programme et des calculs… Bon, okay, en vrai, je me contente de stopper à quelques mètres de la porte de service. Le moteur cesse sa musique, et je remonte la fermeture de ma veste. J’inspire lentement, faisant tourner mon masque argenté entre mes mains, les yeux détaillants la ruelle avant de se reporter sur eux, mon arme sagement posée à côté de ma cuisse. J’ai un sourire en coin en entendant le chef.

« C’est un beau jour pour mourir. » Mon sourire s’agrandit. « Mais je suis trop beau gosse pour ça. »

Je les dévisage tour à tour, ma mâchoire se crispant un peu malgré moi de devoir rester ici. Oui, je sais bien, poste important, blablabla… Mais ça me démange vraiment de les laisser aller seuls et de devoir me coltiner la surveillance de cette ruelle pourrie. Je force ma jambe à cesser de remuer alors que les secondes passent et que la tension monte. Pas encore suffisamment à mon goût, ni aux leurs je le sais bien, shootés à l’adrénaline et à la violence que nous sommes. Je vérifie une nouvelle fois mes armes et la ruelle, avant de poser le masque de renard sur ma tête sans le mettre encore totalement. Quelques secondes… trop longues. Même si tout ira bien assez vite par la suite...

On y est. Ils répondent. Ils sont prêts. Kat’ ricane quand je lâche notre vieille maxime régimentaire, c’était devenu un poncif pour beaucoup d’entre nous. Vivre éternellement. C’était une belle image trouvée par Gantz à l’époque. Il y avait ceux qui hurlaient oui car ils voulaient la gloire. Ce qui répondaient non et qui gueulaient le contraire des premiers, car ils ne voulaient pas vivre sans arrêt dans ce monde de folie et de sang. Au bout d’un moment, tout le monde était fatigué de cette vie. Même si on n’existait que pour elle. Même si on ne rêvait que d’elle. J’échange un clin d’œil avec Eulewald, un regard plus appuyé pour Kat’, et un dernier signe de tête pour Wilson. Ensemble, ce soir, nous inscrivions nos noms en lettres de sang dans le grand livre des Fantômes, dans l’histoire sanglante et terrifiante des plus funestes enfants de l’Humanité malade. Et elle arrive, ma petite diversion, alors que je pensais que j’étais en train de me planter. Elle est là. Elle titube. Belle actrice. Belle composition, vraiment. Elle les attire dehors. Et du « sang » se répand sur le sol. Masque baissé sur ma tronche, en même temps que ma cagoule. Je fais signe aux Foxes derrière moi. Poing levé, trois doigts écartés de la paume. Un doigt se replie. Puis un autre. Au moment où le poing tout entier se serre, je sors en ouvrant la portière


| Gauche ! |


Je désignais ma proie. Crève-cœur en main, facile. Un « chut » murmuré alors que j’arrive dans son dos et l’homme a une lame contre le cou, qui lui trace déjà un mince sillon ensanglanté contre la gorge. Explosion dans le lointain. Mes yeux se relèvent vers le ciel. Qu’est ce que c’était, le tonnerre ? On ne voit pas bien ce qu’il se passe dans la rue, d’ici. Du sang chaud inonde ma main qui porte la longue lame, trente centimètres d’acier. Le corps retombe. Mais mon oreillette grésille alors qu’elles s’attaquent à l’autre cible.


«Six à Un, Quatre ne répond pas je répète, Quatre ne répond pas, il y a un problème ! »


Anders signale quelque chose d’inquiétant. Tomas McHall était celui qui nous avait valu le surnom de Fantômes, jadis. Un fils de pute capable de dépuceler les trois filles du président du monde après avoir neutralisé leur dizaine de gardes, si on l’avait mis au défi d’un exploit pareil. Insaisissable. Loyal. Un tueur silencieux, au regard sombre et inexpressif qui rappelait les requins que l’on voyait quand j’étais petit, dans les grands aquariums.


Explosion et disparition de McHall. Ca sentait la merde. Mais il fallait poursuivre. Main sur l’oreillette, je donnais mon ordre.


| Un à six, secoue quatre s’il le faut mais fais qu’il réponde ! Et si les flics se pointent, préviens nous ! |


Je me tourne vers ma diversion, assommant le garde d’un vicieux coup de pommeau de dague contre la tempe.


| Ravi de te revoir, Sept. Je crois que le test est réussi. Fais-nous entrer |


Il n'échapperait pas à Wilson et à Oppenheimer que j'intégrais quelqu'un dans l'équipe, mais si elles avaient confiance en moi elles savaient que je ne les mettrais pas bêtement en danger et qu'elles auraient les explications en temps utile.

Jean lance l'attaque avec son équipe. Il neutralise un mec et essaie de coordonner les soutiens de son équipe, qui ont visiblement un souci.
Il me reste 8 Points de Baston avant de tourner de l’oeil
J’ai encore 3 (-1 ce tour) Bonus de Marave à cramer.

