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 [Livre I - Terminé] Do you remember ?
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MessageSujet: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyDim 4 Mar - 22:19




Do you remember ?
Ft. Aélia Berkelay & Jean Raulne
 
Souvenirs d'une soirée : Novembre 2049.

Alors que la nuit commençait à tomber, les rues d’Europolis se vidaient à une vitesse fulgurante. Les citoyens ne restaient que très rarement dehors une fois la pénombre arrivée. Tous étaient conscients des risques qu’ils prenaient en traînant dehors après 21h. J’en étais consciente aussi. La ville était rongée par la violence, la maladie, les complots. Un climat des plus instables que la police n’arrivait pas à enrayer, bien au contraire. De plus en plus armés, les policiers semblaient-être devenus des pions face à tant de hargne. Les crimes étaient nombreux et les enquêtes non élucidés s’entassaient sur les bureaux. Tout cela, je le savais. Les médias ne faisaient qu’en parler, sans relâche, sur toutes les chaînes. Pourtant, ce soir là, l’envie de sortir prendre l’air devenait une obsession. Après une longue journée au laboratoire à étudier toutes ces fichus mutations génétiques, il était l’heure de décompresser.

Après une bonne douche, je quittais le petit studio qui me servait à la fois de lieu de vie et centre de soins illégal. Pour une fille aussi intelligente, comment-était il possible d’être assez stupide pour traîner dans ce genre de magouilles ? Cette question, je me la répétait en boucle tous les jours. Et je n’avais pas la réponse. J’étais foncièrement convaincue que les gens avaient besoin de moi. Bref.
Avec une bonne dose de courage, je me lançais à la conquête d’Europolis en pleine nuit. Mes escapades nocturnes étaient de plus en plus nombreuses mais, j’étais toujours aussi stressée. Mon mètre soixante cinq et mes petits bras d’adolescentes n’y étaient probablement pas pour rien. Ici, tout le monde ou presque était armé ou savait se défendre. Ce qui n’était pas mon cas et malheureusement et on pouvait  lire sur mon visage comme un livre ouvert :  “ Venez mes petits, je suis faible et innocente”. Voilà à peu prêt ce ce que laissait transparaître ce visage d’ange. Me dirigeant vers un quartier plutôt calme, je scrutais les devantures des bars et leurs clients au travers des portes vitrées. L’un d’eu me semblait propice pour prendre un verre sans risquer d’avoir des ennuis. L’ambiance était sympathique, la lumière était orangée et la musique assez agréable bien que trop commerciale à mon goût.  Je pris place sur le devant du bar, assise en hauteur sur de grands tabourets en bois. La serveuse vint me voir quelques minutes à peine après mon arrivée.

“ Bonsoir, que voulez-vous boire ? “

Mes yeux jetèrent un coup d’oeil furtif sur la carte en ardoise juste au dessus de la jeune femme. Mon choix fut vite fait, si il y avait bien une chose pour laquelle je n’étais pas compliquée c’était celle-ci.

Une vodka pure s’il vous plaît. “

La serveuse m’adressa un sourire aimable avant de partir préparer la boisson. Elle n’hésita pas sur la dose d’alcool, loin des “doses bar” traditionnelles. Rien d’étonnant en réalité. Une femme de mon âge qui trainait dans les bars seule en buvant une vodka renvoyait un message des plus clairs : cette femme a besoin de souffler. Lorsqu’elle déposa le verre en face de moi, je lui adressais un clin d’oeil de remerciement avant d’avaler le liquide transparent d’une traite. Ce n’était pas très classe pour une demoiselle de vingt six ans mais, cela m’était égal. La soirée était assez paisible les premières heures, le temps pour moi de savourer deux verres supplémentaires et laisser mes pensées divaguer tout en pianotant sur mon téléphone. Malheureusement, je n’étais pas la seule à boire dans un bar et un groupe d’homme sur le côté commençait à faire des siennes. L’un d’entre eux plus particulièrement. Depuis plus de trentes minutes il me fixait du regard, son visage était ravagé par les dégâts de la boisson. Un habitué des lieux certainement. Je détournais les yeux pour ne pas le provoquer mais, où avais-je la tête ? J’aurais du prendre mes jambes à mon cou depuis longtemps déjà et l’inévitable se produisit. Sans grandes surprises. Le voilà, s’approchant dans ma direction avec une démarche incertaine. Le simple fait de marcher lui demandait beaucoup de concentration, tous ses derniers neurones devaient oeuvrer en sa faveur pour le maintenir debout.

“ Que fais- tu toute seule ? Tu cherches de la compagnie ? “


Je tournais la tête pour l’ignorer, je n’étais pas le genre à riposter. A quoi bon de toute façon ? Mon coeur pris une vitesse de plus et rapidement, l’angoisse m’envahissait. Je croisais les doigts pour qu’il reprenne sa place un peu plus loin, chose qu’il ne fit évidemment pas. Son souffle était tout proche, il se collait de plus en plus à moi, laissant traîner ses mains sous mon pull. J’avais pourtant fait en sorte de n’attirer aucun regard, je portais un simple jean, un haut avec des mailles épaisses et sans forme…

“ Laissez-moi s’il vous plaît. Je préfère rester seule. “
“ Ne fais pas l’innocente.  “

L’homme devait faire environ 1m85, une trentaine d’année et une dizaine de grammes d’alcool dans chaques oeils. Son haleine sentait le whisky à plein nez et il n’était pas prêt de me laisser tranquille. De plus, son petit numéro semblait amuser la galerie, tous les yeux étaient rivés sur nous et j’étais devenue son petit jouet en l’espace de quelques secondes. Evidemment, personne ne bronchait le petit doigt, la situation était normale à leurs yeux. Je tentais de le repousser et nos échanges devenaient de plus en plus virulents… pour le grand bonheur de tous.

Belzébuth
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyLun 5 Mar - 0:04

Jenna s’était tirée. J’y croyais pas. Je l’avais senti venir, bien sûr, mais la réalité n’en était pas moins dure à accepter, pour moi. Pas loin de vingt ans de mariage. Deux filles. Et tout ça avait fini par être jeté aux orties. La vie n’était pas seulement injuste, c’était une vraie chienne. Putain, impossible de s’en sortir. J’y avais cru pourtant. Les deux premières années de mon retour. Jenna avait été très présente, pour moi. Elle ne s’était pas effarouchée de mes nuits perturbées, même quand je gueulais. J’avais fait peur aux filles, mais elles avaient fini par comprendre, et s’habituer. Et j’avais été placé sous médicaments, aussi. Pour m’aider à dormir d’un sommeil sans rêves. Ça avait marché. Pendant un temps. Mais les hurlements, les cris déchirants, les flashs lumineux et le bruit des coups de feu ne me quittaient jamais vraiment. Après avoir commandé jusqu’à une compagnie entière de fantômes, ceux-ci n’arrêtaient plus de me hanter. Soldats perdus, personnes que j’avais tuées… Ces visages revenaient me voir à chaque occasion. Ca, et toutes les sensations qu’il y avait eu sur le front, dans les airs ou sur mer, sensations que je ne connaissais plus aujourd’hui, maintenant qu’on était en temps de paix.


J’avais retrouvé un boulot. J’avais pris une plus grande part dans l’éducation de mes gamines. Enfin de retour à la maison, vous imaginez ? Elles étaient fières de moi, même sans savoir réellement ce que j’avais fait. C’était aussi gratifiant que peu honorable ; j’étais content que ce que j’avais fait était au moins considéré par une personne, tandis que j’appréciais aussi le fait que je puisse quand même être source de fierté pour mes filles, et pas seulement de rancœur pour toutes ces années d’absence, pendant la guerre. En revanche, j’avais parfois le sentiment que c’était un peu honteux. Elles avaient connaissance de mes médailles, mais pas de ce que j’avais fait pour les obtenir. Penseraient-elles la même chose que moi, si elles savaient ce que j’avais fait, ce que j’avais commis ? Le permis d’en douter existait. Je n’avais été ni un bon père, ni un bon mari, pendant toutes ces années. J’avais fait ce que j’avais pu mais ce n’était pas suffisant. Jenna était partie. Je fondais un gang avec mes anciens soldats, mes camarades et frères d’armes, et me lançais dans une dernière croisade auto destructrice, pour voir ce que je valais encore, et faire en sorte que mes talents, si particuliers et peu adaptés à la paix, trouvent du sens pour quelqu’un. Je quittais le travail mélancolique. Je n’avais pas envie de rentrer chez moi, dans cette maison désormais vide, pleine de souvenirs qui n’étaient pas tous aussi heureux que j’aurais pu l’espérer.


Acropolis District. Le coin des bourgeois et des nantis de cette ville, avec quelques quartiers hauts en couleurs. Près du siège de ma boîte où j’avais eu réunion toute l’après-midi, je décidais de me poser dans un bar, pour m’envoyer quelques verres avant de devoir rentrer. Je sirotais un verre de whisky, la cravate dénouée, les manches de chemise déboutonnées et retroussées sur mes coudes. La veste était sur le mini-dossier de mon tabouret, et je regardais d’un air éteint le foot retransmis sur les écrans derrière le bar, ne me souciant pas vraiment de mon environnement, me demandant à quel point je faisais une connerie en formant un gang afin de braquer des fourgons blindés. A partir de quand me sentirais-je coupable, quand nous devrons buter le premier gardien, ou qu’un de nos gars finirait transpercé de partout, mourrant sur le bitume ? Probablement uniquement au second cas. Même si je n’avais aucune envie de tuer des civils de ce pays que j’avais défendu pendant quinze ans, je le ferais sans hésiter pour atteindre mon objectif. Encaisser de nouvelles pertes, en revanche…


J’avais vaguement le sentiment que mon environnement avait changé, mais la torpeur induite par quelques verres pris seuls devant un écran géant m’avait engourdi les sens. Jusqu’à ce que j’entende des insultes. Je fronce les sourcils. Me tourne sur le côté. Un mec, encadré par une bande de potes, s’en prend à une jeune femme. Ses intentions sont évidentes, mais elle se laisse pas faire. J’attends de voir si un serveur ou un client intervient ; ce n’était pas mon boulot, après tout, ce genre de problème ne me concernait en rien. J’avais connu le pire bain de sang de l’histoire pendant quinze ans, j’avais gagné le droit de m’en foutre, non ? Mais voilà. Je revois mes gamines. J’aimerais pas qu’un sale type leur fasse peur comme ça dans ce genre d’endroits. Je soupire. Laisse un billet sur le comptoir. Remballe mes affaires. Je m’avance vers le type, mais suis bloqué par un type.



