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 The killing gaze's Vesper
Vesper Lynn
Vesper Lynn
Messages : 19
Célébrité : eva green.
Alias : albion.
Métier officiel/officieux : propriétaire et gérante du Third Eye/agent temporaire du service de renseignements de l'Union

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MessageSujet: The killing gaze's Vesper   The killing gaze's Vesper EmptyDim 12 Mai - 18:24

Vesper Lynn

Vesper Lynn

»Si cruels maintenant, si
Tendres tout à l’heure,
Vos beaux yeux sont pareils à
ces flots décevants,
Et l’amour ne s’y mire et
L’amour n’y demeure
Que le temps d’un reflet sous
Le frisson des vents. »
Charles Le Goffic




Date de Naissance Moment de douceur, devenu cendres ; le muguet t’accueille, sans jamais t’éprendre. 5 mai 2014.
Ville et Pays de Naissance Accompagnée de la pluie et du brouillard, ton premier cri résonne dans tout London, à en faire pâlir les matelots soûlards.
Groupe Après avoir vu la guerre, elle règne maintenant dans ton coeur, sur toi cette difformité veille, comme un mort dans son linceul. Freakshow.
Capacité et Malus D'un regard tu perces l'identité de celui que tu vises ; et d'un toucher, tu découvres les fragments de son passé. En contrepartie, à chaque plongeon vers les fantômes d'autrui, tu te dois de révéler un souvenir. Clairvoyance.
Statut d'Etat Civil Tu ne vibrais que pour aider le monde, mais jamais le monde ne t'a fait fondre. Célibataire.
Métier officiel Main de fer dans un gant de velours, tu es la reine glacée d'un royaume de vautours. Propriétaire et gérante du Third Eye.
Orientation Seule la chaleur d’un homme, te pousse à l’égarement. Hétérosexuelle.
Penchant Ni bonne, ni mauvaise, tu es là où le succès te libérera. Neutre.
Alias Hommage aux terres de ton enfance, souvenir d'une autre époque pour nommer l'Angleterre. Titre du dieu dont de l'île il est tutélaire, attaché au cieux comme à la mer, tu te plais à lire dans les yeux, comme il lit dans le ciel. Albion.
Métier officieux Traînée dans la boue, tu te fais membre temporaire d'une agence de renseignements rattachée au gouvernement.
Crimes déjà commis D’après eux, traîtrise ; d’après toi, aucun.
Est-ce que vous êtes déjà recherché? En quelque sorte, tu es putôt, déjà trouvé.
Avatar La magnifique, Eva Green.
Crédit Chrysalis.

Intransigeante .  Bienveillante . Implacable . Dévouée . Piquante . Réfléchie . Désinvolte

2014

Sous le crachat londonien tu vois le jour. Tes parents sont jeunes, issus d’une classe moyenne et débordants d’amour. Si le ciel ombragé du pays prévoit un avenir tumultueux, toi tu baignes dans la lumière d’un foyer heureux.

2024

Tandis que le climat au sein de la famille est paisible, celui du monde est ravageur. La nature se révolte et provoque des dégâts aux quatre coins de la planète. Craignant de votre avenir sur l’île de vos ancêtres, tes parents décident de partir pour une terre plus sûre, celle de la France. Vous posez bagages à Bordeaux, où tu rencontres la chaleur du soleil. Néanmoins, en s’éloignant d’un potentiel danger, un nouveau sommeille. Il s’immisce dans le corps de ton paternel, qui finira par succomber au virus qu'il renferme.

2032

Cette perte te détruit autant que ton enfance. Ta mère effondrée se noie dans son absence. Tu te vois incomber la tâche de reprendre le gouvernail, d’un navire quasiment spectral. Le pilier de la famille disparu, enfant devenue adulte, tu prends conscience de l’état du monde et te sens responsable de votre avenir, comme celui des hommes. Endurcie, le sang-froid dont tu fais preuve les années suivantes mûrit ton désir d'engagement et tes convictions. Préoccupée par ce qu’il adviendra de vous, tu te lances dans des études de médecine, espérant mettre la main sur un remède à l’épidémie et protéger ta mère de la perdition.

Début 2041

Intelligente, réfléchie, perspicace, tu passes les années avec une féroce détermination. Ces victoires feront de toi une médecin aguerrie, position te permettant d’obtenir rapidement le vaccin. Depuis trois ans tu fréquentes un homme, mais ton cœur peu démonstratif semble comblé par d’autres inquiétudes. Si ta mère est sauve, le reste de l’humanité plonge toujours vers la fatalité, et les morts s’enchaînent à en dessécher de faibles sentiments naissants. Prêt à demander ta main, mais incapable d’accepter les chaînes que tu crains de cette union, tu mets fin à la relation. Une décision qui te poussera à agir, en t’engageant alors dans l’armée de l’Union comme soutient médical sur le front. Si tu veux aider, il faut aller là où la mortalité fait rage. Et tu es prêtes à affronter toute son impétuosité.

2041-2042

Les visions d’horreur imprègnent ton âme, mais ton aplomb te sauve de la folie et du désespoir. La guerre en Chine est un spectacle accablant, mais c’est avec succès et efficacité que tu tentes de diminuer les pertes. Convaincue d’être utile et d’être là où tu dois être, tu suis les troupes en Russie.

Durant un combat barbare, tu t’éloignes des feux pour tomber sur deux « ennemis » blessés. Tes idéaux gagnent la méfiance et mettent tes compétences au service des deux écorchés. Dans l’agitation et le brouillard, leurs compatriotes russes venus les chercher décident de t’embarquer jusqu’à leur camp. S’il n’y a pas à te prier pour soigner leurs infirmes, tu te fais rebelle lorsque certains se font tactiles. D’abord hargneuse, ton impuissance fait tomber toute résistance et te plie à leurs désirs. Huit jours où la détresse nourrit ta ténacité, et si tu tentes plusieurs fois de t’enfuir, ce sont les soldats de l’Union qui mettront fin au calvaire. Occupant le camp, ils ne font pas la différence entre toi et les Russes ; dans la confusion, la terreur et le scepticisme ils te considèrent comme une traître, peut-être même une espionne. Affaiblie par les précédents jours, tu tentes maladroitement d’expliquer ta situation, mais sourds de tes plaintes, ils te renvoient en Europe afin que tu sois jugée.

Réceptionnée par les services de renseignements rattachés au gouvernement de l’Union, ses agents s’empressent de t’interroger sur tes intentions malsaines, sans jamais reconsidérer ta déloyauté. Ayant enfin l’occasion de t’exprimer, tu tentes de faire valoir tes motivations et ta position, cherchant à les convaincre de ton innocence. Sans résultat, ils décident de tester ta véracité autrement. Pendant plusieurs jours, tu résisteras à un traitement misérable, mélange de questions et de cris, sans jamais renier la vérité, mais toujours en s’inquiétant pour ta mère et les répercussions qu’auront ces accusations sur elle.

Fin 2042

Bien que jamais tu ne changes de version, leur avis sur toi reste soi-disant ancré. Ils t’accusent de traîtrise et te menacent d’emprisonnement pendant 20 ans. Épuisée par la torture, aussi bien physique que psychique, l’injustice de ce verdict te réveille et t’emporte dans une colère nouvelle. Craignant que ta mère ne survive pas à ton absence, tu te fais violente. Reconnaissant une force de caractère, une témérité, une détermination et une résistance à l’intimidation, les agents décident de profiter de ta mère pour faire pression, afin de t’utiliser pour d’autres desseins. Ainsi, ils te proposent de travailler dix ans pour eux au lieu de purger ta peine en prison. En échange, ta mère aura les meilleurs soins et une vie confortable assurée. Comprenant qu’il ne s’agit plus d’un choix mais d’un chantage bien orchestré que tu ne peux plus refuser, tu acceptes.

