Tomber pour mieux se relever.
2014
Bien habillée dans sa robe repassée comme il faut pour éliminer les moindres plis, les cheveux tout lisses en chignon, Amanda Maréchal mère d’Adélaïde et infirmière en soin palliatif, observait la petite tête de son bébé qui était humidifiée par un curé chrétien, avant que celui-ci ne passe une phalange sur son front pour terminer le baptême. Le papa, un certain Sheldon travaillant en tant que chercheur en physique, quant à lui était vêtu de son costume cravate gris, de ses chaussures classiques et de son début de calvitie – sourire béat aux lèvres, il tenait son bébé dans ses bras.
Un couple ni riche ni pauvre qui habitait dans une humble maison d’un quartier agréable de la ville portuaire, pas d’antécédents judiciaires, pas d’écarts, des parents avec le cœur sur la main qui n’hésitaient pas à venir en aide à leurs voisins et un bébé exalté par ses proches !
2019
Cinq années plus tard Adélaïde entrait plus tôt que prévu dans une école privée catholique. Après avoir vérifié ses capacités à comprendre, lire, parler et écouter, la gamine fut placée en classe de sixième pour être avec des jeunes de son niveau.
Il y avait bien peu de divertissements à la maison, Amanda et Sheldon n’étant pas des adeptes de la technologie, il n’y avait qu’une petite télévision réglée sur des chaines documentaires ou d’actualités, mais pas d’ordinateur ou de nintendo ou autres machines qui vous « ramollissent le cerveau » comme ils disaient. Par contre, plusieurs centaines de livres étaient entreposés dans des petites bibliothèques disséminées un peu partout dans les étages, livres que la gamine feuilletait avec attention, des étoiles curieuses et pétillantes dans les yeux d’en savoir plus sur le monde qui l’entoure.
Les jouets pour enfants ? La bête noire du couple qui était effrayé à l’idée même de penser que les divertissements d’Adélaïde puissent mettre du désordre dans l’ordre qu’ils avaient créés, une maison impeccablement propre et rangée se devait de le rester.
2020
Sixième année passée avec des notes exemplaires, début de cinquième plus chaotique pour la jeune blonde qui développait des caractéristiques d’hyperactivité, exaspérante pour les uns, peut-être un peu rigolote pour les autres. Soumise à des exercices de mathématiques, de dictées et autres exercices quotidiens, suite à ces révélations les parents sévères changèrent plus ou moins leur méthode d’approche en inscrivant Adélaïde dans un club de danse pour qu’elle puisse canaliser son énergie, après ses études bien entendu.
Si la petite adorait faire des exercices due à sa nature très curieuse, si elle adorait lire des petits livres qui racontaient des histoires simples, Adélaïde se prit également de passion pour la danse qui la poussait à s’exprimer différemment qu’avec des mots, qui la poussait à évacuer son énergie et ses émotions. En effet, elle n’était pas une gamine particulièrement loquace voir sociale, plutôt renfermée sur elle-même et solitaire, la danse était donc une véritable chance pour elle de rencontrer des gens et de s’exprimer.
2029
Quinze ans et en plein dans l’adolescence, en pleine crise existentielle et de rébellion contre des parents beaucoup trop strictes pour elle. Fierté pour ses parents, Adélaïde était une bonne chrétienne qui priait trois fois par semaine à la chapelle de son école privée, elle respectait autant qu’elle le pouvait les dogmes qu’on lui enseignait, mais elle avait envie de ce petit grain de folie qu’elle voyait chez les autres adolescents et adolescentes, marre de porter des jupes longues qui descendent jusqu’aux chevilles et de porter cet horrible chignon, elle souhaitait être belle, sexy, plaire et être regardée. Malgré cela, sa frustration ne la poussait pas à agir, bien trop peureuse de décevoir sa mère et son père !
Et puis il y avait les téléphones et la technologie. Tout le monde avait un téléphone sauf elle, tout le monde avait un compte Facebook sauf elle, tout le monde surfait sur le net, sauf elle. Par contre, des livres, ça elle en avait bouffés des dizaines et des dizaines au point d’en devenir malade rien qu’à sentir l’odeur des pages.
Mais bon... Il y avait la danse dans sa vie, ce sport qui la passionnait depuis toujours et qu’elle pratiquait plusieurs fois par semaine, durant de nombreuses heures. Elle avait élargit ses domaines, ne se contentant plus de la danse classique, mais aussi de l’électronique, du moderne et, rêve de jeune fille, Adélaïde apprit également la valse !
