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 [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets
Christopher Hart
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MessageSujet: [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets   [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets EmptySam 3 Mar - 18:41

Tout le monde a ses secrets


ChristopherAélia
[Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets Rpaeli11[Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets Rpaeli10


Assis devant son bureau, le lieutenant Hart s’adonnait à la partie la plus ennuyeuse de son travail : la paperasse. Le papier avait depuis longtemps laissé place aux formulaires à remplir sur ordinateur, mais le nom était resté. Comme une crotte de chien sur la semelle d’une chaussure.

— Lieutenant Hart ! On a identifié la fille dans l’affaire de la parfumerie.

La voix nasillarde de Pêche, surnommée ainsi en raison du teint agréable de sa peau, sonna aux oreilles du policier comme une douce mélodie.
Pour une raison que Christopher ignorait, Pêche se pliait toujours en quatre pour lui rendre service et elle était diablement efficace pour trouver l’aiguille dans la meule de foin.

— Super ! se réjouit Chris en détournant les yeux de son écran. Vous avez son nom, son adresse ?

Pêche se dressait à côté de lui avec un air satisfait, une page fraîchement imprimée à la main.
Elle adorait son travail, observer les détails, rassembler et organiser les données (à cinq ans, elle battait déjà toute la famille au puzzle). Mariée à un sommelier grandiloquent, elle affectionnait les bonnes manières, une qualité qu’elle retrouvait chez cet officier d’origine anglaise. En outre, Hart ne l’avait jamais regardée avec cette expression qui disait « J’aimerais bien te croquer, ma beauté » et elle le respectait beaucoup pour ça.

— Mieux, je sais même qu’elle a fini le travail et qu’elle est chez elle depuis une vingtaine de minutes. En partant maintenant, vous pourrez l’interroger avant les embouteillages de 17 heures. Tout est là !

Pêche posa la feuille imprimée sur le bureau comme une joueuse de cartes abattant un grand chelem.
Après avoir jeté un œil sur le document soigneusement rempli, Christopher bondit de son siège comme s’il était assis sur un ressort.

— Vous êtes géniale, Angela. Nous serions bien démunis sans vos talents. Un jour, il faudra m’expliquer comme vous faites !

En plus de ne pas la regarder comme un fruit à croquer, l’officier de policier l’appelait par son prénom. Angela rosit, accentuant son teint de pêche.

— Une femme aime conserver certains secrets, Lieutenant, se déroba-t-elle avec un clin d’œil amusé.

— Rassurez-moi, rien d’illégal ? Parce que vous savez, mon travail consiste à les découvrir.

Le petit jeu du policier sembla au goût de l’experte ès recherche, qui réprima un rire de gorge.

Heureux de passer à l’action (comme si les rapports allaient se remplir tous seuls), il boutonna la veste de son costume et dévala les étages du commissariat jusqu’au parking où l’attendait sa voiture. En chemin, il consulta la fiche d’Angela riche en informations utiles.

Mlle Aélia Berkelay, née le 15 octobre 2024 à Brigthon (Angleterre)
Docteure en biologie, chercheuse au Pasteur Institute

Une compatriote anglaise avec plus de cervelle qu’une promotion de cadets. Pas le profil type d’une criminelle, jugea le policier. La photo d’identité, récente, montrait également un visage des plus angéliques.
Pourtant, cette Aélia Berkelay avait fui le lieu d’un braquage avec une femme blessée. D’après la caméra de surveillance, toutes deux avaient été témoins du meurtre du gestionnaire, mais elles avaient quitté la parfumerie avant l’arrivée de la police et ne s’étaient jamais manifestées. En outre, le Danvers Federal Hospital n’avait reçu aucune patiente correspondant au signalement de la blessée au cours des heures ayant suivi le racket.

Quel est donc son secret, à elle ? se demanda Christopher en ouvrant la portière de sa voiture.

* * *

Christopher n’appréciait pas beaucoup Blue Island. L’île n’était pas seulement artificielle dans sa géographie ; elle masquait sa crasse sous des atours affriolants, sa déchéance sous l’ombre de gratte-ciels qui appartenaient à des multinationales pétries d’eurodollars. Pour ceux qui voyaient au-delà des apparences, ce quartier situé au cœur d’Europolis incarnait l’amère réalité d’une belle brochure à l’odeur de moisi.
Les supérieurs du lieutenant n’avaient cure de ces réticences. Héritage d’une éducation anglaise stricte, Christopher avait pour lui une élégance qui passait bien auprès des membres de la haute société. On préférait donc lui attribuer des affaires touchant les milieux huppées, au détriment d’enquêteurs plus compétents issus des bas-fonds. À partir d’un certain niveau hiérarchique, l’image de la police revêtait une importance indécente.

Les lendemains de combat difficile dans l’arène, on l’envoyait plutôt à Coal District avec les autres gueules cassées.

Ce n’était pas le cas aujourd’hui. Avec son costume bleu foncé et son apparence soignée, Christopher passerait presque pour un de ces bureaucrates qui peuplaient les grands immeubles. Seule la cravate manquait à l’appel. Il lui manquait aussi ce petit air suffisant des requins de la finance, ou le regard inquiet des cadres sous pression.

L’immeuble où logeait Aélia Berkelay n’était pas le plus luxueux de Blue Island. En outre, elle habitait le rez-de-chaussée, partie la plus exposée aux vicissitudes de l’extérieur et dont le loyer était systématiquement le moins cher.
Le policier repéra les lieux en faisant le tour du bâtiment, plissant le front en remarquant les ouvertures supplémentaires. Il y déposa des petits cailloux, qu’il vérifierait après son départ.
L’emplacement était idéal pour les trafics, beaucoup moins pour une jeune femme célibataire.
Une fois revenu à son point de départ, il pressa la sonnette de l’appartement, sa plaque de police déjà prête dans sa main libre.

— Lieutenant Hart, de la police, dit-il à l’interphone. Mademoiselle Berkelay, je viens vous interroger à propos d’une enquête.

Christopher préférait rester vague pour le moment. Laisser la jeune femme mariner, stresser, se demander de quelle affaire il était question dans l’éventualité où elle serait liée à des activités illicites.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets   [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets EmptyLun 5 Mar - 12:51




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Toc toc toc - Qui est là ? Le grand méchant loup.

9h
La nuit précédente avait été laborieuse et je venais à peine d’émerger de mon sommeil. Tout l’appartement était fermé de haut en bas pour ne laisser passer aucune trace de lumière, un véritable boom-coeur dans lequel j’avais réussi à dormir quelques heures. Tout était allé si vite, alors que je me rendais chez mon fournisseur pour faire le stock de calmant, une bijouterie était en train d’être cambriolée. Rien d’extraordinaire par ici, me direz-vous. Cependant, une jeune femme présente sur la scène était grièvement blessée, des éclats de verre un peu partout sur les bras et le visage et les mains ensanglantées. Pas de quoi mourir mais, suffisamment pour attirer les soupçons sur elle si elle se présentait à l'hôpital en pleine nuit. Mon côté bon samaritain avait prit une nouvelle fois le dessus sur ma raison, c’était impossible pour ma conscience de la laisser dans cet état et je lui avais donc conseillé de me suivre. Tous mes clients passaient par une petite porte à l’arrière du bâtiment, le passage était étroit et isolé de tous les voisins. La planque idéale pour ne pas attirer les regards. Il y avait une pièce supplémentaire dans le fond de l’appartement, une pièce dans laquelle se trouvait une véritable pharmacie ambulante, des lumières blanches, des gants, des désinfectants, mes fameux tranquillisants… qui n’en étaient pas vraiment : la vraie caverne d’alibaba en matière de soin et d’illégalité. Pendant plus de trois heures j’avais inspecté les moindres recoins de la jeune femme pour lui ôter les bris de verre incrustés profondément dans sa chair. Je ne savais rien sur elle, je ne demandais jamais d’informations à mes clients. Moin j’en savais et mieux je me portais !

Le réveil sonna et la sonnerie de celui-ci me donna une sale migraine. Je devais me rendre au travail dans l’heure qui venait et tout mon corps me hurlait de rester coucher. Mes yeux étaient endoloris par la fatigue et de larges cernes dévalaient le dessous de mon regard. J’avais une sale tête, soyons franc. Avec une démarche nonchalante, je m’extirpais du lit pour aller me faire cuire sous l’eau tiède de la douche avec l’espoir de me sentir bien après. Ce qui fut plutôt le cas, le liquide chaud me fit frissonner et me donna l’impression d’avoir une seconde vie. Un café, une bonne dose de make up, un jean, des talons et ma blouse sous la main, je quittais l’appartement en désordre pour me rendre au laboratoire.Pour ne rien vous cacher, la journée fut assez laborieuse, le calme du labo avait un effet soporifique sur moi et les minutes me paraissaient être des heures. Lorsque l’horloge en face de mon bureau affichait 15h45, ce fut une délivrance. J’étais officiellement en week-end.

