It’s only after we’ve lost everything that we’re free to do anything.
2025, Atlantide
— Combien de requins avez-vous attrapés durant la chasse ?«
Six. » L’examinateur passe.
«
Quatre. » Moitié moins que la dernière fois. Le jeune adulte reçoit une tape méritée à l’arrière du crâne et baisse la tête.
Tafiole.«
Six. » Mon cousin Knoré. Toujours dans la moyenne, quelle que soit la discipline. Je le soupçonne de se brider, pour n’attirer l’attention de personne et faire ses coups en douce.
«
Neuf. » Hector jubile. C’est le plus âgé d’entre nous et un putain de bon nageur. L’examinateur hoche la tête en passant devant lui, ce qui équivaut aux félicitations du jury.
«
Cinq. » La seule gonzesse du groupe. Elle n’a même pas droit à un regard.
C’est à mon tour. Je dresse le menton et annonce ma prise : « Trois. »
Les autres chasseurs ont au minimum quatre ans de plus que moi. Privilège d’appartenir à une famille de l’élite : se mêler à meilleur que soi pour équilibrer les chances. À mon âge, Hector rapportait deux squales dans ses bons jours.
— Tu fais honte à ta famille, avorton Keranos. Comptes-tu te faire ridiculiser une nouvelle fois par une Amazone, lors de ta prochaine mission diplomatique ?Une flamme s’allume dans mon regard.
— Je les battrais. Nous sommes plus forts, plus rapides et plus endurants que les Surfaciens !— En ce cas tu es l’exception, strobile. Tant que tu ne parviens pas à te mouvoir avec grâce, vitesse et puissance dans notre mère océan, tes gestes resteront lourds et faibles à la surface. Le jour où tu seras capable de capturer dix requins au cours d’une chasse, alors tu seras de taille à affronter ce peuple de femmes-guerrières.— Oui, maître !— Bien. Puisque tu es encore arrivé derrière tes camarades, le châtiment du marsouin t’apprendra à endurer les coups. Escouade, montrez à cet incapable le sort qu’on réserve aux cochons de mer !Je recule une jambe, fléchis les genoux et dresse les poings, en position de défense.
Mes cinq compagnons de chasse manœuvrent pour m’encercler. Je connais leur tactique et n’entends pas leur faciliter la tâche.
Je lance mon poing sur le numéro deux du groupe. Il a une façon de regarder ma sœur que je n’apprécie pas. La mâchoire claque, le type recule, porte une main à sa joue qui gonfle. Eh oui, mec, c’est douloureux. Trouve une autre greluche à reluquer.
La riposte ne tarde pas à s’organiser : mon cousin Knoré, expert en traîtrise et coup bas, frappe du coin du pied à l’arrière de mon genou. L’articulation plie, mais je me redresse aussitôt.
Pas le temps de me réjouir : Hector a vrillé sur lui-même avec adresse, son coude heurte mon plexus solaire. Ma bouche s’ouvre et se ferme inutilement, comme un putain de poisson essayant de respirer l’air de la surface. Mes mains recouvrent d’instinct le centre de ma poitrine.
J’entends un petit cri derrière moi : la salope m’a frappé au bas du dos et je bascule en avant.
Dès lors c’est la curée : pluie de coups de pied et de poing sur l’ensemble du corps. Un talon percute ma bouche, un filet de bave rouge se met à couler entre mes lèvres.
Dans un sursaut d’orgueil, j’attrape les deux jambes proches de ma tête et tire de toutes mes forces. Sans même voir de qui il s’agit, je bondis sur ma proie et la martèle de mes poings.
On me projette en arrière, un impact me pète le nez, je finis en position fœtale sans autre option que serrer les dents.
— C’est fini ! Jetez ce bon à rien dans l’océan, ordonne l’examinateur. Prochaine chasse dans une semaine, j’attends de meilleurs résultats de vous tous !Dans un an, deux maximum, c’est moi qui balancerai les autres à la flotte pour les régénérer.
2039, Afrique
— Tour de guet à deux heures, Lou. Vise la petite lueur, c’est la clope du garde.L’eau du fleuve m’arrive au nombril, à la pointe des seins pour Louise. Le camp se trouve à quelques mètres de la berge et les humains y voient que dalle dans l’aube naissante, avec ce brouillard à couper au couteau.