2030
La petite blonde chrétienne trouva un métier au port de Marseille, dans un restaurant de fruits de mers où elle avait été employée en tant qu’étudiante pour la prestation de serveuse. Avec ses premiers salaires, elle s’acheta un petit ordinateur portable, un téléphone portable, des jupes courtes et des talons, du maquillage – pour faire comme les autres – puis elle alla jusqu’à cacher la croix qu’elle portait autour du cou.
Adélaïde n’avait jamais été très sociale et elle ne l’était actuellement pas plus qu’autrefois, mais esprit de contradiction oblige, elle voulait, devait, affronter ses parents. La relation entre elle, sa mère et son père se détériora rapidement et devint très tendue, allant même jusqu’à l’ignorance entre elle et sa mère.
2032
Aujourd’hui légalement adulte et adulte reconnue par ses parents après une longue lutte, Adélaïde obtint enfin le semblant de liberté qu’elle désirait, désormais indépendante de ses choix moraux ou encore de sa façon de s’habiller.
De toute façon, la blonde ne voit plus ses parents autant qu’autrefois, cela fait un an qu’elle a intégré l’université et elle ne vit plus à Marseille, mais à Paris. De temps en temps, elle rentre chez elle pour voir sa famille : ses parents, ses oncles, ses tentes et ses cousins et cousines. Alors que cela devrait la ravir de parfois retourner chez elle, c’est tout le contraire qui se passe. La jeune adulte remarque qu’elle est bien mieux toute seule sans personne et complètement indépendante, bon, quand même encore sous la coupelle de ses parents vu que c’est eux qui lui payaient l’université sous condition qu’elle ne rate aucune année.
2035
Durant ses études en psychologie, touchée par les conflits mondiaux, la blonde décida de prendre une année sabbatique afin de faire dans l’humanitaire. Avec un groupe, elle voyagea en avion jusqu’en Afrique pour apporter de l’aide avec ses petites mains, mais elle utilisa également ses compétences en psychologie qu’elle avait acquis grâce à ses études pour devenir un véritable soutien psychologique aux victimes et aux soldats Européens sur place.
2036
Adélaïde resta une longue année dans cette zone de conflit, elle y rencontra de nombreuses personnes très intéressantes qui lui confièrent leurs peurs, leurs passés, leurs présents, leurs sentiments. Touchée par les histoires des autochtones, la petite blonde d’un mètre soixante comprit qu’elle avait fait le bon choix d’orientation et que sa place était là : auprès de ceux ayant besoin d’aide !
Ah et puis c’est également en Afrique qu’elle rencontra Harald, son futur époux, qui venait au début pour des séances tout à fait « banales », séances qui se transformèrent bientôt en des actes plus privés et plus tactiles.
2037
Et puis la belle et la bête gardèrent contact durant une année entière. Lorsqu’Harald était en mission, ils s’envoyaient des messages, puis parfois des lettres et lorsqu’ils étaient proches l’un de l’autre, ils flirtaient amoureusement dans Paris, au gré des restaurants, des diners aux chandelles et des invitations aux cinémas.
Ou pas !
Ses études et la danse toujours d’actualité, Adélaïde était intérieurement une guerrière, une battante amoureuse d’aventures et d’actions, toujours présente pour insulter son fiancé, le frapper et lui demander de lui apprendre les arts martiaux. Oui c’était ça qu’elle aimait chez lui, le fait qu’elle ne s’ennuie pas dans de petites amourettes stupides et chiantes !
2038
27 Aout 2038, une date très importante dans l’histoire d’Adélaïde vu que c’est le jour où elle épousa Harald, où l’homme lui passa la bague autour du doigt et où elle lui passa la bague autour du doigt avant de l’embrasser en lui jurant fidélité, amour dans la santé et dans la maladie... Un mariage tout ce qu’il y avait de plus chrétien dans une église et sous le regard de Dieu.
Le couple fonctionnait très bien, Harald était certes peu présent, mais cela était dû à son métier. Chaque retrouvailles n’en était que plus plaisante. Pour le reste, malgré quelques disputes à cause des deux caractères forts et prononcés des individus, ils étaient tout à fait heureux.