De retour chez moi, je pris soin de ranger méticuleusement tout l’appartement. Tous les bandages qui trainaient sur la table furent jetés à la poubelle et ma petite salle secrète était de nouveau aseptisée de haut en bas, prêt à recevoir de nouveaux blessés mais, s’il vous plait, pas cette nuit.
L’appartement sentait le propre, il était temps pour moi de souffler un bon coup, non ? Malheureusement, le destin semblait en avoir décidé autrement… Quelqu’un frappa à la porte. Les blessés n’avaient pas pour habitude de débarquer en pleine journée et encore moins pas la porte d’entrée… je n’avais pourtant pas de visites prévues aujourd’hui. “Jean Raulne” fut la première idée qui me vint à l’esprit, avait-il finit par me retrouver ? J’étais persuadée qu’il n’avait eu pas besoin d’autant de temps pour cela mais, il ne serait pas venu frapper. Je ne lui aurais pas ouvert et il le savait.  Rapidement cette pensée fut balayée par une voix qui n’était pas la sienne. Un homme, un flic. Et merde… Quelqu’un m’avait-il dénoncé ? Peu probable, j’avais plutôt des alliés dans le quartier, tous étaient contents de pouvoir venir en cas de besoin…
A cet instant mon système nerveux passait en mode orthosympathique, mon corps tout entier était en état d’alerte. Je n’étais pas une bonne menteuse et, je ne savais pas ce que ce fichu flic pouvait bien attendre de moi. Devais-je fuir ? Non. Si je prenais la poudre d’escampette maintenant, j’aurais clairement eu le profil de la fille qui avait des choses à se reprocher. Un coup d’oeil à droite, à gauche, tout était clean. C’était le moment de se jeter dans la gueule du loup.

Bonjour, je suis Aélia, en quoi puis-je vous aider ?

Pour une fois, je misais tout sur mon visage d’ange. Il m’avait porté préjudice à plusieurs reprises à l'extérieur mais, aujourd’hui, c’était un argument de vente de taille. Avais-je l’air d’une criminelle ? Absolument pas. Je ne me considérais d’ailleurs pas comme tel… mais, ça, ce n’était que mon avis personnel.

Je suppose que vous voulez entrer ?

Quitte à jouer la carte de l’innocence, autant montrer pattes blanches dès le départ. J’invitais donc l’homme en face de moi à pénétrer dans l’appartement. A priori, je n’avais rien laissé de compromettant trainer dans le salon. Mon ventre était noué, mes sens en alertes, je ne savais pas à quoi m’attendre…


Belzébuth
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets   [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets EmptyLun 5 Mar - 19:48

Aélia Berkelay ne tarda pas à ouvrir au policier, qui lui retourna le bonjour avec un sourire poli, l’insigne de l’EPD bien en évidence. Le visage de la jeune femme était conforme à la photo, sa taille inférieure de vingt centimètres à celle de son visiteur.

— S’il vous plaît, répondit Christopher quand elle lui proposa d’entrer.

Aélia paraissait anxieuse, mais son état n’avait rien d’anormal. Une fille intelligente comme elle devait savoir que fuir le lieu d’un crime l’exposerait à ce genre de visite. Et encore, le flic aurait pu la jouer menottes et interrogatoire au poste, avec suffisamment de vacarme pour alerter tous les voisins. Elle avait donc tout intérêt à coopérer, mais ses bonnes manières n’impliquaient pas forcément l’absence de danger.

L’enquêteur franchit le seuil de la porte avec prudence, s’essuyant machinalement les chaussures (déjà propres) sur le paillasson. Une odeur de produits détergents l’accueillit, indiquant que mademoiselle Berkelay venait d’astiquer les lieux.
Son regard observateur balaya l’ensemble de l’appartement, dont l’ordre et la propreté confirmaient les bons soins olfactifs de la jeune fée du logis. Il s’attarda plus longuement sur les fenêtres, superposant leur emplacement à la représentation mentale qu’il avait établi de l’extérieur. La configuration concordait, à l’exception d’un renfoncement situé au fond de l’appartement. Chris aurait juré qu’une ouverture se trouvait sur la façade extérieure, mais il pouvait s’agir d’un débarras destiné au personnel d’entretien.
Le policier fronça les sourcils, puis fit volte-face vers la jeune femme qui se tenait derrière lui.

— Vous vivez seule ? demanda-t-il. Vous permettez que je vérifie ?

Le policier déambula tranquillement à travers le logement, feignant de s’intéresser à la décoration.

— Vous avez un bel appartement, ce n’est pas trop difficile de vivre ici pour une jeune fille ? Si vous avez des ennuis, nous sommes là pour vous aider, vous savez.

Tandis qu’il entretenait la conversation sur des sujets anodins, Christopher reniflait l’air ambiant en se concentrant sur les odeurs de désaffectant. L’inspection lui confirma qu’elles étaient plus fortes près du recoin suspect.

— De même, lorsque des personnes sont mêlées à des activités illicites, nous savons nous montrer indulgents lorsqu’elles coopèrent. Notre mission est d’assurer le bien-être et la sécurité de la population, pas de l’accabler.

Ce genre de cache était typique des laboratoires de drogues clandestins, du moins chez les particuliers. Les gangs travaillaient à une autre échelle.
Ça pouvait coller, la fille était une biologiste habituée à manipuler des produits chimiques et elle connaissait leurs effets sur l’organisme humain. La police débusquait régulièrement ces usines miniatures à came sur le Feredal Campus, aussitôt remplacées par d’autres avec le va-et-vient des étudiants.
Berkelay venait de terminer son doctorat, elle avait dû goûter à ces substances comme la majorité des grosses têtes de son âge. Mais en fille audacieuse et entreprenante, elle avait vu une occasion d’arrondir ses fins de mois et s’était lancée dans la production. Après une clientèle universitaire, elle dealait maintenant sur Blue Island, un quartier où la demande était forte et les billets abondants. Il restait à découvrir où filait tout l’argent des bénéfices, mais une enquête sur les habitudes de consommation de la jeune fille révèlerait sûrement le pot au rose. Après tout, c’était dans une parfumerie de luxe que la caméra de vidéosurveillance avait capturé son visage d’ange.

Satisfait de cette première ébauche de théorie qu’il lui faudrait étayer plus tard, le lieutenant entra dans le vif du sujet.
Le ton jusqu’alors amical devint tranchant, le regard incisif. L’homme donnait l’impression d’un boucher aiguisant la lame de son couteau devant une pièce de viande à découper.

— Mademoiselle Berkelay, pouvez-vous me dire où vous étiez hier à partir de 16h ?

L’agresseur était entré dans la boutique de parfumerie à 16h13. Le gérant s’était pris une balle dans la tête à 16h17. Berkelay et la femme blessée encore non identifiée avaient mis les voiles à 16h21. La police était arrivée sur les lieux à 16h29.
Tout ça pour quelques milliers d’eurodollars dans une caisse. Le prix d’une vie humaine, à Europolis.


HRP : petit détail, la boutique était une parfumerie, non une bijouterie Smile
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets   [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets EmptyLun 5 Mar - 22:00




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Toc toc toc - Qui est là ? Le grand méchant loup.


Sans trop de suspens, l'homme à l'insigne désirait entrer. Bah voyons. Je m'écartais donc du passage de la porte en lui faisant un signe de la main pour l'inviter à pénétrer dans l'enceinte de l'appartement. Son attitude était une pure caricature du policier à la recherche du moindre détail. Je ne savait pas encore à quelle sauce j'allais être mangé mais, rien de tout cela ne laissait présager du positif. Lorsqu'il s'approcha un peu plus prêt de la petite salle du fond mon cœur se mit à battre plus fort, comme si il allait sortir de ma poitrine. Je le laissais faire son petit manège et ses tours de la pièce sans broncher. Ses paroles n'étaient pas anodines, elles me renvoyaient un message subliminal en pleine tête. Je restais cependant de marbre avec un aplomb qui me surprenait moi-même. L'odeur des désinfectants était encore bien présente, si seulement j'avais pu prédire son arrivée... j'aurais au minimum fait l'effort d'utiliser une senteur florale plutôt qu'un vieux bidon de javel. Défaut professionnel.

«  J'habite seule en effet. L'endroit est assez calme mais, je n'hésiterai pas à vous téléphoner si toutefois j'en ressentais le besoin. Pour le moment, tout va très bien. »

Ma voix trahissait une pointe d'agacement. De quoi se mêlait-il celui là ? Je ne donnais évidemment pas suite à se demande de vérification, si je venais à lui montrer la chambre, il voudrait certainement voir la pièce du fond par la même occasion. Et là, je serais cuite. Je restais donc sur mes gardes et tâchais de réfléchir aux questions qui pouvaient arriver tout en le maintenant dans la pièce principale. Je n'avais jamais eu de cours de droit mais, dans les films, les flics n'avaient pas le droit de visiter les pièces sans l'accord des personnes concernés. Il ne me restait plus qu'à prier pour que cela soit applicable dans la vraie vie...

«  J'en suis bien consciente, vous faites un travail remarquable pour assurer la sécurité de tout le monde. »

La tournure quelque peu ironique de la phrase n'allait certainement pas jouer en ma faveur, elle m'avait échappé des lèvres. Il était évident que la police ne chômait pas à Europolis mais, son efficacité était encore à prouver. La délinquance et la violence étaient deux phénomènes omniprésents par ici, presque banal à vrai dire. Il m'avait suffit d'une seule sortie en ville la nuit pour que ma vie bascule. Un homme s'était fait tirer dessus devant mes yeux, la police était présente à une centaine de mètres et le coup de feu était, quant à lui, audible à une distance bien supérieure. Cette bande de lâche n'avait pas daigner bouger le petit doigt. Trop dangereux pour eux.

L'attitude de l'homme en face de moi changea très vite, son regard compréhensif devint glacial. Avant même qu'il n'ai eu le temps de s'adresser à moi, j'avais déjà compris que nous rentrions dans le vif du sujet. Cette question je l'avais anticipé, il n'était pas venu jusqu'ici, dans ce quartier miteux pour bavarder avec une inconnue. 16H ? L'heure du braquage de la fameuse parfumerie. Mon cerveau se mit à bouillir dans les sens, mes huit années d'études ne pouvaient pas faire de moi une ignorante. Je devais être capable de trouver un alibi qui tenait la route mais, quoi ? Si il me posait cette question là c'est qu'il devait avoir une preuve irréfutable de ma présence sur les lieux. La carte de la naïveté semblait-être la seule issue possible. Je devais gagner un peu de temps, brouiller les pistes et écarter cet homme de moi.