Ma cagoule masque la grimace que j’offre à Wilson quand elle abat un des gardes. Le meurtre d’accord, mais elle était obligée de laisser toutes ces traces ? Ces mecs étaient nourris au gras et aux donuts depuis tellement longtemps que leur sang avait dû se figer en sucre glace quelques décennies plus tôt. Je reporte mon attention sur Cassiopeia qui vient nous ouvrir, un badge à la main, et nous invite à entrer. Regard concentré et qui s’attarde légèrement sur Wilson et Oppenheimer alors que je fais un signe « ok » avec le pouce et l’index réunis, les autres doigts levés.


| On entre, on se dépêche ! Bloody, tu rentres le corps du tiens à l’intérieur. |


Et je traînais le mien par les pieds, le faisant glisser avec facilité sur le carrelage impeccable du grand hall d’entrée. Clin d’œil vers « Sept », pour lui signifier ma satisfaction qu’elle ait été au rendez-vous. Rien n’était jamais acquis dans une troupe d’élite comme la nôtre, mais il était clair qu’elle venait de gagner des points. La porte sous la surveillance d’Eulewald dans la rue, il était temps de progresser à l’intérieur. On n’avait même pas atteint les ascenseurs que je me figeais. L’oreillette avait eu deux « tap-tap » consécutifs. Je savais ce que ça voulait dire. McHall avait des problèmes, il ne pouvait pas parler, mais il pouvait taper du doigt sur l’oreillette. C’est pile à ce moment que notre communicateur nous fait parvenir la voix d’Anders.


| Six à un, je… On est baisé ! Ils sont… |


Coups de feu. Cris. Coups de feu. Pause. Pas de « tap-tap ». Détonation qui fait crisser nos oreillettes deux secondes insupportables avant de cesser. Je savais ce que ça voulait dire. On avait entendu l’explosion d’ici, sans oreillette. Je suis figé. Le cœur serré. J’ai perdu un homme. Putain, Anders venait de partir en confettis. Pourquoi et comment, j’en savais rien. Je regardais Kat’, profondément atteint par la surprise et la violence de la mort probable de notre compagnon le plus en sécurité. Et McHall ? Il avait prévenu d’un problème, mais sans pouvoir parler. Et il y avait eu cette explosion, ailleurs en ville. Mais avant d’avoir eu le temps de donner des indications à l’équipe, le bruit d’un hélicoptère. Des sirènes de police de partout. On est encerclés. Mon cœur ne veut pas repartir. Je regarde Sept. Je regarde Kat’ et Riley. Je regarde dehors, où les gyrophares illuminent les grandes baies vitrées du hall. Je réfléchis à toute vitesse.


Trahison. Ca puait la trahison.


La mafia avait pu vouloir se débarrasser de nous. En nous leurrant depuis le début, en nous utilisant pour nous jeter ensuite aux flics. Ou alors, Sept était une salope infiltrée. Ou alors, les flics avaient chopé Kat’ et faisaient pression sur son gosse. Ou alors, Eulewald ou Wilson avaient été suivis, ou avaient trahi. Vraiment ? Je dévisageais tout le monde, les uns après les autres.


Concentre toi, Jean. Réfléchis. Ou tous tes hommes et toi-même allaient mourir. Je serre les dents, me raccrochant à cette bonne vieille haine qui m’embrase d’une flamme glacée, qui me rend le feu sacré. Je suis Black Fox, ce soir. Et rien de plus dangereux qu’une bête enragée dos au mur. Pas de coups de feu dehors. McHall n’était pas en mesure de nous couvrir. Une solution, et vite !


| Un pour cinq (Lukas), fais le mort, ne répond à rien. Tiens toi prêt à sortir par le côté opposé au flic, tu t’abriteras derrière la camionnette, ça fera plus de tôle entre toi et les balles si ces fils de pute tirent. |


Je me tourne vers Cassiopeia. J’avais été baisé, et je pouvais pas me résoudre à ce que Demetria m’ait doublé, je ne comprenais pas son intérêt immédiat, et j’avais confiance en mon équipe. Mais ça pouvait bien être elle quand même... Je dégaine mon flingue et braque Sept.


| T’es une flic, c’est ça ? |


Si la confiance que j’avais accordée à une extérieure se tournait contre nous, je ne pourrais pas me le pardonner. Mais un plan se dessinait.


| Dark, essaie de faire marcher un des ordinateurs de l’accueil et dis-moi si t’arrives à faire tourner la webcam. Essaie de contacter Euronews ou je sais pas quelle chaîne. Bloody, couvre-la depuis le comptoir. T’allumes si les flics ouvrent le feu. |


Je fais un signe de pistolet à Sept.


| Si t’es vraiment avec nous, tu fermes ta gueule et tu vas m’obéir au doigt et à l’œil. Tu seras notre otage. |


Je presse mon oreillette, pour essayer d’entrer en contact avec Quatre. Tap-tap. Quedal. On avait tous des problèmes.

Jean essaie de contacter McHall, sans succès.
Il me reste 8 Points de Baston avant de tourner de l’oeil
J’ai encore 3 (-1 ce tour) Bonus de Marave à cramer.