| Tu veux quoi, toi ? |


Je prends une grande inspiration, fermant les yeux une seconde, en sentant contre mon plexus la main de ce type qui ne veut pas que je m’en mêle. Ca va mal finir.


| Parler à ton pote. |


| Lequel, on est plein, et on est tous occupés. |


| Le fils de pute derrière toi. T’inquiète, ça sera pas long. |


Le type est ulcéré de mon aplomb. J’ai dit ça avec calme. Il retire sa main. Gronde. Expédie son poing en plein dans mon visage. Je n’esquive pas. Le sang emplit ma bouche quand son coup porte, la douleur sur ma pommette gauche est sourde, violente. Je lui offre un sourire plein de sang, lui chope le bras. Le soulève, dans un angle contre-nature. Craquement. Hurlement. Un autre se jette sur moi. J’anticipe, pare avec le blessé qui prend le premier coup, lui envoie ce corps hurlant d’un coup de poing dans la tempe. Bousculades, cris. Je suis un tueur, un loup, qui évolue au milieu des coyotes. Un bras est bloqué devant moi, je matraque l’épaule et la clavicule de coups puissants, et l’envoie s’étouffer d’un vicieux coup de poing en pleine pomme d’adam. Le suivant m’envoie un tabouret dans le dos, m’envoie contre un poing qui me tape en pleine arcade et me l’entaille, faisant pisser le sang sur mon visage. Coup de pied sur un genou qui se dérobe, poing contre l’arrête d’une mâchoire, qui pisse le sang. Je prends d’autres coups. Je ne perds pas connaissance, mais le temps de combat me prend sous son emprise. Je ne reprends mes esprits que dehors. Veste par terre, viré manu militari du bar. Les types se carapatent, certains en claudiquant. Je pousse un râle de douleur avec la migraine qui palpite derrière mon arcade entaillée, et le sang chaud coule sur le côté droit de mon visage. Je sens une présence derrière moi, me baissant pour ramasser mon manteau et grognant sous l’effet de nouvelles courbatures ; demain, j’aurais le corps sans doute bleui de la tempête de coups reçus. Je me retourne mais avec mon œil en vrac, je peine à distinguer la silhouette, dans cette rue mal éclairée.


| Qu’est ce qu’il y a ? T’en veux, toi aussi ? |


[hj Comme t’es pas directement impliquée dans la bagarre, je passe vite dessus, c’est ok pour toi ?]
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyLun 5 Mar - 13:30




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L’inconnu n’était pas décidé à cesser son petit jeu, ses amis vinrent même former un cercle autour de moi. Quelle belle initiative, chouette solidarité les gars. J’étais comme prise au piège et je n’avais plus qu’à patienter jusqu’à ce que ce cauchemar cesse. Ce qui n’était pas dans les projets immédiats de tous ces hommes. Alors que la colère s’emparait de mon corps et que les larmes commençaient à rouler sur mes joues, une voix vint interrompre la conversation des ivrognes. Un homme se tenait en face d’eux avec beaucoup d’aplomb. Un de plus ? Plus on est de fou, plus on rit après tout. L’échange commença à s’échauffer et l’attention se détourna de moi, j’en profitais donc pour m’éloigner un peu du bar. A quoi jouait-il ? Etait-il vraiment en train de prendre ma défense ? J’en restais abasourdie, ce n’était pas dans les habitudes des personnes du coin. En général, tout le monde avançait dans sa petite vie avec des oeillères, chacun pour soi.

Je n’eu pas le temps d’entendre les dernières paroles que les coups commencèrent à fuser de tous les côtés. Il se retrouvait seul face à cinq homme mais, se chargeait de les mettres au tapis un par un. Visiblement, la bagarre était un art dans lequel il excellait, sans doute une question d'entraînement. L’un des hommes du groupe se rapprocha avec un tabouret qu’il lui éclata sur le dos, mes doigts se fermèrent sur eux même, j’étais pleine de haine. Tout cela était de ma faute, un homme était en train de se faire frapper juste à cause de moi. La culpabilité était un sentiment horrible pour moi, qui pouvait me ronger très profondément. Je regardais donc la scène, impuissante… Une fois que tout le monde fut salement amoché, l’un des barmans mit l’ensemble du groupe dehors, y compris mon “sauveur”. Un vrai chevalier servant. Je laissais une ou deux minutes s’écouler avant de voir par la fenêtre la brave équipe aux foies pourris se sauver avant l’arrivée éventuelle des flics. Mes affaires en main, je me devais d’aller voir dans quel état était l’homme qui avait prit ma défense. Son arcade était bien amochée et pissait le sang le long de son visage, l’entaille n’était pas très profonde il suffisait de la désinfecter et mettre quelques straps pour éviter que la plaie ne s’agrandisse davantage. Je m’approchais doucement de lui, un peu honteuse de ce qu’il venait de se passer.

« Dis donc, tu es bien amoché. »

C’était ma manière non conventionnelle et maladroite de dire merci, je n’étais pas vraiment doué dans le social. Fille unique et seule depuis plusieurs années, je manquais souvent de tact de mes propos. La lune était à son apogée, il faisait très noir dans les ruelles et je ne pouvais pas savoir si il avait d’autres blessures ailleurs. Je fis un premier pas vers lui tout en restant à distance, il devait me détester intérieurement et je n’avais pas très envie de faire les frais de sa colère. Ce mec était flippant.

« Nous devrions partir, si les flics sont avertis ils ne devraient pas tarder à arriver. Allons ailleurs, je pourrais peut-être jeter un coup d’oeil à ton arcade.»

Cette phrase m’avait échappé de la bouche, ce “ nous devrions “ n’était qu’une pure folie. J’avais pourtant tout le loisir de m’échapper et de rentrer chez moi dormir, loin des problèmes, mais non, voilà que je venais de lui proposer des soins. Aélia Berkelay et son altruisme.
Je m’approchais encore un peu pour l’aider à se redresser, le coup qu’il avait prit dans le dos avait été d’une grande violence et il ne devrait pas tarder à s’en souvenir, au petit matin quand son corps serait de nouveau froid… Un sourire en coin des lèvres, j’attendais sa réponse. Allait-il décliner ma proposition ?

Belzébuth


[/quote]
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyLun 5 Mar - 20:48

Jenna s’est barrée. Les filles aussi. Les Fantômes sont bien planqués. Ils font profil bas. Et moi je suis là, dans ce rade, à prendre des coups que j’aurais pu éviter. Que j’aurais dû éviter. Mais c’est plus fort que moi. Mon cœur, pesant et gonflé à bloc, cogne dans ma poitrine. Boum-boum. Boum-boum. Il ne bat pas à un rythme frénétique. Il ne le fait plus depuis des années. Depuis mes premiers entraînements chez les fantômes. Depuis la première fois que j’ai vraiment dû me maîtriser, le premier ordre 66 que j’ai dû exécuter. Ces gamins, en Afrique de l’Ouest. J’aime ça. Je le sais depuis des années. Un observateur averti l’aurait vu aussi, avant même mon admission chez les Fantômes. J’avais jadis cru que c’était ma facilité à tuer qui m’y avait fait entrer. Ce n’était pas ça. Pas seulement. La maitrise de soi n’était pas naturelle, pas chez moi. Elle venait quand je tuais. J’étais tout aussi malade que les autres, un chancre dans le cœur de l’Humanité, comme tous les soldats avec qui j’avais servi ensuite. Nos bérets noirs nous avaient fait craindre. Je ne savais plus comment les Chinois nous avaient surnommés, mais je m’en rappelais la traduction littérale. « Guerriers sans âmes ». Je me sens bien, même la gueule en vrac. Je me sens vivant, putain de merde. Prêt à attaquer tout un bataillon à moi tout seul, même si ça devait avoir raison de moi. J’ai un mince sourire. Un soupir d’aise.


Je crache un glaviot ensanglanté sur le bitume, réprimant le ricanement qui me serait autrement naturellement venu. Je reprends mes esprits en sentant une présence. Je mets quelques instants à discerner la jeune femme. Celle que les mecs avaient visée de leurs commentaires et de leur insistance, pour ne pas dire de leurs saloperies. Elle me tutoie directement. Semble s’inquiéter. Mal à l’aise. Je comprends qu’elle s’en veut, qu’elle se sent responsable. Même si j’ai du mal à le concevoir moi-même.



| Ca va aller, faut pas t’en faire. |


J’avais pas fait ça pour les honneurs, ni pour la reconnaissance dans ses yeux. Ses beaux yeux, d’ailleurs. Mais c’était pas vraiment la question. Je venais de me battre, parce que c’était à peu près tout ce que je savais faire, et aussi parce que rien n’aurait sans doute pu me retenir de me battre, que la jeune femme ait été agressée ou non. J’avais vu pire, en quinze ans d’opérations militaires. J’avais pris des shrapnels d’obus, des éclats de phosphore de tirs de mortier, des balles, des coups de lame, des bris de verre, des pièces d’équipement fracassé. La jeune femme manifeste de l’inquiétude, et de la reconnaissance, aussi. Elle veut me soigner. Je dis pas non ; ce genre de blessure n’est jamais très grave, mais ça pisse tellement le sang que si on le soignait pas, ça pouvait quand même s’avérer dangereux. Elle avait raison, pour les flics.


| Sûr, qu’ils sont déjà au courant. Mais c’est moi que ça regarderait, s’ils débarquaient, pas toi. |


Je la regarde, sans trop de précaution, du regard torve du mec qui pisse un peu le sang du visage.


| Ok pour que t’essaies d’y toucher. Mais j’ai surtout besoin d’un verre ou deux. Encore faut-il trouver un bar qui voudra bien d’un mec avec la gueule en sang. |


Ou trois. Ou plus. Je laisse la jeune femme m’aider à me remettre debout, à me tenir bien droit. Ca tourne un peu autour de moi, mais je resserre un rien ma prise sur son bras. Pas assez pour qu’elle ait mal, mais elle pouvait quand même sortir ma force. Je serre les dents quand mon dos, enfin raide, me renvoie un pic de douleur.


| Cap… Euh… Jean Raulne. Et toi ? Qu’est ce qu’ils te voulaient, ces mecs, tu les connaissais ? |


Probablement non, mais ça meublait en attendant que j’en sache plus sur elle. On commence à avancer à une allure plus lente que d’ordinaire, mais néanmoins soutenue, en direction du bout de la rue où il y avait plusieurs bars.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyMer 7 Mar - 9:31




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Je pouvais donc enfin mettre un nom sur le visage de l'homme qui venait de m'arracher des griffes de toute une bande de salopards. Par chance, il n'avait pas l'air de m'en vouloir, en même temps, je ne lui avais pas demandé d'intervenir, je n'avais pas non plus provoqué ces hommes avec une tenue aguichante puisque je ressemblais plus à un sac poubelle ce soir là.