«  Hum, j'ai finis tôt le travail. Aux alentours de 15h30, ensuite je suis allée me promener en ville. J'ai été coupé dans mon envie à cause d'une violente altercation prêt de la parfumerie. J'imagine que vous êtes-là pour ça ? »

Je n'avais aucune idée de ce que je devais faire. Aucune stratégie, simplement du feeling. Ne pas nier mais, ne pas tout avouer. Après tout, la citation «  au mauvais endroit, au mauvais moment » pouvait-être valable dans la vraie vie, non ? Ma présence sur les lieux il devait la voir comme une simple coïncidence, le pur fruit du hasard. Malheureusement pour moi, je n'avais pas chopé le bon lot. Le scénario du flic moyen, avant dernier de sa formation que l'on peut enfumer sans trop de mal. Lui semblait-être tout l'inverse... chit.



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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets   [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets EmptyMer 7 Mar - 17:45

Chaque phrase qui sortait de la bouche d’Aélia attisait les soupçons du policier comme de l’huile qu’on versait sur des braises.

Quand une personne disait à un policier « tout va très bien », celui-ci comprenait « casse-toi j’ai rien à dire ». Bon sang, on était à Europolis. Hormis les résidences de riche ultraprotégées, la criminalité n’épargnait personne. Encore moins une fille seule vivant au rez-de-chaussée d’un immeuble de Blue Island, même si le quartier avait un air de paradis en comparaison des rues malfamées de Coal District.
Persévérante, elle enfonçait même le clou en ironisant sur le travail remarquable de la police, alors que les chiffres de la délinquance crevaient le plafond et que la vénérable institution croulait sous les scandales de corruption. Si Aélia était une grosse tête en matière de sciences, elle s’y prenait comme un manche pour éconduire un officier de police.

Christopher n’insista pas sur sa demande d’inspecter l’appartement de manière plus approfondie. Il avait déjà suffisamment d’éléments en sa possession pour ouvrir le bal. Telle l’extrémité d’une pelote tenue entre ses doigts, il lui suffisait maintenant de tirer sur le fil pour que toute la vérité se dévoile. Doucement mais sûrement, car un geste trop sec risquerait de briser le fil fragile qui remontait aux preuves.
L’esthète de nature préférait cette image à l’expression « tirer les vers du nez », plus ragoûtante.

Ainsi, le lieutenant resta debout à proximité du renforcement suspect, épaule en appui contre le mur. Il sortit un carnet de sa poche, un stylo, et griffonna quelques notes tandis qu’il écoutait le témoignage de la scientifique sur son emploi du temps de la veille.
Comme l’enquêteur s’en doutait, elle tournait autour du pot sans mentionner l’essentiel. L’air faussement déçu, il poussa un soupir désabusé quand elle lui demanda si l’altercation de la parfumerie était la raison de sa présence.

— Entre autres, oui, dit-il en laissant planer le mystère. Vous savez ce qui est désolant, dans mon métier ? Beaucoup de choses, à vrai dire, mais un aspect particulièrement agaçant est que l’on a beau expliquer aux gens comment ça marche, l’intérêt qu’ils ont à collaborer sans ambages, à nous dévoiler la vérité dans les moindres détails, ils continuent pourtant à s’obstiner dans les cachotteries ou les mensonges. C’est d’autant plus regrettable quand nous avons affaire à des personnes considérées comme intelligentes.

Une fois son petit discours terminé, Christopher redouta d’avoir trop tiré sur le fil. Cette fille à l’apparence fragile n’avait pas le profil de ses « clients » habituels, et une simple demande de précisions aurait peut-être suffi à obtenir le grand déballage espéré. Sans ses soupçons de production et vente de drogues, l’enquêteur se serait sans doute exprimé avec une plus grande délicatesse. Mais ces poisons causaient trop de dégâts à Europolis pour épargner la sensibilité d’une trafiquante potentielle. Quand on annonçait à des parents que leur enfant d’à peine quinze ans venait de mourir d’une overdose, et que leurs regards (plus encore que leurs paroles) accusaient la police de ne rien faire pour empêcher ces tragédies de se produire, le sujet devenait rapidement sensible. Même pour un homme sans descendance comme Christopher.

— Maintenant, mademoiselle Berkelay, pouvez-vous me décrire en détail ce que vous avez vu et fait depuis les premiers instants de cette altercation ?

À ce stade, le policier ne faisait guère le lien entre l’affaire de la parfumerie et l’activité mystère au domicile d’Aélia, sinon que la jeune femme restait discrète pour dissimuler une activité sans doute illicite. Mais il restait plusieurs zones d’ombre à éclaircir, notamment l’assistance apportée à la femme blessée. Toute la longueur d’une pelote à dérouler…
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets   [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets EmptyJeu 8 Mar - 21:05




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Toc toc toc - Qui est là ? Le grand méchant loup.


Décidément, l'officier commençait à me pomper l'air, à me taper sur le système. N'avait-il pas mieux à faire que de venir inspecter les lieux comme s'il s'agissait d'une scène de crime. En attendant, pendant qu'il me dictait ses grands discours moralisateurs, le criminel qui avait vraiment tué un homme était probablement toujours en cavale. Je n'avais pas assisté au début de la scène, j'étais arrivée comme une fleur sur les lieux et il ne me fallait pas plus d'éléments pour comprendre qu'il avait une vidéo de moi là-bas. La disposition de l'appartement ne pouvait que laisser planer le doute dans son esprit, je n'avais pas un « bleu » de la police en face de moi. Dommage. Le fameux lieutenant Hart marqua un temps d'arrêt près de l'encadrement de la porte à ne pas ouvrir. Si j'arrivais à me sortir de cette situation, il me faudrait tout déplacer dans les heures suivantes, trouver un local abandonné pour y entreposer tout le matériel. Par chance, je n'avais pas de drogue aujourd'hui, j'accordais une grande importance à ne pas en laisser traîner ni en commander de trop. Pour me protéger de la police et des tox' qui ne seraient pas contre me tuer pour avoir leurs doses, sur un malentendu. En réalité, bien qu'aux yeux de la loi mes agissements étaient simplement considérés comme du trafic de stupéfiants, pour moi, c'était différent. Je n'avais que cette option pour réussir à soigner ces personnes sans les faire hurler de douleur. J'avais tenté à plusieurs reprises de me procurer de vrais calmants mais, à Europolis, il était plus aisé de trouver de la drogue plutôt qu'un simple calmant. Ce n'était pas le choix de la raison, seulement un plan B. Les dealers étaient plus arrangeant que les pharmaciens. Triste monde.

«  D'un autre côté, vous ne m'avez pas vraiment posé beaucoup de questions Mr Hart. Jusqu'à présent, j'ai répondu à toutes celles que vous avez formulées. »

Je n'avais certes pas étoffé beaucoup, les  détails étant souvent la pire des choses dans un interrogatoire. C'était le meilleur moyen de mettre les deux pieds dans le plat par inadvertance ou de se mélanger soit -même dans des explications à dormir debout. Cependant, je ne mentais pas non plus. J'avais répondu à toutes ses interrogations même si les réponses n'étaient pas à son goût. Quel impatient ! En temps normal, je me serais liquéfiée sur place dans un contexte similaire mais, là, j'étais assez sereine. J'avais réussi à reprendre mon calme et mes esprits et j'allais tenter de répondre le mieux possible sans me mettre en porte-à-faux, en faisant l'impasse sur deux ou trois informations. Facile a dire !


« Très bien, je me baladais donc en ville lorsque le braquage a eu lieu. Je n'ai pas vu l'agresseur, j'admets avoir été surprise et j'ai préféré m'enfuir avant que la situation ne dégénère plus. Il y avait une femme à mes côtés, elle était blessée et saignait un peu. Nous avons quitté les lieux en même temps, je n'ai pas non plus son identité. Ensuite, je suis rentrée chez moi et je suis allée travailler aujourd'hui. J'ai fait du ménage et vous êtes ensuite arrivé. J'aurais dû téléphoner à la police... mais, tout le monde n'a pas l'habitude de voir un homme s'écrouler au sol Mr Hart »

Alors que je venais de finir ma petite explication, j'attendais à présent les retombées et les contres questions qui allaient suivre. Pour le moment, je n'avais pas dit un seul mensonge. Tout mon discours était vrai, j'avais seulement décidé d'ôter certaines parties. L'acte 1 était terminé mais, je n'étais pas encore sortie indemne. Ce Mr Hart avait l'air assez têtu dans son genre.

« Je vous trouve extrêmement méfiant envers moi lieutenant, je n'ai pourtant pas la tête d'une criminelle. J'espère que vous n'imaginez pas que je puisse être l'auteur de ce crime ? Je suis incapable de faire du mal à qui que ce soit. »


L'espace d'un instant, un sentiment de frayeur me traversa de haut en bas. Peut-être s'imaginait-il que j'étais coupable ? Pour être honnête, je n'avais pas particulièrement envisagé de faire de la tôle si jeune. Je devais donc me disculper sur ce point pour écarter une première piste d'accusation.


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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets   [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets EmptyVen 9 Mar - 17:47

La scientifique passait enfin à table, mais on était encore loin du plat de résistance. L’inspecteur croyait cependant tenir le bon bout, tant son témoignage manquait de précision et de cohérence. Il suffisait à présent de tirer sur le fil pour obtenir le film complet des événements.