Début 2043

Envoyée dans un laboratoire dont l’emplacement reste encore un mystère, tu dois te soumettre à des tests et des expériences. Étant médecin, tu surveilles attentivement les scientifiques, sans avoir cependant ton mot à dire. Là-bas, tu dois rester, jusqu’à ce qu’un « pouvoir » se déclenche. Un don qui devra être mit au service de l’agence de renseignements de l’Union. Dans le cas contraire, si rien ne se produit, tu crains qu’ils ne te fassent tout simplement disparaître, par précaution.

Fin 2043

Au cours de l’année, tu finis enfin par contracter une aptitude particulière, celle de la Clairvoyance. Tous les scientifiques du laboratoire ne te sont plus étrangers, tes yeux sont des revolvers qui font tomber les identités de tous ceux que tu vises. Rapidement, tu découvriras que tes mains aussi sont des portes vers les profondeurs des âmes, car par le toucher tu arrives à capter des bribes du passé de ceux que tu effleures. Malheureusement, ces portes ne sont pas à sens unique, et si tu veux découvrir les secrets des autres, tu dois céder un souvenir. En connaissance de ce pouvoir, l’agence comprend qu’elle n’aura pas un nouveau soldat de terrain mais de renseignement. Malgré cette bénédiction déclenchée, ils te laissent dans le laboratoire, afin que tu t’entraînes à le maîtriser, notamment quant au souvenir que tu devras toi-même dévoiler. Ils ne voudraient pas que tu compromettes leur agence, bien que tu en saches peu sur eux.

2047

Le contrôle sur cette difformité de l’esprit se forge et se fait plus certain, tandis que tu apprends également à manier quelques armes de petits calibres, par sécurité. Ne voulant pas courir de risque avec le malus de l’atout que tu renfermes, ils t’incitent à n’utiliser le toucher qu’à de rares occasions, uniquement si tu es assurée que le danger encouru en valle la peine.

Prévoyant un prochain scandale sur Brendt, qu’ils ne pourront étouffer, ils te sortent du laboratoire et te rapatrient en Europe. Pour juger de ton efficacité et se rassurer de l’investissement que tu représentes, tu restes un an avec eux, participant aux interrogatoires de certaines taupes, fuyards, brigands, ennemis, afin d’obtenir des aveux sans délier les langues.

Plus que satisfaits de l’avantage que tu leur donnes, et pour éviter de te perdre dans l’instabilité du gouvernement et de ses administrations, ils t’envoient à Europolis. Là-bas, tu devras t’installer et démasquer toutes les taupes, infiltrés, intrus et autres identités recherchés ou susceptibles d’aggraver le chaos dans la ville et de porter atteinte à un gouvernement fragilisé.

2050

Trois ans maintenant que tu demeures à Europolis. Tu es devenue « propriétaire » du Third Eye à Coal District. Mais le véritable propriétaire des lieux est l’agence, c’est elle qui a racheté ce bar à l’abandon pour qu’elle te serve de couverture. Si d’apparence, il semble éteint, à l’intérieur il en est tout autrement. Repaire en sous-sol, invisible, lumière tamisée, grand bar, musique. Si la porte reste ouverte à tous les égarés, aucun conflit n’y est toléré, et tu dictes tes règles d’une main de maître. Intransigeante, autoritaire et froide, tu as su t’imposer et te faire respecter, proposant refuge à tous les marginaux, pourchassés, démunis et apeurés de la ville. Et bien que tu t’autorises à questionner quelques vagabonds, ton bar est un sanctuaire dans lequel chacun est à l’abri des autorités et des représailles, tant que rien ne vient troubler ton temple. Protégé par l’agence qui utilise son grade pour empêcher les autorités locales de venir troubler ton business et ta mission, ton bar reste hors d’atteinte de toutes interventions judiciaires, pour le moment. De cette mascarade, tes clients sont persuadés que tu possèdes des relations hautes gradées, et que donc, tu es toi-même une personne importante dans le système des bas-fonds d’Europolis. Des idées que tu ne cherches pas à taire, puisqu’elles te permettent d’asseoir un peu plus ton autorité.

Reine de ton nid, tu imposes tes lois avec fermeté et bienveillance, et rare sont ceux qui envisageraient de mettre en péril la tanière comme sa maîtresse. Mise à part un châtiment physique et une mise à la porte, par les gros bras dont tu as réussi à t’entourer, c’est davantage ton regard que tous cherchent à ne pas vexer. Rien ne se sait sur tes capacités inhumaines, mais tu aimes te jouer des rumeurs qui courent sur toi ; à la fois sorcière, médium ou diseuse de bonnes aventures. Tu t’amuses dans le rôle de la fausse divinatrice charismatique dont les yeux dévisagent l’âme, à la lire comme un livre ouvert.

Ne cachant rien de tes origines anglaises, comme de ton passé de médecin, tu acceptes parfois de soigner ceux qui ne peuvent aller ailleurs, qu’ils soient bons ou mauvais, mais jamais sans contrepartie. Dans cette mare où pullulent les oubliés, les rejetés et les assassins ; tu t’entoures de tous ceux qui pourraient te mener aux gros poissons de l’océan.


Derrière l'écran

Derrière l'écran

Salut ! Moi c'est Marion mais appelez moi toujours M  Cool . J'ai connu le forum via il me semble que c'était via des topsites et je pense que ce forum est encore plus cool que ce que j'avais imaginé  The killing gaze's Vesper 771325839 .
Sur une échelle de présence de 1 à 7, je pense être présente 4/7.


Dernière édition par Vesper Lynn le Dim 12 Mai - 19:41, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: The killing gaze's Vesper   The killing gaze's Vesper EmptyDim 12 Mai - 18:25

Vesper Lynn

Vesper Lyyn


Les caresses des yeux sont les plus adorables ;
Elles apportent l'âme aux limites de l'être,
Et livrent des secrets autrement ineffables,
Dans lesquels seul le fond du coeur peut apparaître.

Les baisers les plus purs sont grossiers auprès d'elles ;
Leur langage est plus fort que toutes les paroles ;
Rien n'exprime que lui les choses immortelles
Qui passent par instants dans nos êtres frivoles. — Auguste Angellier





