Cris et pleurs. Naissance d’Eva Meryl Walsh au St. Luke's General Hospital. Moyreen, la mère du bébé est prof dans un lycée connue pour se démener avec une dépression. Le père, chirurgien, est coutumier des apparitions en coup de vent entre deux opérations.

Assise sur le gazon devant chez elle, une petite fille arrache machinalement de l’herbe. La rue est calme en cette fin de journée. Eva penche la tête pour décrypter la plaque de la voiture de police dans laquelle sa mère y rejoint un homme. L’échange est bref, mais semble suffire à redonner la gaieté à Moyreen.

Il est tard dans la nuit. Dans son lit, Eva se redresse lentement. Elle croit percevoir du remue-ménage… ou bien ? Son esprit ensommeillé ne lui permet pas de se déterminer entre rêve et réalité. Dans un bâillement, elle s’efforce de tendre un peu plus l’oreille. Cela reste indistinct. Elle sort un pied, puis l’autre et se glisse par terre. Trottant dans le noir, elle se dirige vers la porte de sa chambre. Elle abaisse la poignée et entrouvre la porte. Une faible lueur lui fait fermer ses yeux soudain éblouis. Elle se sent soulevée du sol et la voix de son père lui murmure de se rendormir. Elle ignorait qu’il rentrait ce soir-là. On la porte pour la ramener sur son lit. Elle se laisse faire et rabaisse ses paupières mi-closes... Le lendemain, seule dans la maison, elle est recueillie par une voisine le temps qu’on prévienne son père. Plus tard, Eva apprendra que sa mère est partie, ne laissant qu’un « je suis désolée » sur un bout de papier.

Silencieuse et triste, Eva se tient sur le seuil d’une chambre d’hôpital. Elle regarde son père déposer un dernier baiser sur le front de la femme avec qui il espérait se remarier. À côté d’Eva, un garçon, désormais orphelin, renifle. La Grippe continue d’endeuiller des familles. Une année de plus, une année de trop. Dans un besoin mutuel de réconfort, les mains des deux enfants s’entremêlent et se serrent.

Années de fac à Dublin. Eva poursuit des études en chimie. Elle ne prend pas le temps de retourner à Kilkenny sinon quand elle sait que Ryann rentre de permission. Ce dernier s’est engagé dans la voie d’ingénieur militaire.

Lors d’un congrès international sur la recherche et l’innovation médicales, Eva croise des chercheurs qui travaillent sur un vaccin contre le mal qui a enlevé sa mère à Ryann. Comme elle tape dans l’œil d’un des chercheurs, elle pousse ses charmes pour l’utiliser comme un ticket d’entrée dans les labos de recherche médicale du Dr Brendt.

Grâce aux connexions de son amant, un poste de choix dans les labos du Dr Brendt paraît assuré pour la future diplômée en chimie. Sauf qu’au cours de la fête de célébration de la découverte du vaccin Anti-Cancer, son amant lui fait une scène de jalousie et la largue. Quelques jours plus tard, elle apprend qu’elle est évincée du poste promis.

A nouveau, les équipes du Dr Brendt font de prodigieuses avancées dans la recherche médicale avec la découverte d’un vaccin universel auquel Eva n’a aucunement contribué. Elle pourrait encore rager, mais elle préfère s’en réjouir pour les malades. De toute façon, elle a tourné la page de la recherche médicale depuis qu’elle a rejoint les rangs des chimistes judiciaires. Réorientation par dépit au début, elle commence à prendre goût. Durant son stage au Laboratoire des sciences judiciaires et de médecine légale en Irlande, elle réalise un doctorat sur l’ébauche d’une formule de fibre souple, légère et ultrarésistante.

Eva soutient sa thèse intitulée « The Survival Second Skin Formula ». Aucun prototype de S-gear ne voit le jour par manque de ressources ; sa recherche reste au stade théorique.

Mutation vers Europolis pour intégrer la police scientifique en tant que chimiste judiciaire, spécialisée en recherche et analyse de fibres.

Salut ! Moi c'est Saara de VR mais appelez moi Eva ou comme vous voulez! Visiblement je rapplique même si on me donne du mamie . J'ai connu le forum via Pépé Raulne et je pense que vous m’avez manqué !! Même si j’ai mis du temps à venir, c’est que je suis lente à créer un perso, et puis il y a de lecture. Mais ça vaut le coup pour un contexte original, bien construit et avec un sacré potentiel comme j’adore !.
Sur une échelle de présence de 1 à 7, je pense être présent(e) 2/7.

