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 [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître
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MessageSujet: [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître   [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître EmptyMar 27 Mar - 13:53

Un contrat, un seul traître


Barabas ϟ KismetDemetria ϟ il macellaio
[Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître Kismet17[Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître Dema0110


Le contrat était tombé le 2 janvier. Comme si, la veille, le commanditaire s’était dit « ma bonne résolution de l’année 2050, c’est envoyer Demetria Leonetti rejoindre sa famille ». Une famille en grande partie assassinée en 2018.
Raven lui avait attribué ce contrat. Peut-être que Barabas n’était pas son premier choix, que d’autres tueurs de la Crows League avaient refusé avant lui. Même un professionnel expérimenté hésiterait à prendre pour cible la Dona de la Cosa Nostra d’Europolis pour trois millions d’eurodollars. Les circonstances importaient peu au Chypriote, qui y avait vu un signe du destin. Le même destin qui l’avait arraché à sa famille la même année que Demetria, trente-deux ans plus tôt, avant de les guider jusqu’en Grèce où leurs chemins se rencontrèrent — pour ne plus jamais se séparer, malgré les milliers de kilomètres de distance. Le proverbe latin « loin des yeux, loin du cœur » ne s’appliquait pas au lien qui les unissait.

Sur le moment, l’espion avait été secoué. Ensemble, ils avaient bravé la mort à plusieurs reprises et la Faucheuse avait toujours plané au-dessus de leurs têtes. Mais un lâche assassinat anonyme avait quelque chose d’indigne, d’inacceptable pour une femme de sa stature. Elle avait toujours été faite pour entreprendre, pour diriger. Trois décennies plus tôt, déjà, une bande de gamins l’avaient suivie en chantant dans une traversée périlleuse vers l’enfer.
Demetria leur survivrait tous. Ce qu’elle bâtissait durerait plus longtemps encore et beaucoup mourraient en chemin. Depuis les pyramides d’Égypte jusqu’à la Piovra*, la grandeur et l’éternité avaient toujours exigé un lourd tribut de sang.

Raven lui avait donné six mois, insistant sur la clause essentielle du contrat : la cause de la mort devait avoir l’air accidentelle ou naturelle. Pour Barabas, cette condition pointait vers une origine interne du meurtre. Un groupe rival aurait commandité un assassinat classique afin de mettre la Cosa Nostra en position de faiblesse, pour montrer à tout Europolis que la Pègre ne craignait pas de s’en prendre au premier cercle de la mafia sicilienne. Un ennemi fourbe et audacieux aurait même investi quelques millions supplémentaires pour fabriquer de faux indices menant à une faction rivale. Un pari risqué, mais qui pouvait affaiblir deux adversaires à la fois, voire plus avec le jeu des alliances.

Si Demetria mourait à la suite d’un accident, la famille Leonetti dont l’ancien Don croupissait en prison serait définitivement écartée et un nouveau dirigeant prendrait les rênes du pouvoir. D’un certain côté, pour qui sous-estimait les compétences de Demetria, la Cosa Nostra d’Europolis s’en trouverait même renforcée.

Dès lors, Barabas s’était posé la question cruciale : à qui la disparition de Demetria profiterait le plus ?
Le premier nom qui venait à l’esprit était évidemment Valente Colombo, Consigliere et dernier membre du triumvirat dominé par le couple Leonetti. L’espion avait joué de ses attributions et de ses sources pour collecter des renseignements à son sujet. Depuis quelques mois, l’homme multipliait les rendez-vous avec des notables corrompus et membres importants d’autres organisations. Des rencontres où Demetria et sa garde rapprochée étaient absentes. Cette activité ne prouvait rien, d’autant qu’il agissait peut-être sur ordre de la Dona en personne. Le seul moyen de s’en assurer était de poser directement la question à la régnante.

L’agent du gouvernement avait exploré d’autres pistes, comme des pointures ambitieuses du clan sicilien lorgnant le gros gâteau que représentait Europolis. Mais les renseignements européens n’avaient aucune piste probante pour étayer cette théorie. Barabas avait également écarté la vengeance du mari jaloux : si Demetria s’était entichée d’un autre, il l’aurait su d’une façon ou d’une autre ; et si la mainmise de sa femme le dérangeait tant que ça, il essaierait de reprendre la main et la dominer, plutôt que la tuer et s’affaiblir par la même occasion. Raffael Leonetti était un homme de pouvoir, pas un maniaque compulsif.


Mi-janvier, déjà. L’espion ne peut rien faire de plus depuis l’extérieur.
Le moment est venu d’infiltrer la Cosa Nostra, de vérifier sa théorie et agir en conséquence.
Le moment est venu de céder au destin et revoir Demetria face à face.

Barabas aurait pu contacter Demetria par téléphone et lui donner rendez-vous pour lui expliquer la situation. Comme il l’espère (et le redoute), la Dona voudra son plus fidèle allié à ses côtés pour régler cette affaire.
Cependant, une apparition soudaine et mal justifiée (impossible d’annoncer à la Cosa Nostra la raison de sa venue) éveillerait la suspicion chez ses collaborateurs. Barabas perdrait un temps précieux à gagner leur confiance et leur respect.

L’espion doit donc agir de façon plus subtile, plus percutante également. Démontrer sa loyauté et ses compétences au moyen d’une tentative d’assassinat remplira ces deux objectifs.

Au début, Barabas envisageait d’infiltrer la demeure Leonetti pour atteindre Demetria au cœur. Mais réussir à pénétrer cette véritable forteresse sans une longue préparation est une gageure, même pour un agent expérimenté. Dans l’entourage de la maîtresse des lieux, certains pourraient même reconnaître l’ami d’enfance qui, quatorze années auparavant, avait pris le premier avion pour accourir au chevet de la Dona après son accouchement difficile.

Son choix s’est donc reporté sur un casino, lieu public à la fois plus accessible et savamment protégé.

L’objectif du tueur est simple : atteindre la salle de direction et pointer une arme sur la Dona. Subtil et percutant.


* Piovra : la « pieuvre », surnom donné à la Cosa Nostra pour ses réseaux tentaculaires.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître   [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître EmptyMar 27 Mar - 13:55


[Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître Tumblr_optq9hpKOH1v5i3nmo1_500
Barabas a enfilé le smoking des grands soirs pour ces retrouvailles singulières. Chaque pièce du complet est aussi noire que sa barbe et ses cheveux, lisses et soigneusement plaqués en arrière. Ses yeux sombres reflètent eux aussi la noirceur de son âme, de l’instrument impitoyable du destin qui manipule, torture et envoie à la mort sans éprouver ni remord ni exaltation.
Dissimulé dans ses vêtements, un seul pistolet au chargeur vide. Quelques accessoires pour la soirée. Dans son portefeuille, des faux papiers italiens au nom de Calderone, le premier orphelin de la bande à rencontrer la mort au cours de son lointain périple vengeur. Un hommage et un message pour Demetria, si les choses tournent mal pour lui.

L’homme aux allures de Croquemitaine franchit l’entrée du casino au milieu d’un groupe de snobinards. Il emprunte un trajet précis et oriente son visage de sorte à éviter le champ des caméras de surveillance, qu’il a repérées la veille sous un déguisement.
Le tueur se dirige tout droit vers une machine à sous estampillée « Vyper VS The Beast », « Journey from Sewers to Fortuna ». S’il l’a choisie, c’est pour sa proximité et son point de vue idéal sur les toilettes. Le destin se montre parfois facétieux.
Après avoir inséré une poignée de jetons dans la fente diabolique de la machine (dont l’intitulé véritable pourrait être : « GIVE ME YOUR CASH → END TO THE TRASH  »), un agent de la sécurité gagne enfin les commodités pour évacuer le trop-plein de sa vessie. Le joueur attend une vingtaine de secondes et glisse un dernier jeton dans l’ouverture en forme de sourire, mais ne tire pas la poignée de tous les rêves. Si le destin lui est favorable, la prochaine personne à visiter cet engin grotesque repartira avec quelques pièces (ou les gaspillera au Black Jack : le casino finit toujours par regagner les mises).

Kismet pénètre à son tour dans les toilettes. L’agent de sécurité est un rapide, il se trouve déjà face au sèche-mains électrique.
Un regard circulaire confirme qu’ils sont seuls. Parfait.
L’espion salue poliment le reflet qu’il aperçoit dans le large miroir situé au-dessus des lavabos, passe derrière l’homme comme s’il allait rejoindre le dernier cabinet. Mais au lieu de virer à droite, il empoigne la tête de l’employé par l’arrière du crâne et la projette violemment contre le mur. Une fois, puis une deuxième. On n’est jamais trop prudent. L’agent de sécurité s’écroule, inconscient.
Rapidement, Kismet s’empare de l’oreillette, du micro fixé au veston et du téléphone glissé dans une poche. Il traîne le corps dans le cabinet, jette le téléphone dans la cuve, sort de sa poche deux paires de menottes en plastique, ligote les mains et les pieds du bonhomme, lui met un bâillon et le place sur le siège abaissé. L’espion s’extirpe du cabinet en verrouillant la porte de l’intérieur grâce à une tige télescopique.

Comme si de rien était, le tueur ressort des toilettes équipé d’une oreillette et d’un micro aux fréquences du service de sécurité.

Le plus facile est fait. Maintenant, il doit atteindre sa cible en manœuvrant les sbires de Demetria jusqu’à sa loge située au dernier étage.

Quelques brûleurs glissés dans une rangée de machine à sous génèrent une odeur de brûlé inoffensive. Les nez se froncent, des hommes de sécurité acourrent, reniflent, s’interrogent.

Kismet profite de la diversion pour se glisser jusqu’à la porte des escaliers. Deux hommes gardent l’ascenseur « réservé au personnel ». L’espion poussa un soupir. Avec plus de temps, il aurait pu se fabriquer une fausse identité et se faciliter la tâche. Il gravit lentement et silencieusement les marches.

Sur le palier du premier étage, un malabar s’ennuie, une dizaine de mégots à ses pieds. L’espion s’en allume une, continue de monter avec l’aplomb d’un habitué des lieux. Le malabar écarquille les yeux, glisse une main à l’intérieur de sa veste, où Kismet devine un pistolet suspendu à un holder. Puis l’agent de sécurité voit l’oreillette et plisse le front, s’apprête à poser une question embarrassante. Kismet le devance.

— Ça va, tu ne t’emmerdes pas trop ici ? En bas, on a eu une bagarre tout à l’heure. Encore un poissard doublé d’un abruti qui a perdu un mois de salaire à la roulette.

Le croquemitaine tend son paquet de Camel en dévoilant un sourire amical. Seules ses dents sont blanches, le reste n’est que noirceur et tromperie. Néanmoins, le malabar se détend un peu et avance sa main directrice (celle qu’il glissait dans sa veste) pour s’emparer de sa prochaine dose de nicotine.
Une erreur grossière et un vice mortel, comme il va s’en rendre compte.
L’homme en noir frappe d’abord à la gorge pour empêcher l’homme de crier, puis plus vigoureusement à la tête pour l’assommer.

Après cette brève confrontation, le compte à rebours s’écourte avant qu’on signale la présence d’un intrus hostile. Kismet avale les marches jusqu’à l’étage de la direction. Il entrouvre la porte, aperçoit quatre gardes. Par réflexe, sa main se dirige vers son arme. Avec un chargeur plein et un silencieux, il pourrait les descendre et ne plus s’arrêter jusqu’à la Dona.
L’intrus n’a pas beaucoup d’alternatives. Il se débarrasse de l’oreillette et du micro, tire le bas de sa veste pour en effacer les plis et pénètre dans le corridor, une main lâchement posée sur la hanche comme les cadors imbus d’eux-mêmes.

— Buongiorno ! dit-il avec extravagance. Je suis Calderone, consigliere de Don Corleone. Valente m’a dit que Dona Leonetti se trouve ici ce soir. Voyez-vous, c’est pour une affaire assez pressante et… (Barabas secoue la tête en levant les yeux vers le plafond) privée. Pouvez-vous me conduire discrètement à elle, messieurs ?

Deux hommes braquent leur pistolet sur l’espion. On vérifie ses papiers, on lui demande pourquoi il n’a pas pris l’ascenseur : « par souci de discrétion », pourquoi il porte un pistolet « pour se rassurer, d’ailleurs regardez, il n’est même pas chargé », qui est Don Corleone « mais enfin, vous êtes vraiment de la Piovra pour poser pareille question ? », quelle est la raison précise de sa venue « je ne parlerai qu’à la Dona en personne, pas aux sous-fifres ».

On lui retire quand même son arme, presque inoffensive sans munitions. Kismet sourit. Les chiens de garde se montrent plus conciliants quand on leur laisse un os.

Deux hommes, seulement deux hommes, escortent l’invité jusqu’à la loge de Demetria, grand bureau où la patronne d’une puissante holding gère ce soir les affaires du casino.