CHAPITRE 1 -

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. -
Victor Hugo


2024 – Les vagues chantent en cœur contre les rochers. Leurs roulements viennent frapper dans ton crâne, comme le marteau s’abat sur le clou. Tes poumons se gonflent, appelant au calme et à la sérénité. Tu essaies de contenir la peine et la détresse qui cherchent à se frayer un chemin jusqu’à tes larmes. Sourcils froncés, paupières closes, lèvres pincées, tu tentes de faire taire les souvenirs et son sourire. Mais le désespoir te semble trop grand, trop grand pour gravir cette miséreuse montagne. Vous voilà, seules, seules sans lui. Votre guide, votre épaule, votre force. Ils t’avaient dit que la France serait porteuse d’espoir, ils t’avaient dit qu’elle serait notre refuge, notre avenir. Mais le seul avenir que tu vois ici, n’est que désolation. La France n’est pour toi à présent, qu’un énorme gouffre, un énorme gouffre dans lequel repose ton père. Tu n’oses imaginer son absence, tu n’oses imaginer le vide dans la maison et dans ta vie future. Seules, vous voilà seules. Comment continuer le cours des choses, lorsqu’un être si cher disparaît ? Comment continuer, avec une telle douleur qui ronge l’être et la mémoire ? Tu as peur de l’oublier, tu as peur de ce qu’il faut faire, et il n’est plus là. Il n’est plus là pour te rassurer, pour t’aider, pour te soutenir, pour t’aimer. Existe-t-il un mal plus profond que celui-là ? Existe-t-il une souffrance plus intense, que celle qui fait larmoyer tes prunelles désemparées ? Face à l’océan, ton corps se crispe, se tétanise. Tu t’écroules, les genoux dans le sable, les mains jointes grelotantes. Que faire ? Que faire puisqu’il n’est plus là ? Ton énergie s’évapore, tu ne peux lutter contre cette agonie, et ce sont tes gémissements qui viennent se mêler aux houles. Tes prunelles s’ouvrent sur l’immensité azurée, implorant l’océan de te souffler sa protection. Tu luttes, tu luttes contre l’abandon, contre l’accablement. Tu as l’étrange impression, devant cet infini sagesse, de te retrouver confronter à la réalité. A la réalité d’un monde mortelle, un monde où chaque chose naît puis meurt. Où chaque chose a une fin. Tu comprends maintenant ces terres ravagées et cette nature enragée. Tu comprends la mort. Et tu repenses à toutes les informations, que tu as pu entendre. Avant tu ne réalisais pas, avant ça ne te concernait pas, avant tu étais jeune et ignorante. Mais aujourd’hui, aujourd’hui tu as rencontré la faucheuse, et dans son sinistre dessein, elle t’a appris la perte. Aujourd’hui, tu te sens concernée par tous ces hommes, dont les cadavres s’empilent dans les cimetières. Et tu sens s’écorcher en toi, toutes les plaies des familles déchirées. Tu ne sais encore ce qui doit être fait, mais pour survivre dans ce monde, il te faudra être utile. Pour toi et pour ta mère. Ta mère qui ne puise sa force que dans tes yeux, parce qu’elle y voit les siens. Tes mains cessent de trembler et tu baisses la tête, les yeux rivés sur les grains de sable. L’avenir t’est incertain, tu ne pourrais en dessiner une esquisse, et pourtant tu as déjà grandi. Le vent caresse ta nuque, et de sa force te somme de te relever. De l’autre monde, ton père t’attend, et puisque toute chose a une fin, tu l’y retrouveras.


CHAPITRE 2 -

Partir, eh quoi ! partir quand la nature
M'a réservé des dons si précieux,
Quand sur le lac que le printemps azuré
Mon jeune nid flotte encore sous les cieux !
L'oiseau grandit abrité sur la plage.
Près de sa mère il renferme son vœu ;
Mais moi, déjà, je dois fuir ton rivage ;
Adieu, flot paternel ! adieu !
- Henri Durand


2041 – La vieille théière siffle tandis qu’elle crache la fumée abondamment. Tes doigts viennent éteindre le feu, et tu l'emmènes jusqu’à la table. L’eau bouillante s’écoule dans la tasse de ta mère puis dans la tienne, avant que tu ne viennes t’asseoir en face d’elle. Silencieusement vous buvez l’élixir originaire de votre pays, tu sens un regard insistant posé sur toi et fixes ta mère avec un sourire interrogateur : « Qu’est-ce qu’il y a ? » Elle est pâle et cernée par la fatigue, tu sais qu’elle n’a rien, mais la tristesse a impacté sa vitalité. Jeune et pourtant marqué par les cicatrices, tu sais qu’elle elle ne lutte que pour toi. Reposant sa tasse, elle sourit timidement, presque gênée : « Je n'ai pas été à la hauteur. » Tu fronces les sourcils et reposes toi aussi la tasse : « De quoi tu parles ? » En réalité, tu vois très bien ce qu’elle insinue, mais tu refuses d’y croire : « Tu sais très bien, à la mort de ton père, je n’ai pas été à la hauteur … » Tu t’apprêtes à rétorquer et mettre fin à ces pensées absurdes, mais elle saisit ta main, t’incitant à te taire et à l’écouter : « Il ne sert à rien de nier la vérité, j’étais désemparée et, incapable de guider notre famille, je t’ai laissé prendre ce rôle, je t’ai laissé prendre les reines. » Tu secoues la tête. Cette épreuve, bien que difficile et a jamais ancré pour vous deux, n’a fait que t’endurcir. Et tu essaies aujourd’hui, de ne te réjouir que du positif : « Maman … » C’est elle qui secoue la tête maintenant : « Et je ne m’en excuserais et je ne t’en remercierais, jamais assez ma fille. » Elle sert plus fort sa main autour de la tienne, tu vois pointé au coin de ses yeux, des larmes naissantes. Tu ne t’attendais pas à autant de gravité de sa part, la veille de ton départ. Elle n’est responsable de rien, chacun continue à sa manière, et tu ne lui en voudras jamais pour la sienne, bien au contraire : « Tu es si forte Vesper, si forte ... Et je sais que ton succès, tu ne le dois qu’à toi-même, que je n’y suis pour rien dans ta réussite ... Je veux que tu saches, que je suis fière de toi. » Tu as l’impression qu’elle se libère d’un poids, qu’elle évacue ce qu’elle enfermait depuis toujours : ses propres remords, ses propres regrets, et sa honte aussi. Elle te fixe avec douceur, et qu’importe ce que tu diras, sa conscience a déjà accepté sa propre vérité. Tu n’es pas à l’aise avec les effusions de sentiments, tu gardes une certaine pudeur sur tes émotions. Tu te penches néanmoins en avant, te voulant rassurante : « Mais ce n’est que pour toi, que j’ai voulu réussir. » Elle secoue la main, quittant la tienne, comme pour balayer tes mots insensés et retournes à sa tasse de thé. Et pourtant, tu le penses. Sans elle, tu n’aurais sûrement, jamais eu la même volonté. Tu ne serais peut-être pas devenue médecin, mais avec elle, tu le devais, tu le voulais. Tous tes choix, toutes tes ambitions, ne sont que pour elle. Tu te retires, t’appuyant de nouveau sur le dossier de ta chaise : « Dis-moi, tu ne me dis pas tout ça parce que je pars demain ? … Tu ne t'inquièterais pas pour moi ? » Plus moqueuse, tu tentes d’égayer l’atmosphère, tu n'aimes pas les larmes. Tu ne lui as pas vraiment demandé son avis, sur ton engagement dans l’armée en tant que médecin sur le front. Il est vrai que le danger sera présent, après tout, tu vas au cœur de la guerre et des conflits. Mais maintenant que ta mère est immunisée, maintenant que ta mère est sauve, tu te sens responsable de la santé de tous. Toutes ces années d’apprentissage, tu ne peux les dédier qu’à une ville, alors que l’humanité toute entière se meurt. Ton devoir est là-bas, ton devoir est auprès des hommes prêt à sacrifier leur vie, pour la vôtre. Tu ne peux les laisser se battre, sans les soutenir. Et surtout, tu te sens capable, capable d’affronter les flammes, le sang et les cris. Tu as nourri cet éloignement de l’âme, cet aplomb, cette impassibilité à la souffrance humaine, pour mieux la soulager. Ta mère rit avec légèreté : « Oh non ma fille, tu es une battante. » Femme honnête, ta mère pense ce qu’elle dit, mais ne dit pas toujours ce qu'elle pense. Car tu sais que tu restes sa fille, et si elle pense n’avoir aucun conseil à donner sur ta vie, elle osera encore moins te freiner en avouant s’inquiéter pour toi. Elle s’en voudrait de faire d’elle, une raison pour toi de rester.


CHAPITRE 3 -

Nous avons vu la vie
Sous les mêmes couleurs ;
Elle a pu faire envie,
Car elle eut bien des fleurs.
La guerre était la gloire,
J'y courus avec toi :
J'ai payé la victoire,
Pauvre de moi !