Après un peu plus de deux mois au département médico-légal rattaché au commissariat, Eva en connaît les couloirs qu’elle pourrait arpenter les yeux bandés… si elle avait le temps de s’adonner à des frivolités. Pas le cas, depuis qu’elle a été mutée à Europolis, zéro temps mort ! Pour une analyse réalisée, dix nouvelles demandes s’amoncellent. Ça serait désespérant, si la tâche était monotone, mécanique et sans réel enjeu. Ce qui arrive, mais en général, avec sa bouteille, elle flaire les affaires excitantes et refourgue les rasoirs aux collègues qui ont encore besoin de se faire la main. C’est donc souvent sur des enquêtes de la brigade Criminelle qu’elle exploite ses remarquables compétences. Elle lève la tête au plafond aussi aseptisé que le reste des murs. On peut au moins leur rendre grâce de ça, les tarés qui gangrènent la Capital font preuve d’originalité. Voire même de sophistication ! Cela donne le sel du jeu du chat et de la souris à l’analyse des traces de matériaux qu’ils parsèment malgré toute précaution. De quoi faire des arrestations à la pelle, vous vous dites ? Pas si simple. Le bouclage d’une enquête n’est pas entièrement de son ressort, encore faut-il que la flicaille fasse leur part… Hélas dans les rangs de ce corps de métier-là, les futés ne sont pas légion. Attention, ils ne sont pas tous dénués d’utilité. La plupart sont prompts à offrir des verres pour peu qu’on rebondisse sur leur lourdeur par un sourire effronté… D’accord, elle casse du sucre sur le travail – trop bourrin et instinctif – des policiers, pourtant dans son cœur, elle pense qu’à Europolis plus qu’ailleurs, un tel choix de carrière par vocation mérite respect et gratitude.

Un médecin légiste à la carrure impressionnante sort d’une salle d’autopsie. Il pose les yeux sur la chimiste le temps d’un vague signe de tête.
– Dr Kant !
Un rien provocante pour mettre en valeur sa glorieuse féminité, Eva parade en blouse blanche strictement boutonnée, sous laquelle aucun vêtement ne dépasse. La seule concession à la coquetterie, c’est lorsqu’elle est appelée sur le terrain. Combinaison avec capuche, gants, sur-chaussures et masque de rigueur !
– Racontez-moi, avez-vous examiné un mort collaborant et loquace ?, se renseigne-t-elle avec des expressions souriantes qui envoient des signes d’intérêt pour son interlocuteur.
Elle se rapproche pour jeter un œil au rapport sur lequel le légiste ajoute des notes. Même si sa petite attention pour émoustiller l’imagination de la gent masculine semble ne guère captiver celui qui fait parler les cadavres, l’index de jeune femme effleure sa peau apparente. Dans une descente sinueuse de la gorge au décolleté. Des fois que le grand âge du Dr Kant péjore sa vivacité visuelle. Au grand dam de la blonde, le téléguidage n’y fait rien. Pas le moindre trouble, le légiste trace son chemin. Juste, prend-il le temps de lâcher quelques mots inattentifs pour répondre. Pendant qu’elle digère l’affront, ses yeux félins foudroient le dos du disséqueur. Ce n’est pas tant l’indifférence à ses charmes qui la vexe. Mais non content de superbement l’ignorer, le toubib ne donne pas non plus l’impression de la prendre au sérieux. À l’occasion, elle ameute le département pour faire profiter – et par frime incontestablement – du déploiement de ses techniques de haute voltige. Jamais elle ne l’a compté parmi l’attroupement des spectateurs. N’est-ce pas grossier de ne pas se pointer au moins une fois ?!

*Et après c’est moi à qui on colle la réputation d’être mauvaise camarade, allez comprendre !*

La musique d’un clip publicitaire lui revient en tête. C’est peut-être déplacé dans les couloirs des salles d’autopsie, mais elle ne peut se retenir de fredonner – et au fond, en a-t-elle envie ? Non évidemment, elle fait peu cas du jugement des autres. De toute façon, ce ne sont pas les cadavres que ça dérange ! Et puis, c’est bien connu, pour déloger un air bien entraînant de sa caboche, il faut le chanter. Sauf qu’elle ne peut ressortir aucune parole. Pas même celles du refrain. Elle marque une pause, incline la tête et sourit comme si elle détient un secret connu que d’elle. Puis elle reprend sa marche en direction des laboratoires médico-légaux. Elle vient de se souvenir de la dernière fois où elle a vu la pub. Elle était en ligne avec Ryann, son... Elle n’a pas d’étiquette pour définir avec acuité leur relation. Par commodité, ils se présentent comme frère et sœur. Ils ne partagent pas de liens de sang, ni le même nom, mais ils ont vécu ensemble une importante partie de leur enfance. Ryann est un pilier dans sa vie. Le seul à croire en elle vaille que vaille. Même son père ne la gratifie pas d’une confiance aussi inconditionnelle, alors qu’elle n’a jamais évoqué sa présence la nuit de l’abandon de sa mère. À l’époque, comme aujourd’hui, elle ne cherche pas à explorer ses souvenirs embrumés. Elle chasse les drôles d’idées dans sa tête et préfère repenser à une conversation qu’elle avait eue avec Ryann. La fois où elle avait appris son éviction du poste de chercheuse dans l’équipe du Dr Brendt. Il ne l’avait pas jugée pour avoir entretenu une liaison avec un homme dans l’unique but de briguer un poste doré. Si elle ne l’avait pas retenu, il aurait été cassé la gueule à son ex. Mais tout compte fait, cette mésaventure lui a fait échapper à une bande de savants fous ! Si mieux que personne, Ryann dit les choses qui lui font du bien, au moment où elle a besoin d’être remontée à bloc, ça n’empêche pas qu’il peut l’agacer parfois. Toujours à se montrer préoccupé pour elle, alors qu’il ne calcule pas les risques qu’il encourt dans son propre travail. D’ailleurs, ne peut-il pas simplement se réjouir que sa mutation à Europolis réduise les kilomètres entre eux au lieu de l'imaginer en proie à la horde de cinglés dans les environs ?