— Voilà qui est intéressant, vous insinuez que vous avez vu la victime du braquage s’écrouler au sol, mais sans voir l’agresseur. Était-il invisible ? À moins que le corps du gérant soit resté comme suspendu, le temps que le tireur s’en aille et que vous tourniez la tête ? Par ailleurs, nous savons que vous et cette femme avez quitté les lieux quatre minutes après le coup de feu, (le lieutenant regarde ses notes) à 16h21 précisément. C’est un peu long pour une personne qui s’enfuit aussitôt sous l’effet de la surprise, vous ne trouvez pas ? Durant ces quatre minutes, si votre amie ou vous-même aviez appelé la police, une patrouille aurait peut-être attrapé le coupable, et peut-être que l’ambulance serait arrivée à temps pour sauver le malheureux qui a perdu la vie, tout ça pour quelques milliers d’eurodollars.

Sur ce dernier point, Christopher bluffait. Le gérant était mort sur le coup, et aucun médecin n’aurait pu lui recoller les bouts de cervelle éparpillés derrière le comptoir. De même, d’autres citoyens plus responsables avaient rapidement appelé les secours. Même si l’une des deux femmes avait saisi son téléphone, la police serait arrivée trop tard car il n’y avait aucun agent à proximité à ce moment-là. Néanmoins, culpabiliser Aélia avec des « peut-être » servait à faire pression pour obtenir des aveux plus fournis.

— En tant que citoyenne d’Europolis, vous avez des droits et des devoirs, mademoiselle Berkelay. Dans le code pénal, l’abstention volontaire de porter assistance à une personne en péril peut vous mener au tribunal. Cela inclut l’omission d’appeler les secours. Neuf fois sur dix, les personnes coupables de cette infraction ont des choses à se reprocher.

Le ton et le regard du policier avaient à présent la dureté de l’acier. Dura lex, sed lex. Après la pression morale, la pression judiciaire.
Généralement, c’est là que les langues se déliaient. La perspective de s’exprimer dans un parloir face au juge n’enchantait personne. Les visages fermés des fonctionnaires de la justice, leurs robes noires d’un autre âge qui évoquaient la sombre Inquisition plus que l’impartialité, et surtout la crainte de la sentence (dont le jackpot était un séjour tous frais payés dans les geôles de l’EPD) effrayaient les primodélinquants, les néophytes des actions illégales. Pour les habitués et les membres de la Pègre, ce processus s’apparentait à un entretien dans une agence de voyages, juste avant de partir en vacances entre potes (on pouvait même se foutre sur la gueule avec d’autres gangs pour chasser l’ennui, comme à l’extérieur !).

— En ce qui concerne la femme blessée, les témoignages confirmeront que vous vous êtes séparées à la sortie de la parfumerie, c’est bien ça ? La scène s’est déroulée en plein après-midi, mademoiselle Berkelay, nous ne manquons pas de témoins oculaires pour corroborer votre témoignage.

Pour les besoins de l’enquête, le lieutenant pourrait effectivement mobiliser un groupe de policiers afin qu’ils interrogent les riverains entre la parfumerie et le domicile d’Aéria. Cependant, il rechignait à utiliser pareille débauche de moyens quand de simples aveux suffisaient. En outre, Pêche (il appelait l’assistante Angela par politesse, mais pour Chris comme le reste du service, Angela était Pêche) ne tarderait sûrement pas à identifier la femme mystère. La blessée qui ne s’était rendue dans aucun centre de soins pour une plaie qui n’avait pas l’air si bénigne que ça, sur la vidéo. L’idée de devancer sa collègue ne laissait pas le policier indifférent, bien qu’il ne laissait pas ce genre d’enfantillage altérer sa conduite. Seul le gâteau l’intéressait, mais il ne cracherait pas sur la cerise qui se trouvait dessus.

— Je tiens cependant à vous rassurer, mademoiselle Berkelay, vous ne figurez pas parmi les suspects de ce crime. Et votre tête n’a aucune espèce d’importance, je me base uniquement sur les faits.

Christopher appuya suffisamment sur le « ce » pour qu’Aéria saisisse le message sans ambiguïté. Un nouveau coup de bluff pour tirer sur le fil et la forcer à capituler, si ce n’était pas déjà fait. Le policier ne savait pas encore avec certitude ce qu’il allait découvrir, mais en aucun cas il ne repartirait bredouille.
Un homme était mort, un tueur était en cavale et deux témoins jouaient à cache-cache avec les autorités.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets   [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets EmptyDim 11 Mar - 17:37




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«  Vous savez, sans vouloir vous offenser... les auteurs de ce genre de crimes ne sont jamais très visible. Un homme en noir, cagoulé je ne sais pas ce que vous pourriez tirer de ces informations. Ils se baladent rarement à découvert avec un panneau d'identité au dessus de la tête. Je n'ai donc effectivement aucun élément sur le meurtrier. Pour le reste, j'en suis consciente et navrée. »

Le lieutenant de police jouait sur la corde sensible, j'étais une personne foncièrement gentille et, imaginer un seul instant qu'une action de ma part aurait pu sauver la vie d'un homme me mettait très mal. Ma conscience venait d'être touchée de plein fouet sans pour autant savoir si il s'agissait d'un coup de bluff. Il en serait bien capable, c'était l'une des techniques les plus employées dans son métier de flic. Je restais en retrait, accoudée à la table de la cuisine.

«  Dans ce cas, vous pouvez m’emmener de suite. Je vous l'ai avoué, je me suis échappée des lieux sans prévenir personne. On ne refait pas le passé, on vit avec. »

J'avais tout de même espoir de ne pas me faire embarquer de suite, du moins, pas sans avoir eu le temps de prévenir Fallon ou Cassiopea pour qu'elles viennent rapidement vider les lieux avant que la saisie du logement soit acceptée par le juge. Je devais trouver une issue de secours à cette situation mais, même si je venais à faire des aveux partiels en révélant l'existence du centre de soin, il ne serait pas clément. C'était un procédurier très attaché aux règles, peut importe mes intentions de départ. Bonnes ou mauvaises, il verrait ça du mauvais œil.

«  Nous nous sommes effectivement séparées quelques mètres plus loin. »

Mes doigts étaient cramponnés à la table, je n'aimais pas mentir. C'était contre ma nature. Mon ventre était noué, j'essayais de me convaincre intérieurement que là aussi ce n'était pas un mensonge. La jeune femme et moi-même avions emprunté deux chemins différents pour venir jusqu'ici, je lui avais communiqué un itinéraire lui permettant d'arriver par la porte de derrière en évitant les caméras du grand boulevard par lequel j'étais rentré. En théorie, si le lieutenant Hart arrivait à obtenir des témoignages, ceux-ci devraient être en ma faveur sur ce point. Nous n'étions pas arrivé ici bras dessus, bras dessous. Le policier était placide et ne laissait pas entrevoir une seule pointe de sympathie. Il me questionnait et s'adressait à moi comme la pire des criminelles du coin. Je savais qu'il ne lâcherait pas l'affaire et allait donc devoir me confier un peu à lui pour essayer de m'attirer sa clémence.  Je priais donc intérieurement pour que la première phrase de son entretien s'avère fondée, celle dans laquelle il disait être plus indulgent... parfois. Je n'y croyais pas vraiment et je voyais le séjour au commissariat devenir un fatalité. En temps normal j'aurais pu faire intervenir quelqu'un, semer le doute avec une tierce personne plus expérimentée dans l'art de la diversion mais, mon téléphone était posé sur le bord de la table basse. Tout prêt de l'homme. Niveau discrétion, on avait vu mieux qu'une femme qui se jette vente à terre pour attraper son portable.
Je me tournais donc du côté de la cuisine pour me faire un café, j'en avais bien besoin à cet instant. Je pris en même temps un paquet de cigarette et sortais une tige de celui-ci pour la porter à ma bouche. La fenêtre de l'appartement était ouverte, la fumée aurait donc le loisir de s'échapper de la pièce si l'agent n'était pas fumeur. De toute façon, c'était lui qui scouatait mon appartement. Non ?

«  Un café ? Une cigarette ?  Autant se mettre à l'aise si nous devons parler. Le jeu du chat et la souris ne m'amuse qu'un temps.»

J'inspirais profondément une bouffée de l'air toxique de la cigarette pour arriver à m’apaiser avant de me tourner face au policier. Je n'avais pas vraiment idée de la suite des événements mais, par chance, aucun produit compromettant ne se trouvait dans les lieux aujourd'hui. Une partie de mon secret, la pire, était en sécurité pour aujourd'hui.

«  Venez, je vais vous montrer ce qui vous intrigue depuis votre arrivée. »

Je pris donc la clé de la tant convoitée porte du fond pour l'y inviter à entrer. A l'intérieur, rien de fou. Une partie du matériel n'était pas gardé ici et se trouvait en sécurité auprès de mon fournisseur. Je lui commandais tout types d'outils, médicaments en petites quantités. Le surplus, je lui retournais une fois les soins terminés. Un genre d'accord de disponibilité permanente entre nous.

«  C'est ici que je soigne les personnes blessées qui ont besoin de moi. Du bricolage avec les moyens du bord, du désinfectant, des bandes. La jeune femme m'a rejoint ici, je me suis occupée d'elle. En revanche, je ne sais rien d'elle, ni de personne d'autre. Qui ils sont et ce qu'ils font ne m’intéresse pas. Moins j'en sais et mieux je me sens. C'est plus fort que moi. Ce n'est pas une volonté d'être au dessus des règles bien au contraire, je suis une fille éduquée qui n'a jamais fait de mal mais, je ne peux pas laisser des gens mourir sans rien faire. Cet homme dans la parfumerie était déjà mort n'est-ce pas ? Que je téléphone ou non... Soyez honnête. »

Je tentais d'obtenir son aveu sur cette dernière question, j'avais vu le corps s'écrouler au sol et se vider de son sang en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. J'étais donc partie sans me retourner sur lui, convaincue que c'était une cause perdue. Et là, je n'en étais plus aussi certaine et le remord commençait à me ronger.

