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 [FB] Tournée des bars
Henry Watford
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MessageSujet: [FB] Tournée des bars   [FB] Tournée des bars EmptySam 2 Mar - 5:31

5 Février 2050

En un peu plus d'une année à conduire pour des criminels et des personnes désireuses d'avoir les services d'un chauffeur discret et sans histoire, j'avais réussi à me faire un petit nom. J'avais choisi pour pseudonyme 404 sans trop me souvenir pourquoi j'avais fait cela à l'époque. A l'époque j'aimais bien cette idée, je l'avais prise. Il n'y avait pas d'histoire géniale derrière cette décision, ce n'était pas ma page favorite dans un roman ou même ma façon de rendre hommage à la célèbre page internet introuvable. En fait peut-être que si … Je crois que je cherchais justement un pseudonyme et que je suis tombée sur l'une de ces pages introuvable. L'histoire épique de mon pseudonyme n'allait pas plus loin que cela. Il faudrait que j'essaye de trouver une autre explication absolument incroyable si je voulais entrer dans la légende … Seulement je ne suis pas certain que j'avais envie de rentrer dans une quelconque légende. Je continuais ce travail que j'avais commencé uniquement pour gagner de l'argent parce que j'avais appris à aimer cela. Parce que ces virées nocturnes stimulaient mon imagination. Seulement voilà. Je n'avais plus besoin d'argent, j'avais plus qu'il m'en fallait dans la vie simple que je menais, les investissements des ventes de romans étaient plus que positifs et me rapportaient plus que je ne dépensais. J'avais même essayé d'augmenter mon train de vie mais je n'y arrivais pas, j'aspirais à une vie simple. Je n'avais ni l'envie, ni le besoin de plus. Quand à mon imagination, j'avais trouvé ma muse, ma déesse inspiratrice en la personne de Kate, ma petite amie. Toutes les sorties, toutes les virées ne m'inspireraient plus jamais autant que de penser à la belle brune aux yeux de jade.

Alors qu'est-ce que je faisais dans ma voiture de travail ? Et bien j'avais un contrat ce soir. Ce n'était pas franchement quelque chose d'habituel. C'était un client dont j'avais l'habitude en revanche, il aimait des déplacements discrets, il payait diablement bien ce qui était un plus non négligeable mais surtout il n'y avait jamais de problème avec lui. Ce soir était différent, il ne voulait pas faire un tour de la ville en visitant diverses adresses ou plutôt si c'était ce qu'il voulait faire mais pas des adresses professionnelles. Il voulait visiter des bars, il voulait faire un tour du plus grand nombre de bars jusqu'à n'en plus pouvoir. Ensuite je devrai le ramener jusqu'à un hôtel où il avait loué une chambre. En somme je devais faire le chaperon pendant qu'il allait noyer je ne sais quoi dans l'alcool. Il était convenu que je n'aurai pas à me battre, moins encore à boire avec lui, et que tout se passerait bien mais avec l'alcool, je pouvais avoir quelques doutes sur la véracité de ses mots. J'avais pourtant accepté, j'avais envie de sortir, j'en avais besoin. J'avais invité Kate à dîner deux jours plus tôt pour mon anniversaire mais elle avait annulé, je l'avais invitée pour la Saint-Valentin mais là aussi elle avait annulé en ayant déjà quelque chose de prévu. Je ne m'attendais pas à ce que ma petite amie connaisse la Saint-Valentin, ça m'aurait surpris compte-tenu de son passé. Dans le pire des cas ça aurait juste été une journée plus "active" pour elle à l'époque où elle travaillait pour Keaton. Les âmes trop solitaires qui seraient venues chercher du réconfort entre ses … disons bras.

Je vérifie une dernière fois ma voiture avant de me mettre en route. Elle est parfaitement propre et prête à accueillir un client comme à mon habitude. Je n'étais pas un des chauffeurs qui débarquaient avec une épave en piteux état et s'étonnait ensuite de ne jamais être rappelé. J'avais choisi de faire dans la criminalité "haut de gamme" et c'était précisément ce qui plaisait à mes clients. Ecouteurs dans les oreilles, lunettes de soleil opaques sur les yeux malgré la nuit, une tenue très simple en fin de compte. Jean, chemise, Converse, le comble de la simplicité mais ce n'est pas pour que je sois voyant que l'on me paye. C'est pour ma discrétion à toute épreuve. J'arrive à l'heure au point de rendez-vous, soit quelques minutes en avance sur l'horaire. Mon client m'avait indiqué souhaiter faire le tour des bars dans les beaux quartiers de la ville, un choix que j'approuvais entièrement pour ne pas trop attirer l'attention en ayant un chauffeur mais aussi pour éviter de s'attirer des ennuis. J'avais déjà remarqué une relation inversement proportionnelle entre la taille du porte-feuille d'un individu et sa propension à se battre sous l'effet de l'alcool. Sauf si le-dit porte-feuille avait grandi par le fait de la violence. Descendant de la voiture, j'ouvre la porte arrière à mon client, celle qui est côté passager puisqu'en bon professionnel je me suis garé pour mettre le "VIP" en sécurité du côté trottoir comme on me l'avait appris quand j'avais commencé ma carrière de chauffeur. Légalement à l'époque. Je prends place devant.