«  Si un bar t'accepte dans cet état, je paye la première tournée ! » Dis-je amusée, pour détendre l'atmosphère.

Ce qui était fait... était fait. Impossible de refaire le monde ni de revenir en arrière pour éviter cette bagarre donc, il était maintenant préférable d'en rire et de prendre ça avec légèreté. Mes muscles s'étaient enfin détendus et relâchés, je n'étais plus sur la défensive et pouvais aborder la fin de la soirée avec plus de sérénité. L'homme prit appuis sur mon bras pour se redresser, une fois debout, il me surplombait d'une bonne vingtaine de centimètres. Je n'avais pas l'habitude de donner mon identité aux gens, j'hésitais même une seconde à lui mentir et à m'inventer une identité sur le tas. J'avais déjà un flic sur ma trace qui essayait de me faire tomber : Mr Christopher Hart... j'avais donc plutôt intérêt à me faire discrète et à me méfier des inconnus. Puis, je me résignais. J'étais une mauvaise menteuse et ce n'était certainement pas le genre d'homme né de la dernière pluie. Pas le genre d'homme qu'on enfume facilement...


«  Aélia Berkelay. Ce qu'ils me voulaient ? Certainement pas du bien à mon avis. Non, je ne les connais pas, je ne sors presque jamais le soir... ça m'apprendra. »

La vie à Europolis n'était pas toute rose, ni toute noire. La preuve, on y trouvait encore des bonnes personnes et un minimum d'entraide mais, la criminalité, la violence, les maladies... bref, le climat général n'était pas propice pour les sorties nocturnes d'une jeune femme de vingt six ans. A moins de savoir se défendre, ce qui n'était pas mon cas pour le moment. J'étais une proie facile. Jean était à présent debout et assez stable malgré son visage ensanglanté, nous pouvions donc commencer à avancer en direction de nouveaux bars, en quête d'un endroit où les hommes qui pissent le sang seraient autorisés à rentrer.

«  Il y a un bar ouvert et qui à l'air plutôt calme là bas, on tente le coup ? »

Cette fois-ci, j'avais repéré le bar le moins animé du quartier. D'une part car les gérants seraient plus enclins à accepter un client dans cet état pour sauver leurs chiffre d'affaires de la soirée et deuxièmement car nous ne devions pas nous faire remarquer de nouveau. J'avais eu ma dose pour la soirée et j'espérais de tout cœur que ce second choix serait plus judicieux que le premier. Nous avancions donc tranquillement en direction de l'entrée et du coin de l'oeil, je surveillais que Jean ne fasse pas une rechute et ne se sente pas mal. J'avais vu débarquer des gens dans des états bien plus catastrophique chez moi mais, chaque homme était différent et, je restais sur mes gardes pour l'aider si besoin. Je poussais la porte de l'établissement avec le sentiment que cette tentative serait vaine et qu'en entrant, nous prenions d'office un billet retour pour trouver un nouvel endroit. A ma grande surprise, le barman ne broncha pas. Il nous dévisagea de haut en bas avant de retourner vaquer à ses occupations. Je restais sur le cul. Improbable.

« Bon... tu ne dois pas faire aussi peur que ça.... allons nous poser au bar. »

La situation était assez cocasse, la petite jeune qui essayait de prendre des initiatives. Une simple histoire d'apparence car en réalité, j'étais hyper angoissée. Mon estomac était noué. En dehors de mes collègues de boulot et des anonymes qui venaient se faire soigner en cachette, je n'avais pas de vie sociale. J'étais souvent seule et, me retrouver ici avec une personne inconnue, un homme en plus de cela, était une situation très anxiogène pour moi et je tentais de le camoufler tant bien que mal. Une fois installée sur le tabouret, je pris le temps de sortir deux, trois accessoires de mon sac. Des compresses, du désinfectant et une boite de sutures adhésives. Je déposais le tout sur le comptoir l'air de dire «  et oui mon petit, tu as accepté et je n'ai pas oublié. Avale ton verre et serre les dents ». Je lui adressais un sourire narquois, une version un peu machiavélique de mon sourire habituel pour plaisanter un peu.

«  Tu bois quoi ? »

Pour ma part, je commandais un nouveau verre de vodka au serveur. Il ne serait pas de trop pour me détendre un peu...

Belzébuth


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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyMer 7 Mar - 13:27

Les choses étaient parties en sucette sans que je ne parvienne à faire grand chose pour lutter contre. C’était une certaine forme de fatalité, que j’avais toujours combattue mais qu’il était parfois compliqué de surmonter, quand on a une poisse crasse... On ne peut pas vraiment faire grand chose pour lutter contre. Quoiqu’il en soit, les choses ne s’étaient pas si mal passées, d’un point de vue objectif. J’avais pu meuler la face du mec qui avait été le plus entreprenant et la situation avait tellement dégénéré qu’on se retrouvait maintenant débarrassé de l’entière communauté de ces fils de putes. La jeune femme exprimait à demi-mot sa reconnaissance, mais de toute façon, je ne courrais pas après la gloire, il était clair pour moi que j’avais surtout agi d’instinct et que j’avais manqué de réussite. En théorie les Fantômes avaient été entraînés à lutter le plus cruellement possible pour l’emporter ; j’avais sans doute foulé quelques articulations et fendu des os, mais je n’avais pas été au niveau habituel de mes performances. Bref, ce n’était pas si grave... On m’offrait une tournée. La gueule en vrac, je tire une clope de mon paquet et le propose à la jeune femme. Je fume rarement. Mais après le cul ou la guerre, dans les deux cas, ça me plaît toujours.


| Va pour le verre. Une clope ? |


Je n’avais aucune idée si elle était fumeuse ou non. En vrai, ça ne se lisait pas toujours sur l’apparence des gens, loin de là. EN parlant d’apparence, je regardais ma vis-à-vis tout en discrétion, à chaque fois que je lui adressais la parole par exemple, et l’ancien officier spécialisé en reconnaissance que j’étais avait déjà un avis sur la question ; elle était séduisante, avec ses cheveux longs, son grand regard un peu sombre, ses lèvres pulpeuses et une silhouette svelte. Fragile, aussi. Si j’étais amené à devoir la tuer, ce ne serait pas très difficile, vous pouvez me croire. Alicia Berkelay. Britannique d’origine alors, sans doute. Je haussais les épaules quand elle évoquait sa crainte de sortir.


| Il ne faut pas... Dans cette ville, les moyens de se défendre sont légion. ¬|


J’avais déjà lu un article sur le nombre de femmes armées au moins d’un vaporisateur au poivre ou de lacrymo, sans parler des petits flingues, genre revolvers à six-coups à la grand-papy. Ca faisait le job sans arracher un bras pour autant à son agresseur. J’acquiesçais à sa proposition d’aller voir un bar plus calme, non loin, continuant de tirer sur ma tige, m’emplissant les poumons de fumée, chassant et refluant l’adrénaline pour me calmer un peu. On ne marche qu’un cours moment, son corps contre le mien et je me surprends à éprouver une pointe de désir. Elle est attirante, ok, mais elle pourrait presque être ma fille non ? Elle semblait si jeune, la vingtaine, alors que je passais le cap des quarante de mon côté. Mais cela faisait depuis le départ de Jenna que je n’avais plus été aussi proche d’une femme. Ce n’était pas si vieux, mais je m’y étais habitué. Sans compter le fait que la bagarre m’avait toujours fouetté les sangs, y compris dans le cas de la proximité charnelle. Je termine ma clope et l’écrase avant de rentrer dans le bar, où nous sommes acceptés l’air de rien, avec une certaine indifférence. La jeune femme semble aussi surprise que moi. J’ai un mince sourire, teinté d’une certaine ironie, quand elle me dit que je ne dois pas faire si peur que ça. Si elle savait.


| Les cons ! | lui glissais je en mode vanne, sachant qu’elle avait eu un aperçu de ce dont j’étais capable.


Nous nous posons au niveau du bar, et alors que je grogne en sentant les douleurs lancinantes qui commençaient à se faire sentir dans mon dos, et j’observe le petit manège d’Aélia, qui déballe son équipement en prenant l’air un poil machiavélique du bourreau. Je souris, pars d’un petit rire et secoue la tête.


| Whisky, au moins du huit ans d’âge, et en grand format. Ma parole, t’es l’infirmière qu’il nous a toujours manqué, du temps où j’étais soldat. Je peux te dire que le personnel soignant était beaucoup moins séduisant que toi, sur le front. Tu sais ce que tu fais ? T’es quoi, étudiante en médecine ? Docteur ? Infirmière ? |
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyMer 7 Mar - 19:45




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Alors que nous marchions Jean me proposa une cigarette, je n'avais jamais vraiment fumé. Peut-être une ou deux clopinettes dans ma jeunesse et mes années de lycée, pour faire genre et m'intégrer dans la masse d'étudiant. Ça donnait du style apparemment. Quelques semaines auparavant j'aurais refusé cordialement sa proposition sans une seule hésitation mais, depuis l'ouverture de cette fameuse lettre dans laquelle était inscrit le verdict sur ma prédisposition génétique à la dystrophie musculaire, j'avais désormais une nouvelle vision des choses. Ma vie n'était plus qu'une simple horloge, réglée sur environs dix années. Peut-être douze avec les progrès de la science dans laquelle j’œuvrais tous les jours. Terminé les restrictions, les règles de vie et de morale à la con, je me consumais à petit feu quoi qu'il arrive et quoi que je fasse. Autant en profiter et croquer la vie à pleine dent, c'était facile à dire mais, moins à faire.