Ma plaie envenimée
Arrête ici mes pas ;
Mortelle et renfermée,
Elle s'aigrit tout bas.
Sur un ponton de guerre
Faut-il languir sans toi ?
Je te suivais naguère,
Pauvre de moi !
- Marceline Desbordes-Valmore


2042 - Les cendres virevoltent dans l’air et viennent se poser sur ta peau nacrée. Devant toi, des arbres calcinés et des cadavres éparpillés. Tu es dans cet autre temps, celui des bruits sourds et de la vue ralentie. Tu te demandes comment l’homme, par le pouvoir ou la peur, s’élance dans tant d’immoralité ? Tu te demandes où ils la cachent, cette moralité ? Tu penses qu’ils la sèment, en même temps que s’écoulent les cartouches. Tu penses que là, dans ces ruisseaux ensanglantés, dans le scintillement du métal, dans les traces de violence, ils préservent l’équilibre du devoir et de l’homme. Et toi tu es là, prise dans cette tornade aveugle et bruyante. Et tu as voulu y être, tu as voulu affronter cette bourrasque. Tu savais que la vision de la réalité te serait au début pénible, mais tu n’avais pas imaginé cette bourrasque si cruelle. Les lamentations, les membres arrachés, les sens abîmés, les esprits écorchés. Mais s’affaisser ou s’apitoyer devant leur souffrance, est inutile. Et ce dont ils ont besoin, ils ne le trouveront pas dans le bouleversement, mais dans la détermination et l’efficacité. Tu ne peux te permettre d’être peinée par le décès d’un soldat, quand au même instant, tu peux en sauver trois. Alors tu as appris, tu as appris la distance et la froideur des sentiments. Et après la Chine, tu ne pouvais t’arrêter, les batailles continuaient, il était hors de question de ne pas faire de même. Car tu pourrais en sauver d’autres.

Alors te voilà, propulsée par les bombes, t’envolant parmi les cendres, balayée par la guerre. La Russie semble vouloir te gober, mais tu n’es pas prête encore à te laisser ensevelir. Dans la valse des balles sifflantes, tu t’éloignes du chaos, à la recherche de soldats de l’Union blessés. Mais c’est sur deux soldats russes que tu tombes, adossés contre un muret en ruine, incapables de bouger. L’un est inconscient, l’autre te dévisage, hésitant entre la terreur et la haine. Vous vous fixez un moment, où chacun se questionne sur les intentions de l’autre. Sans qu’aucun ne cille. Partagée entre tes convictions et la méfiance, ce sont tes convictions qui prennent le dessus. Lentement tu lèves les mains pour le rassurer, désignant ton insigne médical, espérant qu’il t’identifie plus comme un médecin que comme un ennemi. Toujours avec des gestes très mesurés, tu t’approches de lui. Agenouillée près du Russe qui, avec inquiétude et impuissance, ne te quitte pas des yeux, tu lui montres une aiguille : « Morphine. » Tu doutes qu’il te comprenne, comme tu doutes qu’il te repousse maintenant. D’un geste vif tu lui injectes la dose qui, immédiatement, soulage sa douleur. Plus apaisé, tu te permets de l’ausculter, de nettoyer quelques plaies, et d’en faire de même pour le soldat évanoui. Quand soudain, tu sens une arme s’appuyer sur ton crâne. Et alors que ton souffle se coupe, ton cœur manque un battement.

Immobilisée par l’effroi, tu t’attends à voir apparaître la faucheuse au loin. Déjà tu crois entendre le coup partir, déjà tu te vois mourir, t’écroulant dans le froid et le sang. Tu ne sais pas si tu trembles, ni si tu pleurs, sonnée par les battements de ton cœur martelant ton crâne. Tu es dans ces secondes qui semblent éternité. Le soldat conscient que tu as soigné fait entendre sa voix ; et dans un rapide échange incompréhensible, tu te laisses avoir par l’espoir. Te convainquant qu’ils te laisseront partir, qu’ils te laisseront la vie. Mais si l’impétueuse arme quitte ta tête, mais si de nouveau tu respires, déjà autour de tes bras s’enroulent des mains vermeilles. Et elles t’emportent, ces mains. Loin de la bataille, loin de tes camarades, mais toujours plus près du danger.

▽ ▽ ▽

Écrasée contre le sol humide, tu joues les poupées inanimées. Tes prunelles fixent le vide, et tes pensées se taisent. Créature impuissante attendant sagement la fin du calvaire. Si tu luttais au début, de fatigue et de peur, tu as déposé les armes. Quels autres choix avais-tu ? Prisonnière d’étrangers, incapable de se défendre, l’impuissance t’a rabaissé au rôle d’esclave. Terminé, il se lève, remonte son pantalon et rejoint ses camarades à côté, hilare et bienheureux. Toi tu gis là, sur le pavé glacé, détruite. Le vide dans tes yeux, enveloppe telle une ombre tout ton être. Es-tu toujours là ? Tu les entends danser, chanter, rire. Tu ne savais pas qu’on pouvait autant s’amuser, encerclé de tombes. Lentement tu rampes jusqu’au mur et, douloureusement, tu viens t’adosser à lui. Statue de cire, luttant toujours contre l’effondrement. Tu regardes tes mains qui ne tremblent pas, et tu te demandes combien de temps encore tu resteras dans le déni. Tu t’étais promise, de ne plus jamais te laisser envahir par la détresse. De ne plus jamais la laisser te déstabiliser. Mais aujourd’hui, aujourd’hui à quoi bon, puisque tu sembles déserter par l’espoir.

Tu ramènes tes genoux jusqu’à ta poitrine, cherchant protection auprès de ton corps, dernier rempart encore présent mais affaibli. Tu étais si pleine d’idéaux, si pleine de volonté, tu avais tant à donner, tant à donner. Tu voulais aider à ton échelle, tu voulais servir les hommes. Et lorsque tu te regardais dans le miroir, tu pensais voir quelqu’un de bien, de fort, d’invincible. A présent, même tes mains transpirent la honte. Tu n’es qu’un être misérable qui cherchait à oublier ses plaies en soignant celles des autres. Lamentable femme, lamentable. Tes mains viennent couvrir ton visage peiné, malgré toutes les bonnes intentions qui autrefois te berçaient, maintenant tu veux seulement rentrer. Tu veux seulement rentrer chez toi. Tu étais si persuadée de pouvoir traverser la guerre sans dommages, tu étais si persuadée d’être assez forte pour surmonter tout ça. Mais cette violence t’aura assassinée. Tu te sens ignoble de n’avoir pu te contenter de ta ville, quand d’autres aurait aimé avoir le choix. Tu penses à ta mère et ton cœur se sert encore davantage dans ta poitrine. Tu l’imagines seule, abandonnée par le dernier être qui comptait à ses yeux. Dévorée, tu es dévorée par les remords. Ta tête s’enfouie dans tes bras croisés, et pour la première fois depuis la mort de ton père, tu t’effondres. Les larmes chaudes ruissèlent sur tes joues crasseuses, et silencieusement tu t’excuses auprès de celle qui t’aurait toujours soutenue. Bientôt ils viendront te chercher pour que tu soignes d’autres de leurs blessés, tu sais que le répit sera de courte durée. A quoi bon maintenant, puisqu’il n’y a plus d’espoir ? Il n’est plus utile de fuir, plus utile de se torturer, il est juste temps de partir. Tu refuses de te laisser sombrer davantage, et tu ne leur laisseras pas le plaisir de décider où finit ta vie et comment elle se termine. Tu es seul maître de ton navire, et s’il part à la dérive, et si la fin est inévitable, tu fonceras sur les récifs. Adieu navire, adieu la vie. La résignation soulage ton âme et tu soupires longuement.