Sa voix part dans un couinement aigu, alors qu’elle se rate sur une note. Avec un amusement certain, elle se reprend à plusieurs reprises avant de trouver la tonalité qui lui plait. Ceux qui la croisent peuvent se faire la remarque qu’elle ne montre pas une attitude alerte et affairée. Elle n’est pourtant pas en avance pour prendre la relève de l’équipe de jour. Pour une nouvelle au poste, elle s’autorise une nonchalance qui peut être mal vue. Mais n’attendez pas que cela l’émeut, au mieux, elle haussera les épaules. Certes nouvelle venue au commissariat de la Capital, mais pas débutante en chimie légale. Son champ d’expertise appelle à des égards qu’elle s’octroie quand on les lui néglige. Les labos de la police scientifique d’Europolis l’ont appâtée par leur technologie de pointe, mais il ne faut pas croire que son horizon professionnel est limité. La recherche peut lui tendre les bras si elle se décide à concrétiser ses résultats de thèse. Largement passés inaperçus, principalement parce qu’elle a restreint leur diffusion. Ça peut étonner, elle si vantarde, mais qu’adviendra-t-il si on touche à l’invincibilité grâce à son armure de choc ? Les dirigeants actuels ne lui inspirent pas confiance. Sans parler que pour percer la protection, des armes encore plus meurtrières vont circuler dans les rues. Bref dans le balance des avantages et inconvénients, elle n'a pas résolu le dilemme éthique.

Longeant une salle vitrée, la blonde aperçoit les collègues experts en balistique en grande discussion. Ces derniers ne chôment pas avec les débridés de la gâchette, notez qu’on en trouve aussi bien côté criminel que force de l’ordre. Sur certaines scènes de crime, les étourdis riperaient sur un tapis de douilles quand ce n’est pas une flaque de sang. Elle leur fait signe sans s'arrêter pour se mêler au débat comme à son habitude. Pas la disponibilité tout de suite, d'abord un saut dans la salle de briefing. Comme il fallait s’y attendre, le chef d’équipe est déjà en train de passer en revue et de distribuer les nouvelles enquêtes. Dans la pénombre nécessaire à l'écran de projection, Eva se faufile vers un siège vacant sans crainte d’avoir raté quelque chose d’intéressant. Le chef garde toujours les grosses affaires pour la fin. Au creux de son oreille, une consœur à ses côtés s’étonne qu’elle échappe encore à une remontrance publique, alors que la seule fois où cette dernière était un peu en retard, le boss l’a épinglée sans discrétion.
– Je bénéfice de faveur parce que je suis bonne, moi.
Le ton est culotté, mais comme elle se montre d’un naturel sympathique et ouvert, très bien dans sa peau, ça passe et sa collègue prend à la rigolade. Tout soudain, l’attention d’Eva est pleinement focalisée au moment où le chef demande l’avancée des prélèvements sur l’affaire du meurtre d’un sergent de police à Liberty Harbor. Elle est dessus ! Avec d’autres forcément, et connaissant son esprit de compétition, on se doute qu’elle s’est donné comme objectif d’être la première à apporter un élément probant de preuve. Or, les premières analyses sur les fibres étrangères ne lui ont permis d’identifier qu’un vêtement bon marché de couleur rouge. L’état des fibres et les zones de leur emplacement sur le mort suggèrent que ces fibres textiles ont été déposées par frottement, dans un corps-à-corps. Avec ça, pas de quoi pavoiser !

*Je m'échauffe juste, et comme il n’y a pas foison de traces biologiques exploitables, je suis plus que dans la course !*