Belzébuth
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets   [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets EmptyLun 12 Mar - 17:34

Aélia commençait à se montrer sarcastique, ce qui pour le policier était bon signe. S’il avait été trop loin dans la provocation, il aurait sans doute reçu un flot d’insultes et la fille se serait fermée comme une huître.

— Vous savez, mademoiselle Berkelay, les policiers sont tout à fait conscients que les criminels ne s’étendent pas sur leur identité. Mais sauf votre respect, votre rôle consiste à me donner tous les éléments dont vous avez été témoin. Mon travail consiste à rassembler les pièces du puzzle et me débrouiller avec. Vous n’avez pas idée à quel point un détail aussi insignifiant que le motif imprimé sur un blouson, la manière de nouer ses lacets ou un tic nerveux peut caractériser une personne.

La remarque d’Aélia sur le passé était une véritable torpille pour l’homme pétri de regrets, mais l’engin explosif se heurta à la carapace du policier sans réussir à la briser. Derrière l’environnement informel, il menait un interrogatoire. Dévoiler ses propres faiblesses ne figurait pas au programme.
D’ailleurs, les paroles suivantes de la scientifique indiquaient qu’elle était sur le point de flancher. De façon plus éloquente encore, son attitude trahissait l’agitation qui troublait son esprit. Attentif aux détails, le policier releva les doigts fins qui blanchissaient en empoignant la table. Trop nerveuse pour tenir en place, elle se leva pour allumer une cigarette et préparer un café. À ce stade, une longue expérience au sein de la police n’était plus nécessaire pour deviner que la fille allait passer aux aveux.

— Je ne fume pas, mais je serais ravi de partager un café.

L’heure était à la conciliation ; Christopher comptait bien accompagner la témoin dans son cheminement vers la vérité (en espérant que le café ne goûte pas l’arôme jus de chaussette des distributeurs automatiques). L’attitude du lieutenant changea ainsi du tout au tout : le ton cinglant et le regard inquisiteur avaient disparu, cédant la place à la voix sereine et au regard compatissant du prêtre à qui on vient confesser ses péchés. Avouez et le Seigneur vous pardonnera. Rien n’était moins sûr pour Christopher ou pour la justice, tout dépendrait des révélations qu’Aélia allaient formuler. Ou montrer, en l’occurrence, puisqu’elle invita le policier à visiter la pièce secrète (le supposé labo de drogues) qui avait stimulé son imagination.

Sans dire un mot, Christopher tira une paire de gants de sa poche et les enfila calmement. Le policier inspecta l’endroit aux fortes odeurs de désinfectant, sans perdre une miette des explications de la docteure en herbe. Il fouina dans les étagères, examina les objets, ouvrit quelques flacons pour en humer le contenu. Le combattant clandestin fréquentait assez les médecins et les centres de soin pour reconnaître du matériel médical aussi basique.
Tout ça pour ça, se dit-il. Christopher poussa un soupir, mais souriait intérieurement. Cette fausse piste s’accompagnait d’un grand soulagement. Comme tous les policiers, il exultait au moment de découvrir le pot aux roses et de coincer un criminel (lequel avait de fortes chances de recommencer une fois sorti de prison). Mais s’apercevoir que la personne suspecte n’avait rien (ou bien peu) à se reprocher, cela voulait dire une criminelle de moins à Europolis.

— Si vous m’aviez dit la vérité dès le début, mademoiselle Berkelay, nous aurions pu éviter ce jeu du chat et de la souris qui n’a plu à aucun de nous deux. Ne vous avais-je pas prévenu dès le début de notre entretien ? Je comprends néanmoins vos craintes, puisque l’exercice illégal de la médecine peut vous coûter cher. Dans une branche comme la vôtre, cela pourrait même ruiner votre carrière. En ce qui concerne votre autre sujet de préoccupation, d’après le légiste la victime est morte sur le coup. Et vu l’état de sa boîte crânienne, je pense que ça valait mieux. Il n’empêche qu’appeler immédiatement la police ou les secours est la meilleure chose à faire quand vous êtes témoin d’une agression. Sans juger de vos compétences, les ambulanciers sont formés et équipés pour prendre en charge les blessés quels qu’ils soient.

Drôle d’oiseau que cette jeune femme qui soignait les gens en cachette, sans diplômes ni moyens adéquats. Le lieutenant Hart n’avait jamais rencontré de cas semblable au cours de sa carrière, pourtant il en avait vu, des bizarreries. Peut-être fallait-il y voir l’émergence d’une nouvelle vague de citoyens engagés, que la criminalité excessive et les actions de Vampyr avaient incité à agir, chacun à sa façon.

Le policier retira ses gants et quitta la pièce étroite pour rejoindre la cuisine, là où le café serait bientôt prêt. Le « centre de soin » aseptisé ne convenait guère à une discussion décontractée, au contraire du lieu de convivialité par excellence. Christopher resta néanmoins debout près de l’entrée, attendant avec politesse qu’on l’invite à prendre un siège ici ou ailleurs. Quand il ne forçait pas sa nature pour jouer l’inspecteur crache le morceau, l’éducation stricte de l’Anglais prenait généralement le dessus.

— Écoutez, je comprends très bien le désir d’aider son prochain et soulager, même modestement, les souffrances qui affectent nos concitoyens. Croyez-le ou non, beaucoup de policiers répondent au même appel et y puisent la motivation de se lever le matin, en dépit des risques et des reproches. Par contre, je comprends moins la méthode : pourquoi ne pas travailler comme bénévole dans un centre de soins gratuit ? Le Danvers Federal Hospital a ses défauts, mais il traite bien les patients d’Europolis. Seuls les miséreux et les sans-papiers n’ont pas les moyens ou la volonté de s’y faire soigner correctement. Vous pourriez aider ces nécessiteux avec plus d’efficacité en œuvrant dans un établissement mieux équipé, encadré par un personnel compétent, auprès duquel vous pourriez d’ailleurs acquérir compétences et expérience. Ce serait également plus sûr, pour vos patients comme pour vous, car les criminels fichés forment le dernier pan de la population à refuser l’hospitalisation. Avez-vous songé qu’en prodiguant des soins à un individu louche sans avertir la police, vous pourriez remettre un loup dans la nature, un criminel capable de causer bien des maux ?

Le ton n’était pas accusateur, mais plutôt amical, celui du type qui souhaitait le meilleur compromis pour tout le monde.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets   [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets EmptyVen 16 Mar - 10:50




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L'officier de police me suivit jusqu'à l'intérieur de la petite pièce, à son entrée dans celle-ci sont visage se mit à déborder de déception. Il devait s'attendre à bien plus de secrets et, si il s'était pointé la veille il en aurait découvert plus du double. Mauvais timing. Je fus soulagée de voir que tout était clean, en dehors de l'illégalité d'exercer, rien ne laisser penser que tout un trafic de médicaments, d'outils de soins et de drogues dures passaient ici. L'odeur de la javel était prédominante sur tout le reste, elle venait nous brûler les narines sans aucune pitié. Je ne supportais pas ce parfum, trop ressemblant à celui des hôpitaux justement. Je ne souhaitais pas m'attarder plus de temps dans cette pièce, je préférais m'épargner les risques d'avoir laissé traîner une preuve compromettante dans l'un des tiroirs. Il était donc préférable que ce fameux Christopher Hart ne vienne pas y mettre le bout de son nez.  Je me détournais de nouveau en direction de la sortie.

«  C'est bon pour vous ? Le café doit être prêt. »

La machine avait effectivement terminée mais, je ne voulais pas quitter la pièce sans être certaine qu'il me suive. Laisser un homme comme lui seul, sans surveillance c'était avoir comme nager dans une piscine avec un requin et fermer les yeux. Beaucoup trop risqué. Cette homme était un réel as de la manipulation pour faire passer ses suspects aux aveux, il avait le sens du détail. En même temps, je n'étais pas une criminelle aguerrie. Je n'avais même jamais été confrontée à la police avant aujourd'hui, certains auraient sans doute mieux réussi l'exercice.

«  Vous savez, je préfère perdre mon travail et avoir la conscience tranquille, en faisant le maximum pour aider ces personnes qui ont besoin de moi. Trouver des remèdes pour des maladies, ou pire encore, des remèdes pour lutter contre les effets de nos remèdes précédents ce n'est pas ce qu'il y a de plus gratifiant. Il faut des années pour trouver un vaccin efficace et je serais peut-être morte avant même de voir une ébauche de solution. Sur le terrain, les choses sont réelles et immédiates. J'ai donc pris ce risque de tout perdre effectivement. Si par « tout » on entend planter sa carrière. »

Mes paroles sonnaient vraies, je n'étais pas simplement entrain de jouer de la flûte au lieutenant pour l'endormir. Il devait comprendre ma pensée, lui qui semblait tant impliqué dans son travail. Une fois dans la pièce principale, je pris les deux tasses de café chaudes avant de les placer sur la table basse avec des cuillères et du sucre.

«  Installez-vous, je vous en prie.»

Je fis glisser l'une des deux tasses dans sa direction pour qu'il puisse se servir plus facilement. A présent installée dans le sofa en tissu gris, je me mit à l'aise dans celui-ci tout en portant le liquide chaud à mes lèvres. La première gorgée me fit frissonner, une vague de chaud se propagea dans tout mon corps et vint dé-contracturer mon dos. La nuit avait été longue et en principe, je profitais de mes fins d'après-midi pour récupérer du sommeil. Loupé pour cette fois.