« Par quel bar souhaitez-vous commencer ? »
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Andreï S. Rostov
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MessageSujet: Re: [FB] Tournée des bars   [FB] Tournée des bars EmptyMer 6 Mar - 21:52

 
Tournée des bars - 05 février 2050

 
La journée aura été tendue. Plus que tendue. Je l’ai évité, il l’a senti. J’ai évité Georg toute la journée, je me suis prétendu occupé, chargé de réunions et de rencontres avec divers interlocuteurs, je me suis prétendu retenu ailleurs. Pour ne pas le voir. Ne surtout pas le voir. Je le hais, je l’admire, je le crains, je le respecte, j’éprouve beaucoup de choses pour celui qui est au centre de ma vie depuis plus de vingt ans, mais s’il y a bien un jour dans l’année où je ne peux tout simplement pas accepter sa présence, obéir à ses ordres, me plier à toutes ses exigences, c’est bien celui-là. Ce cinq février racle contre ma peau, accroche chaque couche de mon épiderme, met ma chair un peu plus à vif à chaque seconde. Plus que tout le reste de l’année, elle me hante, elle m’asphyxie, elle lacère mes pensées et déchire la réalité pour surgir dans mon champ de vision, dans chaque silhouette élancée, dans chaque tatouage encré sur un morceau de peau, dans chaque brune, dans chaque mot craché en russe, dans chaque air de musique classique, dans chaque pas rappelant un de ces stupides ballets qu’elle prétendait savoir danser. Plus que tout le reste de l’année, rien ne me paraît supportable. Et quand les ombres commencent à s’étirer, quand la nuit commence à s’écraser, pour me prendre à la gorge, me foutre au sol avec des coups de pied dans les côtes et des coups de poing dans la trogne, c’est pire encore.

Je suffoque. Je tremble, comme un drogué en manque. Je m’épuise dans une salle de sport, à m’écorcher les phalanges contre un putain de sac de sable, à me faire saigner comme j’ai pu saigner ce jour-là en explosant sa gueule. Tous les ans c’est la même chose, et même si la première année était la pire, ça ne s’apaise pas, même pas un chouïa, ça ne s’atténue pas, ça fait toujours un mal de chien. Ça me donne envie de frapper, et pas qu’un sac, de descendre dans la rue et de m’en prendre aux premiers venus, des malchanceux du dimanche, tiens. Ça me donne envie de…

Fuir. Le cinq février, c’est le jour où je me sens le plus enchaîné à Georg. Totalement ficelé de loyauté, trop conscient que sans lui, je ne suis rien. Qu’il a toujours eu raison, qu’il a toujours été franc, honnête et direct avec moi. Ma vie ne vaut rien, n’a de valeur qu’à l’aune de son regard. Même Anya a fini par me lâcher, par me trahir, par m’abandonner. Même Anya. Sans Georg, je sais que je me retrouverai seul, et cette solitude me fout les jetons rien que d’y penser. Mais ça ne m’empêche pas d’avoir envie, une fois par an au moins, de tout foutre en l’air, de tout envoyer promener et de me casser, loin, le plus loin possible d’ici. Le plus loin possible des fantômes. J’étouffe un hurlement quand je recommence à marteler le sac de frappe, avant de reprendre ma respiration et de déplier douloureusement mes phalanges, prisonnières de bandes de frappe, enserrées elles aussi dans une camisole pour leur bien. J’ai le goût rance de l’amertume dans la gueule, que j’essaye de cracher dans l’évier, avant de me passer de l’eau sur le visage. Une journée à éviter Georg. Une soirée hors radar. J’ai une demi-heure avant qu’il arrive.

Il. Mon chauffeur. Hors des contrats habituels de Georg, hors des contacts habituels des Rats, hors des radars, surtout. Je connais mon patron, je connais Georg, il trouvera un moyen de me le faire payer s’il s’en aperçoit, mais… rien à faire. Je considère le chauffeur, 404, qui m’ouvre la portière, je le laisse faire, l’habitude prise et acquise ces dernières années. Comme si j’étais quelque chose d’autre qu’un pauvre orphelin russe, un voleur, un menteur, un assassin. Je me laisse tomber sur la banquette, claque la porte derrière moi, attends qu’il se pose de son côté. Devant. J’ai les yeux fermés, la nuque calée contre l’appui-tête. « Par quel bar souhaitez-vous commencer ? » Mes paupières se rouvrent brutalement, pour fixer le siège devant moi. Je me décale d’un cran pour avoir sa silhouette en ligne de mire. Par quel bar je veux commenter ? On va commencer par s’éloigner d’ici Je grogne, sur un ton qui n’attend que l’obéissance parfaite des chauffeurs, une obéissance parfaite que j’offre à Georg de mon côté. Mes mains recommencent à trembler. J’ai sa silhouette en rémanence dans mon champ de vision. Ensuite, on fait la tournée des bars, il est hors de question que je sois encore en état de marcher à l’aube Et histoire que ce soit bien clair, je m’avance entre les deux sièges à l’avant avant de rajouter. T’as compris l’idée, 404 ?