Alors qu’un Russe t’appelle, tu viens essuyer les larmes sur ton visage et te relèves péniblement. D’une démarche boiteuse, tu t’approches d’un lit dans lequel gémit un soldat. Tu ne ressens ni haine, ni mépris, tu n’es qu’indifférence. Tu attrapes quelques bandages et aperçois un canif sur une table. C’est barbare mais il n’y a aucune autre alternative, assez rapide pour qu’ils ne puissent t’en empêcher. Ce canif brûle ta rétine et obsède tes pensées. C’est maintenant ou jamais capitaine. Maintenant ou jamais. Tu sautes sur l’arme, les soldats bondissent, craignant pour leur vie ; de leurs fusils ils te visent, mais se détendent en voyant que tu pointes l’arme blanche sur ta gorge. Tu sens la pointe entaillée ta peau, tes yeux brillent d’hérésie et d’incompréhension. Tu n’arrives pas à aller plus loin. Tu n’arrives pas à aller au bout. Tu n’y arrives pas, tu ne peux pas. Ton âme est prête, mais ton corps refuse. Es-tu si faible Vesper ? Un soldat s’approche, sourire amusé, il se plante devant toi. Mais effrayée tu n’es pas, désespérée tu es. Tes dents se serrent, ta mâchoire se contracte et ton regard se durcit, traduisant ta détermination. Tu ne peux plus faire marche arrière, tu as seulement besoin d’une impulsion. Tu attrapes sa main, tes prunelles toujours accrochées aux siennes, et tu places sa paume sur le pommeau, ton autre main, tenant toujours l’arme. Il paraît surpris et ses yeux te questionnent, mais il n’y a en toi, ni doute, ni inquiétude, seulement la certitude que là se trouve ta liberté. Sa main libre vient attraper ta nuque, prêt à terminer ce que tu n’as pu finir.

Au loin des cris crèvent le silence pesant. A l’entrée apparaissent des soldats de l’Union et tout va très vite. Le russe lâche ta nuque et te pousse sur le côté. Toutes les armes se dirigent vers l’invasion et le ballet mortuaire reprend. Les balles percent les murs comme elles percent les corps. A terre tu te recroquevilles, les mains sur les oreilles. Ces bruits désormais t’horrifient. Les Russes tombent les uns après les autres, mais tu ne ressens ni soulagement, ni joie, ni victoire. Tu es perdue au milieu de la mort, et tu pries seulement pour que d’une manière ou d’une autre, ce cauchemar s’achève : « Y a une femme vivante là ! » Tu te laisses manipuler lorsqu’ils chopent ton bras pour te redresser : « Ton nom. » Tu ne vois sur leur visage, que la rage : « Ves … Vesper … Anglaise … » Tu te sens partir, ta vue se trouble et tes jambes lâchent. L’idée qu’enfin, l’enfer s’éloigne te désoriente : « Anglaise ? Qu’est-ce qu’une anglaise fout ici habillée comme les russes, hein ? » Tu fatigues, tu sens la méprise. Il faut leur expliquer : « J-J’ai … » « Bon travail les gars, on en a une bonne, allez, emmenez-moi cette vendue. »


CHAPITRE 4 -

Parfois l'esprit se perd dans la forêt des mots.
Inquiet, il hésite, il tâtonne, il trébuche
Dans le lierre qui tord ses nœuds comme une embûche.
Il appelle, et sa voix retombe des rameaux.
Il frissonne au contact rugueux des troncs énormes.
Une feuille le mouille et le caresse au front.
Il assiste au combat mystérieux des formes,
S'émeut du bruit que fait la branche qui se rompt
Et la source qui rit en répandant son urne.

Et dans la haute nef de la forêt nocturne,
Prisonnière des mots profonds comme des murs,
La pensée impuissante à formuler son rêve,
Anxieuse, attend l'heure ou le jour qui se lève
Baigne d'un pâle éclat les feuillages obscurs.
- Charles Guérin


2042 - La douleur vibre dans chaque partie de ton corps, elle est un tisonnier brûlant qui se plante dans ta chair à chaque mouvement. Sur ta chaise d’interrogatoire, tu t’enfonces dans l’impuissance, vidée de toutes émotions. Il y a quelques semaines, tu as cru que tout était fini, que tu allais enfin rentrer, que tu allais enfin être en paix. Mais tu n’as fait que passer d’un cauchemar à un autre, et tu as la sensation que cela ne cessera jamais. Tu seras à jamais balancer entre les guerres, les complots et les malveillances. Tu pensais que ce passage ne serait qu’une formalité, avant de te renvoyer auprès de ta mère. Mais voilà que cette formalité dure des jours. Tu n’as pas dit ce qu’ils voulaient entendre, tu n’as pas avoué ce qu’ils cherchaient à te faire dire. Et ils ne te croient pas, ils ne t’écoutent, car pour eux la seule vérité qui soit, est celle de ta traîtrise. Mais tu n’es pas une traître, tu n’as aucune mauvaise intention, aucune. Tu n’as rien fait de mal, la voilà ta vérité. Et jamais tu ne terniras ton image pour leur bon plaisir, tu es une femme engagée, tu es une femme de valeur, et ça, ils ne te l’enlèveront pas. Sauf qu’eux non plus, n’ont pas abandonné, et persuadés de leurs préjugés, ils t’ont mis à l’épreuve. Une torture quotidienne, physique et psychique, devrait te faire parler. Tu trouves cela bien plus pitoyable que tout ce que tu as pu voir jusqu’à présent. Évidemment que sous la torture, même l’innocent finit par reconnaître des faits insensés, juste pour que la souffrance cesse. Mais tu refuses, tu refuses de confesser ce qui est infondé. Car tu sais que pire t’attend, si tu oses affirmer la pseudo parjure que tu es à leurs yeux.

Ta tête tombe en arrière, tu es fatiguée. Fatiguée de lutter, répétant toujours les mêmes faits, les mêmes certitudes, les mêmes excuses, les mêmes raisons, qu’ils n’entendent pas. Tu es fatiguée de devoir vendre ta loyauté qu’ils réfutent. Mais tu espères, car tant que tu ne changes rien de ton discours, ils ne peuvent rien faire. C’est du moins ce que tu te persuades : « Mrs. Lynn. Étant donné que vous ne semblez pas vouloir avouer les faits qui sont retenus contre vous, et vu l’impossibilité de nous fournir des preuves de vos dires ; nous vous condamnons à vingt ans d’emprisonnement pour traîtrise envers l’Union. » Ta tête dodelinante se tourne vers les deux agents en costumes. Vous vous fixez un moment. Tu ne comprends pas. Le brouillard qui obstrue ton esprit, peu à peu se dissipe et la raison reparaît. Condamnée ? Le sang dégouline de ton nez cassé, de ta lèvre ouverte, de tes bras troués, de tes doigts disloqués, de ton ventre tailladé. Condamnée ? Tes yeux s’éclaircissent et se font lucides. Tu craches une glaire vermeille sur leur sol ciré. C’est fini, s’en est trop. Condamnée ? : « Vous vous foutez de ma gueule ? » Fini la détresse et l’affaissement. Tu as tenté d’expliquer ta situation, des centaines de fois, tu as tout tenté pour faire entendre raison à ces putains d’enculés de merde. Fini la détresse : « Vous vous foutez de ma gueule ! » Tu ne sais d’où vient cette énergie, mais l’adrénaline pulse dans tes veines et ton corps se jette hors de la chaise. Tes poings viennent s’écraser sur la table et balancent toutes les feuilles, ton esprit disjoncte. Toutes ces semaines de torture, d’abus, de stratégie, de manipulation t’ont fourvoyé. Tes paumes sur la table, tes pupilles assassinent les deux hommes qui ne bronchent pas : « Qu’est-ce que je dois faire ? » Ils se regardent et restent silencieux : « Qu’est-ce que je dois faire ?! Je vous ai toujours raconté la stricte vérité. Vous me demandez des preuves, mais quelles sont les vôtres, mis à part de m’avoir trouvé sur ce camp ? Je vous ai expliqué les raisons de ma présence, je vous ai tout dit, je n’ai jamais changé de version, jamais ; même après des centaines d’interrogatoires, même après des nuits sans sommeil, même après des journées de torture, même après m’avoir affamé, déshydraté, noyé, battu, violenté, persécuté, enfermé. Je n’ai JAMAIS changé mes dires. » Tes bras recommencent à trembler sous le poids de ton corps, tes yeux froids brillent d’épuisement. Dans ton corps les flammes de la colère dansent, une rage qui s’était éteinte et qui maintenant, illumine ton être. Tu retrouves ta hargne, ton aplomb, ta force : « Et maintenant vous me menacez ? Vous menacez de m’emprisonner vingt ans pour des raisons non certifiées ? Mais qu’est-ce que vous croyez ? Qu’après tout ça, je vais céder maintenant à vos délires et avouer des inepties pour éviter cette peine ? » Ton visage grimace de dégoût et tu les dévisages, crachant ton venin : « Mais allez-vous faire foutre. Emprisonnez-moi, je ne ferais que clamer plus fort mon innocence et la vérité. Je ne suis pas une traître et je vous emmerde. » Ton cœur s’excite dans ta poitrine et tu retombes dans ta chaise, décidée à rester sur tes positions. Tu ne te rabaisseras pas à leur petit jeu, tu ne cèderas rien. Et si tu dois être incarcérée, très bien, une fois sortie, tu feras valoir tes droits.