« Je veux bien, merci

Je m'empressais de porter la cigarette à ma bouche pour en extirper la saveur. J'avais oublié à quel point c'était si dégueulasse et en même temps si bon. N'ayant pas fumé depuis plusieurs longues années, les premières lattes me donnaient une impression de légèreté qui tombait à pic, mes poumons en revanche, m'auraient insultés sans pitié si ils avaient su parler...
Nous étions à présent sagement installé au bar, Jean prit un Whisky. Pas n'importe lequel, Mr aimait le bon. Rien d'étonnant, c'était un classique pour un homme devant avoisiner la quarantaine. La situation était d'ailleurs assez déroutante, l'homme avait  à vue d'oeil une quinzaine d'année de plus que moi et pourtant, son allure, son franc parler, sans compter le fait qu'il venait de se battre pour moi, chose qui ravirait toutes les femmes de ce monde, tout cela réunit le rendait irrestiblement attirant. Mademoiselle Berkelay, faite attention, vous êtes sur une pente glissante.

« Je suis employée au laboratoire depuis un an mais, j'ai quelques notions en médecine apprises par la force des choses donc en principe, tu devrais rester séduisant, je vais faire ça propre. Alors comme ça tu étais soldat ? Je me disais aussi que tu te battais bien...»

Tout le nécessaire pour le soigner était prêt, méticuleusement organisé sur le comptoir en bois massif. Je m'approchais donc de Jean, ma boule au ventre toujours présente. Je relevais mes manches et pris de quoi nettoyer le sang qui avait à présent cessé de couler. Je me tenais au plus prêt de lui, malgré la bagarre je pouvais encore percevoir les effluves de son parfum, ce qui ne me laissais pas insensible. Je nettoyais la plaie avec douceur, en prenant soin de ne pas lui faire mal. Cette homme était troublant et sa présence me rappelait certaines émotions enfouies depuis plusieurs années. Je n'avais pas été aussi proche de quelqu'un depuis au minimum 1 an et demi. Peut-être même plus. Une fois les strips posés, je repris ma place un peu à contre cœur en prenant soin de laisser ma main effleurer « malencontreusement » sa cuisse avant d'avaler cul sec le verre de vodka en face de moi. J'avais les idées encore beaucoup trop claires pour me laisser aller, mon cerveau était mon pire ennemis dans certaines situations. Il me rappelait sans relâche tous les codes de bonne conduite dont je devais faire preuve. L'alcool avait se pouvoir de casser mes barrières mentales, de me laisser un peu vivre ma vie comme je l'entendais.

«  J'imagine que tu as du voir des choses assez horribles... Que fais tu maintenant ? »

Ma question n'était pas dénuée d’intérêt, je voulais en savoir plus sur cet homme. Pouvais-je lui faire confiance ou devais-je rester sur mes gardes ? Alors qu'une forte attraction faisait en sorte que je ne le quitte pas du regard, une petite voix diabolique me criait de me méfier. Le serveur m'apporta un nouveau verre que j'allais boire plus délicatement cette fois-ci. Avaler tous mes verres d'une traite ne ferait que donner une image de moi négative. Cette fille est alcoolique, un véritable pilier de bar. Cette fille est trop stressée, ça sent la fille pénible. Alors que je tendais la main pour saisir mon verre, mon bras et mes doigts semblaient être en grève. Fichue maladie. Une vive douleur s'empara de mon épaule à mon avant bras, me paralysant totalement celui-ci une fraction de seconde. Dire que je n'étais qu'au stade 1, de belles années en perspective. Je fis mine de rien et renouvelais la tentative qui fut la bonne, par chance.


« Dites m'en plus sur vous Mr Raulne, vous êtes un homme bien mystérieux. » Dis-je avec un sourire bienveillant.

Ce n'était pas de la curiosité mal placée, quoi que.


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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyMer 7 Mar - 22:53

Je faisais de ces rares types de fumeur à savoir se cantonner à une très basse et très erratique consommation, que je maîtrisais parfaitement en période normale, pouvant aller jusqu’à nourrir des efforts fournis assez régulièrement. En revanche, dès qu’un moment de stress quelconque se terminait, je ne pouvais plus du tout lutter ; je devais fumer. C’était le cas après une engueulade avec Jenna, après un bombardement au napalm, ou juste après avoir exécuté des types qui se rendaient, mais dont les forces spéciales ne pouvaient pas s’encombrer sur le terrain. Pour être totalement honnête avec moi-même, j’avais aimé certains de ces moments. J’aimais tuer. Je le savais depuis longtemps. C’était ça qui m’avait en partie guidé vers les fantômes. Ca et l’opération Bir Hakeim, en Lybie. Les interrogatoires. Les aptitudes de chasse. La facilité à prendre les décisions les plus difficiles, y compris celles qui impliquaient des civils. Cloper, c’était le moyen de décompresser juste après. De s’occuper la bouche et les doigts, d’avoir un truc en main qui permettre de se concentrer sur autre chose que les difficultés. Visiblement, ça marche assez bien aussi pour la jeune femme, elle accepte la tige. Je la range dans la poste intérieure de mon manteau d’hiver, un peu tâché de sang. Ah merde, bon, il allait falloir que je vois si c’était possible de rattraper mon putain de caban.


La jeune femme m’explique qu’elle est employée de laboratoire. J’écoutais sans trop rien dire, réservant mon jugement. Depuis Brendt, la popularité des laboratoires pharmaceutiques était redescendu comme un soufflet au fromage mal cuit, et maintenant, tout le monde pensait avoir été empoisonné exprès par les labos pour faire du fric. Paranoïa vieille comme le monde, mon père m’en avait déjà parlé, dans sa jeunesse. Bien sûr, je ne soutiendrais jamais que ces entreprises étaient guidées par l’altruisme, je n’étais pas stupide. Mais je n’avais encore jamais connu de fossoyeur qui militait pour la vie pour tous à tout jamais. Chacun se bat pour son gagne-pain. Et Aélia, elle me dit que je suis séduisant. Oh, un rayon de soleil dans cet océan de noirceur. Je lâche une exclamation un peu ironique, le genre de « Ah ! » en mode, « si tu savais ».



| Oui, j’étais soldat. J’ai tout fait depuis que l’Union est devenue un véritable Etat ; la Lybie, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Congo, le Japon, la Chine, et les pays baltes, la Biélorussie et la Russie elle-même. Quinze ans de ma vie. Maintenant, je suis analyste pour une grosse boîte. Je fais des études de satisfaction, des études de marché, ce genre de trucs. Tu vois les mecs qui t’envoient un message pour te demander ton avis sur ta dernière paire de chaussures de sport ? Et bien, c’est moi. Ou mon équipe. Pas le même boulot, ah, ça non… J’étais sans doute plus séduisant en uniforme. |


Quarante ans, et j’avais l’impression d’être un vieil homme. Comment tiendrais-je trente ans de plus au turbin, à faire un boulot sans enjeu viscéral comme ceux auxquels j’avais été habitué ? Le barman se contente de nous jeter un regard en coin de temps en temps, alors que la jeune femme relève ses manches pour attaquer sa besogne. Aélia prend en main mon visage, et j’aime ce contact de ses doigts agiles et méticuleux, qui pressaient ou touchaient ma peau, mais en prenant soin de ne pas me faire plus mal que nécessaire. Je me crispais sans une plainte quand elle dû maintenir les bords de la plaie le temps d’y poser les points. Je sens sa main m’effleurer la cuisse, et de la chaleur se diffuse dans le bas de mon corps depuis ce point de contact. Je jette un regard un rien curieux, teinté de circonspection, à ma jeune « amie ». Son regard ne me lâche pas, mais entre le choc de la bagarre, le fait que je l'avais défendue, qu’on passait du temps ensemble et qu’elle avait dû me soigner… Est-ce que je n’étais pas tout simplement en train de me faire des idées ? C’était tout à fait possible. Je note toutefois une raideur dans son geste vers son nouveau verre, alors que je sirotais doucement le mien pour ne pas tomber trop vite entre la fatigue, le moral, les coups reçus sur tout le corps, et forcément, la teneur en alcool de ce que j’ingurgitais. Je ne relève pas, pas tout de suite en tout cas. Peut être plus tard, mais je sais d’expérience que ça ne vaut jamais vraiment le coup de brusquer une femme.


| Mystérieux ? Je ne pense pas. Je t’ai montré ce soir que j’étais une tête brûlée. Ca m’a souvent porté préjudice ; j’ai fini ma carrière militaire un peu tôt, me suis précipité sur le premier job venu correspondant à mes compétences, et c’est cette même impétuosité qui a fini par faire partir ma femme. Et toi ? On rêve de quoi, à ton âge, de nos jours ? |
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyJeu 8 Mar - 8:40




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Oui, j’étais soldat. J’ai tout fait depuis que l’Union est devenue un véritable Etat ; la Lybie, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Congo, le Japon, la Chine, et les pays baltes, la Biélorussie et la Russie elle-même. Quinze ans de ma vie. J’écoutais Jean de manière très attentive, effectivement, je n’avais nullement besoin de plus de précisions pour m’imaginer toutes les horreurs qu’il avait du voir et sans doute commises, par la force des choses. Ma représentation de la guerre était certainement un peu naïve, biaisée  par toutes les images que les médias nous infusaient en continu mais quoi qu’il en soit, cela devait être l'expérience d’une vie, qui vous marque à jamais semblable aux marquages aux fers rouges infligés aux chevaux espagnoles.. J’avais même du mal à concevoir que l’on puisse s’en remettre un jour, moi qui avait une sainte horreur de la violence et de la mort…

“ Sacrée reconversion ! J’imagine que la transition n’a pas été simple, je ne fais que des hypothèses car je n’ai aucune expérience de guerre mais, je me doute que ça change un homme. On ne doit pas ressortir indemne, physiquement et moralement… “

Ma voix laissait échapper une sonorité admirative, pas pour faire de la lèche car je n’avais rien à y gagner mais, car je me rendais compte que finalement, alors que j’avais cru à plusieurs reprises de ma vie ne jamais réussir à me relever, certaines personnes étaient capable d’endurer bien plus. Une force mentale qui m’impressionnait depuis toujours. Mon père était un peu ce genre de profil, un homme fière qui ne se laissait pas consommer par la douleur et pourtant, il en avait vécu lui aussi des sales trucs. Moi, j’étais encore fleur bleue, une hyperémotive qui ne gère pas sa peine et qui pourrait passer des nuits entières à pleurer pour un oui ou pour un non. Surement une question d’hormones. Ou un prétexte pour avaler des pots de crème glacée tout entiers sans complexe. Sa dernière phrase eut l’effet d’un upercute, j’aurais dû m’y attendre. A trop vouloir en savoir sur lui, la conversation était vouée à revenir sur moi et je n’avais pas forcément la réponse à ses questions. Quelques semaines plus tôt j’aurais répondu que je rêvais d’être une grande chercheuse, trouver des médicaments, gagner assez d’argent pour déménager mais, à présent je devais faire une séléction et me recentrer à l’essentiel. J’avais dix ans devant moi et je ne comptais pas en gâcher une miette. Chaque matin je me levais avec une détermination nouvelle, l’envie de croquer la journée à pleines dents, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Aussi, Jean me révélait que sa femme l’avait quitté. Je fus dans un premier temps assez confuse pour lui, retour de guerre plus une séparation, rien de bien joyeux. De quoi forger un homme malgré lui. Dans un second temps, cette révélation me fit du bien, allez savoir pourquoi. Je n’avais plus de remords à être un attirer par cet homme, après tout, il était seul.

