Mission de merde. C’est là que tu te dis que ton putain de 6ème sens était censé t’alerter et te dire que ce serait pourri. Sauf qu’il a carrément dû cramer ou fuir depuis le temps… Non, je crois que j’en ai jamais eu en vrai, comme l’instinct de survie, c’est de la merde. Ça doit être pour ça que je m’amuse à bricoler tant bien que mal une bombe, ou ce qui s’en rapproche, à l’arrière d’un fourgon, alors qu’on est encerclés par les flics et que c’est le bordel absolu. Pour ça et pour m’occuper, ça m’aide à réfléchir, ou à ne pas péter les plombs de suite en tout cas.
Parce qu’il y aurait de quoi hein ? Avec tout ce qui se passe et se dit à l’intérieur. Et j’arrive pas à déterminer si je suis plus en colère qu’horrifié par ce déballage. D’accord, la colère domine largement, y a pas photo. Que le chef se tape une guerrière pétasse, grand bien lui fasse. C’était pas cool, c’était dangereux. Mais aller voir les flics et nous balancer ? Elle nous a balancés, cette connasse nous a vendus ! Et j’ai beau être en colère, au milieu, ça fait mal quand même. Ça fait que renforcer l’amertume et la colère, et c’est cool, mais ça brûle comme une bombe au napalm. Et Mc Hall et Anders, ils sont où s’il n’est pas censé avoir de morts ? Elle se fout de nous là non ? Un désolé ? Je me fous de savoir qu’il est pas celui qu’on croit, parce que c’est ça hein ? Elle croit quoi ? Qu’on le prend pour un saint ? C’est le chef, je lui obéis, point. On s’en cogne du reste. Je crois… Putain de bordel de…

Je me fige en entendant l’explosion et les coups de feu. Je peux pas me tirer comme un con, je peux pas les laisser là. Et j’emmerde le chef et son chacun pour sa gueule. Tant qu’ils seront pas sortis en tout cas. Je tourne la tête, masque toujours baissé, fusil à la main, toujours planqué dans le fourgon, quand les flics avancent et nous interpellent. Nous rendre. Et puis quoi encore ? Je plisse les yeux sans faire le moindre geste quand l’un d’eux reprend en off. Nos amis ? Qu’ils aillent se faire foutre.

« Et j’aurais la Mère Noël qui m’apportera mon goûter ? »

Mon oreillette crépite de nouveau, et au milieu des tirs et du brouhaha ambiant, le chef. Alors pour le coup, Sept et Bloody peuvent bien crever la gueule ouverte, même si j’ai particulièrement envie de lui démolir personnellement la gueule justement, à Bloody. Mais y a le chef et Kat.

« Et ceux à l’intérieur ? »

Mon visage se ferme un peu plus alors que j’essaie de trouver une autre porte de sortie. Ma main se referme sur le détonateur, qui marchera peut-être cette fois sait-on jamais… Ils sont en train de crever à l’intérieur, et je suis là comme un con sans rien pouvoir faire. Je sors de la camionnette, le détonateur planqué dans la main. Et je me sens tellement à poil sans mon HK que ça en serait risible. Mais bon, face à trois abrutis qui pointent leur flingue sur moi, ripoux ou pas, ça aurait été encore plus con que je ne le suis… Quoique vouloir tout faire péter en étant à quelques mètres, c’est pas mal non plus dans le genre.

Sauf que, une nouvelle fois, rien ne marche. Je soupire et m'avance mains levées vers les flics.

« Ouais, je me rends. Si vos gars à l’intérieur pouvait aussi arrêter…  nos "amis" seraient sans doute reconnaissants… et moi aussi. »

Non, je les menace pas, je suis pas aussi idiot que ça… jamais…


Résumé : Lukas retripatouille sa bombe, et décide de ne pas s'en aller, malgré ce que dit le chef... Il sort de la camionnette quand les flics interviennent, pas plus décider à laisser les autres seuls à l'intérieur. Et puis, il veut faire un kaboum **

Action 1 réussie : Lukas fait faire kaboum à sa bombe
Action 2 réussie : Si ça marche, lui et Lauren arrivent à se barrer loin sans trop de bobos avant l’explosion

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J’ai 0 Bonus de Marave à cramer.