L’un deux s’assied en face de toi, en chiens de faïence vous vous observez : « Vous avez pensé à votre mère ? » Tu te décomposes. Dans l’agacement, tu as oublié ta mère ; elle pour qui tu t’es tant inquiété dans l’éreintement. Ils savent très bien quelle importance elle tient dans ta vie, et combien tu as eu peur des répercussions de ces accusations sur sa vie. Et bien qu’ils t’aient rassuré sur ce point, aujourd’hui ils semblent vouloir s’en servir. Tu ne comprends pas encore le but et tu préfères ne pas répondre. Le deuxième vient s’installer sur la table et ajoute : « Vingt ans, c’est long. » Le mépris qu’ils t’inspirent se lit sur ton visage et tu secoues la tête d’écœurement. Évidemment que ta mère ne survivra pas à tant d’années d’absence, elle ne survivra pas seule sans toi, elle se laissera mourir de tristesse et de solitude. Tu ne sais que faire, mais tu sens qu’ils vont t’apporter la solution car petit à petit, tu saisis la situation. Sourcils froncés tu patientes, hivernale : « Nous avons une solution à te proposer. » Dans un long silence mortel, tu lèves le menton, l’incitant à poursuivre : « Au lieu de purger ta peine en prison pendant vingt ans, tu la purgeras en travaillant pour nous dix ans. » Un sourire excédé se dessine lentement sur tes lèvres ensanglantées, et tu laisses tomber de nouveau ta tête en arrière. Fixant le plafond, ton visage s’éclaire par compréhension : « Je n’avais aucune chance, pas vrai ? » Tu tournes la tête vers eux, mais rien dans leur expression ne confirme tes suppositions. Qu’importe, désormais tu sais : « Vous m’avez condamné dès les premiers jours. » Toujours aucune réaction : « Dès que vous avez compris mon innocence, dès que vous avez compris que je pourrais vous être utile, vous m’avez condamné. » Tu n’as pas besoin de réponses, ils ne t’en donneront aucunes. Ils te savent innocente, ils ont dû comprendre rapidement. Alors toutes ces semaines de supplices, n’étaient que des essais, des tests, des mises à l’épreuve. Ainsi, ils ont pu juger de ton caractère, de ta persévérance et de ta résistance. Cette condamnation n’est qu’un prétexte pour te garder sous leur coupe, et ta mère est le moyen de pression, puisque rien ne te fait plus peur que son avenir : « Si vous acceptez, dans dix ans vous êtes dehors, et votre mère recevra les meilleurs soins, avec une vie paisible assurée. » Tu es prise au piège, ils ne te laisseront jamais partir. Ce n’est pas un choix qu’ils te tendent, car la seule réponse envisageable doit être positive. Tu n’as pas confiance en eux, mais il n’y a malheureusement, rien que tu puisses faire, ils ont tout pouvoir sur ton existence : « Qu’est-ce que je devrais faire ? »


CHAPITRE 5 -

Elle meurt du désir qui toujours la dévore
Dans la froide prison des mètres et des vers,
Et tâche, l'oeil perdu parmi les cieux ouverts,
D'entendre encor la voix de cet archet sonore
Qui, si loin du désert où ses chants vont éclore,
Mène dans l'infini le choeur de l'univers.
- Théodore de Banville


2043 - Le soleil fait scintiller la surface de l’eau comme s’il n’était que de diamants. Tes yeux coulent sur cette surface plane, sage et silencieuse. Allongée sur la chaise longue, tu replaces le châle sur tes épaules frémissantes sous les caresses du vent. Tu sembles regarder l’horizon, mais tu sembles voir au-delà de ce qu’il te laisse découvrir. Tes doigts glissent dans un baquet et portent à tes lèvres une cigarette que tu allumes, nonchalante. Tu as eu 29 ans cette année. 29 ans et tu ne sais pas où tu en es et ce qui t’attend. Derrière toi le laboratoire se dresse, te rappelant sans cesse ta condition de prisonnière volontaire. Tu ne sais pas ce qui t’attend, mais aujourd’hui tu le devines. Car aujourd’hui, leurs efforts ont porté leur fruit. Leur expérience est une réussite, et plus encore qu’hier, tu leur appartiens. Tu expires la fumée qui s’en va se mêler aux nuages. Ce matin en te levant, l’infirmière qui s’occupe de toi et qui jamais n’a osé révéler son identité, comme aucunes des chemises blanches de ce maudit endroit, t’a dévoilé son nom et son prénom sans ouvrir la bouche. Comme un parfum qui embaume et titille les narines, ils te sont venus à l’esprit, tel un chuchotement discret. Tu n’as pas compris, et lorsqu’elle t’a touché, des images te sont venues comme des souvenirs. Comme un rêve qui défile et dont on ne saisit pas le sens. Car ces souvenirs ne sont pas le tiens, ils te sont étrangers et tu t’es perdue dans ces images inconnus. Des moments, des années, des visages, des bribes qui se succèdent, incontrôlables. Une fois t’avoir révélé ce qu’elles avaient à t’offrir, c’est un souvenir à toi qui s’est dessiné. Toi en France, face à la mer, effondrée par la mort de ton père. Le cri de ton enfance hurle encore en toi maintenant. L’infirmière a pris peur, et c’est seulement quand elle t’a lâché, que tout a prit fin. L’incompréhension a suspendu le temps, tu as alors prononcé son nom, cherchant un sens à ce qu’il venait de se produire. Mais à son appellation, elle s’est immobilisée et c’est la crainte que tu as lu dans ses yeux. Comprenant toutes deux ce qui se produisait, elle s’est enfuie et tu ne l’as plus revu. Tu n’as croisé personne de la journée, et tu ne t’attends pas à voir débarquer qui que ce soit. Tant mieux, tu ne veux voir personne. Tu te fais peu à peu à ce qui t’arrive et à ce que tu en feras. Voilà pourquoi aujourd’hui, tu devines ton avenir et ce qu’ils en feront. A présent, aucun individu ne te sera inconnu, aucun ne pourra te cacher son identité, et si tu le souhaites, aucun ne t’empêchera de découvrir son passé. Les images de cette infirmière défilent encore dans ton esprit déstabilisé, et ce qu’elle a traversé. Elle ne s’attendait sûrement pas à ce que quelqu’un découvre ses sombres secrets, mais tu sais que tu n’en feras rien. Tu n’es pas ici pour juger du parcours de chacun, et bien que tu connaisses certains de ses actes, tu ne sais rien de ses motivations, de ses ambitions, de ses obligations. Et tu t’en fiches, à tes yeux, tous sont coupables. Et ton unique but dans la vie, était d’aider coupables comme innocents. Tu voulais seulement aider les hommes. Tu voulais seulement, aider un peu. Et quand tu regardes où t’as mené cette folie, tu te rends compte de ta naïveté. Aider les hommes est impossible, à ton échelle il n’y a pas grand-chose que tu puisses faire. Et maintenant, la seule personne qui t’importe, c’est celle qui t’a donné la vie. Et toi-même. La froideur de ton attitude, a enfermé ton être dans une prison de glace.