“ Je suis désolée. Vous n’avez plus aucun contact ? Tu as des enfants ? Enfin… pardonne moi, je suis maladroite. Tu n’as peut-être pas envie de t’étaler sur le sujet. Des rêves, j’en ai de nouveaux chaque jour. J’aime par dessus tout mon métier, certaines études me passionnent mais, je rêve de pouvoir déménager dans un endroit plus confortable, voyager et découvrir le monde. Je suis une éternelle optimiste, j’ai toujours cru au destin et jusqu’à présent ce n’est pas une grande réussite mais, la roue tourne. Et la prochaine vague de bonnes choses sera pour moi, j’espère ! Pour le moment, je me contente de mettre un peu d’argent de côté et d’arrêter de mes poser trop de barrières qui m’empêchent de vivre. Ne pas boire, ne pas sortir… un esprit sain dans un corps sain, tu vois le genre ? Enfin, à en juger par les verres que je viens de descendre, je suis en net progrès. “

Les effets de l’alcool commençaient à se faire sentir, je n’étais pas ivre et je restais totalement maître de mes pensées et de mon corps mais, une douce chaleur s’était emparée de moi et me rendait excessivement souriante. Je jetais un coup d’oeil à l’horloge placardée sur le mur juste au dessus du bar, l’aiguille pointait le 1. Il était une heure du matin, par chance, j’étais de repos le lendemain et heureusement car mon déficit d’heures de sommeil était plus élevés que jamais après ces dernières nuits tumultueuses. Je me tournais de nouveau vers lui. Je n’étais pas une grande dragueuse, un manque d'entraînement peut-être ? Pourtant, sa présence était agréable, je ne pouvais pas le nier.

“ Tu travailles demain matin ? Il est tard, n’hésite pas, si tu veux rentrer. “


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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyDim 11 Mar - 11:26

La discussion ne se tend pas, malgré ma sincérité sur mon passé militaire. C’était souvent quitte ou double, ces derniers temps dans les bars. Soit vous étiez encensé comme un héros, une gloire passée mais toujours vivante, d’une lutte de titans contre la Chine et les Russes… Ou alors c’était tout l’inverse, si on tombait sur des pacifistes, des militants pour un mon alternatif ou que sais-je encore. Là, la jeune femme semblait simplement le prendre comme une information, comme un élément de mon parcours, sans me juger. C’était plaisant, que les choses soient prises telles quelles, sans jugement supplémentaire, sans charge morale ou sociale plus lourde. Aélia rebondit sur le changement de carrière, qui pouvait impressionner par sa radicalité apparente mais dans le fonds, je faisais ce que j’avais toujours fait, mais à une autre échelle ; analyser, comprendre, préconiser et agir. Je hausse les épaules, quand elle montre de la compassion. Bien sûr on y réfléchit tous, à un moment ou à un autre, mais d’un autre côté… On ne pouvait pas y faire grand-chose. Il semble quand même y avoir du respect, voire un peu plus, dans le ton de la jeune femme. J’avais peut(-être une ouverture, du coup, de la part de quelqu’un qui ne semblait pas méjuger les soldats.


| Non, c’est sûr, ça va avec. |


Je n’allais pas m’appesantir sur le sujet, me vanter sur mes cicatrices ou me plaindre sur tout ce qui déraillait chez moi. C’était dur d’en parler, parce que c’était évident que derrière, je ne manquerais pas d’être jugé. Et même si l’avis des autres m’importait peu, je voulais toujours éviter d’attirer l’attention sur moi, car ce serait me mettre en danger, ou mettre en danger les survivants de mon unité, que d’en dire trop à des presque inconnus, sans parler de ceux qui pouvaient capter des brides de la conversation… Bref. Ma vis-à-vis n’est pas insensible à la suite de la conversation, qu’elle la concerne directement ou qu’elle me concerne moi ; elle se montre plutôt touchée par ma situation. Et elle se fait un peu curieuse aussi, avant de répondre à ma question la concernant. Je pars d’un petit rire et lui jette un regard complice quand elle sous entend que cela lui fait du bien de se lâcher un peu. Je reviens au cœur du sujet.


| Deux filles que je ne vois plus, mais c’est provisoire. | dis-je avec assurance, car rien ne pourrait me séparer bien longtemps d’elles ; j’étais prêt à tuer pour les retrouver un jour. | Je vois ce que tu veux dire. Et effectivement, la roue tourne toujours. Tant que t’as l’envie de te battre, tu peux arriver à tout. L’important c’est de continuer à rester motivé, quoiqu’il advienne. Garde cette volonté, et tu finiras par aller loin. Surmonter les obstacles, poursuivre nos buts envers et contre tout… C’est ça qui nous distingue, alors, continue dans cette voie. Même quand c’est dur. |


Je me rends compte que l’atmosphère s’est subtilement changée au fil du temps. Il y a un fil, qui s’est tissé entre nous. Une passerelle. Je lis dans son regard, et alors qu’il y a un léger blanc, elle me demande si je travaille demain matin, et me dis de ne pas hésiter avant de rentrer. Je laisse planer ma réponse dans mes yeux, sans parler pendant de longues secondes.


| Je veux bien rentrer, oui. Si tu viens avec moi. |


J’étais un homme d’instinct, d’action, mais je savais réfléchir… Et j’avais vu son regard. J’avais envie de me lâcher, ce soir. Jenna venait de me lâcher, j’étais paradoxalement bien entouré avec les Foxes, mais je perdais de plus en plus de liens avec le monde réel. Ce soir, je n’avais pas envie de rentrer tout seul.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyDim 11 Mar - 13:26




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La discussion avec Jean était des plus inintéressante, elle me faisait même du bien. Cela faisait longtemps que je n'avais pas entretenu ce genre de discours sans chichi, sans parler de travail et de molécules en tout genre. C'était agréable, l'homme affichait beaucoup de sincérité dans le peu qu'il dévoilait de lui même. C'était suffisant, je n'en attendais pas plus. Je n'étais pas ici pour me morfondre sur moi même et ne comptais donc pas lui infliger cela non plus. Nous avions tous de vilains démons dans notre passé, ces même démons qui faisaient de nous les adultes que nous étions aujourd'hui et parfois, il était bon de les laisser de côté. C'était un truc typiquement humain de ressasser le passé et se faire souffrir inutilement. Pas ce soir. Il m'avouait avoir deux filles, je ne pouvais pas imaginer la douleur qu'il endurait de ne pas les voir mais, ce n'était pas la peine de s'attarder là dessus. Ce sujet aurait été houleux pour lui comme pour moi. Je rêvais d'avoir des enfants, j'aurais été une très bonne mère... mais, je m'étais résignée. Faire le choix de construire une famille alors qu'on avait que peu de temps à vivre c'était accepter d'abandonner ses enfants. C'était égoïste. Ma vie serait donc différente de la plupart des femmes, je ne connaîtrais jamais ce bonheur de devenir mère et, ayant perdue ma mère très jeune, impossible de m'imaginer faire endurer ça à mes propres enfants.

«  J'espère que tu as raison. D'ici quelques années, je partirais en vadrouille découvrir le monde. Je ne veux pas mourir ignorante. Je suis certaine que tout n'est pas noir, j'ai encore de belles rencontres à faire. La preuve » ~ Lui dis-je avec un clin d’œil.

Ce n'était pas de lèche ni du rentre dedans, juste une manière de lui faire comprendre que sa présence était agréable durant cette soirée. Si on oubliait l'épisode de la baston, c'était une escapade nocturne assez sympathique. Nous étions tout les deux foncièrement différent mais, le feeling passait bien. Pour ma part. Alors que je venais de lui proposer de quitter l'établissement si il le souhaitait, Jean laissa planer un grand blanc qui me mit un peu mal à l'aise. J'avais cette fâcheuse manie d'être gênée par les coupures, les blancs au milieu d'une discussion étaient anxiogènes pour beaucoup de monde. Je voulais toujours les combler avec des questions inutiles et sans intérêts mais, sa réponse me coupa le sifflet et m'empêcha de l'ouvrir pour rien. Devais-je prendre sa réponse pour une invitation à continuer la soirée la soirée avec lui ? Oui, sans doute. Je fus assez confuse sur le moment, je n'avais pas encore laisser cette hypothèse m'effleurer l'esprit. Aélia Berkelay, vous voilà bien embarrassée. Je n'étais pas vraiment ce genre de fille à suivre un demi inconnu après une soirée au bar. Beaucoup de femmes auraient sauté sur l'occasion car, il fallait se l'avouer, Jean était un homme séduisant. Il dégageait un air d'homme inaccessible et sûre de lui qui avait souvent un effet dingue sur les hormones féminins. Je n'y étais pas insensible non plus mais, j'étais plutôt le genre sainte ni-touche que grande dévergondée. Après-tout, n'avais-je pas avoué quelques minutes plus tôt que je voulais vivre ma vie au jour le jour et profiter de chaque instant ?. Cette histoire de barrières à faire tomber pour ne rien regretter, nous y voilà. Acte 1 bonjour.

«  Jean Raulne, seriez-vous en train de m'inviter à continuer la soirée à vos côtés ? Si je ne me trompe pas, allons-y.»

Je fis signe au serveur de venir encaisser la note de nos verres. Pour une fois, je cassais les codes de la galanterie et réglais la note, comme je l'avais proposé auparavant. Je terminais mon verre pour ne rien gâcher et plongea mon regard dans celui de Jean, un regard qui laissait lire beaucoup d'attirance et une pointe de détresse.