Et puis deux jours plus tard la bonne nouvelle tomba après un test de grossesse. Adélaïde attendait un enfant.
2039
Viktor naquit en Mai 2039, chaleureusement accueilli par une famille très enjouée et deux parents heureux de fonder une famille. Adélaïde fut confrontée à une nouvelle difficulté, celle de créer la vie. Elle ne s’était sûrement jamais imaginée que s’occuper d’une petite chose de quelques centimètres serait si éprouvant !
La maman s’occupa de son bébé quelques mois jusqu’à ce qu’une terrible nouvelle succéda à la bonne nouvelle que fut le bébé.
Amanda était victime d’un cancer.
La blonde laissa son bébé au petit soin de la grand-mère et du père tandis qu’elle se portait volontaire pour participer aux expériences du Docteur Brendt. Acceptée par les médecins, Adélaïde signa un contrat et disparu de la circulation en espérant que son corps puisse aider à la synthèse du vaccin.
2048
Par où commencer ? Le début – Au début tout allait pour le mieux, enfin pour le mieux, tout allait relativement bien dans le centre Français qui l’accueillait. Les médecins testaient divers produits sur Adélaïde qui percevait un salaire, en plus d’être logée et nourrie, sans compter les nombreux loisirs mis à disposition sur place, la volontaire rencontrait d’autres camarades de la patrie et ce petit cadre de vie ne lui déplaisait pas finalement, au moins elle se sentait utile ! Malheureusement les jours se sont transformés en mois et les mois en années, pendant que les échecs se multipliaient, que l’espoir des médecins et des cobayes s’atténuaient, que les morts du monde entier devenaient toujours plus nombreux.
Et puis les injections se sont faites plus régulièrement jusqu’à ce qu’Adélaïde entre dans un second état d’endormissement durant lequel les médecins pratiquaient de sombres tests et expériences sur sa personne. Comment avaient-ils pu en arriver là ? Cela était sûrement dû au manque de solution pour trouver le vaccin universel.
Lorsque la formule du vaccin fut trouvée, Adélaïde pensait être enfin libérée de ses tourments, elle pensait enfin pouvoir voir la tombe de sa mère pour y déposer des fleurs ainsi que réciter une petite prière, mais non – non Adélaïde n’avait pas le droit de sortir. La cause ? Les nombreuses expériences produites sur son corps on faites qu’elle développa une aptitude unique à créer et contrôler des flammes.
Secrètement incarcérée dans un asile français comme cobaye dangereux à cause de son pouvoir potentiellement destructeur et du contrecoup des expériences (Adélaïde était devenue schizophrène) la jolie blonde était mise sous médicaments et sous surveillances. Pour autant, elle ne cessa jamais de lutter dans l’espoir de revoir son mari et son fils, elle fit croire aux médecins que son don avait disparu et que les psychiatres avaient soignés sa maladie mentale. Après une longue lutte pour prouver son rétablissement, après que le scandale ait éclaté, Adélaïde fut enfin libérée.
Neuf longues années étaient passées, la femme retrouva son foyer, sa famille...ainsi qu’une tombe, celle de sa mère.
2050
Avec l’aide de quelques médicaments, avec énormément de soutient de son mari et beaucoup de volonté Adélaïde arrivait à vivre sa nouvelle vie dans Europolis en tant que professeur à l’université. La petite famille avait déménagée de Marseille pour habiter dans cette ville inédite qui symbolisait la paix et le renouveau, qui symbolisait un nouveau départ pour les Angelov
Début 2050, le drame de sa vie se déroula hors de sa portée, alors qu’Adélaïde rentrait du travail après une journée lucrative, elle reçut un appel de la police qui lui signalait que sa maison était en feu. Alarmée et le visage en décomposition, elle fit le chemin vers son domicile pour constater ses économies qui partaient en cendres, ainsi que cette sois disant nouvelle vie – cadavre calciné de son fils sur un brancard et corps introuvable de son mari.
Adélaïde s’effondra.
Les experts affirmèrent qu’il s’agissait d’une attaque et une enquête fut ouverte, tandis que l’assurance payait un nouveau domicile à l’Angelov qui continuait à vivre sans ses proches...A l’image de Batman, outre son travail officiel, Adélaïde se dota d’une nouvelle identité afin de réduire la criminalité dans Europolis. Son pouvoir allait enfin peut-être servir, mais c'était sans compter sa schizophrénie.