Barabas aurait préféré venir à sa rencontre sans être flanqué de deux hommes de main, mais le destin en avait décidément autrement.
Son plan, quant à lui, n’avait pas encore échoué. Son escorte portait pour lui les armes mortelles qu’il s’était abstenu d’emporter.


Actions a écrit:
Action #1 : Si réussi, Barabas passe la sécurité et atteint Demetria sans encombre. Si échec, la sécurité le choppe et le désarme, cf. lancer #2.
Action #2 : Si réussi, Barabas baratine la sécurité qui l’escorte jusqu’à Demetria. Si échec, la sécurité le moleste et informe Demetria.


Dernière édition par Barabas Çelik le Mar 27 Mar - 20:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître   [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître EmptyMar 27 Mar - 13:55

Le membre 'Barabas Çelik' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


#1 'Action' :
[Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître Action10

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#2 'Action' :
[Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître Action11
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître   [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître EmptyMer 28 Mar - 18:01






Les enfants se sont montrés insupportables tout l’après-midi, mettant la patience de leur mère à rude épreuve. Ils veulent un animal, un chat ou un chien, voir même autre chose, sauf qu’elle n’a pas le temps de s’occuper d’un animal malgré leurs promesses de s’en occuper. Alors que Raffael leur passait tous leurs caprices, Demetria est tout l’inverse. Son éducation est beaucoup plus strict, parce qu’elle ne veut pas qu’ils prennent les choses pour acquis sur simple demande. Ce n’est pas la vie et elle est bien décidée à leur apprendre la dureté de celle-ci.

Demetria n’est donc pas d’humeur particulièrement amicale quand elle arrive au casino. Beaucoup de travail l’y attend, mais surtout une réunion avec le propriétaire et le chef de la sécurité. Dans quelques jours aura lieu la Loterie, évènement qu’elle a mis en place avec son chargé de l’événementiel, elle entend que tout se déroule parfaitement pour appâter la clientèle, ancienne comme nouvelle. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut avoir la chance de rentrer chez soi avec 10 millions d’Eurodollars.

Mais ça signifie aussi que la sécurité doit être plus intense et dense. Demetria ne laisse rien au hasard, elle interroge le chef de sécurité, met en place divers scénario possible, s’improvise braqueuse le temps de la simulation. Elle ne lâche rien et si le chef de la sécurité montre son impatience, elle s’en moque royalement, lui rappelant que tout travail mérite salaire et que le sien est supérieur aux autres. Non sans lui glisser au passage que s’il n’est pas content, il peut chercher du travail ailleurs, personne n’est irremplaçable.

Ils en sont là de la conversation quand on frappe à la porte. D’ordinaire, Giulia et Lorenzo encadreraient la porte du bureau, le second aurait pris les devants et ouvert la porte pour découvrir qui osait venir déranger la Dona et ses associés en pleine réunion. Mais les Carparelli sont en mission. Le silence s’épaissit dans la pièce, tous curieux et tout autant surpris qu’on vienne les déranger. Le regard de Demetria se fait insistant à l’égard du chef de la sécurité, il comprend que c’est à lui de se bouger le cul.

Il y a de forte chance pour que ce soit lui qu’on veuille déranger, elle n’a pas d’autre rendez-vous, du moins pas avant les 2 heures qui suivront. Il s’est peut-être passé quelque chose au sein du casino qui nécessite sa présence. Elle poursuit donc la conversation avec le propriétaire de façade, homme qu’elle a corrompu il y a des années et joue son rôle à la perfection, il a plutôt intérêt s’il ne veut pas se retrouver victime des représailles des Siciliens.

Son mari ne se doutait absolument pas du cadeau empoisonné qu’il se faisait à lui-même, il espérait simplement qu’elle créerait une holding passive et se contenterait de vivre de ses rentes en éduquant leurs enfants. Hors, Demetria est plutôt une femme active et sa holding est à son image, elle s’implique à fond, jusque dans les décisions décisives de ses entreprises. Demetria est fière de ce qu’elle a accompli, mais son mariage en avait souffert.

Le propriétaire entame un monologue, qu’elle n’écoute plus alors que son attention est tournée vers la porte et les mots qui y sont échangés entre les agents et leur supérieur. “Silence.” Ordonne-t-elle au propriétaire. C’est bien elle que l’on demande à voir à la porte, la Dona Leonetti, de la part du Consigliere du Don Corleone, Calderone. Le chef de la sécurité se retourne vers elle, attend son accord ou son refus.

La réponse, elle l’a. Mais elle hésite, entre fustiger ses hommes et leur bêtise et accueillir cette personne à bras ouvert. Ils ne sont que 2, aujourd’hui, à avoir connu Calderone et le nom Corleone provient d’un lointain passé, ce que ses hommes sont censés savoir. Angela est à Europolis et ce n’est pas une femme qui la demande, il ne peut s’agir que de Barabas dans le couloir. Mais alors elle s’interroge, à quoi joue-t-il ?

Elle est partagée, serait-il possible qu’elle se trompe ? Calderone est mort il y a des années et il est impossible de revenir d’entre les morts. Elle sait très bien qu’aucun autre Italien ne porte ce nom et il est encore moins possible d’être le Consigliere de Corleone. Elle fait un geste de la main, invitant la sécurité à laisser entrer Calderone, alias Barabas. Autant lui poser les questions directement.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître   [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître EmptyMer 28 Mar - 19:48


[Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître Tumblr_nsvun3XG8k1sivbdao9_r3_500
Barabas sait qu’il n’est pas entouré de ces vulgaires hommes de main à la petite semaine qu’on voit pavoiser dans les bars miteux d’Europolis. Chacun appartient à la Cosa Nostra, chacun a accompli l’initiation, un assassinat commandité par le Don, avant de devenir soldato. Cette expérience marque la vie d’un être humain à jamais. L’organisation mafieuse l’avait compris et mis en application plusieurs siècles auparavant.

L’orphelin, quant à lui, avait pris un peu d’avance. À treize ans, alors qu’il migrait en Grèce après l’attentat qui avait tué sa mère, deux opportunistes l’avaient contraint d’employer le pistolet laissé en héritage. Les vandales croyaient avoir affaire à une proie facile ; le gamin était certes seul et isolé, mais plus déterminé qu’apeuré. Chaque homme avait reçu une balle. L’un était mort sur le coup, l’autre avait dû agoniser pendant des heures — Barabas ne s’en était guère préoccupé.
Déjà le sens de l’économie, de la survie, il n’avait que neuf balles dans le chargeur et aucune recharge, à l’époque.

Aujourd’hui, après trente ans à supprimer la vie et à déjouer la mort, le tueur ne sous-estime pas pour autant ses adversaires. Ses futurs alliés, probablement, raison pour laquelle il les ménage, enregistre mentalement tout ce qu’il voit et entend depuis son entrée à l’intérieur du casino.

Comme prévu, les deux acolytes mènent le faux Consigliere Calderone à la pièce centrale, dont la porte est ornée d’une plaque en métal portant l’inscription « Bureau de la direction » dans une calligraphie élégante. Typiquement italienne, pensa l’espion.
À quelques pas de leur destination, Kismet feint de trébucher en lâchant un « oups » exubérant. Cette action a deux objectifs : consolider son rôle de costard-cravate inoffensif ; ralentir le garde de droite pour que celui de gauche passe devant. L’espion avait analysé la carrure et la démarche des deux agents de sécurité, notant que l’homme de droite était beaucoup plus calme et assuré que son comparse de petite taille, un brun pétri de tics nerveux avec une coupe banane. Le moment venu, ce Nicoletto sera une cible plus facile à maîtriser.

Nicoletto frappe à la porte. Un homme aux épaules carrées et aux tempes grisonnantes vient entrouvrir la porte et entame le dialogue. Kismet devine qu’il s’agit du dernier obstacle entre lui et sa cible. Deux voix résonnent au fond de la pièce, trop faibles pour les distinguer.
Tandis que Nicoletto parle pour Barabas, une voix autoritaire ordonne de laisser entrer le visiteur impromptu. Un sourire se dessine sur les lèvres de celui-ci. Cette fois, il identifie avec certitude la voix de Demetria. Un carillon cinglant pour ses associés, un glas funeste pour ses ennemis, un timbre de miel pour les oreilles de son ami d’enfance.
Pour que la Dona prenne ainsi les devants, cela signifie qu’elle écoutait ce qui se tramait à la porte avec plus d’attention que son interlocuteur au fond de la salle. Trois ans à diriger la Cosa Nostra d’Europolis à la place de son mari ont dû renforcer ses capacités d’attention. Demetria a toujours été ainsi, elle apprend et s’adapte en laissant les pâtes molles sur le carreau. Sans doute a-t-elle entendu et compris les références de noms laissées par son plus vieil ami.

Le chef de la sécurité écarte la porte, Nicoletto relâche la pression sur son arme. Dès lors, Kismet n’a plus besoin de réfléchir. Il sait que le moment de passer à l’action est arrivé, laisse son corps accomplir une série de mouvements fluides, la répétition de gestes forgés par une longue expérience.
La main gauche saisit le canon du pistolet, le bassin pivote avec le bras droit, dont la paume ouverte vient frapper Nicoletto au plexus solaire, suivi d’un coup de pied repoussoir dans le ventre. Le garde recule en expulsant l’air de ses poumons, marche sur le pied de son collègue derrière lui et trébuche. L’arme reste à sa position initiale, fermement maintenue par Barabas qui franchit alors l’encadrement de la porte au moyen d’une roulade avant.
Le responsable de la sécurité, un temps abasourdi, a le réflexe de sortir son arme. Le tueur pourrait déjà feindre de tirer sur la Dona, mais il est presque certain que l’ouvreur de porte ira jusqu’au bout de son geste. Et se prendre une balle ne figurait pas dans son programme de la soirée. Aucun coup de feu ne devait être tiré.
Kismet se redresse en portant un coup de pied circulaire derrière la nuque de son adversaire, dont la tête vient percuter la porte qui se referme en un claquement sec.
Le tueur reprend position en braquant son arme à deux mains sur Demetria. Le cloporte qui se tient à côté d’elle donne l’impression de pisser dans son pantalon grigio, aussi insignifiant qu’une crotte de souris dans un trou à rat (où il doit songer à se terrer en ce moment même).

— Pan-pan-pan, dit simplement Barabas en mimant une série de coups de feu.

Le croquemitaine se laisse ensuite tomber à genoux, le corps droit et solide comme un mur, tandis que le chef de la sécurité se ressaisit et dirige son arme vers la tête de l’assassin. Barabas pose le pistolet dérobé au sol et le fait glisser loin devant lui. Il place calmement ses mains derrière la tête et déclare d’une voix assurée en regardant Demetria droit dans les yeux :

— Dona Leonetti m’a donné carte blanche pour éprouver le service de sécurité de cet établissement. J’y ai remarqué quelques failles et lui ferai mon rapport en privé quand elle sera disponible pour me recevoir.

Le visage du Chypriote reste impassible, mais un feu de joie danse au fond de ses iris sombres.
Tout d’abord, l’espion a atteint le principal objectif qu’il s’était fixé. Les porte-flingues parleront entre eux de lui et de son petit numéro. Comme toujours, certains faits seront exagérés pour minimiser les échecs des uns et des autres. Il n’en faudra pas plus pour se forger un début de réputation, que Barabas pourra faire fructifier par la suite.
Ensuite, il y a la joie de revoir Demetria face à face pour la première fois depuis des années. Une joie que seules trois personnes encore en vie peuvent réellement comprendre.


Actions a écrit:
Confrontation au corps à corps : si Barabas réalise un score égal ou supérieur, il réussit à s'emparer de l'arme du garde. Sinon il se fait contrer et morfle (*pluie de tomates sur l'espion 000 alias Nul-à-chier*).


Dernière édition par Barabas Çelik le Jeu 29 Mar - 19:41, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître   [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître EmptyMer 28 Mar - 19:48

Le membre 'Barabas Çelik' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


#1 'L&D Combat Rapproché' :
[Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître 3pt_pe13

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#2 'H&V Combat Rapproché' :
[Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître 1pt_pe13
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître   [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître EmptyLun 2 Avr - 21:43




On peut dire que l’entrée de Calderone, alias Barabas, est fracassante. Si elle ne connaissait pas le protagoniste, elle pourrait s’inquiéter, mais elle accueille l’interruption avec flegme. Au vu de tout ce qu’elle a vécu, et de tout ce qu’elle doit gérer, il lui en faut beaucoup plus pour lui faire perdre son calme. Sa main devant ses lèvres cachent le sourire qu’elle dissimule aux gardes qui se prennent une raclée.