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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyLun 12 Mar - 21:59

C’était toujours difficile pour moi, voire impossible, de parler de mon passé militaire. Déjà parce que je ne trouvais jamais vraiment d’occasion pour vraiment en parler, y compris avec mes anciens « Fantômes ». Ensuite, parce qu’il était clair pour moi que ce n’était pas le genre de discussion de comptoir dont on pouvait se servir pour agrémenter une soirée dans un bar, ou pour séduire qui que ce soit. Il n’y avait rien de séduisant dans ce que nous avions fait, dans ce que j’avais commis. Je n’en éprouvais aucune honte ; j’avais accompli mon devoir, j’avais fait ce pourquoi j’étais fait. Ni plus, ni moins. Mais je reconnaissais malgré tout que ça faisait mauvais genre, même aviné, de balancer qu’on avait flingué des civils ou bombardé des gosses. Ou l’inverse. La guerre nécessite le renversement de normes sociales habituelles pour pouvoir remplir son propre objectif ; la destruction. Certains réussissaient mieux que d’autres à renier ce qu’ils avaient appris en matière de bien et de mal. Ceux qui y parvenaient le mieux avaient fini dans les Fantômes, et quinze années sanglantes avaient jalonné notre existence, pour les plus anciens à avoir survécu. Comment réagirait la jeune blonde, si j’avouais là maintenant, sur le ton de la confidence, les pires horreurs dont je m’étais rendu responsable ? Elle hurlerait et se tirerait en courant.


Et même si je ne la connaissais pas assez pour tenir à elle, je n’avais pas envie que les choses se finissent comme ça, ce soir. J’avais envie d’elle, mais plus que ça, j’avais envie de n’importe quoi qui m’aère l’esprit, qui me sorte de mon sentiment d’échec et de solitude depuis que ma femme s’était barrée, m’empoisonnant le cœur et l’esprit sans que je n’arrive à rien faire d’autre qu’à ressasser ça. Je m’agrippe à mon verre comme à la vie, ou comme à ma santé mentale. La jeune femme me fait un compliment indirect et me dit qu’elle aimerait voyager. Je connaissais ce sentiment, ce désir, presque cette pulsion de partir. J’arque un sourcil.



| Mourir ? T’es trop jeune pour y penser. A ton âge j’anticipais ça, bien sûr. Mais c’était la guerre. Et on voyageait pas tant pour connaître le monde que pour le détruire, pour le « refaçonner ». |


L’alcool rendait la forme de mon discours un rien décousue, mais l’idée était là, et la formule n’était pas de mon invention, loin de là. Elle était celle d’un de nos hommes politiques d’alors… Refaçonner le monde. Moins pollué, moins inégalitaire, moins surarmé aussi. Que restait-il de tous ces idéaux, sept ans après la guerre et ses millions de morts, les épidémies, les catastrophes naturelles ? Finalement pas grand-chose, tout était parti en vrille depuis bien longtemps. J’avais mal à l’arcade, là où Aélia m’avait soigné. L’endroit était tout chaud, presque brûlant. J’étais familier de ce genre de sensation. Ce n’était pas la première fois que je me faisais casser la gueule… Et ce ne serait pas la dernière. Aélia se fige suite à ma proposition, dictée par mon désir, par l’alcool, par la douleur et les émotions que je ressentais, et elle finit par accepter. Je la laisse payer sans rechigner, même si elle avait quoi, dix ou quinze ans de moins ? Tout ce qui pouvait lui convenir m’allait aussi, maintenant. Je me penche vers elle.


| Je te propose de venir la finir avec moi. |


Autant qu’il n’y ai pas d’ambiguité à ce sujet. Nous finissons par sortir ; mais je suis incapable d’enfiler mon manteau. Trop chaud. Je reste en chemise, cravate à moitié dénouée autour du cou. Je nous conduis à ma voiture, en silence, m’en grillant à nouveau une clope sur le trajet… Et une fois qu’on arrive à mon véhicule, je l’attire contre moi, et l’embrasse. Doucement d’abord. Un peu plus fougueusement, juste après. Je la lâche. La dévisage intensément.


| En route ? |


C’était sa dernière chance de reculer.

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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyMar 13 Mar - 13:18




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| Mourir ? T’es trop jeune pour y penser. A ton âge j’anticipais ça, bien sûr. Mais c’était la guerre. Et on voyageait pas tant pour connaître le monde que pour le détruire, pour le « refaçonner ». |

Sur le papier Jean n’avait pas tort, songer à sa mort à 26 ans cela faisait un poil dépressif. En m’écoutant parler on se résignerait presque à me poser sur le long fauteuil en cuir d’une psychologue afin de découvrire ce qu’il cloche là haut. Mais, le destin avait décidé de mon sort. Pour autant, c’était une révélation pour moi. Sans cette épé de Damoclès au dessus de ma tête, j’aurais certainement continué ma petite vie peinarde sans me soucier du monde extérieur et une fois à la retraite, j’aurais dressé un bilan amer de toutes les choses que je n’avais pas faites. Sous prétexte d’avoir le temps. Aujourd’hui, les choses étaient différentes et j’étais déterminée à réaliser l’intégralité de mes rêves. Jean de son côté était imprégné par la mort, elle était la reine des champs de guerre. Des corps inertes écroulés au sol, certaines fois par sa faute… brrr, rien qu’en y pensant mon corps se mit à frissonner.

Parfois, il n’y a pas besoin d’aller jusqu’aux champs de guerre pour être confronter à la mort. Elle peut aussi se présenter seule. Informer de sa présence proche et vous laissez vous débrouillez pour vivre avec. Mais tu as raison, ce n’est pas le moment ni l’endroit pour y penser. Je me réserve ça pour les soirs d’hiver devant un bon film à l’eau de rose. “ Dis- je avec un léger sourire.

Jean venait de confirmer son souhait non pas de continuer la soirée avec moi mais bel et bien la finir à mes côtés. Pour le coup, nous étions loin du message subliminal et l’homme  ôtait toutes les ambiguïtés possibles dans ses intentions avec beaucoup d’assurance dans ces propos. Pour autant, j’avais toujours le projet de le suivre et je lui emboitait le pas en direction de la sortie. L’air était plus frais qu’à notre arrivée, la nuit encore plus noire et les rues étaient silencieuses. Du moins, en apparence. Jean ne semblait pas avoir froid, il marchait avec le col de sa chemise entrouvert et sa veste à la main tandis-ce que moi, je me réfugiais dans mon pull difforme. Il était moche et ample mais avait le mérite d’être chaud et “cocooning”. Nous arrivions proche de sa voiture, à ce moment précis, je ne savais pas vraiment ce que je faisais là avec cet homme que je connaissais depuis à peine quelques heures et les choses n’allaient pas devenir plus clair dans mon esprit. Jean me prit dans l’étreinte de ses bras avant de m’embrasser. Surprise, je fis un léger recul de réticence avant de me laisser porter par les évènements. Son second baiser était plus langoureux. Ses lèvres étaient chaudes et semblaient propager leurs chaleur dans tout mon être. J’entourais sa nuque par mes mains, me rapprochant davantage jusqu’à ce que nos deux corps soient parfaitement collés l’un à l’autre. Puis, c’était finis. Mes yeux fuyaient vers le bas sous la confusion, je n’osais plus le regarder l’espace de plusieurs secondes. Enfin, sa voix vint percer le malaise. Visiblement, il n’était pas rassasié… et moi non plus en réalité. Cette soirée était pleine de péripéties, de quoi mouvementer un peu ma petite vie de vieille. “  En route ? ” Jean me laissait une ultime opportunité de rentrer chez moi tranquillement. Nous aurions passé une soirée sympathique, point. Tel la petite gazelle aux gambettes frêles que j’étais, je pouvais partir mes jambes à mon cou….mais avec son baiser, il avait réussit à attiser ma curiosité, et pas que.

L’entracte de cette soirée est plutôt satisfaisant. Peux mieux faire. En route Mr Raulne

Je m’approchais de nouveau de lui, sur la pointe des pieds afin compenser les centimètres qui me manquaient pour me mettre à sa hauteur. Mes mains étaient posées sur son torse pour que je ne perde pas l’équilibre et je m’approchais alors de son cou pour murmurer à son oreille.

Allons finir notre soirée. Surprends moi  “

Le message était clair, n’est-ce pas ? Je venais de lui faire comprendre pour la première fois de la soirée sans ambiguïté dans mes propos que nous étions sur la même longueur d’ondes. Son odeur, sa carrure, son assurance, sa voix, tous ces détails réunis ne me laissaient pas insensible.
Mon regard était différent, plus aguicheur et moins sainte nitouche, une nouvelle facette de ma personnalité bien loin de la jeune laborantine prude au possible. Je me faufilais sur le côté pour m’écarter de l’homme et me dirigeais du côté passager de la voiture pour m’y installer. Je n’avais aucune idée de là où il habitait, nous n’avions pas évoqué de sujet. Il ne me restait donc plus qu’à croiser les doigts pour ne pas être en compagnie du meilleur comédien d’ Europolis. Un psychopathe qui enlève des jeunes filles. Ma paranoia était débordante à mes heures perdues… dans le pire des cas, il s’agirait d’un psychopathe qui embrasse bien. C’était déjà pas mal.

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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyJeu 15 Mar - 21:52

Les jeunes qui pensent à la mort sont ou de jeunes vieux, ou d’incorrigibles pessimistes. Même si Europolis, ce n’était pas toujours la joie, il n’en restait pas moins qu’en général on était plutôt pas mal. La pauvreté extrême était plus rare. Bon. Il n’y avait pas de boulot pour tout le monde, la reprise économique étant trop lente mais quand même. Le taux de mortalité chutait pour les différentes formes de grippes plus toutes les variables des vieilles maladies revenues à l’occasion du bain de sang mondial… Donc ça allait. On ne mourrait plus de faim, en Europe. Et ça faisait un moment qu’on n’avait plus eu de catastrophe naturelle d’envergure. Les américains, par contre… Ils payaient pour la General Motors, quelque part. Et avec la suprématie réaffirmée du Vieux Continent sur tous les autres, au besoin à renfort d’armes nucléaires, ça avait plutôt calmé tout le monde. On continuait de s’entretuer encore un peu partout dans le monde. Mais sans implication de nos troupes. Plus de mobilisation globale. Plus d’envoi de millions de gens à l’étranger. La jeune femme était née dix ans trop tard. Elle avait de la chance. Elle ne se représenterait peut être jamais à quel point.