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Henry Watford
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MessageSujet: Re: [FB] Tournée des bars   [FB] Tournée des bars EmptyJeu 7 Mar - 13:27

5 Février 2050

Ca ne serait clairement pas une soirée comme les autres. Conduire un tueur à gages entrainé à travers la ville pour accomplir des contrats à la chaine est une chose. En revanche conduire un homme faire la tournée des bars parce qu'il espérait sérieusement se débarrasser d'un poids qui le rongeait, c'était autre chose. J'avais toujours accepté le fait de conduire des personnes dangereuses, beaucoup plus que moi. C'étaient mon talent et mon silence qui me permettaient d'être aussi bons. J'étais un vrai professionnel, je ne me vantais pas de ce que je faisais la nuit, je n'en parlais à personne, pas même ma petite amie. C'est ainsi que je restais en vie en faisant un bon travail, même si je pensais de plus en plus à m'arrêter pour une raison évidente : Kate. Notre relation était encore débutant en ce début de février mais elle grandirait je n'en doutais pas. Seulement trimballer un homme dangereux qui entendait s'imbiber jusqu'à ne plus se souvenir de son prénom, c'était une aventure bien différente d'emmener un tueur à gages faire le tour de la ville. Je me sentirai peut-être même plus rassuré de m'arrêter devant un commissariat de police pour laisser sortir le tueur professionnel. Toutefois un contrat est un contrat et l'homme derrière, quand il avait pris contact avec moi, m'avait promis que malgré l'alcool il ne m'arriverait rien. C'est con de croire quelqu'un qui va picoler mais jusqu'à ce jour je n'avais jamais eu à me plaindre de son comportement. Il n'était jamais agréable, un trait qu'il partageait avec une poulette couverte de tatouages.

« Très bien. »

Je commence à rouler, nous éloignant en prenant une direction que me dicte mon instinct, pourvu qu'elle soit à l'opposée de l'endroit où j'avais récupéré l'homme qui s'était installé sur la banquette arrière. Il m'explique le plan de la soirée et je hoche la tête, il me rappelle quelqu'un que je connais bien. Il me rappelle moi après la perte de Sarah. A trouver un refuge prodigieux dans l'alcool et en nourrissant une intense colère à l'encontre de son meurtrier. Il passe sa tête entre les sièges et me demande si j'ai bien compris son idée. Avec les nouveaux clients mes écouteurs toujours dans mes oreilles provoquent sans cesse une inquiétude, jusqu'à ce qu'ils comprennent que ces oreillettes, si elles ne m'étaient pas vitales mais indispensables pour mon confort de vie, ne nuisaient en rien à la qualité de mon audition.

« Boire jusqu'à plus soif et encore après. C'est enregistré. »

Il y avait assez de bars dans cette ville pour qu'un homme puisse boire dix fois son saoul chaque soir d'un mois sans jamais visiter deux fois le même bar. Alors que mon client reprenait place au fond de la banquette, semblant à la fois distrait et agité, je m'enquiers du déroulement de la soirée.

« Avez-vous une liste de bars que vous souhaitez visiter ou voulez-vous que je vous emmène d'un bar à un autre selon mon gré et la proximité qui règne entre eux ? »

J'avais été chauffeur dans cette ville, j'avais des arrangements avec des bars et des restaurants pour ramener des clients quand c'était possible. Je n'aurai sans doute pas assez de bars en liste pour saouler cet homme jusqu'au point qu'il recherchait mais ça mettrait un peu de beurre dans des épinards qui promettaient déjà d'être particulièrement rentables.

« Lorsque vous ne serez plus en état de continuer cette soirée, souhaitez-vous que je vous dépose dans un hôtel de la ville ? Il en est un qui m'emploie parfois pour certains clients VIP. Ce n'est pas le moins cher de la ville mais je pourrai vous y arranger un réveil des plus doux demain matin pour apaiser la gueule de bois consécutive à cette soirée. »

Là aussi j'avais un arrangement avec cet hôtel même s'il était vrai que les arrangements avec les hôtels étaient souvent moins intéressants. Les gens qui font appel à un chauffeur savent où ils vont dormir mais pas forcément où ils veulent manger.

« Avez-vous d'autres requêtes pour cette soirée ? Dois-je vous accompagner dans les bars par exemple ou vous attendre dans le véhicule ? Y a-t-il quelqu'un à prévenir en cas d'urgence ? »

Autant de choses que j'avais besoin de savoir pour le bon déroulement de cette soirée d'ivresse.
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Andreï S. Rostov
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MessageSujet: Re: [FB] Tournée des bars   [FB] Tournée des bars EmptyDim 31 Mar - 21:02

 
Tournée des bars - 05 février 2050

 
Fuir. Partir. Tout laisser, tout laisser derrière moi. Partir. Seul. L’idée pourrait être tentante, s’il n’y avait pas… tout le reste. Georg. Les Rats. Ma vie, ou ce qui s’apparente à une vie dans mon cas. Fuir, laisser tomber, laisser tomber les masques, l’obéissance, la loyauté, laisser tomber tout ce qu’on m’a appris, mettre les voiles, me casser d’Europolis, me casser d’Europe, disparaître pour de bon. L’idée est tentante, plus tentant que jamais, mais si je la caresse du bout des doigts en m’écorchant les phalanges sur un sac de frappe, c’est parce que je sais bien, au fond de moi, que ce serait non seulement une connerie sans nom, mais que ce n’est rien de plus qu’une fausse illusion. Il n’y a qu’à voir à quel point je gère bien le fait de me sentir dramatiquement seul. Hermès est pas là, faut croire qu’une vente avait besoin de lui sans que je ne sois là pour tout faire foirer, je tourne en rond, je me détruis. Fuir, seul. Une connerie. Il n’y a qu’à voir à quel point le seul fait de me laisser tomber sur la banquette arrière de la bagnole de 404 et de voir sa tronche connue m’apaise un chouïa. Où est-ce qu’il m’emmène ? Là où il veut, pourvu que ce soit loin d’ici, loin du quartier de prédilection des Rats, loin des putain de regards indiscrets, loin des souvenirs, loin de… Georg. « Très bien. » Je ferme les yeux un instant, quand il commence à rouler, à obéir, ça me va plutôt bien comme genre de comportement, j’aime l’obéissance, j’aime sentir le pouvoir sous mes doigts, le pouvoir qui est d’ordinaire dans les mains de Georg, le pouvoir absolu sur un clampin qui n’a d’autre choix que de plier sous l’injonction d’un autre clampin. Trouve le traître et tue-le ; je me redresse brutalement, yeux grands ouverts. Une fraction de seconde, elle me hante, elle me manque, elle me tente. Je me râcle la gorge. Ce que je veux ? Me barrer de là, m’éloigner de là, et m’arrêter dans un bar. Puis un autre. Puis un autre. Et oublier. « Boire jusqu'à plus soif et encore après. C'est enregistré. » Je grogne à nouveau en me recalant au fond de mon siège. T’es un bon gars, mec.. Ouais un bon gars.