Ils n’ont aucune chance, elle en sait quelque chose. Ce n’est pas tant qu’il peut mettre à terre une dizaine d’hommes à lui seul, ce serait faux, mais il a une stratégie acquis par l’expérience, que les soldatos n’ont pas. Au lieu de se focaliser sur la bagarre, son oeil se fait plus critique alors que le sang de ses hommes salit la pièce. Demetria n’est pas dérangée par la vue du sang, elle se fâche surtout du dérangement occasionnée. Jusqu’à ce que Théo intervient et dégaine son arme.

Elle est terrifiée, mais pas pour elle. Pour son ami, alors que le chef de la sécurité braque une arme sur lui. C’est seulement à ce moment là qu’elle réagit, elle se redresse de sa position assise et croise le regard de Barabas. Il perçoit lui aussi que le danger est véritable, que Théo est prêt à appuyer sur la détente de son arme pour éliminer la menace. Il se soumet, s’agenouille et explique sa présence. Théo relève ses yeux vers Demetria, cherche confirmation alors que son doigt est crispé sur la détente de son flingue.

Elle ne peut pas mentir, mais Barabas a oublié d’être bête, il sait qu’elle est capable de détourner le mensonge. Seulement, elle apprécie moyennement de devoir en arriver là. Son regard accroche celui de Barabas, si lui-même en arrive là, c’est qu’il se trame quelque chose. Puis, elle décoche un regard assassin à Théo, lui signifiant par là l’incompétence de ses hommes. “Vous m’avez déçu. Pour ce qui est de la Loterie, vous m’obligez à faire appel aux services de Don Colombo. Allez donc méditer votre échec.”

Le chef de la sécurité comprend le message, elle le congédie, lui et les agents de sécurité. Après quoi, elle se retourne auprès du propriétaire officiel du Casino. La femme contourne son bureau, ses talons claquent contre le parquet qui recouvre le sol et se rapproche de son associé. Avec douceur, elle pose ses mains sur les épaules du quinquagénaire pour le retourner vers elle. “Mr Patterson, tout va bien, c’est terminé.” Lui glisse-t-elle avec un sourire tranquille aux lèvres.

Il n’est pas habitué, loin de là, à ce genre de surprise. Il a sans doute vu la mort de trop près et frôlé la crise cardiaque. Doucereuse, elle apaise l’homme, quand bien même son attention est ailleurs. Elle prend le temps nécessaire pour calmer les battements de coeur frénétique de Patterson. Il n’est pas sans savoir à qui il s’est lié des années plus tôt, il l’avait même accepté de bon coeur, en échange d’un service. Un service qui l’avait lié jusqu’à sa mort à l’organisation sicilienne. Elle finit par le raccompagner à la porte avec une attitude que peu peuvent lui reconnaître, pourtant, c’est ce qu’elle fait chaque jour, de la diplomatie.

Débarrasser de son associé, et la porte close, elle se retourne illico vers son plus vieil ami. Elle s’approche de lui et l’étreint, profitant de l’intimité du bureau. Ce n’est pas la plus démonstrative avec les autres, mais elle reste une Sicilienne et auprès de Barabas et Angela elle n’hésite pas à laisser parler l’affection qu’elle leur porte. Ca fait des années qu’ils ne se sont pas revus, c’est un bonheur de le voir à Europolis. Avec le sourire aux lèvres, elle s’éloigne juste assez pour voir son visage. “Que signifie cette mascarade amico mio ? J’ai toujours le même numéro pour toi et Angela.” Il pouvait l’appeler, à toute heure du jour ou de la nuit, elle répondait toujours. Que ce soit pour se donner des nouvelles, ou pour gérer les emmerdes qui tombaient sur eux.

Demetria a oublié d’être bête aussi et depuis des années qu’ils se connaissent, elle sait que quelque chose se trame. Quelque chose qui ne lui plaira pas si elle en juge par la présence inattendue de Barabas. Mais pour l’instant, elle laisse éclater son plaisir de le revoir tandis que ses doigts peignent sa barbe, comme le ferait une soeur pour son frère, mais ils sont au dessus de ce genre de relation. Ça fait un bien fou de l’avoir sous les yeux, près d’elle.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître   [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître EmptyMar 3 Avr - 13:32



La confiance que Barabas voue en Demetria est absolue, et réciproque. Une foi supérieure à celle des dévôts envers leur dieu. Il ne s’agit pas uniquement de loyauté aveugle, mais aussi de compétences. Faire confiance à une cruche sincère peut être aussi touchant que dangereux, voire mortel dans des activités comme les leurs.
C’est pourquoi le fidèle ami n’éprouve aucune peur tandis que le chef de la sécurité braque un pistolet sur l’arrière de son crâne, certain que Demetria aura la vivacité d’esprit d’intervenir avant que sa cervelle ne vienne se répandre sur la moquette luxueuse, tel un pot de confiture à la groseille qui se serait brisé au contact du sol.

De même, Kismet reste de marbre pendant que la Dona congédie sèchement les hommes de main. Aucun geste ni regard méprisant de sa part. Il continue à jouer son rôle de professionnel ayant réussi sa mission, précisant simplement d’une voix neutre qu’un homme est attaché et bâillonné, inconscient, dans les toilettes proches des machines à sous.
Plus tard, il devra peut-être collaborer avec ces hommes aujourd’hui mis sur la touche. Et le respect ne s’acquiert pas seulement avec le mérite individuel, il se gagne aussi avec la bonne attitude au bon moment. Pour l’heure, il doit laisser l’autorité de Demetria s’exercer sans laisser aucune prise à l’animosité de ses adversaires.
À vrai dire, seul Nicoletto a fait preuve d’une réelle incompétence au cours de cette démonstration. Le maillon faible d’un dispositif imparfait, mais loin d’être inefficace. Même le fumeur du premier palier, s’il possède l’intelligence nécessaire, apprendra de son erreur pour devenir un soldato plus aguerri.

Le tueur se relève enfin lorsque la véritable patronne du casino, passant de la main de fer au gant de velours avec l’aisance d’une tortionnaire expérimentée, console le malheureux Patterson à la santé aussi défaillante que son courage.
Le croquemitaine dégage l’aura inquiétante de ceux qui ont la mort pour compagne. Le directeur, apeuré mais familier de ce genre de personnage, le voit dans les yeux noirs qui le fixent et ne pense qu’à fuir de cet endroit au plus vite.
Barabas garde un visage fermé, cependant il s’amuse beaucoup de la scène. Cette approche doucereuse est aux antipodes de ce que « la bouchère » fait subir à ses ennemis.

La porte se referme enfin pour les laisser dans la solitude, dans ce moment d’intenses retrouvailles qu’aucun témoin de leur rencontre ne pouvait soupçonner.

Demetria franchit les quelques mètres qui les séparent avec pour seul bruit le claquement rapide de ses talons.

Barabas la regarde enfin, pour la première fois depuis des années. Il ne joue plus. Ces rares moments en présence de Demetria ou Angela sont les seuls où il ne revêt pas un masque adapté à la situation, où il ne joue pas le rôle qu’on attend de lui.
Le temps semble n’avoir aucune emprise sur la femme qui vient l’étreindre dans ses bras doux et forts. Malgré les épreuves qu’elle a traversées, malgré les responsabilités qui pèsent désormais sur ses épaules, elle reste éternellement belle et éclatante. L’énergie et la détermination qui l’habitent depuis que la bande d’orphelins l’a tirée du caniveau restent aussi vivaces qu’autrefois. Le temps lui-même a-t-il fini par plier sous sa volonté de fer ? Le Chypriote n’en serait qu’à moitié surpris. Il n’y a jamais rien eu de trop haut, jamais rien d’impossible pour Demetria Di Mazro.

Sous l’effet irrésistible de cette énergie contagieuse, l’homme sent son cœur palpiter à nouveau dans sa poitrine, désireux de conquérir et braver les dieux à ses côtés.
Les yeux sombres du croquemitaine brillent comme le plumage d’un corbeau exposé aux rayons de l’astre solaire. Demetria est radieuse. Il l’entoure de ses bras avec une délicatesse non feinte et insoupçonnée chez ce monstre capable des pires atrocités.
Plus grand que son amie juchée sur ses talons, le souffle de Barabas libère les flagrances de la chevelure brune, s’immisçant jusqu’au bas de la nuque pour en soulever le parfum délicat.
Elle sent bon, d’un mélange d’odeurs qui le ramène aux eaux bleues de sa chère Méditerranée, aux sentiers rocailleux et musqués de la Grèce, aux chemins sinueux de la botte italienne ornés de pins et de lavande, aux campagnes sauvages de Sicile où se dressent de fiers acacias, protégeant de leur ombre un tapis de jasmins que vient sublimer une riche flore sauvage.

Est-ce la rareté de ces moments qui les rend si précieux ? Barabas ne le croit pas. La rencontre du soleil et de la terre reste un miracle perpétuel ; la magie de l’aurore reste intacte à l’échelle de l’éternité, tout comme le déchirement de la séparation au moment du crépuscule, et cela malgré la promesse d’une nouvelle aube à venir.

Les corps se séparent, mais le contact perdure. Lorsque Demetria prend l’initiative de la parole, c’est pour poser sans détour la question de cette visite impromptue. Pas de tergiversations ou de banalités sur « comment ça va depuis la dernière fois qu’on s’est parlé » ou « je suis heureuse de te revoir après toutes ces années ». Barabas apprécie. Le regard qui se plonge dans le sien exprime la même émotion que son sourire resplendissant. Il n’a guère besoin de mots. Il sait.

En d’autres circonstances, il pourrait presque ronronner tandis que les doigts de son amie vont et viennent sur le pelage noir de ses joues. Mais l’homme garde les pieds sur terre et porte des nouvelles de mort.
La mort pour ceux qui ont l’audace d’attenter à leurs vies. Comme il en a toujours été.

— Je viens directement à toi en tant que héraut de la mort, avec le genre de nouvelle qu’on annonce face à face et les yeux dans les yeux. Je travaille avec The Crows League depuis quelque temps, et l’organisation m’a confié un contrat sur ta tête.

Barabas ne prend pas de gants. Il n’en a guère besoin avec la Sicilienne. Après tout ce qu’elle a traversé, ce n’est pas un assassinat commandité qui risque de l’ébranler, quand bien même les Crows finissent toujours par honorer leur mission.
En outre, assumer le rôle de Dona d’Europolis attire une rangée d’épées de Damoclès au-dessus de sa tête, prêtes à trancher au moindre faux pas. Le tueur lui montre simplement la prochaine lame à tenter sa chance, une attaque délibérée qu’une femme de sa trempe ne va pas chercher à fuir, mais à combattre jusqu’à la victoire totale.

L’espion lui explique avec moult détails les clauses du contrat, l’obligation de lui donner l’apparence d’une mort accidentelle ou naturelle, le délai de six mois, la possibilité d’annuler le contrat par retrait volontaire ou décès du commanditaire.
Puis il détaille son raisonnement sur l’origine interne à la Cosa Nostra de la demande, la liste réduite de suspects devant la somme engagée, les pistes stériles hors d’Europolis, le soupçon rapidement écarté sur Raffael Leonetti, pour en finir aux faisceaux d’indices convergeant vers le consigliere Valente Colombo.

Kismet tire ensuite une petite clé usb de son smoking élégant, qu’il brandit d’un geste ferme sous les yeux de la Dona. Le corps et le capuchon du support informatique sont aussi noirs que le reste de son habillement.

— J’ai consigné les rencontres de Valente avec des notables de la ville ou membres importants de la Pègre. Tu pourras ainsi vérifier si toutes ont eu lieu avec ton accord, ou du moins pour une autre raison que ses intérêts personnels. Il y a peu de photos en guise de preuves, mais suffisamment pour le compromettre. Je peux te garantir à 100 % la fiabilité des informations, mais cet argument ne vaut que pour toi et Angela.

L’ami fidèle se tait après son long exposé, laissant à Demetria le temps de digérer ces informations.
Il sait que les familles Di Marzo et Leonetti tiennent le consigliere en haute estime. Valente se conduit en allié fidèle et efficace depuis leur arrivée à Europolis en 2033, à l’époque en tant qu’hommes d’honneur. L’hypothèse de sa trahison ne manquera pas de secouer la Dona, voire d’ébranler la Cosa Nostra d’Europolis si elle se confirme.

Barabas ne ressent pourtant aucun scrupule. Il n’est même pas désolé.
C’est le destin, et son destin à lui est d’éliminer toute menace pesant sur Demetria, Angela et les personnes qu’elles aiment.

À ce stade, il n’a pas encore répondu à la question de Demetria. Pourquoi cette mascarade ? Oui, il aurait pu l’appeler et lui donner rendez-vous dans un lieu discret d’Europolis.
Mais il attend la réaction de la Dona pour voir s’il a correctement anticipé la suite des événements.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître   [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître EmptyMar 3 Avr - 19:08




Droit au but, c’est toujours ainsi qu’elle définit Barabas et toujours ainsi qu’elle traite avec lui. L’un comme l’autre n’aime pas perdre du temps en banalité, ils se contentent des faits. S’il est sur ses deux jambes, s’il parle, s’il est là, c’est qu’il se porte bien. Elle n’a pas besoin de plus. Seulement de ce contact physique avec son plus vieil et véritable ami, ce contact qui lui rappel grâce à qui elle est toujours en vie. A lui, à Angela, à leurs amis tombés pour la quête d’une jeune fille revancharde. Une jeune fille qui n’a pas eu peur de les mener à la bataille, mais qui a pleuré chacun d’entre eux, que la culpabilité écrase encore un coeur brisé, mais dont la détermination étreint son état d’esprit.