Les choses sont horriblement mal engagées et le cauchemar ne fait que se déployer. L’armée et la troisième guerre mondiale m’avaient appris et forcé à dominer et à surmonter mes peurs. Je n’avais pas eu le choix pour survivre. Et voilà que je me retrouve sous le feu ennemi, une balle dans l’épaule et du sang qui déjà me trempe le bras et inonde le sol. Je sais déjà que ma vie civile, aussi éphémère fut-elle, s’arrête ici. Avec tout ce sang que je perds, les flics ne tarderont pas à m’identifier même si je sortais d’ici en plus ou moins un seul morceau. Je vois mal comment ça pourrait arriver. J’avais toujours eu la crainte de l’échec, la phobie de l’impuissance. Nous avions déjà eu des combats désespérés, chez les Fantômes. Plusieurs fois. Mais cette fois, je ne voyais pas d’échappatoires. On pouvait toujours se tirer d’un bain de sang au milieu d’une ville en état de siège, mais ici on était à Blue Island.


J’avais joué, et j’avais perdu. Riley remue la lame qu’elle m’a glissé en plein dans ce qu’il restait de mon âme. Je continue de tirer, alors que Wilson veut qu’on « s’explique ». Qu’on s’explique de quoi ? Oui, j’avais baisé une Valkyrie. Et alors ? Cette guerre nous avait tous fichus en l’air, et on avait fait ça pourquoi ? Ce sentiment terrible d’avoir commis un crime, un crime bien pire que tous ceux précédemment commis ou qui ne le seraient jamais à l’avenir, me taraudait depuis cette fameuse soirée. Je fermais les yeux un instant alors que les balles ripaient sur le sol, juste à côté de mon visage. Si je pouvais me concentrer assez bien, je l’entendais. Le rire de mes gamines. Le bruit du vin dans les arbres. Avais-je un jour été heureux ? Peut-être. Mais même si j’allais peut être mourir ici, je savais pourtant que ma place n’était pas avec les petites au milieu des arbres, de rire et de m’amuser. Elle était ici, au milieu de la poudre et du sang.


La voix de McHall se fait entendre. Rauque. Il est blessé. Je le connais comme je connaitrais un gosse. Mon frère, depuis tant d’années. Comme eux tous. C’était pour ça que la trahison de Riley était aussi terrible, qu’elle oblitérait tout. Mon âme se glace et mon cœur se serre quand je l’entends nous faire ses adieux. Des Fantômes. Je ne comprenais pas ce que ça voulait dire. A moins que les menaces de certains de tout dévoiler à la presse sur les travers de l’Etat ne poussaient celui-ci à réagir, et à faire disparaître les acteurs et témoins des drames commis jadis en son nom. Impossible à savoir. Mais si McHall ne se trompait pas, il y avait d’autres frères au bout du couloir. Dont celui que j’avais touché, et qui m’avait touché.


Je crèverais ces enculés jusqu’au dernier, les vrais Fantômes, c’était nous.


Faites-les souffrir. Promis, mon frère. Je me tourne vers Wilson.


| T’as gagné. Et j’en ai rien à foutre de ta mauvaise conscience. Je veux pas mourir avec une salope, avec une traîtresse à côté de moi. Vas donc retrouver les flics, et offre leur ton joli petit cul, t’as jamais su être bonne qu’à ça, de toute manière. |


Pan. C’était méchant, mais les Fantômes parlaient encore plus crûment entre eux d’ordinaire. De toute façon, il n’y a plus que du mépris pour cette misérable balance, qui avait rompu mon unique règle d’or. Quoiqu’on fasse, on l’assume toujours. Et si ça concerne le groupe, on l’assume au sein du groupe. Elle venait de nous en exclure tous les deux, moi parce que j’avais couché avec l’ennemi, elle parce qu’elle était indigne de confiance. Je me retourne vers Kat’. Un regard suffit. Eux plutôt que moi, comme ça a toujours été le cas. Wilson n’aurait jamais eu à devoir me forcer. Fais-les sortir. Barrez-vous. Prends-soin d’eux. Tout ça à la fois. Elle comprend ce regard qui la fixe, je n’en doute pas. Signe de tête. C’était moi qu’on voulait en priorité. Moi que Wilson avait semble-t-il promis aux flics. Je me tourne vers Cassiopeia.


| Suis-les et utilise tes contacts pour les aider. Et ferme ta gueule si tu veux vivre. |


Parce que si on l’ouvrait, ma résolution pouvait flancher. Je lève ma main raidie par la blessure à l’épaule plus haut sur le bras. L’autre empoigne la poignée de mon fusil d’assaut. Je revois le visage de mes gamines. Trois doigts levés. L’un s’abaisse. Le second. Le troisième. Je crie un « go » avant de me redresser et d’arroser tout azimut en essayant vaguement de toucher quelque chose, mais surtout de leur faire baisser la tête. De toute façon, à quatre dont plusieurs blessés, on n’avait aucune chance ici. S’ils crevaient ici avec moi, alors le gosse de Kat’ mourrait bientôt, John ne survivrait peut être pas à ce qui l’avait attaqué, et ainsi de suite.