Bien obéissant, bien complaisant, comme moi ou presque. « Avez-vous une liste de bars que vous souhaitez visiter ou voulez-vous que je vous emmène d'un bar à un autre selon mon gré et la proximité qui règne entre eux ? » J’arque un sourcil. Etends mes jambes comme je peux, en me retenant de regarder la ville assombrie du filtre des verres teintés, pour garder mes pupilles rivées sur la nuque du chauffeur. Deuxième option, rien à battre de la gueule du truc, tout ce que je veux, c’est tout oublier jusqu’à ne même plus savoir pisser tout seul. Que ce soit bien clair, j’ai de grands ambitions pour la soirée, et finir vautré dans un caniveau est dans le haut de mes priorités ; mon orgueil et mon estime de moi, j’ai craché dessus et je les ai déchirés en lambeaux y’a déjà quelque temps. Je me masse les tempes, au moment où 404 me prouve qu’il est bien plus professionnel que moi, bien plus malin que moi, bien plus tout que moi, en m’étourdissant de davantage de questions encore. « Lorsque vous ne serez plus en état de continuer cette soirée, souhaitez-vous que je vous dépose dans un hôtel de la ville ? Il en est un qui m'emploie parfois pour certains clients VIP. Ce n'est pas le moins cher de la ville mais je pourrai vous y arranger un réveil des plus doux demain matin pour apaiser la gueule de bois consécutive à cette soirée. » Je plisse les yeux. Trop de précaution, trop de prévenance, c’est pas que j’y suis pas habitué, c’est juste que… « Avez-vous d'autres requêtes pour cette soirée ? Dois-je vous accompagner dans les bars par exemple ou vous attendre dans le véhicule ? Y a-t-il quelqu'un à prévenir en cas d'urgence ? » Je plisse davantage encore les yeux. C’est qu’il va me saouler avec ses questions, là. La première était mignonne, la deuxième pertinente, mais après, j’ai perdu le fil et… J’en sais rien, j’en sais rien, je… Je me vautre contre le dossier du canapé en soufflant et en tentant de réorganiser mes pensées. Et de garder le contrôle. Alors bon… que ce soit bien clair : la seule exigence que j’ai, c’est que tu la boucles Enfin non, mais oui, mais… Je soupire. Je veux dire… quand je saurai plus épeler mon prénom, je veux bien que tu me ramènes à ton hôtel à la con. Tu peux m’accompagner dans les bars, boire, faire ta vie. Faut juste… Un détail. Micro détail. Si tu me vois commencer à déconner, n’essayer pas de m’arrêter, débrouille-toi juste pour limiter la casse. Rassurant, hein ? Rien à foutre. Je me connais. Je vais forcément embrouiller des cons, lâcher le monstre et l’animal, fracasser des mâchoires. La routine. Démerde toi pour que je me fasse pas embarquer par les flics. Tu peux graisser la patte de connards en mon nom si besoin, si t’abuses, je le saurai. Et finalement, tout en parlant, je me rends compte que j’en ai, des exigences. Plus que ce que j’aurai pu croire. A croire qu’il m’arrive de réfléchir. Pour les urgences tu peux contacter… J’accroche mon téléphone, j’ignore les messages qui m’y attendent, j’écarte des noms, je ralentis au niveau des H, je descends jusqu’à la fin de l’alphabet, avant de revenir à la raison. Et d’envoyer par sms le numéro privé d’Hermès à 404. Je t’ai envoyé un numéro, t’as qu’à l’appeler s’il se passe quelque chose, il saura gérer. Son blaz, c’est Mercure, comme le mercurochrome. Pas que ce soit mon infirmière personnelle, mais la prudence m’a imposé de ne pas baver directement le surnom d’Hermès, on sait jamais. Et mon impulsivité, quant à elle, ne m’imagine pas me tourner vers quiconque d’autre désormais. Je me passe à nouveau une main sur le visage. Si t’as d’autres questions, c’est maintenant, parce qu’après, je s’rai moins patient, j’te préviens. Moins patient que maintenant, c’est pas peu dire. Et t’as droit de considérer comme une urgence le fait que ta vie soit en danger On sait ce que ça fait, quand je perds patience. J’ai une marge de contrôle trop minime pour que j’oublie d’en tenir compte, surtout lorsque je m’apprête à chercher à ce point la merde. Je renifle. Si tu tiens à tes potes et aux bars de tes potes, emmène-moi y en début de soirée. Et au contraire, si t’as des comptes à régler avec des cons, emmène-moi y en fin de soirée, histoire qu’on s’amuse tous les deux.