Raffael lui avait dit un jour “Ton coeur n’est pas froid, il est brisé.” En référence à la réputation de femme sans coeur qu’elle s’était forgé, une femme prête à tout, qui n’a rien à perdre. Et il s’était attelé à le reconstruire, l’arrivée des enfants l’avait réchauffé, mais elle restait perpétuellement brisée par les souvenirs du passé. Souvenirs qui se rappelaient à elle dès qu’elle observait son corps meurtrie, chaque matin lorsqu’elle s’habille, le visage de Tizio se superpose à elle dans le miroir.

Seul le regard de Barabas et Angela parvenait à la rendre entière, ou presque, à lui faire oublier ses souvenirs douloureux. Ils lui rappellent la famille qu’elle avait, ces instants de bonheur vécus. Ils connaissent le moindre détail de son passé, ils savent tout ce qu’elle a fait, et ils ne jugent pas la cruauté dont elle est capable. Et ça, ça n’a pas de prix. Autant que pour les êtres qui sont de sa chair et de son sang, pour Angela et Barabas, elle donnerait sa vie, pour eux, elle est capable de tout. Bien plus qu’elle ne ferait pour d’autres, plus que pour cette organisation dont elle est désormais à la tête en partenariat avec Valente.

Ses doigts remettent de l’ordre dans cette barbe hirsute pendant qu’il lui répond. La nouvelle tombe comme un couperet, ses doigts restent en suspens pendant 1 seconde, son regard accroche celui de l’espion sans laisser transparaître la moindre émotion, avant de reprendre la tâche de peigner cette barbe. Ébranlée, c’est le cas de le dire, il n’y va pas par 4 chemins, mais pire que tout, elle comprend qu’il est à Europolis depuis plus longtemps que la veille.

Elle ne dit rien, satisfaite de voir une barbe mieux entretenue par ses soins, elle se recule d’un pas. Elle accuse le coup, étouffe le choc. Toutefois, la contrariété fronce les ridules entre ses sourcils, ça n’a rien de plaisant de savoir qu’un contrat court pour voir sa tête se décrocher de ses épaules. Elle connaît très bien cette organisation de tueurs à gages, elle sait aussi bien que le contrat durera jusqu’à ce qu’elle soit morte, ou il faudrait éliminer chaque tueur de cette maudite ligue. Autant dire que la guerre sera rude, puisqu’elle tient à vivre encore de longues années.

Il poursuit concernant les termes de ce contrat, la propre enquête qu’il a mené, autrement dit, il sait déjà pas mal de choses et lui jette même un coupable sous le nez. Raffael. Demetria secoue la tête, refuse d’entendre ce nom. Pour la première fois de sa vie, elle se voile la face, mais finalement, il l’innocente pour lui jeter un nom tout aussi incroyable. Valente. Elle secoue une nouvelle fois la tête, jusqu’à ce qu’il lui présente une clé usb, qu’elle fixe comme s’il s’agissait d’une bombe de destruction massive.

“Valente est le parrain de mes enfants, nous coopérons ensemble depuis des années, il a combattu avec mon oncle, contre Tizio. Il n’a jamais trahi les Di Marzo, ni les Leonetti. Je ne vois aucune raison valable pour que ça change maintenant.” Sauf, qu’elle n’est pas convaincue. N’a-t-elle pas développée sa propre ambition de gérer seule l’organisation ? Quand bien même elle s’est faite à l’idée que son mari reprenne sa place dès qu’il sera sorti de prison, se battre contre son mari n’est pas un combat qu’elle souhaite mener. Pas pour elle, mais pour leurs enfants. Pourquoi pas Valente ? A-t-il développé cette ambition tandis qu’elle combattait la justice pour se faire innocenter et qu’il gérait quasiment la totalité de la Famille ? Considère-t-il que le tout lui appartient désormais ? A-t-elle commis la redoutable erreur de sous-estimer Colombo ?

Elle y pense, tandis que son regard reste figé sur cette clé USB qui renferme potentiellement les preuves de cette trahison. Rectification, qui renferme assurément les preuves. C’est certain, elle ne se pose même pas la question pour savoir qui croire ? Barabas est le plus fiable, sans la moindre hésitation. La couleuvre est d’autant plus difficile à avaler qu’elle n’a rien vu venir. “Figlio di puttana.” Lâche-t-elle enfin d’une voix retentissante. L’insulte n’est pas pour Barabas, mais bien pour ce traître de Valente.

Les coïncidences n’existent pas, maintenant, tous les éléments s’imbriquent comme des pièces d’un puzzle. Valente gère la majorité des hommes de l’organisation, il est plus souvent qu’elle en relation avec les sotto-capo et les caporegimes, et ces derniers se font de plus en plus désireux de supprimer le pouvoir en place. Elle avait rangé Valente dans la même case qu’elle, mais il est assez malin pour qu’elle y croit, tout en gérant les ficelles comme un marionnettiste, comme le pro qu’il est. Non, elle n’a certainement pas besoin de jeter un oeil sur les informations recueilli par son vieil ami, elle fait confiance en ses compétences et en son jugement.

“Il te reste combien de temps ?” Avant que le patron de la ligue des corbeaux ne refile le contrat à un autre qui n’aura pas autant de scrupules que Barabas. C’est ce qui arrivera, s’il constate que le contrat n’est toujours pas exécuté malgré les 6 mois de délai. Elle retourne derrière son bureau, se retient de décrocher le téléphone pour faire venir le traître illico, mais elle fixe le combiné avec des envies de meurtres. Ils ne comprendront donc jamais ? Ce qu’il en coûte de la trahir ?

Elle pourrait le faire venir maintenant et le tuer sans broncher, profitant du fait qu’il ignore encore qu’elle sait. Sauf qu’elle ne fait jamais dans la simplicité, sa traîtrise servira encore une fois d’exemple. Non, elle compte bien réunir les troupes, les unifier sous son autorité, détruire les récalcitrants et exécuter Valente de manière spectaculaire. Comme le Don Tizio. Comme le Don Calabria et son fils. Ils veulent la guerre, ils auront une ennemie de taille ces enfoirés. Avec un sourire, qui n’a rien de joyeux, elle relève le visage vers son loyal ami.

A la vie, à la mort. Barabas est là, il a joué la comédie et au vu des informations qu’il vient de lui fournir, toute cette scène servira leurs intérêts. Il y a de nombreuses choses à voir, à mettre en place, elle a besoin de temps pour y réfléchir. D'autres questions doivent obtenir réponses.“Depuis combien de temps tu traînes à Europolis ?”
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître   [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître EmptyMer 4 Avr - 13:30



Si Demetria Leonetti est connu sous le sobriquet « la bouchère » dans le milieu de la Pègre, un autre surnom plus insolite pourrait lui convenir à merveille : « la barbière ». Barabas n’a jamais éprouvé la moindre difficulté à peigner ses épais cheveux noirs, mais sa barbe rebelle refuse obstinément de se plier aux soins capillaires. Néanmoins, comme tous les rebelles de Blue Island, chaque follicule pileux se soumet à la puissante Dona aux doigts experts. Peut-être ressentent-ils, avec le bulbe en guise de système nerveux central, la crainte de subir une découpe ou un châtiment plus douloureux.

Le travail de la barbière n’a pourtant rien de facile devant les révélations de son ami. Tout juste s’interrompt-elle lors des passages les plus saillants.
Barabas ne s’arrête pas, son débit de parole est constant, réglé sur vingt ans de briefing en face d’équipes au sein desquelles il jouait l’agent de liaison ou le chef de groupe pour les renseignements. Sa voix reste neutre, dénuée d’émotions. Il n’est pas insensible aux réactions de son amie et le plus minuscule spasme nerveux résonne en lui comme une corde vibrante. Mais tel le roc immuable, les tempêtes et les vagues peuvent s’écraser sur sa surface sans qu’il s’agite.

L’espion écoute les commentaires de Demetria, lui laisse le temps de réfléchir. Comme il s’en doutait, Valente est l’homme au-dessus de tout soupçon, le fidèle parmi les fidèles.
Pour sa part, Barabas n’a jamais accordé sa confiance en personne, hormis la bande des huit aujourd’hui réduite à un trio de quadragénaires. Baigner dans la tromperie, la manipulation et les faux-semblants dans sa vie d’agent secret l’a rendu inadapté à une existence ordinaire où les gens se rapprochent, se trahissent, puis se réconcilient et se font confiance à nouveau dans un cycle perpétuel.

Il rouvre la bouche pour la première fois lorsqu’elle lui demande de combien de temps il dispose. Par cette question, elle entre dans le vif du sujet concernant la raison de cette « mascarade », plutôt qu’une rencontre organisée en huis clos.

— Jusqu’à la fin du mois si je ne justifie d’aucun progrès. Un mois supplémentaire si j’infiltre la Cosa Nostra afin de préparer l’assassinat. Encore un mois si je parviens à approcher suffisamment ma cible. Peut-être un mois de plus, sans garantie, si je dévoile alors un projet convaincant de mort accidentelle ou naturelle à brève échéance. Je pense néanmoins qu’à partir de la mi-mars, un autre Crow sera mis sur le coup, d’abord pour rendre compte de ma progression, puis me suppléer le cas échéant. Malgré de bonnes références, je ne travaille pas depuis assez longtemps chez les Crows pour figurer parmi la crème des tueurs.

Barabas ne demande rien. Il expose les faits, laisse Demetria cogiter, lui demander des renseignements supplémentaires ou prendre une décision.
Une décision qu’il approuvera ou contestera.
Si l’ami fidèle est entièrement dévoué, il n’a rien d’un exécutant qui oblitère sa capacité de jugement et sa répartie. Dona d’Europolis ou orpheline de rue, Demetria restera toujours son égale. Chacun possède ses propres compétences, sa propre expérience ; leurs capacités se complètent, s’enrichissent mutuellement au lieu de bêtement se subordonner.

Lorsque la Dona regagne le bureau du directeur, c’est-à-dire son bureau à elle, le Chypriote croit un instant revoir la jeune fille fougueuse qu’elle était en Sicile, deux décennies plus tôt, presque à foncer tête baissée pour assouvir sa soif de vengeance. Barabas était intervenu à l’époque pour tempérer son ardeur et préparer un plan d’attaque, il recommencera aujourd’hui si elle entreprend une action irréfléchie.
Mais le tueur appliqué constate avec satisfaction qu’elle a retenu les leçons du passé. Un simple Figlio di puttana et la sensation d’un volcan en phase de pré-éruption ? Demetria a beaucoup appris depuis son accession au pouvoir. Un sens aigu de la stratégie ne rime à rien si une personnalité turbulente l’empêche de s’exprimer.
En revanche, Barabas ne doute pas un instant du traitement horrifique qu’elle fera subir au traître. À tous les traîtres. Un châtiment qui lui est égal, tant qu’il ne dessert pas ses intérêts (ce qui est rarement le cas, dans ce milieu où la terreur est une arme de dissuasion parmi d’autres).

L’esprit de Demetria fulmine, s’active à la vitesse d’un réacteur (Barabas, lui, a eu des jours pour méditer sur le sujet). Son visage passe de la colère à la détermination, ses yeux de la haine à l’intelligence.
Une association extrêmement dangereuse pour tous les ennemis de la Dona. Un régal pour ses admirateurs.

Barabas, lui, a droit à un sourire tandis qu’elle relève la tête pour croiser son regard. Un sourire qu’il apprécie autant que l’éclat joyeux de son rire. Un rictus qui appelle le sang, une nouvelle bataille à livrer à ses côtés.

La question suivante, par contre, le place légèrement dans l’embarras. Lui mentir est inconcevable, lui dire toute la vérité également. Lit-elle son malaise dans les yeux de son ami qu’elle connaît par cœur  ?
Le choix du verbe « traîner » n’est sans doute pas innocent dans la bouche d’une femme aussi intelligente. Elle sait que Barabas ne « traîne » pas. Jamais. S’il se rend quelque part, ce n’est jamais pour du tourisme. S’il est à Europolis sans chercher à les rencontrer (elle ou Angela), cela signifie que ses employeurs lui ont confié une mission. Une mission qui ne consiste assurément pas à sauver la tête de Dona Leonetti.