Je comprends quand même, d’après ce qu’elle me dit, qu’il y a un problème. Maladie ? Affection neurologique ou génétique ? Avec deux siècles d’agriculture chimique et de manipulations génétiques, de croisements sur tout ce qui nous nourrissait, des plantes aux animaux, la population était plus touchée que jamais par de saletés de phénomènes. Je soutiens le regard de la jeune femme. Ce que j’ai vécu n’était pas forcément pire. Mais du coup, je savais ce qu’était la mort.



| Alors, fais ta vie en conséquence. Il n’y a pas de destin mais ce que nous faisons. |


Les mots du Général de Division Moltke avant l’assaut aéronaval sur le Japon. Il n’y a pas de destin, mais ce que nous faisons. Il avait aussi parlé d’union, de gloire, d’éternité. Il aurait pu dire n’importe quoi qu’à l’idée de tuer, l’immense majorité des Fantômes et des autres unités spéciales de l’armée auraient rugi leur approbation. Plus encore chez les Fantômes. Mais nous repartons aussitôt, Aélia et moi. Jenna a choisi la fuite. Je n’ai plus mes filles. Je n’ai plus de responsabilités que celles que je veux bien accepter auprès de mes anciens combattants. Hors de question dans ces conditions de me priver. Je ne voulais pas être là ce soir. Pas tout seul. Je ne me voyais pas affronter les propres fantômes et mes démons tout seul, dans le noir. L’obscurité elle-même ne me faisait pas peur, mais elle me ramenait plus que jamais à mes mains de meurtrier et à mes souvenirs d’assassin ; c’était dans le noir, la nuit ou dans les endroits clos, où jadis nous avions été les meilleurs.


La jeune femme se fait un rien téméraire. Elle me défie, aussi. Mince sourire au coin des lèvres.


Je sais ce que je suis. Je sais aussi ce que je vaux. Tout comme j’ai une conscience aiguë de ce que je ne suis pas, de ce que je ne serais jamais. La belle m’inspire, et me demande de la surprendre. Si elle savait…



| Oh, je pense que tu le seras. |


Ce n’était pas de la suffisance, mais une véritable promesse malgré tout. Je conduis en silence jusqu’à arriver dans ce petit quartier de pavillons, maisons collées les unes aux autres, dans Victory District. Ma position et ma pension d’ancien officier décoré avait permis de débloquer les fonds. Le boulot de cadre avait donné les garanties, et ma solde depuis douze ans avait fourni l’apport. Jenna n’avait pas eu grand-chose, mais elle avait assumé longtemps les frais et l’éducation des filles… Je me gare dans le garage sous la maison, ne regardant pas Aélia dans l’intervalle. Nous ressortons par l’avant ; j’ai un sacré bordel d’outillage devant la porte qui mène à l’escalier, et par là, à la maison elle-même. Nous ressortons dans la nuit glaciale de janvier, mais seulement le temps de monter le petit escalier qui donne sur le palier et la porte d’entrée. Je nous ouvre, encore un peu aviné. Je pousse l’huis en me poussant le côté et lui lançant un regard perçant, éloquent, et la laissant passer. Je prends son manteau au passage, l’en débarrassant avec toute la délicatesse dont je suis capable. Lumières allumées, je me dirige vers le cellier. Je n’ai pas menti, ce soir. Pas cherché à cacher qui j’étais. Il y a des photos de moi et de mes gamines. Ou de Jenna et des filles. Plus rarement de nous deux ; ma femme les avaient retirées les unes après les autres au fil du temps. J’allume la cheminée électrique, le feu de bois étant interdit dans toute nouvelle construction depuis des décennies à cause des particules fines que ça rejetait dans l’atmosphère. Je me dirige vers le cellier, ne me jetant pas sur elle pour laisser doucement monter la pression. Et j’en ressors une bouteille, avec laquelle je reviens et lui présente.


| Château-Renaud de 2008. Il a presque cinquante ans. Pris dans les caves du Kremlin, quand on a pris la ville. Je le gardais pour une occasion spéciale… |


Gaffe. Anniversaire d’une de mes filles, leurs fiançailles ou que sais-je… Mais il fallait que je m’y résolve, ce genre de situation risquait de ne plus arriver jamais.


| De toute façon, j’en ai d’autres comme ça. Le privilège des officiers. |


Je nous la débouche d’un geste aguerri, et nous serre deux verres.


| Je ne sais pas de quoi tu parlais, tout à l’heure… Mais je suis content de mon côté d’avoir survécu jusqu’à maintenant. Tu es très belle. Et tu es très bonne aussi ; tout le monde n’aurait pas soigné un vieux timbré bagarreur qui a l’air de rien, avec un coup dans le nez. |


Je bois une gorgée de mon verre, la dévisage, plisse des yeux, et l’attire contre moi en posant l’une de mes larges mains sur son avant-bras, l’empoignant doucement pour l’attirer à moi. Je passe une de mes mains derrière son bassin, l’autre remonte doucement entre ses omoplates.


| Je crois que j’ai très mal à l’arcade ; tu devrais m’ausculter. | la taquinais-je avant de l’embrasser, doucement d’abord, ne la brusquant pas ; j’avais vu dans ses yeux son appréhension, sa retenue.[

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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyVen 16 Mar - 20:47




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Jean prit le volant de sa voiture pour nous conduire jusqu'à sa maison. Le temps du trajet, je laissais divaguer mes pensées, les yeux rivés contre l'arrière de la vitre. La ville était jolie à cette heure, paisible et endormie. A peine le jour de retour, les rues seraient de nouveau assaillies par les centaines de travailleurs pressés. Nous étions visiblement sur le point d'arriver, jean coupa le moteur une fois dans le garage puis se dirigea jusqu'à l'entrée de sa maison. Je le suivais en restant silencieuse, l'air évasif. Je n'étais pas habituée à ce type de scénario et l'air de rien je m’appétais à rentrer dans sa maison, à lui. Ce n'était pas anodin et à titre personnel, le fait ouvrir la porte de chez moi avait une connotation assez symbolique sur l'échelle de la confiance. Il me fit signe d'entrer tout en m'ôtant ma veste comme un vrai gentlemen. Je lui adressais un sourire en coin, sincère. Je ne pus m'empêcher de contempler la pièce pendant que Jean se chargeait d'allumer la cheminée électrique avant de s'absenter un instant dans une pièce voisine. La maison était décorée avec goût, elle était propre et digne des maisons de familles que l'on pouvaient voir dans les films Américains. Mes yeux se posèrent naturellement sur des photos, je compris sans mal qu'il s'agissait de ses filles. De jolies jeunes filles... Évidemment, je ne pris pas la peine de le lui faire savoir. Il était au courant, fatalement. Les yeux d'un père ne pouvaient que trouver ses enfants magnifiques et, le lui signifier ne ferait que renforcer le manque qui devait déjà le ronger au quotidien. Jean revenait les mains pleine avec une bouteille de vin qu'il tenait fièrement, je compris pourquoi lorsqu'il me précisa l'origine de celle-ci. Je fus même flattée qu'il se décide à l'ouvrir ce soir, un peu par dépit d'avoir une occasion plus propice certes mais, le geste restait flatteur. Je pris mon verre à la main et vint le faire tinter contre le sien avec un clin d’œil accompagnateur. D'habitude si bavarde, je me surprenais moi-même à être si silencieuse et observatrice ; un petit coup de stress peut-être ? Je portais le verre à ma bouche en prenant le temps de le savourer, nous étions à des millions d'années lumières de ma vodka en terme de goût. Je n'étais pas une grande connaisseuse du haut de mes vingts-six ans mais, je devais admettre qu'il était très bon et me permettait de baisser un peu la garde. De me détendre de nouveau. Les précédents verres semblaient s'être évaporés pendant le trajet, l'adrénaline (et son amie l'anxiété) s'était emparée de mon corps au fil des kilomètres et m'avait rendu toute ma lucidité inhibée par les verres de vodka avalés d'une traite.

«  Il est très bon, le vin... »

Petit à petit, je commençais à prendre de nouvelle marque dans ce nouveau décors. Jean n'y était pas pour rien, il faisait en sorte d'être le plus accueillant possible. Ses compliments sur mon physique vinrent rehausser mon assurance.

«  Tout le monde n'aurait pas prit la peine de prendre la défense d'une jeune femme inconnue face à un groupe d'hommes ivres jusqu'à la moelle. Un point partout, qui va donc marquer le deuxième ? »

L'ancien soldat semblait-être joueur, je m'amusais donc à le provoquer gentiment.

« Je dois admettre, et je ne dis pas ça pour te flatter, qu'il y a bien longtemps que je n'ai pas passé une si bonne soirée. Sur le papier, elle n'a rien d'extraordinaire. Un début de soirée sous les coups, une arcade amochée, des discussions classiques... et pourtant, c'est une vraie bouffée d'air pour ma part. »


Je jouais la carte de la sincérité, depuis le début de la soirée le feeling semblait être bien passé entre nous et, je ne pouvais pas nier que sa présence était réellement agréable. Ces longues soirées seules à faire le bilan de ma petite vie, c'était LE moyen de s'auto flinguer le moral.
Rapidement, je sentis sa main empoigner mon bras pour m'inviter à me rapprocher de lui. Évidemment, je n'émis aucune résistance bien au contraire. Mon cœur se mit à battre un cran plus vite à ce moment. J'étais à présent dans l’étau de ses mains, l'une derrière mon bassin et l'autre plus haut dans le dos. N'étant pas bien haute, je relevais le visage pour plonger mes yeux dans les siens. Lorsqu'il prétexta, amusé, avoir besoin de nouveaux soins je ne pus m'empêcher de penser intérieurement : ah la belle excuse, bien amené Mr Raulne. Ses lèvres vinrent se coller aux miennes pour la seconde fois et  la sensation fut identique à la première : un long frisson chaud dévala ma nuque. La tension entre nous était plus que palpable, elle était montée crescendo tout au long de la soirée. Et, comme il était dit dans un proverbe connu : le meilleur moyen de résister à la tentation, c'est d'y céder.