— Le lieutenant a dit d’observer et rapporter, pas de shooter.— Le lieutenant n’a pas de couilles.— Moi non plus, je te rappelle.— Bon, tu le dégommes ce con, oui ou merde ?Je perçois le sourire de Louise derrière moi. S’ensuit une légère détonation, étouffée ; le garde de la tour s’écroule un battement de cils plus tard.
— Joli tir.— Joli cul.La conne. Un peu plus, j’éclatais de rire et on grillait notre position.
Un bruit au bord de la berge, trois mètres devant nous. Je cale mon fusil au creux de l’épaule.
Un soldat ennemi, arme en bandoulière, sort son zob et se met à pisser.
Et puis merde, je n’ai pas quitté l’Atlantide pour me baigner dans la pisse.
Je tire.
Le HK416, ça n’a pas la discrétion du fusil à lunette de Louise avec son silencieux.
Le corps tombe à l’eau, on aboie des ordres à travers le camp.
— Reste bien derrière moi, j’ai pas envie de te laisser à bouffer aux crocos.Je vide un chargeur sur les abrutis qui courent dans tous les sens tels des poulets sans tête. Je recharge et sors de l’eau, me prends presque aussi sec une bastos dans le bras gauche. Ça brûle, mais je souffrais déjà beaucoup plus quand ces Surfaciens tétaient encore le sein de leur mère.
J’avance en zigzag, canardant tout ce qui bouge. Ma vision atlante me donne un avantage indéniable, mais chaque rafale trahit ma position. Je m’en prends une dans les obliques, qui traverse en frôlant Louise. Le tireur se jette dans la boue face la première, un trou au milieu du crâne.
Ma partenaire n’a jamais été du genre à perdre son temps.
— Mate à dix heures, Al.Putain, c’est noël avant l’heure, comme disent les Européens.
Sous un large pavillon ouvert, quatre gorets armés de machettes déblatèrent un tas de conneries dans un dialecte que je ne maîtrise pas.
— Tu me les laisses. Ce sont des lames qui ont tué mes parents, pas des balles.Je fais passer mon fusil dans mon dos, mets la main au fourreau qui pend à ma ceinture. J’empoigne mon glaive, excentricité qu’on accorde aux caporaux médaillés de mon genre.
Les armes modernes, c’est chouette, mais rien ne vaut les outils traditionnels pour assouvir une vengeance.
2049, villa de M. Jenkins, Inland Empire
— Tu vas mourir, Jenkins. Le seul pouvoir qui te reste, c’est m’encourager à faire ça en douceur ou…D’un geste vif, j’abats le tranchant de mon glaive sur les phalanges du Conseiller, blanchies sur les bras du fauteuil qu’il serre comme la branche d’un arbre pendue au-dessus d’un précipice.
Je sens le regard réprobateur de Louise sur ma nuque, de son poste d’observation au sommet du plongeoir. Pour elle, la vengeance se résume à une balle entre les deux yeux, éventuellement une autre tirée en plein cœur.
Nous les Atlantes mettons la barre plus haut.
Ce connard hurle, ses yeux exorbités paraissent vouloir suivre le chemin de ses doigts coupés.
— Ne faites pas ça, je vous en supplie ! J’ai une famille ! Oh… non ! Ne vous en prenez pas à mes enfants !Je lui colle mon poing dans sa gueule bovine. Sa bouche saigne à son tour, la lippe fendue tremblote comme un gosse atlante venant de se prendre les pointes d’un trident dans le cul. Mais au moins, il la ferme.
— Pour qui tu me prends ? Gros tas de merde, nous aussi on avait des familles. Des familles que tu as laissées crever, que tes copains ont exterminées. Mais on n’est pas comme vous, je ne suis pas comme vous.La sueur âcre du nanti mort de trouille se mêle à son sang. Si je continue à le bousculer, ce con va me gratifier de la puanteur de sa merde.
— O-on peut trouver un arrangement ! Vous avez l’air quelqu’un de bien, quelqu’un de réglo ! J-j’ai de l’argent, beaucoup d’argent !Je rétablis l’équilibre par un crochet de la gauche sur l’autre joue. J’ai toujours aimé la symétrie, comme celle d’une tête tranchée dans le sens de la longueur.