Et qu’on ne dise pas après que je ne sais pas être gentil. On est okay pour le programme ? Si tu veux, je t’offre un verre dans chaque bar.



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MessageSujet: Re: [FB] Tournée des bars   [FB] Tournée des bars EmptyLun 1 Avr - 16:49

5 Février 2050

Je ne sais pas trop ce que mon client du soir veut noyer avec tant de hargne mais l'objectif indiqué est clair et net : ne plus réussir à tenir debout, ne plus se souvenir de son propre prénom. Dans l'absolu ça ne me pose aucun soucis, je connaissais une société spécialisée dans le nettoyage de voitures dans des états déplorables. Alors même s'il me ruinait la voiture, j'avais pris une certaine habitude avec le temps. Paradoxalement c'était nettement moins souvent le cas lorsque je travaillais hors du cadre légal. A croire que quand les gens louaient légalement une voiture ils pensaient automatiquement avoir les pleins pouvoirs. Les criminels plus respectueux des chauffeurs que les grandes pontes de sociétés, ça avait de quoi faire rire si je l'écrivais. Pourtant c'était la vérité. Une vérité qui en ferait rire plus d'un. Il ne tarde pas à confirmer ce que j'avais d'ores et déjà deviné, il se moque du bar, de sa renommée, de ce qu'on y trouve comme boisson, pourvu que ça affiche des degrés et ça fasse partir la tête dans les nuages, très très loin de la terre. C'est marrant ça me rappelle quelqu'un à une époque pas si lointaine finalement. C'est donc tout naturellement que je mets en premier lieu le cap sur un bar avec une petite renommée et des alcools qualitatifs. Autant jouer un peu les choses de façon intelligente, plus le degré d'alcool contenu dans mon client sera important et moins la qualité de l'alcool importera. Personne n'aime démarrer une cuite au Jack Daniel's. Non, je le Jack c'est quand on est déjà passé par le Yamazaki, le Cardhu, le Glenfiddich, ensuite on peut tomber sur le Jack pour finir par ce bon vieux Label 5 dont personne n'a jamais aimé le goût. Même les petits jeunes à notre époque boivent des trucs hyper-sucrés plutôt que des alcools de mauvais qualités. D'accord le sucre n'améliore pas la qualité de l'alcool mais le rend plus digeste en terme gustatif.

Je tente de suite de mettre de l'ordre dans cette soirée, avant que mon client ne commence à boire, histoire de quand même voir où je vais et ce qui est attendu de moi. Je ne suis pas un garde du corps, je suis un chauffeur après tout. J'écoute les règles qu'il édicte, bordel pour quelqu'un qui ne savait pas exactement comment il voulait que la soirée se déroule j'étais en train de me faire une sacrée liste de tout ce que j'allais devoir retenir pour que la soirée se passe bien. Au final tout me semble plutôt cohérent, ne pas tenter d'intervenir si les choses se passent mal, ça me va plutôt bien. Graisser la patte de certains si besoin en est, franchement pas mon style, on fera en sorte d'éviter d'en arriver à ce niveau-là. J'ai un numéro en cas d'urgence pour appeler Mercure, je ne sais pas qui sait, enfin je connais bien le dieu romain mais je suis presque sûr qu'il n'y a aucun rapport entre les deux. Dernier moment pour poser des questions, je secoue doucement la tête, je n'avais plus rien d'autre à demander, je savais désormais comment la soirée allait se dérouler, du moins comment on tentera de la faire se dérouler. Tout étant désormais au point, nous allions pouvoir nous attaquer au premier bar d'ici quelques minutes.

« Tout est clair. Ca ne sera pas utile de me payer un verre à chaque bar. Je dois conduire. »

Nous voilà finalement au premier bar, ambiance cosy, bons alcools, mieux valait qu'il ne s'habitue pas trop parce que la qualité allait diminuer tandis qu'augmenterait la quantité d'alcool ingurgité par ses soins. La soirée venait donc officiellement de commencer et tandis que je m'asseyais au bar, me plaçant pour pouvoir observer mon client et le moment où il voudra partir, j'attaque la soirée avec quelque chose d'extra-fort : un jus de canneberge.
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MessageSujet: Re: [FB] Tournée des bars   [FB] Tournée des bars EmptyDim 14 Avr - 17:54