Des silhouettes apparaissent sur le côté, trois hommes viennent t’encercler, obstruant la contemplation du paysage, tandis qu’un autre vient s’asseoir sur la chaise longue à côté de toi. Impassible tu continues de fumer, ne dissimulant pas ton indifférence à leur cinéma. Celui qui se montre plus intime et s’allume une cigarette à tes côtés, n’est autre que celui qui participait aux interrogatoires et qui continue de suivre ton parcours : « Alors Vesper, on m’a prévenu de ce qui s’était passé ce matin. » Tu hoches la tête : « Les nouvelles vont vites » Il rit et acquiesce. Tu ne vois pas ce qu’il y a de drôle. Il s’attend peut-être à ce que tu lui donnes les détails, mais tu continues d’aspirer lentement ta drogue, muette et désinvolte. Après un long silence, il finit par reprendre : « Si tout est vrai, c’est très intéressant et nous sommes ravis. » Il te fixe avec insistance et tu comprends qu’il va te falloir être plus explicite que ce que l’infirmière a dû leur raconter au téléphone. Tu soupires, tu te fiches de tes manières, te sachant désormais indispensable, tu profites de la situation pour ne plus chercher à bien te tenir. Tu te fiches de savoir si tu es assez gentille, douce, condescendante, bien élevée, respectueuse. Tu seras comme tu es : « Je comprends pourquoi vous ne vouliez pas me dire votre nom, lorsqu’on s’appelle Gérard Legrand et qu’on est minuscule, on le garde pour soi. » Tu ne daignes pas le regarder et tes prunelles restent rivés sur l’eau turquoise. Pour un agent de renseignements, tu viens de dévoiler son identité devant trois témoins, et la situation ne semble pas lui plaire. Il se lève brusquement et pointe sur toi son arme. Mais le mal est déjà fait, tu sais qu’il n’en fera rien, même si ton cœur qui s’active ne comprend pas. Tu ajoutes néanmoins rapidement : « Ce n’est pas sur moi que tu devrais pointer ton arme, mais sur lui. » De la tête tu désignes un des trois mousquetaires : « Il s’appelle Dmitri Boïstov. » L’arme quitte ta tempe pour venir sur l’homme qui panique et s’apprête à sortir son arme, mais trois flingues se retrouvent sur lui et trois balles le transpercent. Tu ne peux t’empêcher de sursauter et de baisser les yeux. Les fragments de la guerre viennent hanter ton âme et tu te surprends à trembler. Ta main droite, cigarette entre les doigts, vient masser ta tempe, dissimulant ce moment de faiblesse. Gérard semble heureux : « C’est très bien Vesper, vraiment très bien. » Tu ne réponds pas, tu n’es pas du même avis, mais ton avis importe peu : « Il était peut-être juste d’Europe de l’est. » Il hausse les épaules, peu convaincu par tes soupçons et s’installe de nouveau près de toi : « Apparemment tu peux aussi voir des moments de la vie de ceux que tu touches ? » Ton silence est une réponse affirmative : « Mais l’infirmière nous a aussi dit, qu’elle avait vu un souvenir à toi, c’est vrai ? » Tu finis enfin par poser tes yeux émeraudes sur lui, ton regard le transperce, cette conversation t'agaçe : « Effectivement, et je ne choisis pas ce que je vois, ni ce que je montre. » Cette réponse le rend soucieux et il se masse la barbe tout en regardant le sol : « Bien, il va falloir t’entraîner. Tu vas rester ici encore un moment et pratiquer. » Il se lève et fait signe aux deux autres d’emporter le corps, et ils disparaissent. Gérard te tend une petite arme : « Prends ça, tu vas devoir apprendre à t’en servir, au cas où. » Tu regardes l’engin avec dégoût : « Je ne touche pas à ça. » Il la pose à tes pieds : « Il le faudra pourtant. » Et il disparaît à son tour. De tes pieds tu repousses l’arme jusqu’à ce qu’elle tombe sur le sol. Tu écrases ta cigarette dans le cendrier et inspires longuement les paupières closes. Tout ira bien. Tout ira bien. Tes prunelles claires se reposent sur l’eau scintillante, mais tu ne vois plus que la flaque de sang qui brille sur le côté.


CHAPITRE 6 -

Sur mon front triste, abattu, mais sans crainte,
On cherche en vain la trace d'un remord :
Jamais mon front n'en recevra l'empreinte,
Et je la laisse à qui rêve ma mort.
Qu'au moins la mort m'attende à ton rivage,
Ô beau pays qui vis mes plus beaux jours !
En d'autres jours si tu vois mon naufrage,
Dis que ta reine au moins chanta toujours
- Marceline Desbordes-Valmore.


2050 - La pièce est plongée dans l’obscurité, seule la lampe de ton bureau éclaire les dossiers ouverts sur le plan de travail. La fumée s’échappe de ta cigarette rattachée à ton fume-cigarette. Objet que tu t’es prise à affectionner depuis quelques années. Femme élégante et distinguée, tu as reconstruit ton identité sur le raffinement que tu prônes autant pour ta personne, que pour ton entreprise. Dans la salle principale, des hurlements empreint d’alcool viennent surplomber la musique. Tu ne t’en préoccupes pas, sachant pertinemment les règles qui régissent dans ton établissement, tes hommes se chargeront de calmer le jeu en virant les imbéciles. Tu es tracassée par bien plus problématique qu’une stupide querelle d’alcooliques. Tu penses à ta mission, à ton « devoir ». Parfois tu te convaincs, que ce que tu fais est juste, qu’après tu fais ce que tu as toujours voulu, servir ton pays. Ensuite tu te rappelles que ce n’est que pur mensonge, tu ne voulais pas servir ton pays, tu voulais aider ton pays. Encore faux, tu ne voulais aider ton pays, seulement pour mieux aider les hommes. Mais à présent, toute ces idéologies ont été balayé, tu n’aides les hommes que pour mieux t’en sortir. Tu n’aides les hommes, que parce que c’est ce que l’on te demande de faire, et que ta vie, comme celle de ta mère, sont en jeu. Tu n’aides les hommes, que s’ils te donnent ce qui te sauvera. Tu ne peux cependant t’empêcher, d’avoir de la pitié pour certain, de l’affection même. Tu restes une femme, une femme avec des rêves, avec des principes, avec des règles et des opinions. Tu ne pourras jamais faire taire, cette bienveillance qui t’a amené jusqu’ici. Et tu sais, qu’elle sera toujours ta faiblesse.

On frappe à la porte de ton bureau, t’éloignant de tes pensées toujours plus philosophiques et encombrantes. Un de tes hommes ouvre la porte, mais n’entre pas : « On a viré un homme, mais il vous demande et ne partira pas sans vous avoir vu, Mrs Lynn. » Tu portes le fume-cigarette à tes lèvres rouges et restes muette à sa requête. Sans plus de cérémonie, il ferme la porte et repart. Soupir, tu as vraiment autre chose à faire, que de traiter avec un ivrogne qui vient de réaliser qu’il a perdu son entrée dans ta ruche. Tu te lèves néanmoins, tu ne voudrais pas qu’il attire l’attention dans la rue. Bien que cet endroit soit protégé par les services de renseignements, tu ne peux te permettre de provoquer. Refermant la porte du bureau, tu traverses la salle chaleureuse et baignée de musique. Menton relevé, dos droit, robe raffinée, escarpins, gants de velours remontant jusqu’au coude, ton attitude reflète la femme autorité et impassible que tu es désormais. Le chemin t’est tout tracé, personne ne te regarde, mais ton aura, ta prestance, suffi à asseoir les plus indisciplinés.