L’agent des services secrets doit choisir soigneusement ses mots. Il marche sur des œufs depuis son arrivée à Europolis, depuis que l’aide discrète et anonyme fournie à Demetria et ses proches s’est muée en participation de plus en plus active. Une implication qui a obligé Kismet à prendre parti pour la Cosa Nostra sans pouvoir effacer toutes ses traces, une implication qui lui a déjà valu un avertissement de ses supérieurs.
Aujourd’hui, l’espion sait qu’il est dans le collimateur de son superviseur et qu’il risque de payer le prix fort au moindre faux pas.

Barabas n’a jamais voulu mêler Demetria ou Angela à cette part de sa vie. Trop sale, même pour la bouchère. Et puis, on ne tue pas un gouvernement. Le destin a voulu qu’il veille sur elles sans jamais pouvoir vivre à leurs côtés. Ou du moins, ce sont les excuses qu’il se trouve.
Ce qui est certain, en revanche, c’est que son métier d’agent lui permet de les protéger efficacement. L’enlèvement du fils cadet en 2047. Aujourd’hui cette affaire de trahison. D’autres actions anonymes entre les deux. Sans compter les opérations plus anciennes comme le sauvetage d’Angela après sa mystérieuse disparition.

— Je suis à Europolis depuis 2046, pour le travail.

Réponse franche, mais anormalement laconique. Même pour Barabas
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître   [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître EmptyJeu 5 Avr - 20:58




Un ordre d’assassinat contre la bouchère, censé être exécuté par Kismet, le destin inéluctable. Quelle ironie ! Demetria n’ignore rien de la réputation de The Crows League, si un tueur échoue, un autre est missionné, et ce, jusqu’à ce que le dit contrat soit exécuté. Autrement dit, elle n’aura la paix que si elle extermine l’organisation criminelle, ou qu’elle exécute le commanditaire du dit contrat. Qui se trouve être Valente, loyal Consigliere de son époux. Demetria éprouve encore du mal à encaisser la nouvelle, tout en accordant une confiance aveugle en Barabas. Preuve en est qu’elle ne vérifie pas les informations de sa clé USB.

Elle serait probablement déjà informée de ce contrat, si Kismet n’en n’avait pas eu la responsabilité. Ce n’est pas la première fois qu’elle a à faire avec des tueurs à gages, plus d’un se sont essayés à l’éliminer, Demetria comme Raffael ont essuyé plus d’une tentative. Et les commanditaires ne sont plus de ce monde.

Ils pourraient gagner du temps, elle pourrait jouer la comédie et se faire passer pour morte. Pour mieux revenir. Barabas recevra la somme dû et n’aura plus cet impératif temps sur la conscience, jusqu’à ce qu’elle reprenne le contrôle. Elle y réfléchirait sûrement, si Raffael ne se trouvait pas en prison, si leurs enfants ne risquaient pas de finir on ne sait où. Ce n’est donc pas envisageable, le combat est nécessaire.

Ils disposent donc de moins de 3 mois pour que Barabas infiltre la mafia et pour éliminer le commanditaire. Sauf que ce n’est pas aussi simple que ça en a l’air. Si Valente fait appel à des tueurs et impose certaines conditions, ce n’est pas sans raisons. Il n’a pas reçu l’ordre de la Coupole, ni du Don (autrement dit d’elle, même s’ils partagent le même rôle), sans cet ordre d’exécution, il serait lui-même exécuté si la supercherie était découverte. Une mort naturelle l'innocente de facto de toute accusation. Accidentelle, c’est tout de même 1 chance sur 2 d’être découvert et Raffael s’assurera qu’il s’agit véritablement d’un accident lorsqu’il sortira. Mais il sera probablement trop tard, à ce moment là, elle sera déjà morte.

Demetria doit prouver la trahison de Valente, il lui faudra plus que les informations détenues par Barabas pour y parvenir. Elle a surtout en tête l’idée qu’il se trahisse tout seul. Après quoi, elle pourra éliminer le traître. En attendant, il s’écoulera plusieurs mois, elle va devoir diviser, pour mieux régner. Il lui faut davantage de temps pour réfléchir à la conception d’un plan qui ne souffrira d’aucun échec.

Mais il est une information toute aussi importante qu’elle doit savoir, si ce n’est plus important que d’apprendre qu’un tueur veut sa tête aux yeux de cette femme, depuis quand Barabas est à Europolis et la réponse tarde à venir. “4 ans.” La déception se lit sur les traits de cette femme. Déçue, parce qu’elle connaît Barabas, elle sait qu’il a veillé sur elles dans l’ombre, comme il le fait à l’instant. La protégeant d’un contrat sur sa tête. Mais lui, qui veille sur lui ? Seule Angela et elle peuvent le faire, pourtant, toutes les fois où ils se sont eu au téléphone, il n’a jamais jugé utile de leur faire savoir qu’il n’était pas loin. Ca fait mal de découvrir qu’il était là depuis tant d’années et qu’à aucun moment, il ne s’est manifesté. Toutefois, elle comprend les obligations qui sont les siennes.

Puisqu’il n’est pas plus bavard que ça, elle n’insiste pas. Elle le sent… Ennuyé. Comme s’il a des ennuis, mais qu’il n’ose pas en parler. Elle espère se tromper à ce sujet. Il parlera quand il le voudra, elle respecte son silence, il en ferait autant et ça ne change rien au pacte qu’ils ont conclu il y a 3 décennies. “Tu es là en connaissance de cause ? Tu as pris des risques et tu t’es même protégé avec cette identité en venant me trouver.” Il comprendra qu’il ne faudra pas prendre la question au sens strict du terme, ce qu’elle demande, c’est s’il est avec elle et prêt à tout ? Prêt à prendre le risque de perdre son travail d’espion. Entre eux, c’est tout ou rien, à la vie, à la mort. Elle-même serait prête à tout abandonner pour eux, abandonner tout ce pour quoi elle s’est battue et reconstruit si ça servait leurs intérêts.

“Tu sais que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour t’éviter cette peine.” Ce qui vaut pour l’un, vaut pour l’autre. Si Barabas l’aide, elle déploiera toutes ses compétences pour l’aider. Angela n’est pas en reste. Elle perçoit le silence de son vieil ami comme la possibilité qu’il ait de sérieux ennuis, qu’il n’en parle pas est son choix, mais elle finira par le découvrir, qu’il le veuille ou non et elle s’assurera qu’il ne souffre d’aucun préjudice.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître   [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître EmptyVen 6 Avr - 20:32



Contrairement à Barabas, Demetria et Angela ont une vie. Une existence peu banale, avec ses risques et ses turpitudes, au sein d’un monde qu’elles ont en partie façonné de leurs propres mains. Une organisation puissante, un rôle actif qu’elles ont choisi, qui leur permettent de s’épanouir. Demetria a même une « vraie » famille, au sens biologique du terme. Un mari, trois enfants, une maison somptueuse.
Lui n’a jamais rien eu de tout ça. Incapable de s’attacher à qui que ce soit depuis les rues malfamées de Grèce, il se souvient à peine des raisons qui l’ont poussé à servir le gouvernement de l’Union européenne.
À 41 ans, après la guerre et la fin des missions en territoire étranger, le Chypriote avait eu l’impression de se réveiller après un long cauchemar d’ignominies. En 2046, pour la première fois, il avait songé à bâtir quelque chose, à s’occuper d’orphelins et renouer avec la nostalgie du passé.

Mais le destin en avait décidé autrement.
Et Barabas l’en avait remercié.

Le croquemitaine n’est pas fait pour la vie, mais pour la tordre, la déchirer, la détruire. Il ne sait rien faire d’autre.
Lorsqu’il ferme les yeux, il voit les entrailles extirpées de corps encore chauds, nouées autour du cou pour une pendaison macabre ; il contemple sans émotion les artères tranchées afin de tarir le fleuve rouge qui transporte la sève humaine ; il entend le cri strident des enfants dont le crâne finit par éclater contre les murs maculés de sang, indifférent aux hurlements inhumains de leurs mères ; il sent la chair noircie dans les villages bombardés, l’odeur familière de putréfaction des cages à prisonniers.

Même quand il protège sous couvert de l’anonymat les seules personnes qui comptent à ses yeux, c’est en éliminant les menaces par lui-même ou en manipulant ceux qui le feront.
Lui ne possède rien qui vaille la peine d’être protégé. Aujourd’hui encore, il loue des chambres d’hôtel à la semaine avec son équipement d’espion pour seul bagage, changeant régulièrement d’établissement et d’identité comme un nomade apatride.

Barabas lit la déception sur le visage de son amie. Cela l’affecte, mais il garde son masque impassible.
Réflexe absurde, inadéquat. Elle le connaît par cœur et devine son malaise, sans toutefois y mettre les mots. Seule Angela pourrait y voir plus clair.

Il attendait que Demetria fasse le premier pas, qu’elle lui présente une proposition. La question de la Dona lui en donne enfin l’occasion.

— Je pourrais te donner la version courte, mais tu la connais depuis trente ans et elle ne te renseignerait guère sur ma stratégie.

Les commissures des lèvres se relèvent brièvement, puis regagnent leurs positions initiales tandis qu’il s’exprime plus longuement.

— Tu connais ma façon de procéder. J’ai analysé les différentes options et choisi l’action la plus efficace. En déjouant la sécurité sans la froisser, sous le couvert d’une mise à l’épreuve, je mets un pied dans la Cosa Nostra avec l’autorité de ton nom tout en commençant à gagner le respect de tes subalternes. En outre, je peux justifier d’un progrès auprès de la Crow League et entretenir la confiance qu’ils me portent. Le reste… (Barabas plisse le front) est mon affaire, tu n’as pas à t’en soucier. Je ne suis pas venu ici pour faire le simple coursier et te laisser avec cette épée de Damoclès qui plane au-dessus de ta tête. On n’élimine pas un ennemi en lui tournant le dos, mais en approchant un poignard de son cœur. Et Valente est devenu mon ennemi depuis le jour où il est devenu le tien. (Le regard de Barabas se voile d’un noir morbide, comme si on déversait de l’encre dans ses globes oculaires.) À présent c’est lui, ma cible prioritaire. Et nous le frapperons ensemble, lui et toutes les personnes impliquées, comme ces putschistes du clan Tizio. Car Valente n’est peut-être pas l’instigateur de ton assassinat, peut-être est-il la marionnette du réel commanditaire. (Les yeux de l’espion s’orientent vers la clé usb.) Ces informations pourraient nous donner une piste, en les croisant à tes registres puis en établissant un diagramme relationnel. Découvrir son mobile nous révèlera aussi son point faible. Tu pourras alors tourner cet atout à ton avantage, non seulement pour détruire le traître, mais pour sortir encore plus forte de cette épreuve.

Le sang de Barabas se glace.
Malgré l’enthousiasme de son discours, la joyeuse perspective de repartir en guerre avec Demetria et Angela, l’espion sait qu’il vient de franchir un point de non-retour. Peut-être même qu’il vient de signer son arrêt de mort. Le gouvernement ou la Crow League, qui viendra réclamer sa tête en premier ? Il a pourtant l’habitude des risques, de caresser les doigts osseux de la Faucheuse et défier son regard en invoquant le destin.
Pour le meilleur et pour le pire, les circonstances sont inédites. Il ne s’agit pas d’une simple opération commando qui consiste à éradiquer la menace avant de repartir en mission, ou de passer quelque temps ensemble avant de se séparer à nouveau.

Ce n’est pas la mort que Barabas redoute le plus, mais la vie.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître   [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître EmptyVen 6 Avr - 22:57




C’est à croire que le destin du trio est inéluctable, son ami n’aurait pu se choisir un alias plus adéquat. Leur vie est semée d’obstacles, comme si ce foutu destin s’obstine à vouloir se débarrasser d’orphelins qui ne cessent de déjouer la faucheuse. Destinés à mourir, mais déterminée à vivre. Ou sont-ils si habitués à se battre, qu’ils ne peuvent s’empêcher de combattre la mort elle-même. La faucheuse leur a déjà privé de trop nombreux êtres aimés. Calderone. Justine. Paolo. Théo. Amélia.

Barabas lui annonce qu’il est de son côté, toute cette mascarade était mûrement réfléchie de sa part pour se faire une place dans l’organisation. Il se battra avec elle et sans aucun doute Angela en fera autant dès qu’elle en sera informée. “Tu as eu davantage de temps que moi pour réfléchir, mais Valente n’est pas Don Tizio. Il n’a enfreint aucune règle, jusqu’à preuve du contraire et je veux des preuves solides à présenter à la Coupole. Si tu me dis que Valente n’est peut-être qu’une marionnette la situation se complique. Il ne sera sûrement pas à la solde d’un inférieur, la seule hiérarchie au-dessus de nous est la Coupole dont fait partie mon oncle. Je ne peux simplement pas me présenter à eux et balancer qu’un traître est parmi nous.”