 
Tournée des bars - 05 février 2050

 
Je n’arrive pas à savoir si je trouve ça marrant ou complètement dérangé, mais à la base, j’avais une idée extrêmement simple, précise et efficace en tête, et 404 a réussi à me perturber avec ses questions au point que je l’ai disséquée, cette idée, que je l’ai dépecée, que je l’ai découpée en de multiples morceaux, et conditions, et recommandations, et instructions, et tout un tant de conneries dont, au fond, je n’ai strictement rien à faire mais qui, ouais, je suis d’accord, doivent être dites et éclaircies si jamais quelque chose se passerait mal. Comme si quelque chose pourrait bien se passer, comme si le pire ne s’était pas déjà passé, comme si le pire n’était pas déjà en train de se produire. Au fur et à mesure que j’énumère des exigences auxquelles je peux penser, je m’enfonce dans la banquette arrière, je sens la colère accumulée de toute la journée se tasser, se durcir, se forger pour exploser encore plus durement d’ici quelques heures, noyée sous l’alcool. Pour l’instant, je garde le contrôle, mais l’idée même de boire, c’est d’avoir une bonne raison d’exploser, de me livrer à tout ce dont je suis capable quand je vois rouge sans qu’on ne puisse trop me le reprocher après coup. Je ferme les yeux, me masse les tempes, égrène sans les voir les numéros du portable d’Hermès, histoire qu’au pire du pire, si jamais une catastrophe arrive, et bah… oh putain, histoire qu’il éponge les dégâts et colmate la sécurité brisée de mon anonymat. Histoire de sauver les meubles. Les urgences, contacter Hermès, ou Mercure comme je m’emmerde à coder le nom de mon ange gardien. Pour le reste, bordel, il n’a juste qu’à se démerder pour que les flics ne se mêlent pas de tout ça, ne trouvent pas ma piste, ne m’arrêtent pas et ne s’intéresse pas à moi. J’essaye de penser à tout, mais penser, hein, on le sait tous, ce n’est pas mon fort. Alors au pire, si j’ai oublié un truc, c’est à lui de me baver ses questions maintenant. Après, ce sera trop tard, je serais encore moins en mesure de répondre à quoique ce soit. « Tout est clair. Ça ne sera pas utile de me payer un verre à chaque bar. Je dois conduire. » Je lève les yeux au ciel. T’es sûr que ton blaz c’est 404 et pas sainte nitouche ? Un grognement. Je ferme légèrement les yeux. Pas que je lui fasse confiance, mais j’ai les oreilles saturées par le bruit du moteur, par sa respiration, par les battements de son cœur, et la ville, à l’extérieur, qui s’excite et qui s’anime de plus en plus au fur et à mesure qu’on rejoint les quartiers les plus… marrant. T’auras qu’à commander du jus de goyave, princesse que je finis par cracher, sur le ton d’un humour pas drôle, quand la voiture m’éjecte sur le trottoir et que je claque la portière derrière moi.

Premier bar. Ambiance cosy, je laisse à peine mes yeux traîner sur l’environnement, je me contente de tracer mon chemin jusqu’au comptoir. Andreï veut boire : trois mots suffisent à me résumer. Trois mots débiles, comme j’ai déjà pu en prononcer. Je t’aime, Je veux boire, Je veux oublier…, Je dois tuer Anastasia, ça non, ça fait quatre. Le verre claque sur la surface, se remplit, se vide, se remplit une nouvelle fois : je n’aime pas les préliminaires, je préfère aller droit au but. J’ai une descente rapide, mais je m’arrête au bout de trois verres, avec un soupçon de lucidité : putain, si je tombe raide dès le premier bar, je sais où ça va me mener. Une nuit abrégée. Une veille funéraire atrophiée. A croire qu’après avoir été incapable d’aller au bout face à Anya, je suis même pas capable de… de… mon poing se serre sur le verre, dans une volonté veine de le briser à la seule force de ma pogne, avant de me contenter de le remplir une nouvelle fois.

Nouveau regard en direction de 404. Je soupire, me traîne dans sa direction, avec ma bouteille, mon verre, et ma mauvaise humeur. Et mon incapacité à accepter la moindre solitude. J’ai passé la journée à avoir envie d’arracher des gueules et de me battre avec tout le monde, et pourtant je persiste à avoir besoin de ne pas me sentir seul.  T’as b’soin d’fric ? J’imagine qu’il y a d’autres façons d’entamer la conversation, mais j’ai pas eu de cours là-dessus. Hein, 404, tu fais ça parce que t’as besoin de fric ? Ou pour le frisson ? Je me laisse tomber à côté de lui. Mes doigts s’amusent autour de mon verre, à faire voltiger la surface de l’alcool. Georg m’a fait écouter pendant trois ou quatre ans des enregistrements d’océans, pour voir si ça allait me permettre de m’apaiser et de contrôler ma fureur ; le clapotis dans le verre me rappelle ça, concentre mon regard dessus. J’ai perdu le réflexe de regarder les gens dans les yeux, à partir du moment où j’entends tout le reste. La respiration, le froissement de ses fringues… Ou alors c’est juste ton métier. Tu fais quoi la journée ? Tu pionces ?

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Henry Watford
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MessageSujet: Re: [FB] Tournée des bars   [FB] Tournée des bars EmptyDim 14 Avr - 18:59

5 Février 2050

S'il a une descente à la hauteur de sa sympathie, j'allais finir par douter qu'il y ait assez de bars et assez de bouteilles pour réussir à lui mettre la tête dans l'état dans lequel il voulait la mettre. Je suis mal placé pour le juger, après le décès de Sarah j'avais aussi commencé à picoler dangereusement. J'avais le sentiment que je finirai par trouver une réponse au fond d'une bouteille. Manque de chance il n'y avait jamais rien au fond des bouteilles que je vidais, ni au fond des verres qui s'enchainaient. Enfin si. Ca serait mentir que de dire qu'il n'y avait rien au fond des bouteilles et des verres. Au fond de chaque bouteille je trouvais une autre bouteille, pleine celle-là. Au fond de chaque verre, je trouvais un conseil, comme dans les petits biscuits chinois inventés par les américains : remplis le verre et il sera à nouveau plein. C'était un adage que j'avais pris très au sérieux, il faut toujours écouter les conseils qu'on trouve au fond des verres vides et dans les petits biscuits chinois. Ils sont rédigés pour donner confiance en soi et faire du bien. Alors un petit verre puis un autre, un autre et encore un autre, jusqu'à ce que la bouteille soit vide. Et là, au fond de la bouteille vide, une autre bouteille, pleine ! Sauf que cette fois, plus besoin de verre, on va aller directement à la source, à l'essentiel, pourquoi s'encombrer, seul dans son salon, du besoin de boire dans un verre ? Le goulot c'est plus pratique, c'est plus rapide, c'est beaucoup plus simple. Le verre c'est complexe, en plus ça casse, ça fait des tâches avec ce qu'il y avait dedans, ça force à nettoyer. Une bouteille, ça c'est une valeur sûre. Ca casse plus difficilement quand ça tombe. Sans oublier qu'une bouteille ça se rebouche assez aisément ce qui évite d'en mettre partout quand on commence à vouloir se déplacer et qu'on s'agite.