«  Le Danvers Federal Hospital est très bien, je ne peux pas le nier. Cependant, vous connaissez aussi bien que moi les rues d'Europolis. Beaucoup vivent sous de fausses identités, vivent dans l'illégalité totale.... plus que moi. Ces personnes là n'y mettrons jamais un pied, elles préfèrent mourir que de se faire démasquer. Les rumeurs dans la ville circulent vites et la majorité des personnes croisées ici ont enquêtées sur moi en amont. Avant-même d'avoir besoin de moi, par précaution. Ce n'est pas pour rien. »

Le policier prit le soin d'évoquer les risques que je prenais en agissant de la sorte. Depuis plusieurs minutes déjà, son ton s'était adoucit. Il était toujours un peu moralisateur, rien d'anormal pour un flic mais, il s'avérait être plutôt bienveillant. Je ne pouvais d'être d'accord avec ses dernières phrases, c'était une chose que je redoutais à chaque nouveau passage. Je ne savais rien sur ces gens mais, si il y avait bien une chose qu'il n'était pas nécessaire de demander pour en être sûre c'était bel et bien qu'ils seraient tous prêt à me liquider si ils en ressentaient le besoin. Sur le papier, c'était assez flippant et j'en eu du mal à avaler ma salive. J'étais une fille intelligente avec un parcours d'étude brillant mais, j'étais aussi suffisamment stupide pour me mettre en danger de mon plein-gré.

 
«  A quoi dois-je m'attendre pour la suite ? Je suppose que vous allez me dénoncer. Je n'ai jamais trop cru au principe de la « clémence » en cas de coopération. Même dans les films ça sonne faux. »

Les accusations contre moi n'étaient pas accablantes, j'étais assez sereine pour le moment. Il pouvait m'accuser d'exercer des soins sans diplômes mais, à l'heure où la violence des citoyens était à son apogée... si ils s'en sortaient, je devrais m'en sortir aussi.  Si on ajoutait à cela le délit de fuite sur le lieu du crime, la note devenait plus salée. Mon regard se posa dans celui de l'officier pour savoir à quelle sauce il souhaitait me manger, sans ambiguïté. J'avais le sentiment de lui tendre les deux mains avec, au milieu, mon destin.

" Depuis combien de temps travaillez-vous dans la police, lieutenant ? "

Y avait-il des règles pour s'adresser à un policier ? Avais-je le droit de poser des questions de ce genre ? Je n'avais la réponse alors, avec toute la franchise possible, je m'y risquais pour en apprendre plus sur lui. Si lui cherchait à enquêter sur moi, de mon côté, je souhaitais en savoir plus aussi. Plus que de la curiosité mal placée, c'était purement stratégique.

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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets   [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets EmptyVen 16 Mar - 19:49

Le policier écouta silencieusement les justifications de la jeune femme, hochant simplement la tête pour montrer son attention. Si le cas Aélia Berkelay était atypique, les conséquences de ses actions l’intéressaient beaucoup plus que ses motivations. Cette scientifique qui jouait à la guérisseuse de quartier resterait une anonyme, une « petite affaire » parmi tant d’autres. Pas même une affaire, d’ailleurs, s’il ne mentionnait rien à sa hiérarchie.
Christopher croyait néanmoins la comprendre dans son désir d’aider, d’agir de façon visible et concrète. Lui-même avait emprunté ce chemin en devenant policier, et c’était agréable d’y croiser une citoyenne ordinaire. Si l’apprentie médecin faisait du bon café, il pourrait même garder un bon souvenir de cette rencontre.

Le policier s’installa en face d’Aélia (la position privilégiée pour garder le visage et les yeux de son interlocutrice en ligne de mire), en posture d’écoute. Il l’observait à présent de manière moins ostentatoire, mais restait dans son rôle de flic.

— Je vous remercie, dit-il poliment en soulevant la tasse qui lui était destinée, ignorant les cuillères et le sucre.

L’arôme qui remontait dans ses narines augurait d’une qualité satisfaisante, mais Christopher attendit que le liquide refroidisse un peu avant d’y tremper les lèvres. Si tu ne peux pas y laisser la langue cinq secondes sans te brûler, c’est trop chaud ! disait sa mère. Il ne comptait plus les secondes depuis longtemps, mais avait gardé l’habitude de boire légèrement chaud, sans excès. Et jamais sucré. En bon enquêteur qui aspire à la vérité brute (parfois brutale), il préférait les goûts authentiques aux mélanges qui brouillent les saveurs.

La jeune femme restait plutôt tendue, sans doute inquiète, une attitude que le policier jugeait opportune en pareilles circonstances. La peur était une bonne conseillère ; seules les imbéciles l’ignoraient, pas les braves.
Si Aélia avait fait preuve de nonchalance et d’insouciance, Christopher aurait sérieusement considéré l’option dure. Le grand numéro avec les menottes, la garde à vue où on a mal au ventre à force de retenir sa vessie en attendant le passage devant l’officier de police judiciaire, la nuit en cellule en compagnie de racailles à l’haleine puante (et au langage encore plus nauséabond). Parfois, un électrochoc s’avérait indispensable pour ramener des rêveurs à la réalité.

À défaut de se montrer maline et prudente, Aélia n’appartenait pas à cette minorité de cas pathologiques. Elle s’enquit des intentions du policier. Il commença par s’exprimer sur le principe de clémence en cas de coopération, d’une voix calme et douce rappelant l’homélie d’un prêtre.

— Vous avez tort de ne pas y croire, la police et la justice ont toujours fonctionné ainsi. Mais les escrocs qui tirent les ficelles ont tout intérêt à véhiculer la croyance opposée, afin d’éviter les balances et autres dénonciations. Toutefois, rien n’est systématique et chaque cas est différent. Chaque fonctionnaire aussi est différent. En ce qui me concerne, je pense qu’une faute avouée est en partie pardonnée. Peut-être pas à demi comme le dit le proverbe, mais c’est un premier pas dans la bonne direction. À partir de là, mon devoir est d’encourager le fautif dans son cheminement vers la rédemption, pas de le ramener vers l’obscurité en trahissant sa confiance.

Si les collègues de Christopher avaient assisté à la scène, beaucoup auraient commenté « Monk nous refait un sermon ». Le lieutenant croyait assurément en certains principes moraux et philosophiques, bien qu’ils passaient souvent à la trappe dans la réalité crue de l’existence.

L’Anglais but enfin une première gorgée de café, puis salua son hôtesse en hochant la tête et en relevant la tasse l’air de dire : Agréable breuvage, c’est une joie de trinquer avec vous.
Mais il se garda d’exprimer le moindre commentaire à voix haute. Cet interlude lui permit de finaliser la sentence qu’il évaluait dans son esprit, avec comme premier objectif l’intérêt général (dont celui d’Aélia figurait en première place).

— Je vous laisse six mois, jusqu’à début juillet, pour en entrer dans la légalité d’une façon ou d’une autre. Changez de boulot, travaillez dans une organisation humanitaire, devenez aide-soignante à domicile, créez un centre de soin communautaire ou rejoignez une association. Faites ce que vous voulez qui répond à l’appel de votre conscience, tant que vous mettez fin à ce cabinet de fortune. Tôt ou tard, des patients vous claqueront entre les doigts et vous serez dans la panade, ou alors vous serez mêlée à un drame. Peut-être même est-ce déjà le cas, si vous avez remis sur pied un salopard qui s’est ensuite défoulé sur d’innocentes victimes.
En attendant, promettez-moi de toujours garder une bombe lacrymogène à portée de main, pour vous donner une chance d’échapper à un individu violent. Il existe des modèles peu encombrants et faciles à manipuler, que vous pourrez dissimuler dans le sac à main, une grande poche ou un tiroir. De même, sympathisez avec vos voisins, surtout les plus costauds, afin de pouvoir compter sur eux en cas de problème à votre domicile. Crier à l’aide est parfois la seule option qui reste quand on est pris au dépourvu. N’hésitez pas à appeler la police de façon anonyme en cas de besoin, et demandez le lieutenant Hart. Je ne peux pas vous laisser mon numéro personnel ou quoi que ce soit qui pourrait nous relier. Autrement nous serions deux à chuter en cas d’enquête, et je n’ai pas l’intention d’être sanctionné pour couvrir vos activités.
Est-ce que tout est clair, mademoiselle Berkelay ?


La question finale fut prononcée dans une froide élocution qui laissait un goût de métal sur la langue. Une teinte d’acier recouvrait à nouveau les yeux clairs du lieutenant. Il avait l’habitude de ces décisions qui impactaient la vie des gens, de ces arrangements illicites qui l’entraînaient dans les plates-bandes du département de la justice. Pour leur donner une chance de fonctionner, il fallait faire sentir à l’autre parti le caractère irrévocable de l’accord.

Christopher s’enfonça ensuite dans le siège où il était assis, adoptant soudain une posture plus relâchée. Sa voix avait repris un timbre ordinaire, banal, celui d’une conversation de bar. Le trentenaire n’aimait guère parler de lui à des inconnus, mais une attitude cordiale s’imposait dans les circonstances présentes. D’autant que le café était bon. Il en reprit une gorgée.

— Je suis dans la police depuis une quinzaine d’années. Pensez-vous toujours travailler dans votre laboratoire dans quinze ans ?