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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyMer 21 Mar - 20:15

Tant de choses allaient finir par être perdues, à force d’attendre une meilleure occasion. Cet alcool que je gardais depuis tant d’années, que j’avais fait ramener dans ma cantine après la guerre, jamais je n’aurais vraiment pu le consommer avec ma femme, ou avec mes amis. Finalement, ces bouteilles n’étaient ni classieuses, ni précieuses, ni rien. Elles n’étaient que le souvenir d’une gloire et d’une victoire passées, qui ne s’étaient nullement montrées fécondes. Plus les années passaient, et plus je perdais un peu plus qui j’étais, et ce que l’avenir m’avait un jour promis. J’avais fini, six ans plus tôt, par quitter l’armée avec les honneurs, une collection de médailles que je devais garder sous clés, des rubans que je devais conserver dans une boîte, un uniforme que je ne pouvais plus sortir que sur invitation, et dénudé de tout insigne rappelant les Fantômes. Je n’avais pas le droit d’en parler, pas le droit de l’exposer, pas le droit d’en profiter. J’étais sorti de l’armée, de la guerre, avec mon brevet de capitaine et des mentions de service en analyse, en leadership, et dans toutes ces conneries dont les entreprises raffolaient. Une grande gueule, à l’esprit vif, qui parvient à soulever rapidement les problèmes et qui propose des solutions sans s’inquiéter de ménager les égos des diverses parties. Comme ce soir. J’avais agi par instinct. Puis, j’avais vu un gain, un bénéfice, et j’avais fait ce que j’avais pu pour l’obtenir. Sans m’embarrasser de scrupules. Cette fille devait être à peine plus âgée que les miennes, mais ça ne m’empêchait pas de la désirer.


Aélia savoure le vin. Je lui trouve un vague goût de bouchon. Je hausse les épaules.



| Je ne sais pas, il a dû souffrir des gros écarts de température. Le Kremlin venait d’être incendié en partie par des bombes au Phosphore, et ensuite, le vin a été recouvert de glace et de neige. Je lui trouve comme un arrière-goût… Mais pas mauvais. |


La jeune femme me flatte sur mon courage, mais cela m’indiffère ; attaquer des mecs moins costauds et moins entraînés n’est pas aussi courageux qu’attaquer des mecs plus forts, de base. Mais je laisse couler. Je tourne le visage sur le côté, qu’elle note bien l’état de ma gueule, mon arcade, et l’hématome qui éclate tout autour en autant de spires violacées.


| Voilà la rançon de ce soir. Je compte sur toi pour me faire passer la sensation. |


Je ne parle guère plus, je ne suis pas l’homme le plus prolixe du monde dans ces circonstances. C’était comme ça.




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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyMer 21 Mar - 21:43




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Impossible de faire abstraction. De quoi me direz-vous ? De ses blessures. Le corps de Jean était parsemé de blessures sur son ensemble. Certaines avaient laissées derrières elles de vilaines cicatrices faute de soins suffisant sur place certainement. Bien que le métier d’infirmière n'était pas mon métier officiel ni principal, il prenait assez de place dans ma vie pour que mes yeux focalisent sur certaines traces présentes sur ses cotes.  Déformation professionnelle. Je relevais mes yeux dans les siens pour détourner mon esprit de ce détail. L'angoisse était toujours présente, je me retrouvais en débardeur face à un homme d'au moins quinze ans de plus. Ce dernier point n'était pas important à mes yeux, toutefois, je ne pouvais pas m'empêcher de me rabaisser mentalement. Mes conquêtes jusqu'à ce jour se comptaient sur les doigts d'une main. Je n'avais jamais laissé de la place pour les hommes dans ma vie, croyant naïvement jusqu'à l'arrivée de mes résultats de santé que je devais attendre de rencontrer le bon. Que je ferais partie des exceptions sur cette planète qui serait frappée par un coup de foudre digne des meilleurs films à l'eau rose. Foutaise. J'avais un train de retard sur mon époque et sur mon destin.




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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyDim 25 Mar - 21:44

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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyLun 26 Mar - 16:04




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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyMer 28 Mar - 22:05

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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyJeu 29 Mar - 20:41




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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptyJeu 12 Avr - 22:42




Je ne lui parle pas, alors que je vois dans ses yeux qu’elle attend la suite, n’osant pas trop prendre les devants. Je lui offre un sourire en coin, tandis que je l’attire contre moi, l’embrassant doucement sur le front, puis sur les lèvres, appréciant le contact doux de ses seins contre le côté de mon torse.


| Reste ici, cette nuit. Je te ramènerais demain matin. |


Je l’embrasse encore plusieurs fois, presque prêt à repartir, mais tout l’alcool but un peu plus tôt a vite raison de moi et je comate, sous la chaleur de la cheminée toute proche, confortablement installé nu sur le tapis. Il ne faut pas longtemps pour que je sombre dans un sommeil éthylique, repus comme je suis par le festin de chair que je viens de faire. Pourtant, sitôt les paupières fermées, j’ai chaud. J’étouffe. Je transpire.


Je sens à nouveau ces odeurs d’herbes hautes, brûlées au soleil. Je sens le soleil sur mon visage. Le poids de mon kevlar. Le poids de mon casque lourd, toile camouflée par-dessus. HK415 au poing, tandis que je fais signe au blindé suivant de passer par la rue d’à côté, avec ses hommes sur les côtés. Nous continuons de progresser de notre côté, mais je sens que ça dégénère à l’avant. Tirs. Le « clac » typique des fusils d’assaut est bientôt rejoint par le « POK » que fait le blindé en tirant au canon automatique. Ca gueule de partout sur la colonne et les fantômes progressent dans les ruines du village sénégalais, se couvrant mutuellement pendant la progression. Un homme est touché à ma droite en pleine poitrine et ses camarades le tirent par le sac jusqu’à leur position à l’abri dans un trou d’obus, pour voir si le tir a percé les protections. J’épaule mon arme et j’ouvre le feu au coup par coup sur une barricade au rez-de chaussée de ce qui a dû être un bar, dans le temps. Le feu du peloton se déchaîne et des dizaines, des centaines de projectiles, font littéralement exploser la position ennemie. Un obus du char plus haut dans la rue achève de disperser les restes du bâtiment et de ses combattants. Je ne m’en rends pas compte, mais je me débats en dormant. Et sur le terrain, je cours, fusil en main. Et quand nous arrivons sur les restes de la position, celle-ci explose à nouveau. L’un de ces fumiers avait dû garder une grenade en main… Dégoupillée. Je suis arrosé de sang et de bouts de chair et je gueule comme un putois, me débattant comme un damné. J’en ai eu dans les yeux, dans la bouche. Qui était-ce ? Werner ? Frosberg ? Thouflain ?


Je me réveille en sursaut, nu comme un ver et gueulant, yeux écarquillés, couvert de sueur, et je ne sais pas du tout où je suis, mais je ne suis pas en Afrique.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Do you remember ?    [Livre I - Terminé] Do you remember ?  EmptySam 14 Avr - 15:38




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Les quelques mots prononcés par l’ancien militaire suffisaient à apaiser cette nouvelle vague d’angoisse naissante, son attitude aussi. Alors qu’il aurait pu me délaisser et me laisser repartir sans trop me calculer, il me proposa de dormir sur place et s’empressa de m’embrasser. Cette considération à mon égard, moi, la conquête d’une nuit était appréciable.

« Heu… merci… je veux bien rester là cette nuit »

L’idée de ne pas avoir à rentrer à pattes chez moi, ni même de devoir téléphoner à un taxi pour me récupérer m’enchantait. Lentement, bercé par la chaleur de la cheminé et éreinté par nos ébats, l’homme sombra dans un profond sommeil. Ses paupières se fermèrent et sa respiration devint plus lente et plus profonde, m’emportant à mon tour dans un état second. Un sommeil léger mais réparateur dont j’avais le secret. Je ne dormais jamais profondément, une partie de mes sens s’efforçaient de rester en alerte au cas où un nouveau patient ait besoin de soins. La pièce était paisible et nous offrait une température idéale pour passer une bonne nuit de sommeil et, malgré la robustesse du sol, je me laissais porter dans quelques rêveries plutôt joyeuses : ce qui ne fut pas le cas de Jean.
A peine une petite heure après nous être endormis, la température de son corps grimpa en flèche me poussant à ouvrir les yeux, laborieusement. Ensuquée comme après une sieste un poil trop longue, je me redressais pour regarder l’homme. Son torse était en sueur et des gouttelettes perlaient le long de son front, d’un coup il se mit à gesticuler brutalement sur le tapis, me frôlant de justesse. Si je n’avais pas été éveillée, il m’aurait sans nul doute assommée d’un coup de coude involontaire.

Il était en pleins cauchemars et se mit à parler, voir même crier dans son sommeil. Ses cris firent dresser les poils de mes avants bras sur eux-mêmes et me procurèrent un frisson malsain. Il semblait souffrir intérieurement, une panique beaucoup trop réaliste à mes yeux. Par sympathie pour cet homme qui m’avait fait passer une belle soirée, la première depuis longtemps, je voulus poser ma main sur son bras pour tenter de l’apaiser, mais la situation s’aggrava d’un cran. Il se débattait comme un forcené contre des fantômes de la nuit, beuglant ce que je devinais être des noms…

D’un naturel hyper anxieuse, mon sang ne fit qu’un tour et un pic d’adrénaline me força à me lever et me rhabiller en vitesse. Tout en tâchant de ne pas faire de bruit pour ne pas reveiller l’homme allongé, la bête, je ne savais plus trop comment le nommer… je mis mes chaussures et récupérais le reste de mes affaires sous le bras avant de faire le chemin retour de notre arrivée dans la belle demeure.
J’étais dans une panique noire, prenant conscience que j’étais peut-être en compagnie d’un détraqué… sous ses airs d’homme classe se cachait un homme à l’esprit tourmenté et je n’avais pas envie de devenir sa prochaine cible, sur un excès de folie. Intérieurement, je priais de toutes mes forces pour avoir le temps de m’enfuir sans qu’il ne s’aperçoive de quoi que ce soit avant le lever du soleil. Il connaissait mon nom, mon métier… je devais réussir à me faire oublier, et plus vite que ça.


« Et merde, merde, merde ! »


Seule dans ce quartier inconnu, j’étais purement et simplement dans une détresse folle… incapable de réfléchir avec rationalité tant ma peur dictait l’ensemble de mes gestes. Mon coeur battait à cent à l'heure, comme si il allait sortir de ma poitrine.

En pleine nuit, je me mis donc à courir et dans la précipitation de ma course, ma cheville vrilla sur un côté et une vive douleur s’empara de mon pied jusqu'à mon mollet. Je ressentais à présent comme des coups, des décharges à chaque nouvelles foulées sur le bitume… il ne manquait plus que ça ! Pour autant, impossible de s’arrêter pour vérifier l’étendu des dégâts, je devais continuer d’avancer pour disparaitre de la vie de ce fameux Jean Raulne.
NB à moi-même, céder à la tentation n’a pas toujours que du bon !

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