Cet homme me donne l'impression de boire pour oublier quelqu'un ou quelque chose, il me rappelle moi, ça m'emmerderait presque pour lui si je ne savais pas qu'il était dangereux et qu'il pouvait casser des têtes. Qu'il le faisait d'ailleurs sans hésiter. C'est con de boire pour oublier quelqu'un, boire ça alimente la machine à rêves, pour sûr qu'il va rêver d'elle cette nuit et que demain matin ça sera pire encore, qu'il aura plus envie de boire encore. La seule et unique bonne nouvelle c'est que demain il ne sera sans doute pas en état de boire s'il boit trop ce soir. Son foie lui tournera le dos et chaque gorgée d'alcool de demain sera un supplice, sans compter le mal de crâne qu'il allait se payer si vraiment il prévoyait de boire autant qu'il l'avait dit. Moi je tournerai au jus de canneberge, ça me convenait parfaitement.

La question me surprend, sacrée entrée en matière de bombarder directement ces quelques mots sans prévenir en aucune façon. Je l'avais vu approcher mais là, il frappait fort et directement. J'ai besoin de fric. Ca avait été une motivation il fut un temps, mais ce n'était plus le cas aujourd'hui. Cela dit il n'avait pas totalement tort dans ce qu'il me demandait. Est-ce que je le faisais encore pour une vraie raison ? L'argent n'était plus une motivation. Le frisson j'en doutais. Je me voyais mal lui répondre que je trouvais ça inspirant pour mes romans. Mais dans le fond, véritablement, qu'est-ce que qui me faisait continuer ? Je ne savais pas. Je ne savais plus.

« Je le fais parce qu'il s'est avéré quand je l'ai fait les premières fois que je sois doué pour ça. Un talent qui ne sert à rien est inutile. Et aucun talent n'est gratuit. C'est un métier. C'est financier. C'est un plaisir. »

Mais il n'y avait plus de véritable motivation derrière ces agissements. A n'y rien comprendre.

« La journée, je vaque à mes occupations. »

Réponse évasive, il me payait pour ma discrétion également, cela incluait aussi la discrétion vis à vis de ma propre vie et pas seulement de ses agissements. Buvant une gorgée de jus de canneberge, je demande.

« Si ce n'est pas indiscret, à quoi buvez-vous ? »

Oh ça l'est bien sûr. Toutes les questions qui commencent par "Si ce n'est pas indiscret" sont indiscrètes, c'est toujours ainsi. Mais bon, qui sait si je n'allais pas avoir un début de réponse. Je parie qu'il boit à une femme.
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Andreï S. Rostov
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MessageSujet: Re: [FB] Tournée des bars   [FB] Tournée des bars EmptyMer 1 Mai - 18:52

 
Tournée des bars - 05 février 2050

 
Entrer dans un bar, vider ses réserves, payer, sortir, entrer dans un autre bar, vider ses réserves, insulter quelqu’un, se faire jeter dehors, choisir un troisième bar… voilà la soirée, telle que je la planifie. Et avec un 404 professionnel à côté de moi, je ne vois pas ce que va pouvoir mal tourner. Rien ne tourne jamais mal quand je suis impliqué non ? J’ai un rire nerveux, ma première bouteille n’est pas finie que je commence déjà à baver de la merde, si ça c’est pas bon signe pour la suite… quoiqu’il en soit, je fixe le verre dans les yeux, mes oreilles concentrées sur le bruit de l’alcool, sur ses clapotis contre la paroi du verre, mes doigts qui battent, encore et toujours, ongles heurtant la surface rigide, selon le même rythme. Mort dans l’âme, mort dans les veines, mort dans toutes les fibres de mes muscles. Et cette migraine qui enfle, cette colère qui me consume, cette mauvaise humeur qui n’est là que pour m’empêcher pour le moment de juste exploser, et exploser des gueules. J’sais même pas ce que je cherche, en dehors de l’oubli. Je ne sais même pas ce que l’oubli va m’apporter. J’sais même plus ce que j’espère, dans cette affaire. Oublier Anastasia ? Nan. Oublier sa trahison ? Nan. Oublier sa disparition ? Nan. Oublier que c’est moi qui l’ai défigurée avant de ne pas l’achever ? Nan. Oublier que je ne sais même pas si, au final, elle est bel et bien morte ? … Je vide mon verre. Je le plains, le plein, et le vide à nouveau. Gestes rapides, précis, inefficaces au possible. Qu’est-ce que je cherche, bordel ? Un peu de solitude ? Youhou, je hais la solitude, je la fuis et je la cherche en même temps, je ne sais définitivement pas c’que je veux. Raison de plus pour couler mon regard vers l’autre, vers celui qui va me subir cette nuit parce que j’ai le fric pour, parce que le fric a déjà changé de main une fois, qu’il va continuer à changer de même, comme pour tresser des chaînes qui le lieront de plus en plus solidement à moi. J’sais pas ce que je veux.