Chris ne voyait pas Aélia rester à son poste actuel. Elle semblait trop aimer le contact des gens et l’action directe.
Il ignorait tout du compte à rebours qui pesait sur son existence, un tic-tac bien plus sentencieux que l’ultimatum de six mois qu’il venait d’imposer.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets   [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets EmptySam 17 Mar - 21:24




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J'écoutais avec attention et surprise le lieutenant me donner sa vision de la clémence. M'étais-je fourvoyée à ce point toutes ces années, persuadée que les flics n'étaient que des enflures qui cherchaient à mettre tout le monde en taule pour un oui ou pour un non. Sans parler des amendes en tous genres... encore un autre débat. Cette fois-ci, l'homme était mesuré dans ses propos et n'avait pas l 'air de vouloir me dénoncer, ce qu'il confirma peu de temps après. Mon café à la main, je regardais l'homme l'air incrédule. Improbable, l'homme qui s'était pointé chez moi sans prévenir et qui venait de découvrir une partie de mon secret me donnait 6 mois pour rectifier le tir. Il n'était pas question de cellule, de tribunaux ni même de quelques jours mais bel et bien de plusieurs mois. Au premier abord, je fus touchée par l'attention et la petite voix raisonnable en moi me criait que cette proposition était super. Il ne me restait qu'à vider la pièce et reprendre ma petite vie au laboratoire ou éventuellement postuler dans un centre de soin de manière plus officielle. Malheureusement, les choses étaient plus complexes. Une seconde voix, plus diabolique était déjà entrain d'énumérer un tas de plans pour cacher la vérité au policier. J'avais mal au cœur devant sa gentillesse d'envisager une option pareille mais, je savais pertinemment que c'était celle que j'allais retenir juste après son départ. Bien sur, je ne devais rien lui dire et rester sur mes gardes sur toutes mes futures paroles.

«  Six mois ? C'est noté. J'irais me renseigner auprès des hôpitaux pour voir si je ne peux pas suivre une formation en parallèle pour continuer d'aider les gens. Par contre, je crains en effet que mes futurs refus de soins ici ne m'attirent des ennuis... la bombe lacrymogène ne sera pas de trop à mon avis. »

En réalité, j'allais cesser mon activité de façon temporaire, le temps que le lieutenant ne focalise plus sur moi. Aussi, je devais trouver un nouvel endroit pour déplacer toutes mes affaires. Avec tout le repérage qu'il avait fait dans l'appartement, j'étais dans sa ligne de tire et il allait certainement me surveiller de prêt dans les semaines à venir.

«  Tout est très clair pour moi. Merci pour vos conseils, je vais essayer d'en faire bon usage. »

Huit années d'études pour en arriver là ? J'avais consacré toute ma jeunesse dans les livres pour intégrer le laboratoire et aujourd'hui, je n' étais que partiellement comblé par mon métier. J'étais contrainte d'y rester car c'était le seul moyen pour moi de pouvoir fouiner d'un peu plus prêt dans les dossiers et les tests du vaccin universel. Ce vaccin accusé de tout et de rien... un mélange de curiosité et d’ego mal placé et me voilà prisonnière du labo pour les années à venir. Le lieutenant répondit à ma dernière question assez naturellement, sa réponse me fit l'effet d'une claque en plein visage. Le genre de claque qui vous met KO à terre en une fraction de seconde. Il ne pouvait pas deviner mais, effectivement il n'y avais aucune chance que je sois toujours à mon poste dans 15 ans. Ni même dans 10. Mon visage s'était renfermé par reflex mais, je pris le temps d'y répondre. Par politesse.

«  Vous avez déjà une belle carrière derrière vous. Non, je n'y travaillerais plus c'est certain. Non pas par choix mais par ce que le destin a déjà décidé de mon sort. J'ai un beau diplôme et de longues années d'études sur les maladies derrière moi et pourtant, je vais mourir de l'une d'elles. Un comble n'est-ce pas ? »

Je n'avais plus envie de m'en cacher, c'était inévitable et je préférais ne plus me voiler la face. L'espoir était mort depuis plusieurs moi déjà car les recherches et les tests cliniques menés sur cette maladie ne donnait rien de concluant. Après coup, une fois la révélation faite je fus prise de regret sur mes paroles. Christopher Hart n'était pas fou, une fille qui se consumait à petit feu sous la maladie n'avait pas grande chose à perdre... Pitié, qu'il n'y voit pas là un signal d'alarme supplémentaire pour se méfier de moi. Je terminais ma tasse de café en faisant mine d'être sereine. Mon esprit carburait à mille à l'heure pour trouver un moyen de détourner la conversation... peine perdue, rien de pertinent ne me venait en tête. Mes bras étaient croisés sur eux-même, un signe très clair qui montrait que je venais de me renfermer sur moi-même pour les connaisseurs de programmation neurolinguistique. Je pris le temps d'inspirer plus calmement pour retrouver un peu d'assurance face au lieutenant et pour ne pas sembler louche – et par ce que mentir me poussais à la paranoïa aiguë... -  je tentais une issue de secours.

«  Désolé, je ne suis pas très à l'aise avec ce sujet. Ça me met toujours dans de mauvais états. »

Belzébuth
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets   [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets EmptyDim 18 Mar - 18:10

La pseudo-médecin de quartier semblait redouter les conséquences d’un arrêt de ses activités, plus encore que si elles les poursuivaient. Pourtant, les risques étaient incomparables aux yeux du policier.
Malgré ses problèmes, Blue Island restait le quartier des affaires, du commerce, des casinos et des restaurants chics. Comme Aélia, la plupart des résidents avaient une bonne situation et payaient un loyer élevé. Le gâteau attirait les criminels, mais les pauvres et rejetés du système habitaient majoritairement des quartiers plus accessibles.

— Vous ne risquez pas grand-chose à suspendre vos activités. Votre présence est récente et j’imagine qu’entre vos heures de travail et le reste, vous n’avez pas eu le temps de traiter un grand nombre de patients. Blue Island n’est pas Coal District. Moins de violence, moins de déshérités, moins de blessés ou malades susceptibles de frapper à votre porte. La souffrance n’épargne personne, mais les plus nécessiteux ne vivent pas ici.

Contrairement à ce que la dissimulatrice redoutait, le lieutenant n’avait aucune intention de la surveiller ou d’enquêter sur ses activités avant la date butoir. À moins d’avoir du temps à perdre, mais c’était aussi improbable qu’un mois sans pluie à Europolis. L’affaire était trop bénigne. Pour l’heure, le braquage qui avait tourné en homicide importait plus qu’une fausse docteure.
Heureusement pour elle et malheureusement pour la capitale, les dossiers s’empilaient sur les bureaux des inspecteurs comme les pages de l’encyclopédie du crime.


La question anodine de Christopher sur les projets à long terme de la scientifique reçut une réponse inattendue. Il ne commenta pas la remarque d’Aélia sur la « belle » carrière de l’officier (trop émaillée d’erreurs, de drames et de remords pour mériter ce qualificatif). Le sujet n’avait aucune importance face au couperet d’une maladie mortelle.
Les policiers risquaient leur vie tous les jours, beaucoup connaissaient le trépas avant l’âge de la retraite, mais le risque restait diffus, incertain. On pouvait même se bercer d’illusions en croyant maîtriser ce risque grâce à une attitude prudente et un entraînement assidu.
Une maladie mortelle, au contraire, annonçait la fin de l’existence de façon absolue et définitive. Ou presque, puisqu’une minorité de condamnés à mort avait de tout temps défié les prédictions de la science. En outre, les progrès de la médecine laissaient un maigre espoir de voir son cas résolu avant la funeste échéance.

Christopher côtoyait trop la mort pour être profondément ému, surtout lorsqu’il s’agissait d’une inconnue. Pourtant, son cœur se serra indépendamment de sa volonté quand Aélia lui fit part de la terrible nouvelle. Elle semblait posséder certaines qualités humaines essentielles et détenait les cartes capables de produire un impact positif sur le monde.
Un coin de son esprit, froid et prudent, soupçonnait toutefois la jeune femme de mentir afin de chercher à l’attendrir. Certes, l’excuse tranchait avec les classiques c’est pas moi j’suis innocent j’vous l’jure, j’ai une famille à nourrir, c’est mon chat qui a ramené ce sachet de coke d’une ballade, etc. Mais la Berkelay se vantait d’un gros diplôme. Plus le diplôme est gros, plus les bobards sont énormes, avançait un collègue de la police financière. Cela dit, l’argument venait un peu tard, maintenant qu’elle avait dévoilé la pièce secrète et entendu la sentence du flic.
C’est pourquoi Christopher garda une certaine retenue, mais réussit à se préserver de la paranoïa.

— Je regrette sincèrement d’avoir posé la question, mademoiselle Berkelay. Vous vous trouvez assurément à la croisée des chemins, à devoir faire des choix auxquels une personne de votre âge ne devrait pas être confrontée. Travailler d’arrache-pied dans votre laboratoire vous permettra éventuellement de trouver un remède à votre mal, mais vous privera d’une vie épanouie. Suivre l’appel de votre cœur ou de votre conscience vous apportera davantage de bonheur, mais écartera toute possibilité de rémission à moins d’un miracle.
Bien que j’ignorais tout de votre état, mes propos précédents me semblent d’autant plus légitimes et avisés. Car si je suis convaincu d’une chose, c’est que vous n’arriverez à rien en courant plusieurs lèvres à la fois. J’ajouterai même ce dernier conseil : parlez à des mourants. Vous savez, ma mère souffrait d’un cancer ; je l’ai accompagnée tout au long de ses dernières années et elle m’a beaucoup appris au cours de cette période. En réalité, la plupart des gens vivent sans se préoccuper de la mort et se réveillent à un âge avancé avec un douloureux sentiment de gâchis. Je conçois que l’idée de rendre visite à des personnes en fin de vie parait saugrenue au premier abord, mais s’il vous plaît, réfléchissez-y. Au détour d’une conversation, ou en méditant sur leurs paroles, vous aurez peut-être le déclic sur la voie à emprunter pour jouir au mieux du temps qui vous est imparti. En outre, votre présence et votre écoute leur feraient du bien, ces personnes connaissent souvent la solitude et l’abandon.


Christopher but une nouvelle gorgée de café, plus froid et amer après cette révélation tragique. La mère de l’Anglais avait rendu l’âme dix ans auparavant, alors qu’il avait 26 ans, l’âge d’Aélia. Pour lui aussi, mais pour des raisons différentes, le sujet tirait sur une corde très sensible.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets   [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets EmptyLun 19 Mar - 21:34




Tout le monde a ses secrets
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Toc toc toc - Qui est là ? Le grand méchant loup.