Tu remontes les escaliers permettant de sortir de l’établissement, un homme te retient la porte et tu arrives dehors, soutenue par deux gorilles. L’homme peinant à tenir sur ses jambes, te fixe un moment, sûrement cherche-t-il ses mots : « Je t’écoute Danny. » A son prénom il tique, surpris sans doute que tu l’ai retenu, bien que ce ne soit pas le cas : « Mrs. Lynn, il y a méprise … J’suis un habitué, vous s’vez comment j’suis, c’tait pas ma faute … » Tu passes un bras autour de ta taille, posant ton autre coude sur ce dernier, tu aspires la fumée. Il n’y a pas à réfléchir : « Danny, si tu es un habitué, toi mieux que personne connaît les règles, aucune violence n’est tolérée à l’intérieur. Et je ne donne pas de seconde chance, je te prierais donc, de t’en aller. » Ton visage ni peine, ni pitié, ni compassion, en réalité il n’exprime rien. Si tu peux ressentir quelques désolations pour certaines âmes qui passent devant toi, pour la majorité tu ne ressens rien d’autre que de l’indifférence. Pour toi, le froid est ton arme la plus puissante, et tant que tu joueras le rôle de l’imperturbable, l’impénétrable, l’indéchiffrable Vesper, tous te respecteront. S’ils décèlent la moindre faiblesse, ils t’écraseront. Tu dois être ferme et autoritaire mais juste. Car c’est dans cette justice, que tu seras apprécié et reconnue, mais aussi, que tu te reconnaitras. N’ayant rien à ajouter, tu commences à tourner les talons pour retourner à tes occupations. Mais l’alcool donne des ailes, et le petit homme titubant semble se souvenir qu’il a des couilles : « Mais tu t’prends pour qui ? T’sais qui j’suis ? J’vais où j’veux, quand j’veux ! J’suis Danny Martego ! Et c’pas une femme, qui va m’dire c’que j’peux ou n’pas faire, ok ? » Un silence de plomb tombe sur la rue. Personne ne bouge, seule la respiration accélérée de Danny donne vie à la scène. Lentement tu te retournes, point surprise de cet énervement qui touche tout homme blessé dans son égo. Alors comme ça, parce qu’il est un homme, il peut faire ce qu’il veut ? Quel manque d’originalité, quel manque de personnalité, c’est navrant. Bien que tu cherches à oublier le passé, et que tu ne te permets jamais, de repenser à la guerre et à ta séquestration. Tu ne peux, en voyant ce type d’attitude, que revoir ces soldats russes, qui devaient penser eux aussi, qu’ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient. L’un de tes hommes s’engage vers Danny, mais tu cesses son mouvement en levant la main : « Tu penses que, parce que je suis une femme, je ne peux décider qui a le droit d'entrer ou non dans mon bar ? » Tes prunelles verts d’eau, sont accrochées au corps perdant peu à peu de son aplomb, face au tien : « Mes règles sont simples, ma porte reste ouverte à tous ceux qui restent corrects. » Tu t’approches lentement : « Je tends la main à tous, mais si tu craches dans cette main, jamais plus elle ne se rouvrira. » Tu te penches en avant, soufflant sur son visage perlé par la chaleur et l’ivresse : « Je me fiche de ce que tu penses avoir le droit de faire ou pas, je me fiche de ce que tu penses sur ma condition de femme et plus encore, je me fiche de qui tu es. Saches seulement Danny, qu’ici je suis seule juge et que les portes de mon refuge, ne te sont plus ouvertes. » Tu perçois la décomposition dans ses yeux, et la défaite. Tu sais que pour ce genre d’homme, ce n’est que du vent, des paroles en l’air. En réalité, ils ne sont pas dangereux, juste trop fiers. Tu penses que le message est passé, et la menace n’est pas nécessaire à ceux qui sont respectés. Tu continues de pointer tes yeux revolvers sur l’homme qui finit par baisser les armes. Personne ne gagne contre ton regard d’acier. Tu te redresses et disparais dans un nuage de fumée.

Préoccupée tu retournes dans ton bureau. La chose qui te tracasse tant, c’est davantage l’avenir. Ils t’ont peut-être promis 10 ans et la liberté, mais tu sais très bien ce qu’il en est. Tu n’es pas idiote, ils ne te laisseront jamais partir avec ce que tu sais, avec ce que tu es. Au mieux ils te garderont sous leur coupe, au pire, ils te feront disparaître. Tu sais désormais comment ça marche, et tu ne voudrais pas te faire doubler. À côté de cette mission, tu as commencé à réfléchir à une solution de repli. Il faut que tu puisses t’échapper de leur emprise, peut-être en leur donnant ce qu’ils veulent ? Tu ne sais comment te sortir de ce pétrin mais tu dois t’en sortir. Tu retombes lourdement dans ta chaise en cuir, retirant ces gants que tu ne quittes plus, évitant ainsi d’être découverte bêtement. Fixant le plafond tu inspires et expires bruyamment. Comment te sortir de ce merdier ? Tes yeux roulent jusqu’au premier tiroir du bureau, que tu viens ouvrir, dévoilant l’arme à feu que tu dissimules. Putain de merdier.


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Mon Groupe
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Dernière édition par Vesper Lynn le Mer 29 Mai - 1:46, édité 16 fois
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Jean Raulne
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MessageSujet: Re: The killing gaze's Vesper   The killing gaze's Vesper EmptyDim 12 Mai - 18:28

Re bienvenue, craziest!
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MessageSujet: Re: The killing gaze's Vesper   The killing gaze's Vesper EmptyDim 12 Mai - 18:35

Merci héhé The killing gaze's Vesper 3930837780
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MessageSujet: Re: The killing gaze's Vesper   The killing gaze's Vesper EmptyDim 12 Mai - 18:59

Re bienvenue !
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MessageSujet: Re: The killing gaze's Vesper   The killing gaze's Vesper EmptyDim 12 Mai - 19:11

Re-bienvenue et bon courage pour ta fiche ! The killing gaze's Vesper 518115341
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MessageSujet: Re: The killing gaze's Vesper   The killing gaze's Vesper EmptyDim 12 Mai - 19:16

Merci vous deux The killing gaze's Vesper 1912165711
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MessageSujet: Re: The killing gaze's Vesper   The killing gaze's Vesper EmptyDim 12 Mai - 19:51

Re-bienvenue et bon courage pour le reste de ta fiche Wink
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MessageSujet: Re: The killing gaze's Vesper   The killing gaze's Vesper EmptyLun 13 Mai - 0:12

Merci Kate The killing gaze's Vesper 173397950
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MessageSujet: Re: The killing gaze's Vesper   The killing gaze's Vesper EmptyMar 14 Mai - 21:10

Re bienvenue !
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MessageSujet: Re: The killing gaze's Vesper   The killing gaze's Vesper EmptyMer 15 Mai - 15:56

Merci Malph' The killing gaze's Vesper 771325839

BON ALORS, j'suis désolée j'ai mal jugé le temps qu'il me restait avant de partir The killing gaze's Vesper 518115341 Je ne pourrais donc finir cette fiche avant mon départ. Est-ce que je pourrais avoir un petit délai ? The killing gaze's Vesper 771325839
vraiment désolée Arrow
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MessageSujet: Re: The killing gaze's Vesper   The killing gaze's Vesper EmptyVen 17 Mai - 20:41

Re-bienvenue avec ta toute belle espionne !
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MessageSujet: Re: The killing gaze's Vesper   The killing gaze's Vesper EmptySam 18 Mai - 12:04

Merci poulette The killing gaze's Vesper 1912165711
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MessageSujet: Re: The killing gaze's Vesper   The killing gaze's Vesper Empty

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