Elle s’approche de Barabas pour prendre de ses mains la clé USB, mais elle n’a pas l’intention d’ouvrir ces informations dans ce bureau, sur cet ordinateur. Elle le fera quand elle sera certaine que personne ne pourra avoir accès aux informations de Barabas. Pas chez elle, qui se trouve être une forteresse contre les attaques extérieures, mais une passoire pour les membres de l’organisation sicilienne. Les Hommes d’honneur vont et viennent quand bon leur semble, ou presque, pour pouvoir s’entretenir avec la Dona.

Les règles sont strictes, pas de conversations téléphoniques, pas de traces écrites, rien qui puisse fournir une preuve au gouvernement. Toutes les décisions se prennent de vive voix en privée, les ordres sont distribués de vive voix. Sur certaines choses, l’organisation est restée moyenâgeuse. L’omerta doit être respectée. Pour autant, ils ne sont pas infaillibles, preuve en est si Barabas a réussi à réunir les informations nécessaires pour accuser Valente. Elle devra corriger ça. Demetria vérifiera les informations dans les bureaux de sa holding, bureaux officiels, de son métier tout aussi officiel, dans le quartier des affaires de Blue Island.

“Nous devons faire les choses dans les règles de l’art cette fois, ou l’ordre d’exécution sera officiel de la part de la Coupole, mais à mon nom.” Ce qui serait bien plus dangereux qu’une prime sur sa tête via Crows League. Demetria craint davantage la Coupole qu’un quelconque tueur à gages. Voir plusieurs. Elle garde les mains de Barabas entre les siennes une fois la clé USB en sa possession, elle garde un moment le silence, réfléchissant à ce qu’elle va lui dire. Avant de lever les yeux vers lui, pour ne plus le quitter du regard.

“Je me soucierai toujours de tes affaires, de la même façon que tu le fais. N’est-ce pas ? Quand Raffael a été emprisonné, Alcide a été enlevé. Quelqu’un nous a donné des informations pour qu’on le retrouve. Quelques mois plus tard, on a pu les éliminer, encore une fois grâce à des informations généreusement données. C’est toi Barabas, tu as sauvé mon fils.” Les souvenirs remontent à la surface, cette rage et ce désespoir ressentis au moment de l’enlèvement de son fils cadet. La terreur de perdre son fils. Elle avait remué terre et ciel, jusqu’à ce qu’un soit disant indic leur donne l’information capitale. Ils avaient retrouvé Alcide, mais tout le monde était déjà mort une fois sur les lieux.

Sa vengeance n’était pas accomplie, elle avait poursuivi sa traque pour retrouver les commanditaires. Encore une fois, un indic leur avait donné tout ce qu’il fallait. Barabas étant d’origine turque et présent depuis 46, il ne s’agit pas d’une coïncidence. Et elle ne s’était douté de rien, persuadée qu’il était en mission ailleurs dans le monde.

Ses mains serrent celles de son ami, expriment une reconnaissance éternelle. “Alors ne me dis pas que ce ne sont pas mes affaires. Tu ne me dis pas tout, mais n’oublie pas que je te connais, Angela plus encore. Tu travailles toujours pour l’Union européenne ?” Ils établiront un plan, ensemble, mais quand elle aura tous les éléments en sa possession. Il ne s’agit pas seulement d’un combat au sein de la Cosa nostra, si quelqu’un veut s’en prendre à Barabas, ils n’ont aucune idée du déferlement d’emmerdes qui peuvent lui tomber dessus. Gouvernement ou pas.

Demetria jouit de certaines relations, elle n’aurait pas pu sortir son ami des mains de terroristes sans cela. Elle avait dû faire des sacrifices, certes, mais pour Barabas elle s’amputerait de tout si c’était nécessaire. Angela et elle étaient là, alors que le gouvernement l’avait abandonné. Aujourd’hui, elles sont là et le seront toujours.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître   [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître EmptySam 7 Avr - 19:56




Le déterminisme et le libre arbitre se sont toujours opposés à travers les âges et les courants de pensée, nourrissant les débats et les ouvrages philosophiques.
Kismet, lui, croit autant en la main du destin qu’au pouvoir des décisions individuelles.
Un concours incroyable de circonstances l’a certes mené jusqu’ici, mais c’est en connaissance de cause qu’il choisit d’emprunter cette voie, de s’y jeter à corps perdu malgré les conséquences.

Le dilemme est à présent résolu, quelques minutes de discussion avec Demetria auront suffi. Regarder en arrière et fantasmer sur d’autres embranchements de l’existence est inutile ; ce genre de tourments appartient aux pleutres qui n’assument pas leurs décisions, aux esprits faibles et morfondus qui avancent vers l’avenir en traînant les pieds.

Place à la stratégie de guerre, à la chasse aux traîtres.

Cette fois encore, leur intelligence et leur expérience combinées pèseront dans le résultat final. Un poids considérablement plus élevé qu’à l’époque de leur jeunesse.

À la solde d’un inférieur, assurément pas. Sous l’influence d’un inférieur, c’est une hypothèse qu’on ne peut écarter. Pense à Angie : avant même de devenir sotto-capo, une personne comme elle tirait les fils des puissants tels des pantins dans un théâtre de marionnettes. Certes, très peu de personnes possèdent à la fois son intelligence et son aptitude spéciale, mais un travail de longue haleine sur Valente aurait pu exacerber ses ambitions, sa frustration. Je pense notamment à sa famille, puisque c’est une valeur forte chez lui comme beaucoup de Siciliens. D’autant que ta position n’est pas idéale depuis que ton mari est en prison, nul besoin de te le rappeler.
C’est pourquoi j’insiste autant sur le mobile, sur l’importance de remonter à la racine de la trahison. Il n’existe pas d’autre moyen de s’en débarrasser définitivement. Et par expérience, c’est souvent là que se trouvent les preuves incriminantes.


Parallèlement à l’ébauche de son plan d’action, Demetria commence à relier les points sur les dernières années de son fidèle ami.
Lorsque les mains de la bouchère, douces et capables des pires châtiments, étreignent celles du tueur, rèches et couvertes du sang de tant de victimes, Barabas ressent dans l’entièreté de son corps l’intensité de leur lien inextricable. Elle ne le lâche plus du regard et il se sent aussi nu qu’un nouveau-né sous le regard infaillible de sa génitrice, incapable de masquer la plus infime parcelle de chair. D’une certaine façon, c’est elle qui lui a donné naissance trente ans plus tôt, comme au reste de la bande.
Fils, père, frère, ami, confident, allié, protecteur, tous ces mots s’appliquent à leur relation sans pouvoir la décrire.

— Dema, je ne permettrai jamais qu’on touche à tes enfants. La loro carne è la mia carne, il loro sangue è il mio sangue (Leur chair est ma chair, leur sang est mon sang).

La formule verse évidemment dans la métaphore, puisque Demetria et Barabas n’ont jamais été amants. Mais l’orphelin réaffirme par là son sens particulier et absolu de la famille.

Sans rompre le contact visuel, Barbaras pose ses lèvres chaudes et charnues sur les doigts fins de la Dona, dans un geste plus solennel que sensuel.
Dans ce cadre intime il l’appelle par son diminutif d’autrefois, lui qui s’était affublé du nom de guerre Baras après qu’Angie, espiègle précoce, l’eût appelé Barba Papa.

Les paupières du croquemitaine se ferment alors un bref instant, afin d’échapper au regard inquisiteur de son interlocutrice.
Il est conscient qu’il doit parler, en dire plus. Mais sans l’inquiéter, sans l’impliquer. Il avisera en temps voulu. Le destin montrera la voie, au besoin il consultera sa pièce, vestige de la guerre de Troie qu’il porte toujours sur lui.
Lorsque le Chypriote dévoile à nouveau ses sombres pupilles, c’est pour exposer une vérité partielle, gardant les éléments compromettants dans l’ombre.

— Tout était plus simple autrefois. Il y avait ton monde d’un côté, mon monde de l’autre, et Angie qui naviguait entre les deux. Depuis que les services secrets m’ont affecté à Europolis, le destin n’a cessé de me balloter entre toi, la Cosa Nostra et l’Union. J’étais infiltré au sein de la mafia turque lorsqu’ils ont voulu profiter de l’emprisonnement de Raffael pour s’en prendre à toi, à travers ton fils Alcide. Ils croyaient la Cosa Nostra affaiblie, j’ai tenté de leur faire comprendre leur erreur, mais en vain. Je savais également que tu traquerais et annihilerais les coupables quoi qu’il en coûte, que tu remporterais cette guerre sanglante mais qu’elle affaiblirait davantage la Cosa Nostra, et par conséquent toi et Angie. Le sang appelle le sang, et les requins des mafias concurrentes risquaient alors de s’acharner sur vous pour étendre leur territoire et leur influence.
Je vous ai donc simplement facilité la tâche, et la piovra a pu étendre ses tentacules sur les activités de la mafia turque. Une victoire qui a également renforcé ta position en tant que nouvelle Dona aux commandes.
Vois-tu, Dema, sans l’Union je n’aurais pas été au bon endroit au bon moment. Le destin voulait que je sois là.


Barabas tait un instant sa voix calme et puissante. Il s’exprime avec la conviction du prêcheur, mais sans le fanatisme exalté dont ils font souvent preuve.

— C’est également pour l’Union que j’ai rejoint la Crow League, ce qui m’a permis de recevoir le contrat sur ta tête. Et c’est encore grâce aux services secrets et à mes contacts que j’ai pu explorer différentes pistes et rassembler ces éléments de preuve sur Valente.
Nos mondes s’entremêlent comme jamais auparavant et c’est la main du destin qui m’a guidé jusqu’ici, ce soir, devant toi. Mais c’est bien ma voix qui s’exprime à travers ma bouche, ma main qui châtiera ceux qui te veulent te nuire. Réglons ensemble les affaires qui te concernent et consacres-y toute ton énergie.
Je ne risque rien pour le moment, du moins rien de plus que d’habitude.


Pour le moment.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître   [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître EmptyMer 11 Avr - 20:47




Demetria n’a pas assez de recul, n’a pas eu assez de temps pour évaluer la situation, mais Barabas s’est bien renseigné avant de venir la trouver. Il savait assurément qu’elle ne pourrait croire à une traîtrise de la part de Valente sans plus d’éléments, il avait fait les recherches nécessaire et lui donnait sa parole, cette simple clé USB qu’elle n’a pas encore ouvert, lui suffit pour croire en Barabas plutôt que Valente. Imaginer son égal, le Don, sous l’influence d’un inférieur, lui paraît plus qu’improbable, mais pas impossible. Valente est surtout un homme d’action, et là où les années ont appris à Demetria à utiliser sa tête pour mener un combat, Valente est resté ancré dans ses méthodes.

Il fait très justement remarquer que son homologue peut être qu’une victime d’une personne aux capacités hors normes. Ce serait même cohérent, on ne manipule pas un esprit aussi profondément en un claquement de doigts. Il n’a pas tort, et ce ne sera pas plus simple à démanteler. Ca complique grandement la situation, si cela s’avère juste, Valente n’est qu’un pantin inconscient, elle ne lui accordera pas le châtiment qu’il mériterait. Par respect pour les sacrifices qu’ils ont consenti à faire l’un pour l’autre, notamment au moment de l’emprisonnement de Raffael.

Ce que Barabas ne manque pas de lui rappeler, comme pour remuer le couteau dans la plaie, ce qui n’est pas son intention. Leur couple avait beau battre de l’aile, il lui manque cruellement. Il comblait les énormes lacunes de Demetria, notamment sur leur vie de famille. Ils étaient totalement opposés concernant l’éducation de leurs enfants, il les gâtait, disait oui à tout, alors qu’elle faisait tout l’inverse, à ses yeux, tout se mérite. Ils veulent un animal, ils doivent ramener les meilleures notes de l’école, prouver qu’ils seront capables de s’en occuper. Forcément, ils préfèrent leur père à leur mère. Régulièrement, ils lui balancent à la figure “J’aurai préféré que ce soit toi en prison.”. Et autres joyeusetés qui font son quotidien familial. Ses enfants sont les seuls qui osent lui manquer de respect, les seuls qui parviennent à arracher des larmes à cette femme au caractère si fort quand elle se retrouve seule.

Demetria s’est battue pour obtenir la vie d’aujourd’hui, tout ce qu’elle a acquis n’est pas tombé du ciel. A contrario Barabas prend la vie telle qu’elle vient, il saute sur les vagues du destin, celles qui doivent le mener où il doit être. Le destin, elle n’y croit pas, mais elle croit en un Dieu et un Diable. Don Tizio était le Diable, Dieu lui a permit de trouver les orphelins en Grèce. Les deux seuls survivants aujourd’hui, sont les anges gardien que Dieu lui a désigné. Preuve en est, il a sauvé son fils cadet des griffes de ces maudit turques. Sa parole est solennelle, elle n’en a jamais douté, et c’est pour ça qu’elle fait rapidement le lien entre lui et l’indic mystérieux. “Les mots ne seront jamais suffisants pour t’exprimer ma gratitude.” Ses yeux se ferment tandis qu’un grand soulagement s’empare d’elle, le soulagement d’avoir des amis si loyaux pour veiller sur ses enfants s’il lui arrivait quoique ce soit.