Et lui, il sait au moins ? Je me laisse tomber. On oublie le tact, la délicatesse, la diplomatie, toutes ces conneries qu’on attend de moi au quotidien. Ce soir, j’suis seul face à mon verre, j’suis seul face à mes souvenirs, j’suis seul face à c’lui que je suis, que j’assume pas trop, face à la construction bancale de Georg. Et j’emmerde le monde autant que j’emmerde le pauvre 404 qui n’a rien demandé à personne, avec mes questions intrusives et presque agressives. Je plisse les yeux, me focalise sur les bruits qu’il émet, avec la même intensité que si je le regardais dans les yeux. Les miens, je les garde rivés sur le verre, sur ses clapotis, sur les battements de cœur qui me séparent de la fin de la bouteille. « Je le fais parce qu'il s'est avéré quand je l'ai fait les premières fois que je suis doué pour ça. Un talent qui ne sert à rien est inutile. Et aucun talent n'est gratuit. C'est un métier. C'est financier. C'est un plaisir. » Aucun talent est gratuit. J’ai un rictus, en pensant au mien, de talent, celui d’entendre, de sentir, de voir, de goûter tout avec bien trop de sensibilité. Pas gratuit, nan, vu que ça me pousse à bout. Mais c’est pas à ce genre de gratuité qu’il pense, le môme. Mon rictus se transforme en vague sourire devant le financier et devient moqueur face au plaisir qui suit. Faut croire que je suis pas tombé loin, en parlant du frisson.

« La journée, je vaque à mes occupations. » Je plisse à nouveau les yeux, le côté évasif de sa réponse me pousse à le regarder vraiment, à tourner la tête dans sa direction pour le jauger du regard. Je vois Monsieur a ses petits secrets. Et je le paie pas pour qu’il me les crache, on ne m’a pas demandé de les lui faire cracher… garde tes secrets et ta vie privée, 404, pour le moment, elle ne m’intéresse pas plus que ça. Ca changera peut-être avec quelques cadavres de bouteille de plus entre toi et moi, mais pour le moment… je soupire à nouveau, vide mon verre, le remplis, mécanique bien huilée. Mécanique dans laquelle il fourre pas un grain de sable, mais un sablier complet. « Si ce n'est pas indiscret, à quoi buvez-vous ? » Je me crispe aussitôt. Mon regard se durcit. Ma gentillesse me fait cracher sur un ton agressif T’embarrasses pas d’un vouvoiement quand tu poses une question comme ça, gamin, surtout quand elle pue plus l’indiscrétion qu’un cadavre de rat. Et quel cadavre… le rat anastasia qui pourrit dans ma gueule depuis cinq foutues années. Je me renfrogne. Laisse le silence courir. Et puis merde.

Est-ce qu’il sait, 404 ? Est-ce qu’il a compris, à force, que j’ai peur, peur plus que tout, de cette solitude et de cet abandon qui me sont tombés dessus ? Que je panique réellement quand je me retrouve sans personne à qui parler, sans personne dans mon champ de vision, quand je fais face à mon reflet, à mes yeux, et uniquement à eux ? Sûrement. Sinon il n’aurait pas posé la question, surtout en se doutant de la manière dont j’occupe mes temps libres. Bref. Est-ce qu’il sait ? Ouais. Est-ce qu’il sait que je vais forcément finir par lui répondre, juste pour continuer à avoir une discussion avec lui, juste pour me donner l’illusion que je ne suis pas si seul que ça ? A un anniversaire Je me concentre pour ne pas le regarder. Et à tous ceux qui sont même pas capables de te foutre la paix, même quand ils sont morts. A tous ceux qui… A tous ceux, mon œil. A une personne. Une seule. Une qui cristallise tout ce qui me fait horreur. Celle qui m’a tout pris, celle qui a tout détruit. Je fixe le fond du verre. Il y a deux yeux qui m’y observent. Deux yeux qui me fixent, qui rient et se moquent de moi. Deux yeux qui s’accompagnent d’une silhouette, de mouvement, et de sang. Beaucoup de sang. Des bruits, beaucoup de bruit. Des gémissements, des coups dans l’abdomen. Des bleus invisibles qui se résorbent. Des plaies qui cicatrisent instantanément, parce qu’elles sont guéries – en apparence – depuis longtemps.

Je finis mon verre, je le remplis. La bouteille est vide. Quand est-ce que je l’ai finie, au juste ? Et pourquoi est-ce qu’il y a deux bouteilles vides devant moi ? Je cligne des yeux, en me rendant compte que pendant je ne sais pas combien de temps, le temps de vider une demi-douzaine de verres, je me suis perdu dans mes souvenirs, et je n’ai même pas fini ma phrase. J’en étais où ? Un anniversaire de décès, j’aime le morbide. Je me tâte à faire signe pour invoquer une autre bouteille, mais… On change l’atmosphère m’insupporte, j’ai besoin de prendre l’air. Je balance des billets sur la table, je me lève brusquement. Dans ta liste de bar, t’en as un où on peut chatouiller des mâchoires sans que ça gueule ?

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