Les paroles du lieutenant étaient compatissantes et semblaient sincères, suffisamment sincères pour me remplir de remords. L'homme se montrait si tolérant avec moi pour cette histoire, en plus de m'offrir ses conseils avisés pour m'aider à m'en sortir que lui mentir devenait un supplice. Malheureusement, j'avais mis les deux pieds du mauvais côté : celui de la petite délinquance. Mes intentions étaient bonnes mais, parsemées par un tas d'autres choses bien moins charitables. Du haut de mes vingts six ans, Christopher Hart me laissait un brin admirative. Son self contrôle, sa prestance et sa bienveillance, mes premières impressions à son sujet étaient erronées. Il n'était pas l'un de ces policiers infectes et hautains qui ne pensent qu'à faire du fric sur le dos des gens. Je n'avais pas de doute là dessus, ses collègues m'auraient très probablement coincé sans même me donner une chance de me racheter... finalement, j'aurais préféré une version plus méchante. Pour apaiser ma conscience.

«  Je suis désolée pour vous, ma mère aussi est morte il y à bientôt 10 ans. De la même maladie que moi, c'est génétique. D'où mon plan de carrière en laboratoire... une issue de secours auquel je ne crois plus vraiment. Vous avez raison, j'ai plus à apporter aux autres que ce je suis en mesure de faire actuellement. Soyez sans craintes, je vais faire en sorte de passer du bon côté. Je dois aussi l'avouer, je suis surprise par votre discours. Dans mon esprit, les policiers ont plutôt tendance à se foutre de la vie des gens et se contentent d'appliquer les règles sans aucun état d'âme. Vous êtes la preuve vivante que je me trompais à ce sujet. Enfin... j'espère tout de même ne pas vous revoir.  »  Dis-je amusée.

La nuit s'annonçait laborieuse, pleine de remise en question. Le lieutenant avait ravivé en moi de vieux souvenirs, ceux de ma mère, une femme épanouie et franche qui n'aurait pas toléré mes actions. D'un autre côté, elle n'était plus là. Ni elle, ni personne et mon activité était très rentable. Les clients étaient prêt à payer chère pour me faire taire et obtenir des soins, c'était un moyen de se faire de l'argent facile pour me permettre de voyager... alors que faire ? Tout était confus dans mon esprit et j'avais terriblement envie d'un bon verre de vodka pour y voir plus clair. Ou pas.

«  Lieutenant Hart, je vous dis donc à dans six mois pour un café ? »

Afin de laisser repartir l'agent de police confiant, je lui envoyais un message subliminal par cette invitation. Je voulais ainsi lui prouver que j'avais compris le message et que j'allais faire le nécessaire. Le problème une fois qu'on est mêlé avec des affaires de drogues c'est qu'on à rarement une issue de sortie. Cette partie là de ma vie il ne la connaissait pas et pourtant elle rendait la situation plus complexe. Si je décidais de tout stopper pour me racheter une image aux yeux du policier et de moi-même, je ne donnais pas chère de ma peau. Les fournisseurs n'aimaient pas spécialement ce genre de faux-plans. Acheter une fois de la drogue, c'était un peu comme signer un pacte à vie avec l'autre. J'aurais aimé pouvoir cracher le morceau, trouver dans les paroles de l'homme suffisamment de confiance pour lui avouer l'intégralité du trafic mais je ne trouvais pas la force de le faire. La peur me rongeait, il me restait déjà peu de temps à vivre, il était hors de question que quelqu'un se charge de la raccourcir plus. Laborieusement, je me hissais debout et m'extirpais du canapé pour ranger les deux tasses de café vides. Le policier m'avait suffisamment fait suer pour aujourd'hui, il savait appuyer dans les endroits sensibles pour faire craquer ses cibles et pour cela, je voulais mettre un terme à sa visite pour ne pas céder son le poids du stress. J'étais une proie facile, tellement manipulable. Un jeu d'enfant après quinze années d’ancienneté dans le métier.

«  Vous ne m'en tiendrez pas rigueur j'espère mais, je suis exténuée. Je vous raccompagne ? »

Tout n'était pas que mensonge, depuis de longues minutes mes yeux me brûlaient de fatigue. Mon quota de sommeil était en déficit après la nuit presque blanche que j'avais passé. J'invitais donc le policier à prendre congés en priant intérieurement pour qu'il n'ai pas une ultime question à me poser sur le pas de la porte...

Belzébuth

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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets   [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets EmptyMar 20 Mar - 17:51

Tout pouvait arriver au cours des six prochains mois. Christopher estimait avoir accompli son devoir en donnant matière à réfléchir à la docteure clandestine, ainsi que plusieurs pistes à explorer.
Le policier n’avait aucun scrupule à sanctionner, y compris de façon radicale, les criminels patents qui rendaient Europolis malade telles les cellules dégénérées d’un organisme vivant. Aux grands maux, les grands remèdes. Une petite délinquante comme Aélia, avec un peu de clémence, pouvait encore guérir. Sa tête était pleine de science, mais sa compréhension de la vie semblait des plus élémentaires, voire naïves. Pour Christopher, elle donnait surtout l’impression de ne pas avoir sérieusement réfléchi aux possibilités qui s’offraient à elles et aux conséquences de ses actions. Avec le compte à rebours qui ordonnait sa vie, pareilles errances étaient compréhensibles.

Tout avait été dit sur le sujet, mais le lieutenant se sentait le devoir de réagir à la vision caricaturale de son hôtesse sur les policiers. Qu’une jeune femme brillante et bien éduquée de Blue District dressa un portrait aussi simpliste de sa profession était presque désespérant…

— Certains ont une vision similaire des médecins : des personnes qui se foutent de la vie des gens et se contentent de prescrire des médicaments sans état d’âme. Ces cas existent, malheureusement. Les médecins comme les policiers sont avant tout des êtres humains, avec la diversité de motivations et de caractères que cela implique. Il est vrai que nous avons plus d’obligations que d’autres métiers, mais la première d’entre elles est de protéger et servir la population.
Les règles existent pour de bonnes raisons, elles résultent de siècles d’évolution de notre système judiciaire, elles sont établies et votées par des représentants du peuple, une intelligence collective supérieure à la sagesse de n’importe quel individu. Ainsi, quand un policier « se contente d’appliquer les règles », comme vous dites, il croit le plus souvent servir l’intérêt d’Europolis et de ses habitants. Généralement, il aura raison. Pas toujours, car la réalité est trop complexe. Parfois, le policier reçoit également des ordres directs auxquels il ne peut désobéir, qu’il exécute néanmoins à contrecœur.


L’interrogatoire avait dévié en entretien, puis en discussion presque banale. Il arrivait maintenant à terme et le policier se leva sans manifester le moindre désir de s’attarder plus longtemps.

— Merci pour le café. Nous en boirons peut-être un autre dans six mois. Ça ou les menottes.

Christopher hocha la tête, ses yeux se plissèrent et lèvres s’étirèrent légèrement. L’expression ne témoignait d’aucune plaisanterie, disant plutôt la balle est dans votre camp, à vous de jouer, moi je suis l’arbitre qui voit tout et n’hésitera pas à siffler.

Une fois dehors, le policier fit le tour de l’immeuble pour vérifier les petits cailloux qu’il avait placés avant de sonner chez la témoin. Ils n’avaient pas bougé, ce qui signifiait qu’Aélia était bien seule à son domicile.
Il tira ensuite son smartphone de sa poche intérieure pour remplir son agenda de juillet. Dans son rapport officiel, il écrirait simplement qu’Aélia Berkelay n’avait rien vu ou entendu d’utile à l’enquête sur le braquage, et que le lieutenant Christopher Hart lui avait rappelé ses devoirs de citoyenne d’Europolis. Le moment venu, dans six mois, il mènerait une enquête en bonne et due forme sur les activités de cette jeune femme singulière.

La nuit n’allait pas tarder à tomber et Chris se hâta de rentrer chez lui. Il avait encore le temps de faire un petit somme avant son combat du soir à Milton’s Ironwork. Avec la double vie qu’il menait, une bonne gestion du sommeil était primordiale. Les événements de cette soirée lui feraient totalement oublier Aélia pour les semaines à venir…
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets   [Livre I - Terminé] Tout le monde a ses secrets EmptyMer 21 Mar - 14:23




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Toc toc toc - Qui est là ? Le grand méchant loup.


Fidèle à lui même, le lieutenant ne manqua pas l'occasion de me lancer une dernière attaque afin de me faire réfléchir dans les semaines à venir. L'image des menottes n'étaient pas réjouissante et j'allais devoir me poser les bonnes questions. Pour le moment, ma porte serait fermée aux soins pendant 2 ou 3 jours le temps de penser à tête reposée à ce qui venait de se produire aujourd'hui. Avec la venue de monsieur Hart, je sortais de l'ombre, de ma petite routine illégale et inconnue. Depuis à peine une heure, un policier connaissait une partie de ma vie et ce détail redistribuait les cartes dans mon jeu. Pour autant, à chaud, mes intentions n'étaient pas devenues plus raisonnables malgré des conseils avisés... mais, la nuit porte conseil n'est-ce pas ? Il était encore tôt dans la soirée mais, mon corps était anéantit par la fatigue. Pour ce soir, j'allais faire l'impasse sur la télé, sur mon repas, sur ma douche... à peine la porte fermée, je partais me blottir sous ma couette pour au minimum 12h de repos consécutif. C'était le strict minimum pour retrouver les idées claires. Bonne nuit Europolis.

Belzébuth

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