“La simplicité, ça n’a jamais été notre fort, tu ne crois pas ?” Glisse-t-elle simplement suite à ses explications. Il a raison, sur de nombreux sujets, il sait qu’elle aurait pris beaucoup de plaisir à écraser cette mafia concurrente qui ne respecte pas les traités établis des années plus tôt. Quand un Sicilien donne sa parole, il la respecte, jusqu’à sa mort et la mafia Sicilienne n’a jamais cherché à relancer une guerre de territoire. Ce que d’autres perçoivent comme de la faiblesse, alors qu’il s’agit de la plus grande force des Siciliens. Les Turques avaient sous-estimé la piovra, mais Kismet les avait devancé.

“Très bien, comme il te plaît.” Elle capitule, seulement parce qu’il s’agit de Barabas. Sa main se pose sur sa joue, ses lèvres viennent embrasser l’autre, à l’orée de sa barbe. Au fil des ans, elles l’ont vu se rembrunir, se renfermer dans ses tourments ou l’absence de ces derniers, qu’importe. Angela s’inquiète pour lui, étant donné qu’elle est plus au fait des tourments de leur ami, Demetria la croit volontiers et par conséquent, s’inquiète tout autant. Réalise-t-il seulement qu’elles l’accepteront toujours ? Il pourrait se transformer en monstre, il sera toujours le même à leurs yeux, elles le soutiendront jusqu’à la mort. Pendant 4 ans, il a oscillé entre son devoir envers l’Union et sa loyauté envers Demetria et Angela, c’est tout lui, de ne pas souhaiter impliquer les femmes dans ses multiples aventures, pour leur éviter quelconque sévices peut-être ?

“Il nous faut mener une enquête interne avant tout, je veux savoir qui est impliqué ou innocenté.” Dit-elle en s’éloignant de lui, pour prendre place sur un canapé, sur lequel elle l’invite à la rejoindre. Étant donné qu’elle se trouve rarement en compagnie des soldats et leurs capitaines, Barabas entre en jeu. Angela pourra aisément se mêler aux sotto-capo. “Ça se complique, tu sais bien que nous ne gardons aucune trace écrite de nos recrutements, ni de nos affaires. Hormis interroger les uns et les autres, je n’ai pas plus d’informations à te fournir, si je me mêle soudainement aux soldatos, Valente se doutera de quelque chose. Pour l’instant, je suis coincée dans mon quotidien.” Elle tourne un regard déterminé et farouche dans le sien.

“Ca fait déjà quelques mois que je fais face à des dissensions, c’est probablement qu’une diversion, c’est son style. Il me connait, faire des sacrifices pour me divertir ne le dérangerait pas. Si tu as le moindre doute, ne pousse pas ta chance, je mènerais l’interrogatoire, il ne mourra pas tant que je n’aurais pas mes réponses. Pantin ou non, Valente est assez malin pour ne pas s’impliquer personnellement dans son putsch, il fait appel à des sous-fifres, je remonterai jusqu’à lui.” Mener des interrogatoires, il ne faut pas croire qu’elle n’y prend aucun plaisir. A l’origine, elle le faisait parce qu’elle n’avait pas de coeur, Tizio le lui avait arraché, en même temps qu’il l’avait amputé de son annulaire gauche, prétextant que ”si tu ne m’épouses pas, personne ne t’aura.” S’il la voyait aujourd’hui... Au fil des ans, le pouvoir qu’elle avait sur sa victime est devenue comme une drogue, elle avait dû s’en sevrer lors de la naissance de ses enfants.

“Te concernant. Ne ressors pas le nom Corleone, ils ont commis une erreur, mais ils apprennent vite, ils vont se renseigner. Tu veux garder ton identité ? Quelle histoire veux-tu qu’on monte pour expliquer ta présence ? J’appellerai mon oncle, il s’assurera de te fournir tous les éléments nécessaires si Valente pousse sa curiosité à ton sujet. Quiconque cherchera à en apprendre davantage sur toi, sera un coupable potentiel.” Don Di Marzo fera ce qu’elle lui demande, pour la simple et bonne raison qu’il a toujours veillé sur sa nièce depuis son retour. Si autrefois, il avait refusé d’intégrer les orphelins à la mafia, il fera preuve d’une plus grande ouverture d’esprit s’il apprend le danger qui guette Demetria.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître   [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître EmptySam 14 Avr - 10:48




Barabas n’a jamais recherché la gratitude pour ses actions envers Demetria et sa famille, encore moins les louanges. Ni même l’approbation. Agir de la sorte est pour lui aussi naturel que respirer ou acheter un repas pour se nourrir. Remercie-t-on un homme lorsque sa poitrine se soulève pour entretenir le souffle de la vie ?
Si les circonstances ne l’avaient pas poussé à se dévoiler, l’espion serait mort en emportant ces secrets dans sa tombe, comme tant d’autres avec eux.

Il ressent néanmoins une grande joie intérieure devant la réaction de Demetria. Car l’orphelin lit le soulagement à travers ses yeux clos, sur ce visage beau et dur que beaucoup voudraient réduire au silence, enfouir sous le béton glacial d’Europolis pour s’en disputer le trône.

— C’est la vie qui est compliquée.

Une nouvelle formulation concise dont seules Demetria et Angela peuvent saisir la portée.
Entre elles et lui, tout est simple et l’a toujours été. Jamais d’hostilité, de tromperie, de doute, de sentiments mouvants. Des non-dits, certes, mais toujours dans le respect le plus total.
En revanche, le trio de survivants subit les affres de l’existence comme n’importe quel être humain foulant le sol de cette planète. Destin, Dieu, mauvais choix, bons choix, peu importe : comme si survivre à un départ difficile dans la vie ne suffisait pas, chacun a suivi un chemin sinueux et semé d’embûches, une voie obscure et singulière où leur lien inextricable est constamment mis à l’épreuve.

La Dona n’insiste pas dans sa recherche d’explications. C’est au tour de Barabas d’être soulagé, il ne s’en serait pas tiré à si bon compte avec Angela. En attendant, cette trêve lui convient.
L’espion ne sait pas encore comment il va se dépêtrer du bourbier où il vient de mettre les pieds, mais il espère que le Destin lui ménagera une issue. Une porte de sortie qu’il creusera, si besoin, à coups de masse sur l’épais mur en pierre de son ergastule. Car il n’est pas question d’abandonner. Jamais.
Sous l’aspect d’une statue figée dans une posture digne, c’est un homme à la détermination inflexible que Demetria embrasse sur la joue. Dans leur comportement, le Chypriote est la roche montagneuse de Kalymnos, le marbre blanc de Thasos qui se façonne pour revêtir les formes les plus monstrueuses, mais aussi les plus nobles ; la Sicilienne est le soleil septentrional qui chauffe et illumine les visages, l’eau fougueuse de la Méditerranée qui enlace les corps et caresse la peau, mais brise aussi les coques des navires pour engloutir son tribut dans les profondeurs abyssales.

La maîtresse des lieux vient s’installer sur un somptueux canapé telle une domina de la Rome antique. La bouchère en possède le sang italien, la grâce naturelle d’un rang acquis avec force volonté et violence.
Le tueur répond à son invite, prend place à l’autre extrémité, passe un bras derrière le long dossier, les lombaires calées contre l’accoudoir afin de faire face à son interlocutrice.
Il écoute tout ce qu’elle a à dire, hoche la tête en signe d’assentiment. Le vieil ami sent la femme d’action en ébullition, sous contrôle de la femme d’affaires qui sait à présent transmuer sa détermination farouche en stratégie efficace. Lui reste stoïque, mesure, pèse, navigue sur les affluents du destin pour explorer les possibilités qui s’offrent à eux.

— Parfait. Nous pouvons tourner cette situation à notre avantage. Et l’avantage de ta position centrale, c’est que tous les regards sont tournés vers toi. (Barabas soulève un index pointé sur Demetria.) Et à trop fixer le soleil, on devient aveugle aux mouvements alentour, surtout les miens. (L’espion esquive un sourire en coin.) Garde ta place et continue de briller jusqu’au dernier moment, lorsque nous pourrons porter le coup décisif.
Tu peux en revanche me fournir certaines informations dont j’ai besoin. J’aimerais obtenir l’organigramme familial de Valente et le comparer à mes propres données. Ainsi, je trouverai le maillon faible que je pourrai exploiter. Manipulé ou non, Valente ne se lancerait jamais dans une opération pareille sans le soutien d’une partie de ses proches. Des proches qui sont majoritairement de sa famille. À commencer par son comptable qui est son beau-frère, si mes renseignements ne sont pas obsolètes. Il a bien fallu justifier les millions qu’il a débloqués pour ton contrat, et même si les transactions financières ne sont pas formellement consignées, la somme est trop importante pour n’impliquer personne.


Lorsque Demetria aborde l’identité et le statut officiel de Barabas en mentionnant son oncle, une nouvelle idée germe dans l’esprit du stratège.
Don Di Marzio… pourquoi n’y a-il pas pensé plus tôt ? L’agent des services secrets va pouvoir mettre à profit une information cruciale, découverte une semaine plus tôt.
Des connexions neuronales se créent entre souvenirs, expérience, calcul des risques et évaluation des retombées positives, générant un projet audacieux qui surprendra peut-être la Dona.
Kismet ressent l’envie impérieuse de consulter sa pièce du destin. Il sonde le disque de métal ancien à l’intérieur de sa veste, n’osant guère le faire tournoyer en présence de la catholique.
Elle acceptera, et lui aussi acceptera. Le Destin nous guide dans cette direction.

— Ma fausse identité faisait évidemment partie du test de sécurité, commence-t-il en balayant cette question d’un revers de main. Pour être convaincante et durable, une fausse identité doit être plus véridique que vraisemblable.
Ton idée est brillante, plus encore que tu ne l’imagines. Je te demande néanmoins de me faire confiance et d’appeler ton oncle afin de lui expliquer la situation et organiser une rencontre. Dix minutes, pas une de plus. Je me rendrai seul en Sicile, c’est important. Tu restes à Europolis pour l’instant, mais réserve ton jet privé pour un voyage de deux jours, dimanche et lundi prochain.


Une lueur d’intelligence mauvaise jaillit des yeux sombres du croquemitaine, accomplissant avec une froide précision la danse macabre que Demetria peut reconnaître.
Une danse qui s’exécute toujours sur une piste maculée de sang.
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître   [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître EmptyMar 1 Mai - 16:02




Cette affaire doit se régler dans la plus grande discrétion. Si les associés apprennent que les Dons, anciennement Consigliere, se font la guerre, les affaires en pâtiront. Hors, elle a travaillé trop dure pour permettre cela aujourd’hui. La guerre doit à tout prix être évité. Quand bien même toutes les terminaisons de son corps réclame le prix du sang. Il faut considérer cela comme une affaire, avec finesse et diplomatie. Laisser de côté l’affront.

La meilleure stratégie est de faire comme si de rien n’était, pendant que Barabas et Angela mènent leur enquête au sein de la Famille. Mais s’il ne se passe rien, Valente se doutera de quelque chose, quand bien même il aurait donné un délai de 6 mois, il est du genre impatient et demandera des comptes. Ils connaissent, l’un comme l’autre, la réputation de la ligue et elle comprend pourquoi il fait appel à eux. Il s’attend sûrement à ce que l’accident survienne dès le premier mois. Après tout, la ligue réunit une flopée de tueurs expérimentés.

Une chance que le contrat soit tombé sur Barabas, au lieu d’un autre. Dieu a décidé que ce n’était pas encore le moment pour elle. Ce qui signifie qu’il est temps pour Valente de rejoindre leur Créateur. Par le passé, Demetria aurait fait au plus simple, elle se serait rendue dans le bureau de Valente et exécuté d’une balle dans la tête. Mais elle est la digne nièce de son oncle. Barabas lui a inculqué la patience, son oncle les conséquences d’un acte impulsif. A encaisser les insultes, les coups bas, à se montrer plus intelligente qu’autrui. En tant que traductrice pour lui, il lui a appris l’art des négociations. De son côté, elle sait faire parler ses amis, autant que ses ennemis, comme personne.

“Laisse moi le temps de réunir les informations que tu demandes, je suis pas mal occupée avec le Loto de demain. Nous ne sommes pas à 10 minutes près, je te fournis ça dès que j’ai tout. Mon oncle t’accordera 10 minutes, c’est entendu.” Sans la moindre opposition, elle accepte les ordres de Barabas. Il n’a pas à lui demander de lui faire confiance, elle est acquise depuis des années. S’il lui parle d’un voyage de 2 jours, quel qu’en soit les raisons, elle le suit. Toutefois, elle doit s’assurer de certaines choses auparavant.