Je ricane en tirant, vidant mon arme par rafales courtes, faisant sauter lambris, mobilier. Manque de pot, le tir de suppression ne fonctionne pas et ces mecs réagissent en professionnels. Les armes m’alignent. Il faut courir, tous


| Barrez-vous ! |

Jean arrose en mode automatique le couloir d’où émerge le groupe d’intervention de « fantômes ».
Il me reste 5 Points de Baston avant de tourner de l’œil. (-3 depuis le début)
J’ai encore 3 Bonus de Marave à cramer.

Je suis en train de vider mon arme alors que je vois qu’en face je ne parviens pas à un résultat décisif. Tu m’étonnes John, forcément que j’y arrivais pas, j’étais touché, le sang coulait de partout et m’épuisait vite, et je ne sentais pas en moi la hargne habituelle, qui m’habitait d’ordinaire. Riley m’avait planté un coup de couteau entre les côtes et il ne me restait plus maintenant qu’à tenir bon le temps que ça durerait. Je voyais déjà les fusils s’aligner devant moi alors que je percevais les mouvements de Riley et de Kat’ en arrière, en vision périphérique. Mais alors que je m’attends à me retrouver déchiqueté par une rafale, je sens un truc lourd comme un fer à repasser me cogner l’arrière du crâne. Quand je tombe, je me dis juste que c’était bien le temps que ça avait duré. Mais qu’il était temps, quand même, que tout ça s’arrête. D’une façon ou d’une autre. Je saigne de l’épaule, je saigne de la tête. Je n’entendais plus vraiment ce qu’il se passait autour de moi alors que je me touchais le front du bout des doigts. Pas de sang, là. Je passe ma main dans mes cheveux et toujours rien. Au moment où je redresse les yeux, je vois une espèce de guerrière, menue mais pourtant inflexible, qui mitraille droit devant elle. Je grogne plus que je n’articule, quand ma bouche s’entrouvre.


| T’es vraiment une malade, toi. |


Je grogne encore sous l’effort alors je me relève, et que ça me demande beaucoup d’énergie, de concentration. Des balles claquent tout autour de moi, projetant débris, papiers, objets électroniques pulvérisés par les impacts. Je sais que je vais me faire faucher, mais à cet instant-là, qu’est ce que j’en ai à foutre ? J’ai perdu ma femme, j’ai perdu mes filles, j’ai perdu ma véritable famille avec les Fantômes et les Foxes. Je me redresse, recharge mon HK, le redresse et…


BOUM


Je suis soufflé par l’explosion qui pulvérise les vitres. Les mecs tirent les coups de feu, encore, de l’autre côté du couloir. Mais ils discutent. Ca bouge. Dehors, ça hurle. Le bruit des sirènes est étouffé par la fumée et la poussière. Les râles des touchés se font plus entendre encore. Ils montent, comme une lame de fond depuis la rue. La jeune femme à côté de moi est sonnée. Plus de traces des autres. Je jette mon arme. Plus qu’une seule solution ; je lui dois bien ça à cette timbrée. Et s’il y avait bien des Fantômes de l’autre côté du couloir, et pas des flics, ça ne voulait dire qu’une chose. On s’était fait doubler. A moi de rendre la fin utile. A moi de lui donner du sens. Je tapote la joue de la blondasse.


| Hé fillette, on se bouge. C’est fini. |


Je grince des dents et ferme les yeux sous l’effort, tirant sur mes bras pour la tirer derrière moi ; avec mon épaule je n’ai pas la force de la portée. Alors je passe mes bras sous ses aisselles, tire en arrière et la traîne. La pétarade recommence mais l’unité d’intervention de l’autre côté, dans la rue, prend à parti les hommes en noir qui recule vers l’escalier. Je sors encore. On m’encadre. On me gueule de trucs alors que le sang me baigne tout le côté du visage. On hurle encore. Je lâche la jeune femme. Redresse les bras. On me cogne d’une crosse dans les reins et je tombe à genou sur le côté. Canon sur la nuque. On me met des serre-flexes autour des poignets, on me les lie ensemble. Et on me tire par les poignets en arrière pour me relever. Pris par les flics. Pour la première fois de ma vie, j’étais fait prisonnier. Aucun sentiment de honte, d’humiliation. Rien de tout ça. On me cogne, on me pousse dans un fourgon dont les portes se claquent devant moi.


Black Fox disparaît dans les sirènes de la nuit.