— Tu n’as toujours rien compris, Jenkins. Les hommes comme toi raisonnent en pertes et profits, croient que tout peut s’acheter, que tout le monde a un prix. Je suis le putain d’inspecteur des impôts atlante, tête de bite, et je viens prélever une dette en monnaie de sang. Tu n’y échapperas pas, comme on n’échappe pas à une grenade enfoncée dans le derche.Le richissime Conseiller pleure toutes les larmes de son corps. Un flux de morve coule de son nez, comme s’il espère échapper à son châtiment en me retournant les entrailles de dégoût.
Il n’a toujours pas compris à qui il parle. Les salauds de son espèce sont incapables de comprendre.
— Bon sang, mais qu’est-ce que vous voulez à la fin ! Je ferai tout ce que vous voulez, s’il vous plaît !Louise me fait signe sur son plongeoir. Un geste agacé qui veut dire : magne-toi le cul, j’en ai plus que marre.
Je veux bien lui concéder ça. De toute manière, Jenkins commence aussi à m’ennuyer.
— Des noms.La bouche de Jenkins reste entrouverte. Je reconnais la lueur d’espoir qui brille dans ses yeux. Celle du condamné qui aperçoit une issue, qui n’est pas conscient de l’inéluctabilité de son destin.
Un filet de bave glisse entre ses maxillaires abîmés. Mille eurodollars la dent. Trente-deux dents. Putain, sa bouche vaut plus cher que ma bagnole.
Je frappe les gencives d’un coup sec, os du poing en avant.
Trois mille eurodollars en moins.
Je ricane sèchement, fier de mon coup.
— Les noms des types à qui tu as parlé de mon peuple, et je te promets que je ne frappe plus.Cinq minutes plus tard.
Je me tiens au fond de la piscine du conseiller Jenkins, regarde la tête de cet enfoiré gonfler, vomir les dernières bulles d’air contenues dans ses poumons, un pied de parasol de trente kilos attaché à ses pieds.
Je lis la terreur à l’état pur dans ses orbites injectés de sang, puis l’abandon, la résignation.
L’ultime petite lumière qui s’éteint.
Merci pour la liste de noms, monsieur Jenkins.
Anecdotes
≋ Lit et parle les langues communes, modernes et anciennes.
≋ Sait lire sur les lèvres.
≋ Supporte mal les hauteurs, sujet au vertige.
≋ Garde sur lui un glaive et un bouclier rétractables, relativement discrets à transporter.
≋ Revêt la panoplie complète du guerrier atlante, pour les grandes occasions.
≋ Tranche la tête des cibles qu’il méprise le plus, noie celles dont il se venge, quand c’est possible.
≋ Vit sur un ancien patrouilleur militaire aménagé, le
Narval. Nombreuses planques dans les Zeeland Islands.
≋ Porte divers tatouages :
épaule droite → un glaive au centre d’un scutum (marque de Gladiateur atlante)
bras droit → un kraken aux multiples tentacules (blason des Keranos)
épaule gauche → une ancre de marine (symbole des Troupes de marine)
bras gauche → une sirène pulpeuse (suite à une partie de cartes alcoolisée durant la guerre)
dos → un immense serpent de mer (Jörmungandr)
Codes de validation
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Ma célébrité
- Code:
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Joel Kinnaman <span class="Gp_Trident"> ▪ <a href="u130"><span class="Gp_Trident">Alcide Keranos</span></a></span>
Mon métier officiel
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Petits boulots légaux <span class="Gp_Trident"> ▪ <a href="u130"><span class="Gp_Trident">Alcide Keranos</span></a></span>
Mon métier officieux
- Code:
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Petits boulots illégaux <span class="Gp_Trident"> ▪ <a href="u130"><span class="Gp_Trident">L'Espadon</span></a></span>
Mon Alias
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L'Espadon <span class="Gp_Trident"> ▪ <a href="u130"><span class="Gp_Trident">Alcide Keranos</span></a></span> (<a href="Ne rien mettre ici. L ajout se fera par les modos du forum">Avis de recherche</a></span>
Mon Groupe
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<a href="u130"><span class="Gp_Trident">Alcide Keranos</span></a></span>