“Il me faut réunir des personnes de confiance, pour la sécurité des enfants et des affaires, avant notre départ.” Giulia et Lorenzo seront idéals, elle est certaine de leur loyauté, ils protégeront les enfants au péril de leur vie. Mais à l’avenir, Demetria va devoir s’entourer d’hommes et femmes fidèles aux Leonetti et non à l’argent. Des ambitieux, mais pas trop. Pour se faire, elle va devoir procéder dans l’ordre en jaugeant les Sotto-capo. Angela est exclue de tout doute, mais les autres seront l’objet de toute son attention au cours des prochains jours.

“Pardonne-moi de te congédier, mais cet entretien touche à sa fin amico mio, j’ai encore de nombreuses choses à régler même si mon souhait le plus cher est de pouvoir poursuivre nos retrouvailles. Notre voyage nous permettra d’aborder davantage de choses sans crainte.” Et de nombreux autres sujets, comme ce qui tourmente son vieil ami. S’il pense qu’elle ne le voit pas, il se trompe. Elle respecte son silence aujourd’hui, mais demain sera un autre jour.

Demetria accompagne son ami jusqu’à la porte, avant d’ouvrir cette dernière, elle l’embrasse une dernière fois sur la joue. “Je te prie de saluer mon oncle et de lui porter un cadeau de ma part. Tu sais qu’il apprécie les présents, je lui ai déniché une petite merveille qui ne pourra que le mettre dans les bonnes grâces.” Il en aura besoin, au vu de ce qu’elle a l’intention de lui annoncer ce soir. Elle devra se montrer succincte et ne pas trop en dévoiler, mais en dire suffisamment pour qu’il comprenne la situation. Ce qui ne le ravira sans doute pas, mais elle pourra compter sur sa discrétion à l’avenir. “A bientôt Bara.”
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MessageSujet: Re: [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître   [Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître EmptyJeu 31 Mai - 22:00

Rendez-vous nocturne


Barabas ϟ KismetAngela ϟ Éris
[Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître 4vweij10[Livre I - Terminé] Un contrat, un seul traître 5odb4q10


Nuit au 15 au 16 janvier 2050, quelque part dans un endroit reclus d’Acropolis District.

La journée du 15 janvier avait marqué tous les esprits. Entre l’attentat contre l’eurodéputé Storeberg, les révélations avortées de Musquet précédant l’apparition de l’Ogre et le casse du Casino Royal, Europolis entrait dans une nouvelle ère de criminalité. Et cette fois, Vampyr ne serait plus là pour sauver la ville du naufrage.
Barabas était en mission d’observation pour le gouvernement à Eden Park. Il avait assisté en direct à la mort de l’inventeur, au discours – au spectacle – du personnage casqué.

Ces événements n’avaient pour lui aucune importance.

Demetria avait disparu, kidnappée par le groupe de malfaiteurs ayant dévalisé le Casino Royal.

Barabas ne l’avait appris que tardivement par le biais d’Angela, inconscient du drame qui se déroulait à Blue Island tandis qu’il rédigeait son rapport pour les services secrets européens.
Les deux amis s’étaient donné rendez-vous à Acropolis. Il s’agissait de leur première rencontre en face à face depuis des années.

Angela ne portait aucun maquillage, signe que cette affaire imprévue l’avait surprise à une heure tardive. Son visage fin ne trahissait pourtant aucune contrariété, comme si les événements coulaient sur elle avec le calme d’une paisible rivière.
Barabas connaissait bien la force de caractère de cette femme aux allures de nymphe. Animée d’un optimisme inébranlable, Angela fait preuve en toutes circonstances d’une robustesse sans égal. L’espion la savait néanmoins affectée, sans quoi elle aurait accueilli son frère de cœur avec son merveilleux sourire auquel nul être foulant cette Terre ne reste insensible.

Les deux amis se serrèrent l’un contre l’autre.

— Désolée de ne pas avoir pu me libérer plus tôt, tu devines qu’on est en situation de crise.

Angela parlait évidemment de Cosa Nostra, pas de son travail officiel de directrice commerciale. Elle s’exprimait dans la langue grecque de son enfance, plus naturelle et familière aux deux orphelins.

— Oui. J’aurais préféré qu’on se retrouve dans de meilleures circonstances.

Plus proches que des frères et sœurs, ils ne s’étaient pourtant pas vus depuis des années, gardant le contact au moyen de messages électroniques et rares appels téléphoniques.

— Et moi, je me désole de te voir réapparaître uniquement quand nos vies sont en danger.

Il n’y avait aucun reproche dans la voix d’Angela, seulement le regret de ne pas être réunis plus souvent.

— Dema t’a tout expliqué ?

— Oui, elle a eu le temps de me faire un résumé hier matin. Les préparatifs de la loterie l’ont beaucoup occupée et nous n’avons guère eu l’occasion d’entrer dans les détails.

— Bien. Dis-moi ce que tu sais sur sa disparition.

Angela opina du chef en signe d’assentiment.

— Tu connais déjà la version officielle. Je peux ajouter que les braqueurs ne visaient pas Dema en particulier. C’est elle qui a pris l’initiative de les combattre, et au final c’est elle qui s’est proposée comme otage.

— Pourquoi a-t-elle agi ainsi ? s’étonna Barabas.

— Je suppose qu’elle voulait éviter des morts inutiles. Notamment sa garde du corps favorite, dont le frère a péri au cours de l’attaque. Elles sont très proches toutes les deux.

— Je ne comprends toujours pas. Demetria est la Dona d’Europolis. C’est leur rôle de mourir pour elle. Combattre l’ennemi de front sans aucune préparation, se livrer sans garantie, tout ça pour de l’argent, c’est une manœuvre aussi insensée que charger le camp adverse avec son roi sur un plateau d’échec.

Angela sourit.

— Tu es resté loin de nous trop longtemps. Il y a beaucoup de choses que tu ne comprends pas chez Dema et notre organisation. À commencer par ce qui est sans doute le plus important : elle est plus Sicilienne que jamais.

— Elle est Sicilienne, répéta l’espion dans un souffle, comme si ce rappel mettait fin au débat. Il faudra que tu m’inities.

— Je t’initierai, affirma aussitôt Angela.

Elle laissa ensuite échapper un rire moqueur. Entendre l’espion expérimenté réclamer ce genre d’aide était pour le moins insolite, et la femme espiègle s’amusait d’avance de leurs futures leçons.

Barabas resta un moment à réfléchir, les yeux dans le vide tandis que le regard perçant d’Angela l’étudiait avec une précision chirurgicale. L’espion n’en était guère conscient, mais elle concentrait son pouvoir pour déceler les émotions qui remontaient à la surface de son plus vieil ami. Un être qu’elle savait plus tourmenté qu’il ne voulait l’admettre.

— Cela n’explique pas pour quelle raison le casino était si peu sécurisé malgré la loterie exceptionnelle, reprit-il en plissant le front. Ni pourquoi la dirigeante de la plus puissante organisation criminelle de Blue Island était moins protégée que l’actrice Madison Beaulieu à un banal gala. Surtout en sachant que sa tête est mise à prix.

— Je l’ignore. Tu sais comment fonctionne Cosa Nostra : je suis sotto-capo en charge du narcotrafic, les casinos et la sécurité ne sont pas de mon ressort.

— Renseigne-toi. Valente a peut-être fomenté cet enlèvement, directement ou indirectement.

— Je suis convaincue qu’il n’y est pour rien.

Barabas leva un sourcil, ouvrit la bouche pour répliquer, puis se ravisa. Son regard sombre erra quelques secondes dans les ténèbres de la nuit que chassait l’éclairage urbain de la glorieuse capitale.

— Tu as raison. Si les braqueurs avaient pour objectif d’attenter à sa vie, ils auraient tué Dema à la première occasion sans prendre le risque de l’emmener avec eux. D’ailleurs, je n’explique pas qu’ils aient pu s’enfuir aussi facilement malgré les milliers de mafiosi qui sillonnent le quartier nuit et jour.

— D’après les premiers éléments de l’enquête, les ravisseurs ont bénéficié de complicité de haut vol, ne serait-ce que pour déjouer les systèmes de sécurité. Je ne sais rien d’autre à ce sujet, mais plusieurs regimi travaillent d’arrache-pied pour remonter leur piste. Je suis sûre qu’ils trouveront quelque chose.

Barabas respirait de façon erratique, son esprit était en proie au tourment et s’efforçait désespérément de saisir une piste, de s’accrocher à un espoir.

Un trouble que Angela percevait et amplifiait pour mieux le guérir.
Elle posa une de ses mains délicates sur la poitrine de son ami. Une énergie mystérieuse se forma à leur contact.

— Dis-le, Baras, souffla-t-elle d’une voix à peine audible. Dis-le, tu te sentiras mieux.

L’orphelin savait à quoi elle faisait allusion. Il en avait pris conscience dès l’instant où la paume d’Angela touchait son cœur. Aussitôt des réminiscences avaient rejailli de son inconscient : sa mère disparue au cours d’une violente explosion, Demetria retenue captive et brutalisée par le sadique Tizio.

— Et si je ne désire pas me sentir mieux ?

— Extérioriser cette émotion te libèrera d’un poids, un poids qui te ralentit et altère tes capacités de concentration. Ne désires-tu pas être en pleine possession de tes moyens en cette heure cruciale ?

Une fois encore, l’experte en manipulation trouvait les mots justes. Les arguments capables de convaincre cet homme dur et obstiné d’exprimer ses faiblesses à voix haute. Des émotions secrètes qu’il ne confiait à personne d’autre – pas même à Demetria.

Barabas prit une longue respiration.

— J’ai peur, Angie, peur de la perdre.

Le traumatisme était ancien, antérieur à leur première rencontre.
Le Chypriote n’avait jamais connu son père, un homme marié qui les avait abandonnés sa mère et lui avant même sa naissance. Enfant illégitime, rejeté et méprisé, dont la mère avait péri lors d’un attentat sanglant, laissant le jeune bâtard seul au monde avec un pistolet chargé et une poignée d’eurodollars pour survivre dans un environnement hostile.
Une partie de lui n’avait jamais guéri de ces blessures. S’y était ajoutée la perte de cinq membres de leur bande, puis le traumatisme d’une Demetria séquestrée et torturée, à jamais meurtrie dans ses chairs et dans son âme.

— Moi aussi, Baras. Mais pas aujourd’hui. Nous la retrouverons, ou elle nous reviendra par ses propres moyens. Dema s’en sort toujours.

— Certes, mais dans quel état ? Avec une autre part d’elle-même sauvagement mutilée, avec combien d’autres cicatrices indélébiles ?

Angela caressa la joue de son ami et lui adressa un sourire qui reflétait une conviction inébranlable. La quadragénaire n’avait pourtant rien d’une niaise : son optimisme reposait sur une confiance acquise après de longues années au côté de la Dona.

— Crois en elle et ses capacités. Elle a peut-être failli hier soir, mais tu sais que la négociation est son point fort. Je suis sûre qu’elle saura gagner du temps ou se dépêtrer seule de cette situation.

— Oui, tu as raison.

Barabas joignit les mains de son amie pour y déposer un chaste baiser. Lorsqu’il releva la tête, ses yeux de corbeau plongèrent dans ceux d’Angela comme deux faucons fondant sur leur proie. Sa voix était plus glaciale qu’un hiver sibérien.

— S’il lui arrive du mal, je les tuerai tous.

Angela pouffa de rire. Taquine, elle ne put résister à l’envie de mettre sa détermination à l’épreuve.

— Qui donc ? Les braqueurs ? Les responsables de la sécurité ? Les traîtres de Cosa Nostra ?

Elle connaissait la réponse, mais s’amusait par avance de l’entendre de sa bouche.

Angela paraissait tellement inoffensive dans sa robe d’un grand couturier italien et son manteau à plusieurs milliers d’eurodollars. Petite et menue, elle n’avait même pas le regard dur et féroce de sa sœur de cœur sicilienne. Son rire chantait comme celui d’une jeune fille, sa grâce inspirait l’innocence, sa voix attendrissait les cœurs les plus durs.
L’ancienne militaire était incomparablement moins dangereuse que Barabas avec une arme. Pourtant, la manipulatrice parvenait également à ses fins avec ses propres méthodes. Tuer ses ennemis l’un après l’autre n’en faisait pas partie. D’ailleurs, elle employait rarement la violence pour une mafieuse de son rang. Telle une Éris (déesse grecque de la discorde et de l’émulation), son intelligence et son pouvoir lui permettaient de détruire des groupes entiers de l’intérieur sans que nul ne la soupçonne. Et de stimuler ses alliés aux moments opportuns.

— Tous, répondit Barabas d’une voix implacable.

C’est avec un large sourire qu’Angela se dressa sur la pointe des pieds, posant ses lèvres roses et tendres sur la joue barbue de son loyal ami avant de lui murmurer son allégeance à l’oreille :

— À la vie, à la mort.
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